Dans chacun des textes suivants, repérer les phrases dans lesquelles se trouvent des éléments de vocabulaire des sentiments.
« Il voulut prendre une main blanche que depuis longtemps il voyait près de lui, appuyée sur le dos d'une chaise. On hésita un peu, mais on finit par la lui retirer d'une façon qui marquait de l'humeur. Julien était disposé à se le tenir pour dit, et à continuer gaiement la conversation, quand il entendit M. de Rênal qui s'approchait. [...]
De ce moment, la tranquillité, si peu naturelle au caractère de Julien, s'éloigna bien vite ; il désira avec anxiété, et sans pouvoir songer à rien autre chose, que madame de Rênal voulût bien lui laisser sa main. »
(Stendhal, Le Rouge et le Noir, 1830)
Dans le texte précédent, les éléments de vocabulaire des sentiments se trouvent dans la phrase en bleu : « la tranquillité », « anxiété ». Ils traduisent ce que ressent Julien, confronté à madame de Rênal, dont il est amoureux, et à son mari.
« Une messe chaque jour, quelques visites aux pauvres du canton, des prières du matin et du soir, des promenades solitaires, de pieux entretiens avec ma vieille tante et quelquefois un triste wisk devaient être ses seules distractions. Je lui en prépare de plus efficaces. Mon bon ange m'a conduit ici pour son bonheur et pour le mien. [...]
Vous savez si je désire vivement, si je dévore les obstacles ; mais ce que vous ignorez c'est combien la solitude ajoute à l'ardeur du désir. »
(Pierre Choderlos de Laclos, « Lettre IV », Les Liaisons dangereuses, 1782)
Dans le texte précédent, les éléments de vocabulaire des sentiments se trouvent dans la phrase en orange : « je désire », « je dévore », « la solitude », « ardeur ». Ils traduisent ce que ressent le vicomte de Vermont qui écrit une lettre à la marquise de Merteuil.
« Le vent, en de certains endroits, secouait le tuyau de tôle d'une cheminée ; des sons lointains s'élevaient, se mêlant au bourdonnement de sa tête, et il croyait entendre, dans les airs, la vague ritournelle des contredanses. Le mouvement de sa marche entretenait cette ivresse ; il se trouva sur le pont de la Concorde. Alors, il se ressouvint de ce soir de l'autre hiver, où, sortant de chez elle, pour la première fois, il lui avait fallu s'arrêter, tant son cœur battait vite sous l'étreinte de ses espérances. Toutes étaient mortes, maintenant ! Des nues sombres couraient sur la face de la lune. »
(Gustave Flaubert, L'Éducation sentimentale, 1869)
Dans le texte précédent, les éléments de vocabulaire des sentiments se trouvent dans la phrase en noir : « son cœur battait vite », « ses espérances ». Ils traduisent ce que ressent Frédéric vis-à-vis de la femme aimée.
« Il était une fois une reine qui accoucha d'un fils, si laid et si mal fait, qu'on douta longtemps s'il avait forme humaine. Une fée qui se trouva à sa naissance assura qu'il ne laisserait pas d'être aimable, parce qu'il aurait beaucoup d'esprit ; elle ajouta même qu'il pourrait, en vertu du don qu'elle venait de lui faire, donner autant d'esprit qu'il en aurait à la personne qu'il aimerait le mieux. Tout cela consola un peu la pauvre reine, qui était bien affligée d'avoir mis au monde un si vilain marmot. Il est vrai que cet enfant ne commença pas plus tôt à parler qu'il dit mille jolies choses, et qu'il avait dans toutes ses actions je ne sais quoi de si spirituel, qu'on en était charmé. »
(Charles Perrault, « Riquet à la Houppe », Contes de ma mère l'Oye, 1697)
Dans le texte précédent, les éléments de vocabulaire des sentiments se trouvent dans les phrases en vert et en bleu : « affligée », « charmé ». Ils traduisent ce que ressent la reine en voyant l'apparence physique de son fils et ce que ressentent d'autres personnes lorsque l'enfant commence à parler.
« À une journée d'Erivan, nous quittâmes la Perse pour entrer dans les terres de l'obéissance des Turcs. Douze jours après, nous arrivâmes à Erzeron, où nous séjournerons trois ou quatre mois. [...] À mesure que j'entrais dans les pays de ces profanes, il me semblait que je devenais profane moi-même. Ma patrie, ma famille, mes amis, se sont présentés à mon esprit ; ma tendresse s'est réveillée ; une certaine inquiétude a achevé de me troubler, et m'a fait connaître que, pour mon repos, j'avais trop entrepris. »
(Montesquieu, « Lettre VI », Lettres persanes, 1721)
Dans le texte précédent, les éléments de vocabulaire des sentiments se trouvent dans la phrase en bleu : « tendresse », « inquiétude », « troubler ». Ils traduisent les sentiments du narrateur qui quitte la Perse et ses proches.