Pour chaque texte, identifier la caractéristique qui correspond au genre narratif indiqué.
Quelle caractéristique de ce texte permet de dire qu'il s'agit d'un récit autobiographique ?
« Mon père avait eu la galanterie de mourir à ses torts : ma grand-mère répétait qu'il s'était dérobé à ses devoirs ; mon grand-père, justement fier de la longévité Schweitzer, n'admettait pas qu'on disparût à trente ans ; à la lumière de ce décès suspect, il en vint à douter que son gendre eût jamais existé et, pour finir, il l'oublia. Je n'eus même pas à l'oublier : en filant à l'anglaise, Jean-Baptiste m'avait refusé le plaisir de faire sa connaissance. Aujourd'hui encore, je m'étonne du peu que je sais sur lui. Il a aimé, pourtant, il a voulu vivre, il s'est vu mourir ; cela suffit pour faire tout un homme. »
Jean-Paul Sartre, Les Mots, Paris, © Gallimard, coll. Blanche, 1964
Ce texte est issu d'un récit autobiographique de Jean-Paul Sartre, Les Mots. Le caractère rétrospectif, avec un retour dans l'enfance du narrateur, est caractéristique de ce genre narratif. L'écrivain raconte un moment de son enfance. Comme dans les récits autobiographiques, il utilise la première personne du singulier : « mon », « ma » ou encore « je ». Il parle de sa famille : « mon père », « ma grand-mère », « mon grand-père ». Enfin, il utilise des temps du passé pour raconter son enfance comme le plus-que-parfait (« avait eu ») ou l'imparfait (« répétait »). On note aussi le présent d'écriture, qui renvoie au moment où l'écrivain écrit ce texte, se souvient de son passé : « je m'étonne du peu que je sais sur lui ».
Le caractère rétrospectif permet de dire que ce texte est issu d'un récit autobiographique.
Quelle caractéristique de ce texte permet de dire qu'il s'agit d'un récit biographique ?
« Tout récemment encore, il a échappé de peu à un attentat. Son nom figure en tête des listes d'« ennemis de la Russie », c'est-à-dire d'hommes à abattre, que des officines proches du pouvoir proposent à la vindicte du peuple, en donnant leurs adresses et leurs numéros de téléphone. Les autres, sur ces listes, c'étaient Politkovskaïa, descendue au fusil à pompe ; l'ex-officier du FSB Litvinenko, empoisonné au polonium après avoir dénoncé la dérive criminelle de ses services ; le milliardaire Khodorkovski, aujourd'hui emprisonné en Sibérie pour avoir voulu se mêler de politique. Et le suivant, c'est lui, Limonov. »
Emmanuel Carrère, Limonov, © P.O.L, 2011
Ce texte est issu d'un récit biographique d'Emmanuel Carrère, Limonov. La volonté affirmée de dire la vérité, avec les recherches faites par l'auteur, est caractéristique de ce genre narratif. L'écrivain écrit sur Édouard Limonov, un écrivain et homme politique russe. Comme dans les récits biographiques, il utilise la troisième personne du singulier : « il », « son », « lui ». Les temps utilisés sont variables, en fonction de la période abordée, ils changent. Ainsi, il y a aussi bien du passé composé (« il a échappé ») que du présent (« c'est ») et de l'imparfait (« c'étaient »).
La volonté affirmée de dire la vérité permet de dire que ce texte est issu d'un récit biographique.
Quelle caractéristique de ce texte permet de dire qu'il s'agit d'un journal ?
« 17 juin 1919
J'hésite depuis deux jours si je ne ferai pas Lafcadio raconter mon roman. Ce serait un récit d'événements qu'il découvrirait peu à peu et auxquels il prendrait part en curieux, en oisif et en pervertisseur. Je ne suis pas assuré que cela rétrécirait la portée du livre mais cela me retiendrait d'aborder certains sujets, d'entrer dans certains milieux, de mouvoir certains personnages. Aussi bien est-ce une folie sans doute de grouper dans un seul roman tout ce que me présente et m'enseigne la vie. »
André Gide, Journal des faux-monnayeurs, © Gallimard, coll. L'Imaginaire, 1927
Ce texte est issu d'un journal d'André Gide, Journal des faux-monnayeurs. Le déroulement linéaire est caractéristique de ce genre narratif. L'auteur écrit ses pensées, ses émotions, son quotidien, mais surtout ses idées concernant le livre sur lequel il travaille : Les Faux-monnayeurs. L'écrivain écrit donc toujours à la première personne du singulier : « je », « me ». Le temps utilisé est majoritairement le présent : « j'hésite », « je ne suis pas ». Cependant, il y a également du conditionnel qui lui permet d'exprimer ses doutes : « serait », « découvrirait ». Comme souvent dans un journal, il y a la date à laquelle il écrit : « 17 juin 1919 ».
Le déroulement linéaire permet de dire que ce texte est issu d'un journal.
Quelle caractéristique de ce texte permet de dire qu'il s'agit d'une correspondance ?
« Cher Ernest,
Pardon du retard, pardon, pardon, oui tu me l'accordes, j'en suis sûr. Eh bien maintenant je vais te dire le pourquoi de cette longueur, une longueur de huit jours. Huit jours c'est un siècle pour des amis et c'est un point dans l'espace.
Tu sais j'ai en tête Frédégonde et Brunehaut, que je m'en occupe (mentalement) depuis environ trois mois, mais surtout depuis quinze jours. Je ne rêve que cela, j'en ai fait une douzaine de lignes, oui ce sera un drame, et autrement fabriqué que les autres. Bref tu verras, c'est la meilleure critique. »
Gustave Flaubert, Correspondance, 1926
Ce texte est issu de la correspondance de Gustave Flaubert. L'adresse à l'autre, ici à Ernest, est caractéristique de ce genre narratif. Le texte est au présent, Flaubert parle d'une œuvre en cours d'écriture : « j'ai », « je m'en occupe ». L'auteur écrit à la première personne du singulier : « je », « me ». Il y a également la présence de la deuxième personne du singulier, l'auteur écrivant à son ami : « tu ». De plus, on note la présence de marques orales, comme « Eh bien » ou « Bref », qui traduisent la familiarité entre les deux amis.
L'adresse à l'autre permet de dire que ce texte est issu d'une correspondance.
Quelle caractéristique de ce texte permet de dire qu'il s'agit d'un récit de voyage ?
« Nous avions quitté Malte depuis deux jours, et aucune terre nouvelle n'apparaissait à l'horizon. Des colombes – venues peut-être du mont Éryx – avaient pris passage avec nous pour Cythère ou pour Chypre, et reposaient, la nuit, sur les vergues et dans les hunes.
Le temps était beau, la mer calme, et l'on nous avait promis qu'au matin du troisième jour, nous pourrions apercevoir les côtes de Morée. »
Gérard de Nerval, Voyage en Orient, 1851
Ce texte est issu d'un récit de voyage de Gérard de Nerval, Voyage en Orient. La prise en charge du récit par un « je », ici Gérard de Nerval, qui désigne à la fois l'auteur, le narrateur et le personnage principal, est caractéristique de ce genre narratif. L'usage de l'imparfait et de la première personne est également caractéristique de ce genre : « nous avions », « nous pourrions ». L'auteur revient sur les derniers événements. Enfin, on note la présence de nombreuses descriptions du voyage et du paysage : « Malte », « mer calme », « côtes de Morée ».
La prise en charge du récit par la première personne qui désigne à la fois l'auteur, le narrateur et le personnage principal, permet de dire que ce texte est issu d'un récit de voyage.