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  4. Commentaire type bac : Emile Zola, L'Assommoir

Emile Zola, L'Assommoir Commentaire type bac

Ce contenu a été rédigé par l'équipe éditoriale de Kartable.

Dernière modification : 22/08/2019 - Conforme au programme 2018-2019

Adapté de Métropole, 2010, voies technologiques

Vous commenterez le texte d'Émile Zola.

Texte B : Zola, L'Assommoir

1877

[Gervaise, blanchisseuse dans le quartier de la Goutte d'Or à Paris, attend au petit matin son amant Auguste Lantier qui, pour la première fois, n'est pas rentré de la nuit. Elle le guette depuis sa fenêtre.]

L'hôtel se trouvait sur le boulevard de la Chapelle, à gauche de la barrière Poissonnière. C'était une masure de deux étages, peinte en rouge lie de vin jusqu'au second, avec des persiennes pourries par la pluie. Au-dessus d'une lanterne aux vitres étoilées, on parvenait à lire entre les deux fenêtres : Hôtel Boncœur, tenu par Marsoullier, en grandes lettres jaunes, dont la moisissure du plâtre avait emporté des morceaux. Gervaise, que la lanterne gênait, se haussait, son mouchoir sur les lèvres. Elle regardait à droite, du côté du boulevard de Rochechouart, où des groupes de bouchers, devant les abattoirs, stationnaient en tabliers sanglants ; et le vent frais apportait une puanteur par moments, une odeur fauve de bêtes massacrées. Elle regardait à gauche, enfilant un long ruban d'avenue, s'arrêtant presque en face d'elle, à la masse blanche de l'hôpital de Lariboisière, alors en construction. Lentement, d'un bout à l'autre de l'horizon, elle suivait le mur de l'octroi1, derrière lequel, la nuit, elle entendait parfois des cris d'assassinés ; et elle fouillait les angles écartés, les coins sombres, noirs d'humidité et d'ordure, avec la peur d'y découvrir le corps de Lantier, le ventre troué de coups de couteau. Quand elle levait les yeux, au-delà de cette muraille grise et interminable qui entourait la ville d'une bande de désert, elle apercevait une grande lueur, une poussière de soleil, pleine déjà du grondement matinal de Paris. Mais c'était toujours à la barrière Poissonnière qu'elle revenait, le cou tendu, s'étourdissant à voir couler, entre les deux pavillons trapus de l'octroi, le flot ininterrompu d'hommes, de bêtes, de charrettes, qui descendait des hauteurs de Montmartre et de la Chapelle. Il y avait là un piétinement de troupeau, une foule que de brusques arrêts étalaient en mares sur la chaussée, un défilé sans fin d'ouvriers allant au travail, leurs outils sur le dos, leur pain sous le bras ; et la cohue s'engouffrait dans Paris où elle se noyait, continuellement. Lorsque Gervaise, parmi tout ce monde, croyait reconnaître Lantier, elle se penchait davantage, au risque de tomber ; puis, elle appuyait plus fortement son mouchoir sur la bouche, comme pour renfoncer sa douleur.

1 Octroi : administration et bâtiment où se payait la taxe d'entrée de certaines denrées.

Quel plan correspond au commentaire du texte suivant ?

Texte B : Zola, L'Assommoir

1877

[Gervaise, blanchisseuse dans le quartier de la Goutte d'Or à Paris, attend au petit matin son amant Auguste Lantier qui, pour la première fois, n'est pas rentré de la nuit. Elle le guette depuis sa fenêtre.]

L'hôtel se trouvait sur le boulevard de la Chapelle, à gauche de la barrière Poissonnière. C'était une masure de deux étages, peinte en rouge lie de vin jusqu'au second, avec des persiennes pourries par la pluie. Au-dessus d'une lanterne aux vitres étoilées, on parvenait à lire entre les deux fenêtres : Hôtel Boncœur, tenu par Marsoullier, en grandes lettres jaunes, dont la moisissure du plâtre avait emporté des morceaux. Gervaise, que la lanterne gênait, se haussait, son mouchoir sur les lèvres. Elle regardait à droite, du côté du boulevard de Rochechouart, où des groupes de bouchers, devant les abattoirs, stationnaient en tabliers sanglants ; et le vent frais apportait une puanteur par moments, une odeur fauve de bêtes massacrées. Elle regardait à gauche, enfilant un long ruban d'avenue, s'arrêtant presque en face d'elle, à la masse blanche de l'hôpital de Lariboisière, alors en construction. Lentement, d'un bout à l'autre de l'horizon, elle suivait le mur de l'octroi1, derrière lequel, la nuit, elle entendait parfois des cris d'assassinés ; et elle fouillait les angles écartés, les coins sombres, noirs d'humidité et d'ordure, avec la peur d'y découvrir le corps de Lantier, le ventre troué de coups de couteau. Quand elle levait les yeux, au-delà de cette muraille grise et interminable qui entourait la ville d'une bande de désert, elle apercevait une grande lueur, une poussière de soleil, pleine déjà du grondement matinal de Paris. Mais c'était toujours à la barrière Poissonnière qu'elle revenait, le cou tendu, s'étourdissant à voir couler, entre les deux pavillons trapus de l'octroi, le flot ininterrompu d'hommes, de bêtes, de charrettes, qui descendait des hauteurs de Montmartre et de la Chapelle. Il y avait là un piétinement de troupeau, une foule que de brusques arrêts étalaient en mares sur la chaussée, un défilé sans fin d'ouvriers allant au travail, leurs outils sur le dos, leur pain sous le bras ; et la cohue s'engouffrait dans Paris où elle se noyait, continuellement. Lorsque Gervaise, parmi tout ce monde, croyait reconnaître Lantier, elle se penchait davantage, au risque de tomber ; puis, elle appuyait plus fortement son mouchoir sur la bouche, comme pour renfoncer sa douleur.

1 Octroi : administration et bâtiment où se payait la taxe d'entrée de certaines denrées.

À quel mouvement littéraire le texte suivant appartient-il ?

Texte B : Zola, L'Assommoir

1877

[Gervaise, blanchisseuse dans le quartier de la Goutte d'Or à Paris, attend au petit matin son amant Auguste Lantier qui, pour la première fois, n'est pas rentré de la nuit. Elle le guette depuis sa fenêtre.]

L'hôtel se trouvait sur le boulevard de la Chapelle, à gauche de la barrière Poissonnière. C'était une masure de deux étages, peinte en rouge lie de vin jusqu'au second, avec des persiennes pourries par la pluie. Au-dessus d'une lanterne aux vitres étoilées, on parvenait à lire entre les deux fenêtres : Hôtel Boncœur, tenu par Marsoullier, en grandes lettres jaunes, dont la moisissure du plâtre avait emporté des morceaux. Gervaise, que la lanterne gênait, se haussait, son mouchoir sur les lèvres. Elle regardait à droite, du côté du boulevard de Rochechouart, où des groupes de bouchers, devant les abattoirs, stationnaient en tabliers sanglants ; et le vent frais apportait une puanteur par moments, une odeur fauve de bêtes massacrées. Elle regardait à gauche, enfilant un long ruban d'avenue, s'arrêtant presque en face d'elle, à la masse blanche de l'hôpital de Lariboisière, alors en construction. Lentement, d'un bout à l'autre de l'horizon, elle suivait le mur de l'octroi1, derrière lequel, la nuit, elle entendait parfois des cris d'assassinés ; et elle fouillait les angles écartés, les coins sombres, noirs d'humidité et d'ordure, avec la peur d'y découvrir le corps de Lantier, le ventre troué de coups de couteau. Quand elle levait les yeux, au-delà de cette muraille grise et interminable qui entourait la ville d'une bande de désert, elle apercevait une grande lueur, une poussière de soleil, pleine déjà du grondement matinal de Paris. Mais c'était toujours à la barrière Poissonnière qu'elle revenait, le cou tendu, s'étourdissant à voir couler, entre les deux pavillons trapus de l'octroi, le flot ininterrompu d'hommes, de bêtes, de charrettes, qui descendait des hauteurs de Montmartre et de la Chapelle. Il y avait là un piétinement de troupeau, une foule que de brusques arrêts étalaient en mares sur la chaussée, un défilé sans fin d'ouvriers allant au travail, leurs outils sur le dos, leur pain sous le bras ; et la cohue s'engouffrait dans Paris où elle se noyait, continuellement. Lorsque Gervaise, parmi tout ce monde, croyait reconnaître Lantier, elle se penchait davantage, au risque de tomber ; puis, elle appuyait plus fortement son mouchoir sur la bouche, comme pour renfoncer sa douleur.

1 Octroi : administration et bâtiment où se payait la taxe d'entrée de certaines denrées.

Quel point de vue Zola adopte-t-il pour faire la description d'un quartier de Paris ?

Texte B : Zola, L'Assommoir

1877

[Gervaise, blanchisseuse dans le quartier de la Goutte d'Or à Paris, attend au petit matin son amant Auguste Lantier qui, pour la première fois, n'est pas rentré de la nuit. Elle le guette depuis sa fenêtre.]

L'hôtel se trouvait sur le boulevard de la Chapelle, à gauche de la barrière Poissonnière. C'était une masure de deux étages, peinte en rouge lie de vin jusqu'au second, avec des persiennes pourries par la pluie. Au-dessus d'une lanterne aux vitres étoilées, on parvenait à lire entre les deux fenêtres : Hôtel Boncœur, tenu par Marsoullier, en grandes lettres jaunes, dont la moisissure du plâtre avait emporté des morceaux. Gervaise, que la lanterne gênait, se haussait, son mouchoir sur les lèvres. Elle regardait à droite, du côté du boulevard de Rochechouart, où des groupes de bouchers, devant les abattoirs, stationnaient en tabliers sanglants ; et le vent frais apportait une puanteur par moments, une odeur fauve de bêtes massacrées. Elle regardait à gauche, enfilant un long ruban d'avenue, s'arrêtant presque en face d'elle, à la masse blanche de l'hôpital de Lariboisière, alors en construction. Lentement, d'un bout à l'autre de l'horizon, elle suivait le mur de l'octroi1, derrière lequel, la nuit, elle entendait parfois des cris d'assassinés ; et elle fouillait les angles écartés, les coins sombres, noirs d'humidité et d'ordure, avec la peur d'y découvrir le corps de Lantier, le ventre troué de coups de couteau. Quand elle levait les yeux, au-delà de cette muraille grise et interminable qui entourait la ville d'une bande de désert, elle apercevait une grande lueur, une poussière de soleil, pleine déjà du grondement matinal de Paris. Mais c'était toujours à la barrière Poissonnière qu'elle revenait, le cou tendu, s'étourdissant à voir couler, entre les deux pavillons trapus de l'octroi, le flot ininterrompu d'hommes, de bêtes, de charrettes, qui descendait des hauteurs de Montmartre et de la Chapelle. Il y avait là un piétinement de troupeau, une foule que de brusques arrêts étalaient en mares sur la chaussée, un défilé sans fin d'ouvriers allant au travail, leurs outils sur le dos, leur pain sous le bras ; et la cohue s'engouffrait dans Paris où elle se noyait, continuellement. Lorsque Gervaise, parmi tout ce monde, croyait reconnaître Lantier, elle se penchait davantage, au risque de tomber ; puis, elle appuyait plus fortement son mouchoir sur la bouche, comme pour renfoncer sa douleur.

1 Octroi : administration et bâtiment où se payait la taxe d'entrée de certaines denrées.

Quel champ lexical soulignant l'aspect inquiétant de la scène trouve-t-on dans le texte suivant ?

Texte B : Zola, L'Assommoir

1877

[Gervaise, blanchisseuse dans le quartier de la Goutte d'Or à Paris, attend au petit matin son amant Auguste Lantier qui, pour la première fois, n'est pas rentré de la nuit. Elle le guette depuis sa fenêtre.]

L'hôtel se trouvait sur le boulevard de la Chapelle, à gauche de la barrière Poissonnière. C'était une masure de deux étages, peinte en rouge lie de vin jusqu'au second, avec des persiennes pourries par la pluie. Au-dessus d'une lanterne aux vitres étoilées, on parvenait à lire entre les deux fenêtres : Hôtel Boncœur, tenu par Marsoullier, en grandes lettres jaunes, dont la moisissure du plâtre avait emporté des morceaux. Gervaise, que la lanterne gênait, se haussait, son mouchoir sur les lèvres. Elle regardait à droite, du côté du boulevard de Rochechouart, où des groupes de bouchers, devant les abattoirs, stationnaient en tabliers sanglants ; et le vent frais apportait une puanteur par moments, une odeur fauve de bêtes massacrées. Elle regardait à gauche, enfilant un long ruban d'avenue, s'arrêtant presque en face d'elle, à la masse blanche de l'hôpital de Lariboisière, alors en construction. Lentement, d'un bout à l'autre de l'horizon, elle suivait le mur de l'octroi1, derrière lequel, la nuit, elle entendait parfois des cris d'assassinés ; et elle fouillait les angles écartés, les coins sombres, noirs d'humidité et d'ordure, avec la peur d'y découvrir le corps de Lantier, le ventre troué de coups de couteau. Quand elle levait les yeux, au-delà de cette muraille grise et interminable qui entourait la ville d'une bande de désert, elle apercevait une grande lueur, une poussière de soleil, pleine déjà du grondement matinal de Paris. Mais c'était toujours à la barrière Poissonnière qu'elle revenait, le cou tendu, s'étourdissant à voir couler, entre les deux pavillons trapus de l'octroi, le flot ininterrompu d'hommes, de bêtes, de charrettes, qui descendait des hauteurs de Montmartre et de la Chapelle. Il y avait là un piétinement de troupeau, une foule que de brusques arrêts étalaient en mares sur la chaussée, un défilé sans fin d'ouvriers allant au travail, leurs outils sur le dos, leur pain sous le bras ; et la cohue s'engouffrait dans Paris où elle se noyait, continuellement. Lorsque Gervaise, parmi tout ce monde, croyait reconnaître Lantier, elle se penchait davantage, au risque de tomber ; puis, elle appuyait plus fortement son mouchoir sur la bouche, comme pour renfoncer sa douleur.

1 Octroi : administration et bâtiment où se payait la taxe d'entrée de certaines denrées.

Quelle métaphore filée trouve-t-on pour caractériser la foule dans le texte suivant ?

Texte B : Zola, L'Assommoir

1877

[Gervaise, blanchisseuse dans le quartier de la Goutte d'Or à Paris, attend au petit matin son amant Auguste Lantier qui, pour la première fois, n'est pas rentré de la nuit. Elle le guette depuis sa fenêtre.]

L'hôtel se trouvait sur le boulevard de la Chapelle, à gauche de la barrière Poissonnière. C'était une masure de deux étages, peinte en rouge lie de vin jusqu'au second, avec des persiennes pourries par la pluie. Au-dessus d'une lanterne aux vitres étoilées, on parvenait à lire entre les deux fenêtres : Hôtel Boncœur, tenu par Marsoullier, en grandes lettres jaunes, dont la moisissure du plâtre avait emporté des morceaux. Gervaise, que la lanterne gênait, se haussait, son mouchoir sur les lèvres. Elle regardait à droite, du côté du boulevard de Rochechouart, où des groupes de bouchers, devant les abattoirs, stationnaient en tabliers sanglants ; et le vent frais apportait une puanteur par moments, une odeur fauve de bêtes massacrées. Elle regardait à gauche, enfilant un long ruban d'avenue, s'arrêtant presque en face d'elle, à la masse blanche de l'hôpital de Lariboisière, alors en construction. Lentement, d'un bout à l'autre de l'horizon, elle suivait le mur de l'octroi1, derrière lequel, la nuit, elle entendait parfois des cris d'assassinés ; et elle fouillait les angles écartés, les coins sombres, noirs d'humidité et d'ordure, avec la peur d'y découvrir le corps de Lantier, le ventre troué de coups de couteau. Quand elle levait les yeux, au-delà de cette muraille grise et interminable qui entourait la ville d'une bande de désert, elle apercevait une grande lueur, une poussière de soleil, pleine déjà du grondement matinal de Paris. Mais c'était toujours à la barrière Poissonnière qu'elle revenait, le cou tendu, s'étourdissant à voir couler, entre les deux pavillons trapus de l'octroi, le flot ininterrompu d'hommes, de bêtes, de charrettes, qui descendait des hauteurs de Montmartre et de la Chapelle. Il y avait là un piétinement de troupeau, une foule que de brusques arrêts étalaient en mares sur la chaussée, un défilé sans fin d'ouvriers allant au travail, leurs outils sur le dos, leur pain sous le bras ; et la cohue s'engouffrait dans Paris où elle se noyait, continuellement. Lorsque Gervaise, parmi tout ce monde, croyait reconnaître Lantier, elle se penchait davantage, au risque de tomber ; puis, elle appuyait plus fortement son mouchoir sur la bouche, comme pour renfoncer sa douleur.

1 Octroi : administration et bâtiment où se payait la taxe d'entrée de certaines denrées.

Quel sentiment anime Gervaise dans l'extrait proposé ?

Texte B : Zola, L'Assommoir

1877

[Gervaise, blanchisseuse dans le quartier de la Goutte d'Or à Paris, attend au petit matin son amant Auguste Lantier qui, pour la première fois, n'est pas rentré de la nuit. Elle le guette depuis sa fenêtre.]

L'hôtel se trouvait sur le boulevard de la Chapelle, à gauche de la barrière Poissonnière. C'était une masure de deux étages, peinte en rouge lie de vin jusqu'au second, avec des persiennes pourries par la pluie. Au-dessus d'une lanterne aux vitres étoilées, on parvenait à lire entre les deux fenêtres : Hôtel Boncœur, tenu par Marsoullier, en grandes lettres jaunes, dont la moisissure du plâtre avait emporté des morceaux. Gervaise, que la lanterne gênait, se haussait, son mouchoir sur les lèvres. Elle regardait à droite, du côté du boulevard de Rochechouart, où des groupes de bouchers, devant les abattoirs, stationnaient en tabliers sanglants ; et le vent frais apportait une puanteur par moments, une odeur fauve de bêtes massacrées. Elle regardait à gauche, enfilant un long ruban d'avenue, s'arrêtant presque en face d'elle, à la masse blanche de l'hôpital de Lariboisière, alors en construction. Lentement, d'un bout à l'autre de l'horizon, elle suivait le mur de l'octroi1, derrière lequel, la nuit, elle entendait parfois des cris d'assassinés ; et elle fouillait les angles écartés, les coins sombres, noirs d'humidité et d'ordure, avec la peur d'y découvrir le corps de Lantier, le ventre troué de coups de couteau. Quand elle levait les yeux, au-delà de cette muraille grise et interminable qui entourait la ville d'une bande de désert, elle apercevait une grande lueur, une poussière de soleil, pleine déjà du grondement matinal de Paris. Mais c'était toujours à la barrière Poissonnière qu'elle revenait, le cou tendu, s'étourdissant à voir couler, entre les deux pavillons trapus de l'octroi, le flot ininterrompu d'hommes, de bêtes, de charrettes, qui descendait des hauteurs de Montmartre et de la Chapelle. Il y avait là un piétinement de troupeau, une foule que de brusques arrêts étalaient en mares sur la chaussée, un défilé sans fin d'ouvriers allant au travail, leurs outils sur le dos, leur pain sous le bras ; et la cohue s'engouffrait dans Paris où elle se noyait, continuellement. Lorsque Gervaise, parmi tout ce monde, croyait reconnaître Lantier, elle se penchait davantage, au risque de tomber ; puis, elle appuyait plus fortement son mouchoir sur la bouche, comme pour renfoncer sa douleur.

1 Octroi : administration et bâtiment où se payait la taxe d'entrée de certaines denrées.

L'Assommoir est un roman d'Émile Zola qui fait partie de la saga sur les Rougon-Macquart. Il met en scène Gervaise. Dans l'extrait proposé à l'étude, elle attend son amant Lantier, qui pour la première fois n'est pas rentré de la nuit. Angoissée, elle imagine qu'il a pu lui arriver quelque chose de grave. Zola décrit Paris s'éveillant à travers le regard anxieux de Gervaise, qui cherche l'homme qu'elle aime. Il livre une description sombre de la ville, trahissant les sentiments de la jeune femme. L'angoisse du personnage est progressive et, à la fin du passage, il semble que le paysage a pris possession de Gervaise.
Comment Zola met-il en place une description inquiétante de Paris qui traduit les sentiments du personnage ?
Dans une première partie, nous analyserons la description dégradée et itinérante que Zola fait de Paris. Dans une seconde partie, nous montrerons comment l'auteur exploite le sentiment d'angoisse et de peur de Gervaise pour donner un aspect inquiétant à la ville.

I

Une description itinérante et dégradée d'un quartier de Paris

A

Le regard en mouvement de Gervaise

  • Le boulevard est vu à travers le regard de Gervaise. On relève plusieurs verbes de perception : "elle regardait", "elle percevait".
  • Si le personnage est en position d'immobilité, la description que livre Zola est tout de même itinérante. En effet, angoissée par l'absence de Lantier, Gervaise le cherche du regard et promène donc ses yeux sur le quartier autour d'elle. Étant à la fenêtre de l'hôtel, elle surplombe le paysage et peut voir loin : "Gervaise se haussait".
  • Plusieurs verbes d'action soulignent l'idée de mouvement de la description : "elle suivait", "elle fouillait", "elle levait les yeux", elle revenait".
  • Une phrase en particulier montre que Gervaise scrute Paris : "elle regardait, à gauche, enfilant un long ruban d'avenue, s'arrêtant presque en face d'elle".
B

Une description détaillée et naturaliste

  • On retrouve dans cette description l'attention que Zola attache aux détails. On reconnaît d'abord ce texte comme descriptif grâce à l'imparfait qui domine : "se trouvait", "c'était", "parvenait".
  • Zola cite de nombreux lieux qui existent réellement à Paris : boulevard de la Chapelle, barrière Poissonnière, boulevard de Rochechouart, Montmartre, Chapelle.
  • On relève plusieurs indications de direction : "à gauche", "à droite", "en face".
  • L'hôtel où loge Gervaise est particulièrement détaillé. Le lecteur sait qu'il a "deux étages", il connaît sa couleur "rouge lie de vin". Zola mentionne aussi les "persiennes", "la lanterne", le nom de l'hôtel "Hôtel Boncœur", le nom du propriétaire, etc.
C

L'aspect dégradé d'un quartier malfamé

  • Zola insiste sur l'aspect dégradé du quartier.
  • L'hôtel est caractérisé par des adjectifs qualificatifs péjoratifs qui soulignent son piteux état : "pourries" ,"moisissure". Il est délabré, il manque des morceaux : "emporté des morceaux".
  • L'idée de moisissure et de pourriture est renforcée par l'utilisation du terme "humidité" dans le texte.
  • La rue est nauséabonde : "puanteur", "odeur fauve".
  • La puanteur est telle qu'à deux reprises Zola écrit que Gervaise se protège la bouche : "son mouchoir sur les lèvres", "appuyait plus fortement son mouchoir sur la bouche". La première citation est au début de l'extrait, la dernière à la toute fin. Il y a une idée d'amplification, comme si l'odeur était de plus en plus mauvaise, ce que l'adverbe "fortement" souligne.

Gervaise perçoit l'aspect dégradé de la ville car elle se focalise sur ce qui est laid et inquiétant dans la ville, perturbée par l'absence de Lantier. L'angoisse monte progressivement.

II

Le sentiment d'angoisse et de peur

A

L'impression d'enfermement et d'étouffement

  • Le sentiment d'angoisse de Gervaise est traduisible dans l'impression d'étouffement et d'enfermement qui se dégage du texte.
  • Zola cite à deux reprises le terme "barrière" et une fois le terme "muraille". La ville de Paris paraît enfermée : "barrière qui entourait la ville".
  • Deux adjectifs qualificatifs péjoratifs accompagnent "muraille" : grise et interminable. Cela ajoute à l'idée d'emprisonnement.
  • La foule qui anime les rues de Paris semble faire du surplace par moments : "piétinement", "brusques arrêts", "stationnaient".
  • La multitude des hommes renforce l'idée d'étouffement. On relève de nombreux pluriels ou des expressions qui traduisent l'effet de foule : "groupes", "un défilé sans fin", "troupeau", "une foule", "cohue".
  • L'adverbe "continuellement" ajoute à l'atmosphère insoutenable de la scène.
B

L'attitude angoissée de Gervaise

  • L'attitude de Gervaise trahit son état anxieux. Cela en devient une souffrance. On peut relever les termes "peur" et "douleur".
  • Gervaise est en état de tension : "cou tendu". Ici, "tendu" se rapporte aussi bien à l'action qu'au sentiment.
  • Gervaise se trouve dans un état d'étourdissement : "s'étourdissant à voir".
  • Elle se met en danger : "elle se penchait davantage au risque de tomber".
  • Le bruit de la ville ajoute à l'angoisse de Gervaise : "elle entendait" le "grondement".
C

Le thème de la mort et le sentiment d'insécurité

  • Zola utilise la métaphore filée de l'eau pour décrire la foule, qui est associée à la noyade : "couler", "étalaient en mare", "flot ininterrompu", "se noyait".
  • On relève le champ lexical de la mort : "bouchers", "abattoirs", "tabliers sanglants", "bêtes massacrées", "cris d'assassins", "corps de Lantier", "ventre troué de coups de couteau".
  • L'obscurité domine : "coins sombres" liés à "angles écartés", "noirs", "nuit".
  • L'atmosphère est angoissante, les hommes deviennent comme les bêtes massacrées par les bouchers. On a l'impression que Paris est un abattoir géant, que tous les hommes vont à la mort, qu'aucun coin n'est sûr.

Zola fait une description détaillée et minutieuse de Paris, en donnant de nombreux détails, comme des noms de rues ou de quartiers. Il s'attarde longuement sur l'état décrépi de l'hôtel où loge Gervaise, ou encore sur l'aspect dégradé de la ville. Il crée une atmosphère pesante, où les odeurs sont désagréables, les bruits inquiétants. Le lecteur a l'impression que Paris est un peu une prison dans laquelle on étouffe, un lieu dangereux. Tout devient angoissant, n'importe qui peut être tué à n'importe quel moment. C'est en réalité l'état d'esprit de Gervaise que Zola traduit dans le texte. En effet, il mentionne tout de même le soleil qui arrive "au-delà", "la grande lueur", "la poussière de soleil". Mais Gervaise, morte d'inquiétude, n'y prête pas attention, et focalise son regard sur les côtés les plus sombres de la ville.

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