Les causes de l'inégale participation électorale Exercice fondamental

Les élections sont au cœur de la démocratie représentative qui repose sur la délégation du pouvoir des citoyens envers des représentants élus. Le vote est donc central dans le processus démocratique et le système électoral a pour rôle de permettre aux citoyens d'exercer de manière indirecte leur souveraineté. Le comportement électoral a cependant connu de nombreux changements et se caractérise désormais par une forte inégalité de la participation des citoyens au système électoral. La montée de l'abstentionnisme sous ses différentes formes (systématique, intermittent, passif) menace à terme le processus démocratique en lui-même. Les causes sont multiples.

Tout d'abord, plusieurs éléments permettent de caractériser le profil des non-votants. Le niveau de diplôme (les citoyens les plus diplômés votent plus souvent que les autres), l'âge (le taux d'abstention est plus élevé chez les jeunes qui ont souvent une moindre implication politique et les personnes âgées qui ont une mobilité plus réduite), l'emploi, le statut professionnel ou le lieu de résidence (un emploi stable et salarié permet de s'intéresser aux enjeux politiques).

Ensuite, il faut distinguer l'abstention systématique de l'abstention occasionnelle ou intermittente. L'abstention systématique désigne le comportement d'électeurs inscrits sur les listes électorales qui ne se déplacent jamais pour voter (environ 10 à 12 % de l'abstention à chaque élection). L'abstention intermittente désigne le comportement d'électeurs qui participent à certaines élections et pas à d'autres. L'inégale participation électorale repose sur des facteurs à la fois structurels et conjoncturels.

Les facteurs structurels expliquent l'abstention passive et systématique. Ces formes d'abstention étant le plus souvent le fait d'individus faiblement intégrés à la société, fragilisés et faiblement diplômés ou bien au contraire de personnes insérées dans le jeu politique mais le contestant. Ces deux formes constituent selon la politologue Anne Muxel l'abstention des "hors du jeu" politique et l'abstention des "dans le jeu politique".

Les facteurs conjoncturels contribuent à expliquer l'abstention intermittente qui relève du vote sur enjeu et du contexte particulier à chaque élection. La fréquence des élections qui monopolise l'électeur, la prédictibilité du résultat qui affaiblit son intérêt ou au contraire l'enjeu décisif qui attise son envie de voter (les élections présidentielles, par exemple) sont autant de variables conjoncturelles qui peuvent expliquer en partie l'inégale participation électorale.