Dans chacun des textes suivants, repérer les marques du langage soutenu.
« Monsieur le président, mesdames, messieurs,
Si j'interviens aujourd'hui à cette tribune, ministre de la Santé, femme et non parlementaire, pour proposer aux élus de la nation une profonde modification de la législation sur l'avortement, croyez bien que c'est avec un profond sentiment d'humilité devant la difficulté du problème, comme devant l'ampleur des résonances qu'il suscite au plus intime de chacun des Français et des Françaises, et en pleine conscience de la gravité des responsabilités que nous allons assumer ensemble. »
Simone Veil, « Discours sur l'IVG », 26 novembre 1976
Dans le texte précédent, le langage soutenu se manifeste par l'utilisation :
- de marques de politesse : « Monsieur le président, mesdames, messieurs » ;
- du vouvoiement : « vous », « croyez » ;
- du vocabulaire soutenu : « élus de la nation », « profond sentiment », etc.
Le fait que le discours soit prononcé à l'Assemblée nationale est également très important. Le contexte requiert l'utilisation du langage soutenu.
« Votre lettre sévère m'aurait effrayée, madame, si par bonheur je n'avais trouvé ici plus de motifs de sécurité que vous ne m'en donnez de crainte. Ce redoutable M. de Valmont, qui doit être la terreur de toutes les femmes, paraît avoir déposé son arme meurtrière avant d'entrer dans ce château. Loin d'y former des projets, il n'y a pas même porté de prétentions, et la qualité d'homme aimable, que ses ennemis même lui accordent, disparaît presque ici pour ne lui laisser que celle de bon enfant. C'est apparemment l'air de la campagne qui a produit ce miracle. Ce que je vous puis assurer, c'est qu'étant sans cesse avec moi, paraissant même s'y plaire, il ne lui est pas échappé un mot qui ressemble à l'amour, pas une de ces phrases que tous les hommes se permettent, sans avoir, comme lui, ce qu'il faut pour les justifier. »
Choderlos de Laclos, « Lettre XI », Les Liaisons dangereuses, 1782
Dans le texte précédent, le langage soutenu se manifeste par :
- le travail sur la syntaxe avec des phrases bien construites ;
- le vouvoiement : « vous » ;
- l'utilisation d'un vocabulaire soutenu : « motifs de sécurité », « redoutable ».
En fonction du destinataire de la lettre, celle-ci peut être écrite dans un langage soutenu, courant ou familier.
« Croyant qu'il était de son devoir de prodiguer au médecin le plus de politesses possible, à cause de sa position douloureuse, il le pria de ne point se découvrir la tête, lui parla à voix basse, comme s'il eût été malade, et même fit semblant de se mettre en colère de ce que l'on n'avait pas apprêté à son intention quelque chose d'un peu plus léger que tout le reste, tels que des petits pots de crème ou des poires cuites. Il conta des histoires. Charles se surprit à rire ; mais le souvenir de sa femme, lui revenant tout à coup, l'assombrit. On apporta le café ; il n'y pensa plus. »
Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1856
Dans le texte précédent, le langage soutenu se manifeste par :
- le vocabulaire soutenu : « prodiguer », « douloureuse » ;
- le travail se la syntaxe avec des phrases bien construites ;
- la précision des propos.
Le langage soutenu est un langage recherché, employé surtout à l'écrit.
« Le temps vint où mon maître jeta sur toi les yeux. Il s'en fallait bien que la nature eût encore parlé lorsque le fer te sépara de la nature. Je ne te dirai point si je te plaignis, ou si je sentis du plaisir à te voir élevé jusqu'à moi. J'apaisai tes pleurs et tes cris. Je crus te voir prendre une seconde naissance, et sortir d'une servitude où tu devais toujours obéir, pour entrer dans une servitude où tu devais commander. Je pris soin de ton éducation. La sévérité, toujours inséparable des instructions, te fit longtemps ignorer que tu m'étais cher. Tu me l'étais pourtant ; et je te dirai que je t'aimais comme un père aime son fils, si ces noms de père et de fils pouvaient convenir à notre destinée. »
Montesquieu, « Lettre XV », Lettres persanes, 1721
Dans le texte précédent, le langage soutenu se manifeste par :
- l'utilisation du passé simple : « vint », « pris » ;
- le recours à un vocabulaire soutenu : « le fer te sépara », « je te plaignis » ;
- le travail sur la syntaxe avec des phrases bien construites.
Le langage soutenu est un langage recherché, employé surtout à l'écrit.
« Je regrette que cette question, la première de toutes peut-être, arrive au milieu de vos délibérations presque à l'improviste, et surprenne les orateurs non préparés.
Quant à moi, je dirai peu de mots, mais ils partiront du sentiment d'une conviction profonde et ancienne.
Vous venez de consacrer l'inviolabilité du domicile, nous vous demandons de consacrer une inviolabilité plus haute et plus sainte encore, l'inviolabilité de la vie humaine.
Messieurs, une constitution, et surtout une constitution faite par la France et pour la France, est nécessairement un pas dans la civilisation. Si elle n'est point un pas dans la civilisation, elle n'est rien. »
Victor Hugo, « Discours contre la peine de mort », 15 septembre 1848
Dans le texte précédent, le langage soutenu se manifeste par :
- les marques de politesse : « Messieurs » ;
- le vouvoiement : « vous » ;
- le vocabulaire soutenu : « orateurs non préparés », « consacrer », etc.
Le fait que le discours soit prononcé devant une assemblée est très important. Le contexte requiert l'utilisation du langage soutenu.