Lorsque l'on étudie un discours argumentatif il convient d'observer les outils de conviction et de persuasion de celui-ci.
Convaincre
Convaincre
Convaincre est une démarche qui s'appuie sur un raisonnement non scientifique, mais dont la construction reste logique.
Outils discursifs
Pour convaincre, le locuteur emploie :
- Des signes de sa présence (première personne du singulier, adverbes modalisateurs, etc.)
- Des arguments et des exemples immédiatement compréhensibles par le destinataire : souvent, ils appartiennent à sa vie quotidienne.
- Des arguments et des exemples que le destinataire pourrait lui opposer, afin de mieux les contrer. Ce procédé est une concession.
- De nombreux connecteurs logiques, en particulier de cause et de conséquence, mais aussi d'addition ou d'opposition.
Pour analyser les outils qui convainquent, il est souhaitable de déterminer le type d'argument employé. Il existe :
- L'argument d'expérience, qui fait appel à l'expérience concrète des lecteurs.
- L'argument d'autorité, qui est incontestable.
- L'argument d'analogie, qui fait des comparaisons pour mieux faire comprendre la thèse au lecteur.
- L'argument de logique, qui résulte d'une démonstration préalable.
Les arguments s'organisent en un raisonnement. Il en existe différentes formes :
- Le raisonnement d'autorité qui impose un argument.
- Le raisonnement par induction qui manifeste une démarche particulièrement expérimentale.
- Le raisonnement par déduction, qui insiste sur une série d'issues possibles.
- Le syllogisme, plus implicite et plus complexe, qui propose des idées originales.
- Le raisonnement de mauvaise foi qui manifeste un manque de logique.
- La concession qui insiste sur le caractère supérieur de l'argument défendu sur celui concédé.
- Le raisonnement par l'absurde qui insiste sur le caractère illogique de l'argument contesté.
- L'ironie, qui insiste sur la démesure (et donc le ridicule) de la thèse adverse.
Raisonnement d'autorité
Un raisonnement d'autorité s'appuie sur une vérité générale qui est reconnue de manière universelle.
L'eau bout à cent degrés.
Raisonnement inductif
Un raisonnement inductif part de plusieurs constats pour justifier une idée nouvelle.
Dans Le Dernier Jour d'un condamné, Victor Hugo effectue un raisonnement par induction : en présentant un fait fictif précis, il se positionne contre la peine de mort en général.
Raisonnement déductif
Un raisonnement par déduction part d'un argument auquel le destinataire adhère pour justifier une ou plusieurs conséquences logiques.
Puisque tous les hommes naissent égaux, alors ces pauvres hommes ne devraient pas mourir de faim.
Syllogisme
Le syllogisme est la combinaison de deux déductions qui amènent à la formulation d'une déduction supplémentaire entre le constat de la première déduction et la conséquence de la seconde.
Tous les enfants vont à l'école. L'école instruit les enfants. Donc tous les enfants sont instruits.
Raisonnement de mauvaise foi
Le raisonnement de mauvaise foi se caractérise par un enchaînement grammaticalement logique, mais construit grâce à des arguments non valables ou non logiques entre eux.
Si je n'ai pas rendu mon devoir à l'heure, c'est parce que le travail était trop facile pour moi.
Concession
La concession évoque d'abord la thèse adverse, tout en réduisant son impact, et formule ensuite la thèse défendue par le locuteur, de sorte que celle-ci, formulée en dernier de manière opposée, semble plus acceptable.
Certes, la comédie est un divertissement. Mais elle peut également nous amener à réfléchir sur nos propres comportements.
Raisonnement par l'absurde
Le raisonnement par l'absurde semble suivre la thèse opposée à celle que le locuteur veut défendre, mais l'issue du raisonnement formulé est irrecevable, de sorte que le locuteur a finalement montré la plus grande validité de sa propre thèse.
Il est évident que la monarchie absolue est légitime. Elle met tout le monde à égalité. En revanche, seul le fils du roi peut prendre le pouvoir.
Ironie
Le locuteur fait preuve d'ironie lorsqu'il semble défendre une thèse qui est contraire à la sienne et que le discours sous-entend, par le trop grand sérieux du discours, que ce raisonnement est tourné en dérision. Le destinataire se trouve alors convaincu de l'invalidité de ce raisonnement et penche pour la thèse du locuteur.
Dans Candide, conte philosophique de Voltaire, la position portée par Pangloss (qui défend la philosophie optimiste) est l'objet d'ironie de la part de l'auteur.
Les outils stylistiques
Pour convaincre, le locuteur fait également appel à des outils stylistiques comme :
- Le registre didactique, qui insiste sur la logique et l'autorité du discours.
- Le registre oratoire, qui insiste sur l'implication et le jugement du locuteur.
Registre didactique
Le registre didactique a pour objectif d'instruire le lecteur.
Pour obtenir cet effet, le texte fait appel à :
- L'emploi du présent de vérité générale ou à celui du présent descriptif
- De nombreux connecteurs logiques qui organisent le propos
- Des définitions et des exemples
- Un lexique spécialisé, voire technique
Registre oratoire
Le registre oratoire cherche à signifier le caractère officiel et majestueux d'un discours argumentatif.
On reconnaît le registre oratoire à :
- La présence de phrases longues nommées "périodes"
- Le registre de langue soutenu
- Des figures de style en quantité et de toutes sortes (par analogie, par amplification, par opposition, etc.)
- Des connecteurs logiques
- Des interpellations de l'auditoire
Persuader
Persuader
Persuader fait davantage appel au cœur qu’à l'esprit du destinataire.
Pour persuader, le locuteur a à sa disposition divers registres littéraires comme :
- Le registre pathétique, qui rend le lecteur compatissant.
- Le registre tragique, qui le terrifie.
- Le registre lyrique, qui émeut le lecteur.
- Le registre comique, qui insiste sur la dimension ridicule de la situation.
- Le registre épidictique, qui met en œuvre un éloge ou une critique.
Registre pathétique
Le registre pathétique fait ressentir de la compassion au lecteur.
Pour cela, le texte fait souvent appel à :
- Des phrases exclamatives
- Des questions rhétoriques
- Des verbes de sentiments
- Un lexique connoté
- Des métaphores et des comparaisons poignantes
Registre tragique
Le registre tragique désigne une situation sans issue.
Celui-ci l'exprime par :
- Un registre de langue soutenu
- Des phrases interrogatives et des phrases exclamatives qui expriment sa détresse
- Des champs lexicaux comme celui de la fatalité et de la liberté
- Des métaphores et des comparaisons en lien avec ces champs lexicaux
Registre lyrique
Le registre lyrique exprime l'intériorité d'un locuteur.
Pour exprimer ce qu'il ressent, ce dernier peut employer :
- La première personne du singulier
- Des verbes de sentiments
- Des champs lexicaux en lien avec des sentiments (haine, colère, douleur, amour, etc.)
- Des phrases exclamatives
- Des questions rhétoriques
- Des figures de style par amplification (hyperbole, anaphore, gradation, etc.)
Registre comique
Le registre comique suscite le rire du lecteur.
Pour cela, le texte met en œuvre :
- Des répétitions
- Des figures de style par analogie (comparaisons, métaphores, etc.)
- Des figures de style par amplification (hyperboles, gradations, etc.) ou par construction (parallélismes, hypallages, etc.)
- Un lexique connoté
- Une alternance des registres de langue soutenu et familier
Registre épidictique
Un discours au registre épidictique tend à faire l'éloge ou le blâme de ce qu'il évoque (personne, situation, objet, etc.).
Pour cela, il met en place :
- Un lexique connoté de manière péjorative ou méliorative
- Des figures par analogie
- Des figures par amplification
- Des champs lexicaux et des verbes appréciatifs