Sommaire
IL'amour, un thème majeur en littératureAGénéralitésBLe lyrisme en poésieCL'amour au théâtreDL'amour dans les romans et les nouvellesELes célèbres couples d'amoureux dans la littératureIILes nuances pour exprimer le sentiment amoureuxALa difficulté de "dire l'amour"BL'amour malheureuxCL'amour heureuxIIIL'expression du sentiment amoureux par des images et des référencesALe regard amoureuxBLa violence de l'amourL'amour, un thème majeur en littérature
Généralités
L'amour est universel. Tout le monde aime. Il existe différentes formes d'amour :
- L'amour au sein de la famille
- L'amour dans un couple
- L'amour entre des amis
- L'amour pour son prochain (charité, empathie, etc.)
En littérature, toutes les formes d'amour sont sources d'inspiration. Toutefois, l'amour dans un couple reste un thème fascinant qui a inspiré de nombreux écrivains et de nombreux artistes. Aujourd'hui encore, l'amour reste au cœur de la fiction. C'est une énigme que les hommes tentent de comprendre.
Plusieurs formes d'amour dominent en littérature :
- Le coup de foudre
- L'amour platonique
- L'amour manqué
- La passion amoureuse et ses tourments
- L'amour idéal
Dans le poème "À une passante" publié en 1957 dans Les Fleurs du Mal, Baudelaire parle du coup de foudre en écrivant "un éclair, puis la nuit". L'amour peut survenir violemment et sans prévenir.
Dans L'Éducation sentimentale, publié en 1869, Flaubert relate l'amour platonique entre Frédéric et Madame Arnoux : ils ne seront jamais ensemble et ne vivront pas leur amour.
Dans Les Hauts de Hurlevent, publié en 1847, Emily Brontë raconte l'amour passionnel qui lie Catherine et Heathcliff : ils se détruisent à force de s'aimer, ne cessant de se faire du mal et de blesser les autres autour d'eux.
L'amour inspire différents sentiments :
- La joie
- Le manque
- La mélancolie
- Le bonheur
- La tristesse
C'est parce que l'amour est pluriel qu'il a différentes formes, qu'il fait naître différentes émotions et qu'il est un thème essentiel et incontournable en littérature.
Dans son poème "Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie", Louise Labé décrit les différentes émotions contradictoires provoquées par le fait d'aimer, entre plaisir et souffrance, entre joie et désespoir.
Le lyrisme en poésie
Registre lyrique
Le registre lyrique est le registre par lequel un auteur exprime un sentiment personnel, ses passions.
Souvent employé en poésie, le registre lyrique permet particulièrement à l'écrivain d'exprimer le sentiment amoureux.
En littérature, pour parler de ses sentiments, on utilise le lyrisme. Depuis l'Antiquité, le lyrisme associe la musique et la poésie à travers le mythe d'Orphée.
Mythe d'Orphée
Orphée est le premier poète de l'amour. Il charme les animaux sauvages en jouant de sa lyre et peut émouvoir les être inanimés. Lorsque son épouse Eurydice meurt, il est capable d'aller la chercher aux Enfers en attendrissant le monstre Cerbère et le dieu Hadès. Toutefois, il perd sa femme car il ne résiste pas à l'envie de la regarder avant d'avoir rejoint la surface de la Terre. Il passe ensuite sa vie à chanter son amour perdu et sa tristesse.
Sonnet
Le sonnet est un poème de forme fixe de quatorze vers composé de deux quatrains et deux tercets. Les quatrains suivent un schéma de rimes embrassées ABBA qui est répété.
Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J'ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.
Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure ;
Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.
Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.
Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.
Louise Labé
"Je vis, je meurs", Élégies et sonnets, VIII, Lyon, imprimé par Jean de Tournes
1555
Ce poème est un sonnet qui montre la complexité du sentiment amoureux par de nombreuses antithèses. En effet, la poétesse oppose "plus de douleur" à "hors de peine" : aimer est une souffrance autant qu'une joie.
Le refus des contraintes d'écriture amène la poésie lyrique à évoluer au XXe siècle. Le discours amoureux se transforme. Le lyrisme s'exprime avec :
- Des vers libres
- L'absence de ponctuation
- Le refus des rimes
L'amour au théâtre
Deux représentations majeures de l'amour dominent au théâtre :
- L'amour heureux
- L'amour malheureux
Ces deux visions peuvent être associées à deux genres du théâtre :
- La comédie
- La tragédie
Les comédies finissent généralement par un mariage heureux entre deux jeunes gens qui s'aiment. Les tragédies, en revanche, se terminent par un ou plusieurs morts avec l'impossibilité pour les amoureux d'être heureux.
Le Mariage de Figaro de Beaumarchais publié en 1784 se termine avec le mariage du héros et de Suzanne. L'amour triomphe.
La pièce Roméo et Juliette écrite par William Shakespeare en 1597 se clôt sur le suicide des deux jeunes gens. L'amour est ici impossible.
Il existe également d'autres genres théâtraux où l'amour peut être à la fois heureux et malheureux, notamment le drame.
Dans On ne badine pas avec l'amour, écrit par Alfred de Musset en 1834, l'amour est un jeu dangereux. La servante Rosette assiste à la déclaration d'amour de Perdican à Camille et se suicide ensuite car elle l'aime, mettant fin au projet de mariage des deux héros traumatisés.
Le théâtre est le genre littéraire qui permet de facilement mettre en scène les relations amoureuses. Il rend possible la représentation de la parole amoureuse. Au théâtre, les personnages cherchent à s'avouer leur amour. Les scènes d'aveux sont toujours des moments clés qui permettent de relancer l'action dramatique.
Dans Cyrano de Bergerac écrit en 1897 par Edmond Rostand, le héros n'arrive pas à avouer à Roxane qu'il l'aime. Il lui fait des déclarations d'amour par personne interposée, se faisant passer pour un autre. L'aveu d'amour est toujours impossible, c'est seulement à la fin de la pièce que Roxane apprend que Cyrano l'aime, mais il est trop tard, il meurt.
L'amour dans les romans et les nouvelles
Dans les romans, l'amour correspond le plus souvent à une quête. Le héros recherche l'amour d'une autre personne. Il rencontre en général des opposants qui gênent sa relation et des adjuvants qui l'aident. Les relations amoureuses sont un sujet récurrent, on trouve donc souvent les mêmes scènes dans les romans, racontées de façon différente :
- La scène de rencontre
- La scène d'aveu
- Le premier baiser
Les plus célèbres scènes de rencontre en littérature sont :
- La rencontre entre la princesse de Clèves et le duc de Nemours dans La Princesse de Clèves
- La rencontre entre Julien Sorel et Madame de Rênal dans Le Rouge et le Noir
- La rencontre entre Jane Eyre et Rochester dans Jane Eyre
- La rencontre de Frédéric Moreau et Madame Arnoux dans L'Éducation sentimentale
- La rencontre de Félix de Vandenesse et Madame de Mortsauf dans Le Lys dans la vallée
En général, la rencontre amoureuse est le moment où les personnages sont émerveillés l'un par l'autre. Ils sont souvent représentés comme étant beaux. La femme est très souvent celle qui est regardée, car ce sont souvent des hommes qui ont écrit les romans d'amour les plus célèbres. Elle est objectivée et idéalisée. La rencontre amoureuse est en tout cas toujours un bouleversement.
Le Baiser, Rodin, 1889
© Wikimedia Commons
Dans le roman Jane Eyre écrit par Charlotte Brontë en 1847, la rencontre entre Jane et Rochester n'est pas idéalisée. Les deux personnages ne sont pas fascinés l'un par l'autre. Au contraire, la rencontre est inquiétante, elle se fait dans les landes, Rochester tombe de cheval et se blesse. La relation des personnages est basée sur une évolution des sentiments : ils apprennent à se connaître et tombent amoureux uniquement car ils aiment la personnalité de l'autre.
Dans La Princesse de Clèves, le duc de Nemours et la princesse se rencontrent lors d'un bal. Ils se regardent à peine qu'ils tombent amoureux et sont irrésistiblement attirés l'un par l'autre. La foule qui les observe semble percevoir le lien qui les unit déjà.
Avec la vivacité et la grâce qui lui étaient naturelles quand elle était loin des regards des hommes, Mme de Rênal sortait par la porte-fenêtre du salon qui donnait sur le jardin, quand elle aperçut près de la porte d'entrée la figure d'un jeune paysan presque encore enfant, extrêmement pâle et qui venait de pleurer. Il était en chemise bien blanche, et avait sous le bras une veste fort propre de ratine violette.
Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l'esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d'abord l'idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette pauvre créature, arrêtée à la porte d'entrée, et qui évidemment n'osait pas lever la main jusqu'à la sonnette. Mme de Rênal s'approcha, distraite un instant de l'amer chagrin que lui donnait l'arrivée du précepteur. Julien tourné vers la porte, ne la voyait pas s'avancer. Il tressaillit quand une voix douce lui dit tout près de l'oreille :
— Que voulez-vous ici, mon enfant ?
Julien se tourna vivement, et frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité. Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout, même ce qu'il venait faire. Mme de Rênal avait répété sa question.
— Je viens pour être précepteur, madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu'il essuyait de son mieux.
Mme de Rênal resta interdite ; ils étaient fort près l'un de l'autre à se regarder. Julien n'avait jamais vu un être aussi bien vêtu et surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d'un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes, qui s'étaient arrêtées sur les joues si pâles d'abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec toute la gaieté folle d'une jeune fille ; elle se moquait d'elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c'était là ce précepteur qu'elle s'était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
— Quoi, monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ?
Ce mot de monsieur étonna si fort Julien qu'il réfléchit un instant.
— Oui, madame, dit-il timidement.
Mme de Rênal était si heureuse, qu'elle osa dire à Julien :
— Vous ne gronderez pas trop ces pauvres enfants ?
— Moi, les gronder, dit Julien étonné, et pourquoi ?
— N'est-ce pas, monsieur, ajouta-t-elle après un petit silence et d'une voix dont chaque instant augmentait l'émotion, vous serez bon pour eux, vous me le promettez ?S'entendre appeler de nouveau monsieur, bien sérieusement, et par une dame si bien vêtue était au-dessus de toutes les prévisions de Julien : dans tous les châteaux en Espagne de sa jeunesse, il s'était dit qu'aucune dame comme il faut ne daignerait lui parler que quand il aurait un bel uniforme. Mme de Rênal de son côté était complètement trompée par la beauté du teint, les grands yeux noirs de Julien et ses jolis cheveux qui frisaient plus qu'à l'ordinaire parce que pour se rafraîchir il venait de plonger la tête dans le bassin de la fontaine publique. À sa grande joie elle trouvait l'air timide d'une jeune fille à ce fatal précepteur, dont elle avait tant redouté pour ses enfants la dureté et le ton rébarbatif. Pour l'âme si paisible de Mme de Rênal, le contraste de ses craintes et de ce qu'elle voyait fut un grand événement. Enfin elle revint de sa surprise. Elle fut étonnée de se trouver ainsi à la porte de sa maison avec ce jeune homme presque en chemise et si près de lui.
— Entrons, monsieur, lui dit-elle d'un air assez embarrassé.
Stendhal
Le Rouge et le Noir, Paris, éd. Levasseur
1830
Dans cette célèbre scène de rencontre amoureuse, Stendhal alterne entre le point de vue de Madame de Rênal et celui de Julien. Le lecteur a accès aux sentiments des deux personnages et perçoit le trouble qui les anime mais également la tendresse spontanée qu'ils ont l'un pour l'autre. Parce qu'elle se montre très spontanée, Madame de Rênal est ici vulnérable et aimable. L'auteur insiste particulièrement sur la beauté des deux personnages avec un lexique très mélioratif.
Les célèbres couples d'amoureux dans la littérature
Il existe de nombreux romans où l'histoire d'amour est centrale, d'autres où même s'il s'agit d'une intrigue secondaire, le couple est devenu légendaire. Les plus célèbres couples dans la littérature sont :
- Tristan et Iseult : ils représentent l'amour passionnel. Après avoir bu une potion d'amour, ils sont incapables de vivre loin l'un de l'autre.
- Roméo et Juliette : ils incarnent l'amour heureux et innocent de la jeunesse. Parce que leurs familles se haïssent, ils sont entraînés vers la mort.
- Solal et Ariane : couple central du roman Belle du Seigneur, ils incarnent l'amour passionnel et impossible. En effet, ils refusent que leur amour change et se transforme et font tout pour garder la magie des premiers instants. Ils n'y parviennent évidemment pas.
- Ulysse et Pénélope : dans l'Odyssée, Ulysse fait tout pour retourner à Ithaque et rejoindre sa femme Pénélope. En son absence, cette dernière reste fidèle à son époux.
- Rodrigue et Chimène : héros de la pièce Le Cid de Corneille, ils représentent le couple chevaleresque, uni par une même idée de l'honneur et de la grandeur.
- Paul et Virginie : élevés ensemble sur une île paradisiaque, Paul et Virginie incarne le couple pur qui va être détruit par le passage à l'âge adulte et le respect des convenances et morales sociales.
- La Belle et la Bête : ils représentent l'amour véritable. Parce que la Belle est capable de voir au-delà de l'aspect monstrueux de la Bête, il se transforme en prince et les deux jeunes gens se marient.
Roméo et Juliette, Ford Madox Brown, 1870
© Wikimedia Commons
La scène du balcon dans Roméo et Juliette est devenue tellement célèbre qu'elle est aujourd'hui un cliché littéraire et cinématographique.
Les nuances pour exprimer le sentiment amoureux
La difficulté de "dire l'amour"
Si l'amour est un thème majeur, il n'en reste pas moins un sentiment difficile à écrire. La multiplication de livres sentimentaux dans lesquels les mêmes clichés sont utilisés et répétés souligne bien qu'il n'est pas évident de mettre des mots sur l'amour. Le discours amoureux est toujours subjectif : en effet, c'est une personne particulière qui exprime son amour pour une personne définie. Chaque être humain vit et ressent l'amour différemment. De plus, l'amour est un sentiment qui se vit de façon très physique : on ressent l'amour plus qu'on ne peut l'exprimer. Dès lors, il faut un certain talent littéraire et une capacité à analyser la psychologie humaine pour réussir à bien transmettre le sentiment amoureux et ses nuances.
"Carte de Tendre ou Carte du pays de Tendre", Mademoiselle de Scudéry, XVIIe siècle
© Wikimedia Commons
Mademoiselle de Scudéry invente la "Carte de Tendre" au XVIIe siècle. Il s'agit d'un pays imaginaire qui représente le sentiment amoureux et ses nuances. On y découvre les différentes formes d'amour, de l'amitié à l'indifférence, de la tendresse à la passion. Cette carte permet de se rendre compte de la complexité des sentiments amoureux.
Toutefois, deux types d'amour dominent en littérature :
- L'amour malheureux
- L'amour heureux
Souvent, un même amour varie entre la joie et le malheur, l'amour heureux et l'amour malheureux.
JULIETTE.
Mon unique amour a jailli de mon unique haine ! — Je l'ai vu trop tôt sans le connaître et je l'ai connu trop tard. — Il m'est né un prodigieux amour, — puisque je dois aimer un ennemi exécré !
William Shakespeare
Roméo et Juliette (Romeo and Juliet), dans Œuvres complètes, trad. François-Victor Hugo, Paris, éd. Pagnerre (1865)
1597
Juliette exprime ici la joie et la tristesse de l'amour : sa passion pour Roméo la rend heureuse mais en même temps elle réalise qu'il est le fils de son ennemi et cela la rend triste.
L'amour malheureux
L'amour triste est un thème souvent abordé en littérature. L'amour peut être triste pour différentes raisons :
- L'être aimé est absent.
- L'être aimé est mort.
- L'être aimé n'aime plus.
- L'être aimé n'aime pas.
À Madame de Grignan
À Livry, Mardi saint 24e de mars 1671
Mais, ma pauvre bonne, ce que je ferai beaucoup mieux que tout cela, c'est de penser à vous. Je n'ai pas encore cessé depuis que je suis arrivée, et ne pouvant tenir tous mes sentiments, je me suis mise à vous écrire au bout de cette petite allée sombre que vous aimez, assise sur ce siège de mousse où je vous ai vue quelquefois couchée. Mais, mon Dieu, où ne vous ai-je point vue ici ? et de quelle façon toutes ces pensées me traversent-elles le cœur ? Il n'y a point d'endroit, point de lieu, ni dans la maison, ni dans l'église, ni dans le pays, ni dans le jardin, où je ne vous aie vue. Il n'y en a point qui ne me fasse souvenir de quelque chose de quelque manière que ce soit. Et de quelque façon que ce soit aussi, cela me perce le cœur. Je vous vois ; vous m'êtes présente. Je pense et repense à tout. Ma tête et mon esprit se creusent, mais j'ai beau tourner, j'ai beau chercher, cette chère enfant que j'aime avec tant de passion est à deux cents lieues de moi ; je ne l'ai plus. Sur cela, je pleure sans pouvoir m'en empêcher ; je n'en puis plus, ma chère bonne.
Madame de Sévigné
Lettres choisies, Paris, éd. Gallimard, coll. « Folio classique » (1988)
1671
Dans cette lettre, l'absence de l'être aimé apporte tristesse et souffrance. On relève la répétition de "plus" et l'utilisation majeur de la première personne.
L'amour heureux
L'expression du bonheur amoureux se vit à travers la célébration de la personne aimée. Elle peut lui être adressée directement, notamment grâce aux poèmes, ou être plus universelle et traiter de l'amour comme un sentiment général. L'amour heureux implique :
- La présence de la personne aimée
- La réciprocité du sentiment amoureux
- La possibilité de vivre son amour
- L'espoir d'un futur heureux pour la relation
L'amour heureux se dit souvent avec emphase, c'est-à-dire avec exagération. Les écrivains multiplient :
- La ponctuation expressive
- Le lexique mélioratif
- Les hyperboles
- Les comparaisons et métaphores
L'amour donne le sentiment d'exister, de se sentir enfin vivre. Il donne un sens à l'existence.
L'expression du sentiment amoureux par des images et des références
Le regard amoureux
En littérature, le thème du regard est important. Le coup de foudre passe par le regard. Souvent, on admire l'être aimé, on le regarde. C'est à travers le regard que les émotions passent le plus souvent. Les yeux peuvent sourire en se plissant, ou bien montrer les larmes. Le regard est un motif qu'on retrouve beaucoup en poésie. Les yeux représentent :
- La mer et le ciel
- Le pouvoir de fascination
- Le miroir de l'âme
Lorsque l'on aime, on recherche le regard de l'autre, qui peut être doux ou douloureux.
Dans son célèbre poème "La Courbe de tes yeux", Paul Éluard poétise les yeux de la femme aimé et affirme : "la courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur". Ainsi, amour et regard son intimement lié.
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;
Je sentis tout mon corps et transir et brûler
Jean Racine
Phèdre, Paris, éd. Jean Ribou
1677
Phèdre avoue à Œnone, sa nourrice, qui est l'objet de son amour. Elle insiste sur le regard. L'amour est né au premier regard.
La violence de l'amour
L'amour est souvent décrit comme violent. L'un des plus célèbres lieux communs littéraires sur l'amour est celui des "feux de l'amour", qui est même devenu ridicule. Toutefois, le rapprochement entre passion et feu s'explique par la violence du sentiment amoureux. Souvent, l'amour est vu comme un combat :
- Les séducteurs parlent d'attraper leurs proies.
- Le dieu Cupidon perce le cœur des amoureux avec une flèche.
- L'amour est comparé à un "feu".
L'amour est comme une blessure qui transperce et fait mal.
Dans la pièce Dom Juan de Molière, publiée en 1665, le héros aime séduire les femmes. Il associe la séduction à un combat en utilisant le lexique de la guerre. L'amour est donc une confrontation, un face-à-face entre deux êtres.
L'amour n'est pas un feu qu'on renferme en une âme :
Tout nous trahit, la voix, le silence, les yeux :
Et les feux mal couverts n'en éclatent que mieux.
Jean Racine
Andromaque, Paris, éd. Théodore Girard
1668
Racine utilise la comparaison de l'amour et du feu. L'amour est si fort qu'on ne peut pas le cacher, il brûle de l'intérieur et tout le monde le voit.