Sommaire
ILes dynamiques démographiques des territoires en FranceALa démographie françaiseBUn solde migratoire positifCUn vieillissement inégal de la population française1Les causes et les conséquences du vieillissement de la population française2Un phénomène inégal sur le territoire françaisDDes dynamiques démographiques différenciées1Une répartition inégale de la population sur le territoire2Les évolutions démographiques des territoires : le reflet de leur inégal dynamismeIILa France, un pays riche marqué par des inégalitésAUn pays développé, une augmentation des inégalités1La France, un pays parmi les moins inégalitaires au monde2Une progression des inégalités3Les raisons de ces inégalitésBDes inégalités observables à toutes les échelles1À l'échelle nationale2À l'échelle des régions et des départements3À l'échelle localeIIIDes acteurs à toutes les échelles pour réduire les inégalitésALa politique de cohésion de l'Union européenneBLa politique de l'État pour réduire les inégalitésCLes collectivités territoriales et les autres acteurs locauxLes évolutions démographiques et économiques en France sont inégales sur le territoire. Des différences importantes existent aux échelles nationale, régionale et locale. Plusieurs solutions sont mises en place pour essayer de résorber ces inégalités.
Quelles sont les inégalités territoriales liées aux évolutions démographiques et économiques en France et comment y faire face ?
Les dynamiques démographiques des territoires en France
La France a une démographie dynamique. Son accroissement naturel (nombre de naissances - nombre de décès) est positif, on dit que son solde naturel est positif. L'accroissement naturel connaît toutefois un ralentissement depuis quatre ans. Le solde migratoire (nombre d'arrivées - nombres de départs) de la France est également positif. Comme d'autres pays industriels, la France connaît un vieillissement démographique. Sur le territoire, les dynamiques démographiques ne sont pas partout les mêmes.
La démographie française
En 2019, la France compte 67 millions d'habitants dont 2,2 millions vivent en outre-mer.
- La France se classe au 21e rang à l'échelle mondiale, juste derrière la Thaïlande et devant le Royaume-Uni.
- La France est le deuxième pays le plus peuplé de l'Union européenne (UE) derrière l'Allemagne. Sa population représente 13 % de la population européenne.
L'évolution démographique de la France a suivi deux mouvements. La population française a d'abord stagné sur la première moitié du XXe siècle, puis elle a augmenté après la Seconde Guerre mondiale. Cette croissance a d'abord été soutenue durant le baby-boom (1945-1970) puis s'est ralentie. Avec l'Irlande et la Suède, la France fait partie des pays européens où la fécondité demeure la plus élevée. En 2018, elle est en moyenne de 1,87 enfant par femme, au-dessus de la moyenne européenne. La principale conséquence est que la part des jeunes de moins de 15 ans y est plus élevée.
La croissance démographique ralentit en France. Cela s'explique par plusieurs éléments :
- La natalité (nombre moyen de naissances au cours d'une année) diminue depuis 2014, avec 758 000 naissances en 2018, car la fécondité qui était auparavant proche de 2, a baissé. Les femmes les plus fécondes entre 20 et 40 ans sont aussi moins nombreuses.
- L'âge auquel les femmes ont leur premier enfant a reculé à 30 ans en moyenne. Les femmes françaises ont un peu plus d'enfants que leurs homologues européennes, mais elles les ont plus tardivement.
- La mortalité (nombre moyen de décès au cours d'une année) augmente, principalement parce que les premières générations du baby-boom avancent en âge.
Un solde migratoire positif
La population française s'agrandit avec les migrations. Le solde migratoire de la France est positif avec 58 000 individus. Il est nécessaire pour l'activité française.
La France compte 5,9 millions d'immigrés, soit 8,8 % de la population totale. Parallèlement, 2,5 millions de Français vivent à l'étranger. Ces apports migratoires sont nécessaires pour faire face aux pénuries de main-d'œuvre dans certains secteurs : bâtiment, hôtellerie-restauration, agriculture, etc. Les populations immigrées se localisent principalement en Île-de-France (40 % du total), dans les zones urbaines du Nord et de l'Est, dans le Lyonnais et en Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA).
Un vieillissement inégal de la population française
La France connaît un vieillissement démographique, mais ce phénomène est inégal sur le territoire.
Les causes et les conséquences du vieillissement de la population française
Comme la plupart des pays développés, la France connaît un vieillissement de sa population. La part des personnes de plus de 65 ans est passée de 14 % en 1990 à 20 % aujourd'hui. Ce vieillissement s'explique par l'allongement de la durée de la vie, l'avancée en âge des baby-boomers et la baisse de la fécondité. Le vieillissement a également des conséquences économiques et sociales.
Plusieurs raisons expliquent le phénomène de vieillissement :
- L'allongement de la durée de la vie : en 2018, l'espérance de vie en France est de 79,4 ans pour les hommes et de 85,3 ans pour les femmes. Ceci explique que les femmes sont légèrement plus nombreuses dans la population française.
- L'avancée en âge des baby-boomers dont une partie a déjà atteint l'âge de la retraite.
- La baisse de la fécondité et donc celle de la part des jeunes dans la population.
Ce vieillissement devrait se poursuivre dans les prochaines décennies : on estime que les plus de 65 ans devraient représenter près de 30 % de la population en 2050.
La pyramide des âges de la France au 1er janvier 2019
© Wikipédia, Laurent Campedel, Insee, février 2019
Le vieillissement de la population a plusieurs conséquences sur le plan économique et social :
- La main-d'œuvre peut manquer dans certains secteurs comme l'agriculture où beaucoup d'exploitations disparaissent faute de repreneurs, avec la hausse des départs en retraite.
- La question du financement des retraites se pose dans le cas où le nombre d'actifs employés est insuffisant.
- Le vieillissement de la population nécessite des investissements dans les secteurs de la santé et de l'aide à la personne.
Un phénomène inégal sur le territoire français
Le phénomène du vieillissement n'est pas perceptible partout de la même manière en France. On parle d'une « France jeune » dans les régions dynamiques et d'une « France plus âgée » dans les régions moins dynamiques. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces différences. Dans les territoires ultra-marins français, le phénomène du vieillissement est également mal réparti.
- On parle d'une « France jeune » dans les Hauts-de-France, en Île-de-France, en Haute-Normandie, dans le Centre-Ouest entre Rennes et Nantes, en Rhône-Alpes (Lyon, Isère, Haute-Savoie), dans la région toulousaine. Dans ces espaces, l'indice de vieillissement est faible, c'est-à-dire que la part des jeunes de moins de 20 ans est supérieure à celle des personnes âgées.
- On parle d'une « France plus âgée » dans les régions suivantes : Bretagne, Bourgogne, Limousin, Aquitaine, Pyrénées, Alpes du Sud, Corse où les plus de 65 ans sont plus nombreux.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces différences :
- Dans les régions du Nord, la jeunesse de la population est liée en partie à une espérance de vie plus faible qui s'explique par une alimentation plus riche en graisses animales, une consommation de tabac et d'alcool supérieure et un suivi médical moins bon.
- Dans les pôles urbains, la part des personnes âgées est plus faible car les jeunes adultes viennent s'y installer pour étudier et trouver un emploi. Inversement, les retraités, quand ils le peuvent, quittent les grosses agglomérations à la recherche d'un meilleur cadre de vie, comme en Bretagne ou en région PACA.
- En Île-de-France, la Seine-Saint-Denis est le département le plus jeune de France métropolitaine, où 43 % de la population a moins de 30 ans. C'est également celui où la fécondité est la plus élevée avec 2,4 enfants par femme en 2016.
- Dans la région Nouvelle-Aquitaine, le département de la Creuse est le plus âgé de France métropolitaine avec 32,1 % de la population qui a plus de 65 ans.
Les territoires ultra-marins présentent également des disparités :
- Dans les Antilles, les plus de 60 ans sont quasiment aussi nombreux que les moins de 25 ans.
- La Réunion, la Guyane et surtout Mayotte sont des départements extrêmement jeunes en raison d'une fécondité nettement supérieure à la moyenne nationale. 36 % des Réunionnais, 48 % des Guyanais et 60 % des Mahorais ont moins de 25 ans.
Des dynamiques démographiques différenciées
La population française est inégalement répartie sur le territoire. Les évolutions démographiques diffèrent en fonction du dynamisme des régions.
Une répartition inégale de la population sur le territoire
La répartition de la population française varie selon les territoires. La population française est largement citadine puisque 85 % des Français vivent dans un pôle urbain ou dans une couronne périurbaine. Les densités sont importantes sur les littoraux, le long des fleuves et dans certaines îles d'outre-mer. Les densités sont plus faibles dans les zones rurales. Un tiers du territoire compte moins de 15 habitants au km2. Certains parlent de la « France du vide ».
Une population française largement citadine
En dehors des principales aires urbaines (Paris, Lille, Lyon, Toulouse, Marseille), les densités les plus fortes se localisent :
- sur les littoraux (Méditerranée, Guyane, La Réunion) ;
- le long de certains fleuves (Seine, Loire, Rhône) ;
- dans certaines îles de l'outre-mer (Guadeloupe, Martinique et Mayotte).
En France métropolitaine, la région la plus densément peuplée est de loin l'Île-de-France avec 12 millions d'habitants et plus de 1 000 habitants au km2, alors que la Corse compte 330 000 habitants et une densité moyenne de 38 habitants au km2.
L'inégale répartition de la population française
Les évolutions démographiques des territoires : le reflet de leur inégal dynamisme
Les évolutions démographiques sont différentes en France selon les régions. Les départements de l'Île-de-France (Paris excepté), de la façade ouest et du Sud ont une croissance de leur population supérieure à 0,5 % par an, depuis les dix dernières années. Ce sont des régions dynamiques d'un point de vue économique qui attirent les populations, surtout la population jeune. Les régions moins dynamiques sont moins peuplées : c'est le cas des départements situés dans une diagonale allant des Ardennes jusqu'au Massif central et dans certains territoires plus isolés. Paris intra-muros est une exception : région dynamique, elle perd des familles qui cherchent à se loger à des prix plus acceptables. On parle de dévitalisation lorsqu'une commune perd des habitants, voit sa population vieillir et voit ses commerces et services publics fermer.
- Les départements les plus jeunes ont une natalité élevée comme en région parisienne.
- L'Île-de-France et les grandes aires urbaines comme Lyon, Rennes, Nantes, Bordeaux, Toulouse et Montpellier sont attractives par les perspectives d'emplois et de services qu'elles offrent.
- La Guyane, La Réunion et Mayotte voient leur population augmenter du fait de leur natalité élevée et surtout d'un solde migratoire conséquent, lié à l'immigration.
- Les départements méridionaux attirent les actifs comme les retraités grâce au climat (héliotropisme) et à la douceur de vivre.
Entre 2008 et 2013, le Var est le premier département à avoir accueilli des retraités (18 000 arrivants), devant l'Hérault (15 000 arrivants) et les Alpes-Maritimes.
Certains territoires connaissent une crise démographique et perdent des habitants, soit en raison de leur faible natalité, soit en raison du départ de leurs habitants vers des territoires plus attractifs :
- Dans les départements situés dans une diagonale allant des Ardennes jusqu'au Massif central, le déficit migratoire n'est pas compensé par l'accroissement naturel.
- Paris intra-muros a perdu 60 000 habitants entre 2011 et 2016. Ce département fait figure d'exception en Île-de-France : si les étudiants et les jeunes cadres s'y installent, les couples qui cherchent des logements plus vastes et moins chers ou les retraités à la recherche d'un meilleur cadre de vie quittent la capitale.
- À l'intérieur des départements, les villes moyennes éloignées des pôles urbains et les territoires ruraux isolés connaissent un déclin démographique. Lorsque le déclin est avancé, il entraîne une dévitalisation rurale s'accompagnant d'une fermeture des commerces de proximité (station-service, bar-tabac, épicerie) et des services publics (école, bureau de poste, gare).
Dans la région Nouvelle-Aquitaine, la petite ville de Confolens, située en Charente Limousine, comptait 3 004 habitants en 2009. En dix ans, elle a perdu plus de 12 % de sa population, en raison de la fermeture de plusieurs entreprises, obligeant les jeunes à partir pour trouver un emploi dans les métropoles voisines : Limoges, Poitiers, Angoulême ou Bordeaux. La ville connaît donc un vieillissement avancé. Les personnes de plus de 60 ans y représentent aujourd'hui plus de 40 % de la population et y sont deux fois plus nombreuses que les moins de 30 ans. Les activités économiques peinent à s'y maintenir.
Confolens (Charente), une petite ville en plein déclin démographique
© Wikipédia, Jack ma, Vue de Confolens depuis la colline Sainte-Catherine, mai 2010
La France, un pays riche marqué par des inégalités
En fonction de leur dynamisme économique, les territoires français ont une trajectoire démographique différente. Même si la France fait partie des pays les plus égalitaires en Europe, les inégalités socio-économiques se sont creusées ces dernières années, alimentant la contestation sociale. Les inégalités sont perceptibles à toutes les échelles, entre les régions, entre les zones urbaines et les zones rurales et à l'intérieur des métropoles entre les quartiers.
Un pays développé, une augmentation des inégalités
La France est un des pays les moins inégalitaires au monde, pourtant les inégalités sont de plus en plus nombreuses au sein du territoire. Les raisons de cette situation sont multiples.
La France, un pays parmi les moins inégalitaires au monde
Septième puissance économique mondiale en 2018, la France est considérée comme un pays riche. La France est l'un des pays les moins inégalitaires au monde. Au classement de l'indice de Gini, la France se situe au 13e rang des pays de l'OCDE, juste derrière les pays scandinaves et ceux du Benelux.
Avec un revenu national d'environ 33 000 € par habitant, la France se classe au-dessus de la moyenne européenne, juste derrière le Royaume-Uni et devant l'Italie.
Avec un IDH de 0,901 en 2017, la France est au 24e rang des pays les plus développés.
La France est l'un des pays les moins inégalitaires au monde, elle fait mieux que l'Allemagne, le Canada, le Royaume-Uni ou les États-Unis. La France a un taux de pauvreté relative parmi les plus faibles de l'Union européenne avec la Finlande, le Danemark, la Norvège et les Pays-Bas.
En 2016, 13,6 % des Français vivent en dessous du seuil de pauvreté (60 % du revenu médian) ce qui est inférieur à la moyenne européenne (17,3 %).
Une progression des inégalités
Les inégalités socio-économiques ont progressé en France. Les inégalités touchent surtout les familles monoparentales et les jeunes. Les femmes sont dans des situations plus précaires que les hommes.
En dix ans, alors que la richesse nationale a augmenté de 7 %, la France a compté 630 000 pauvres supplémentaires entre 2006 et 2016. L'observatoire des inégalités estime que 10 % des plus riches captent près du quart des revenus en France en 2019. Parallèlement, 8 % de la population française vit avec moins de 855 € par mois.
La Fondation Abbé Pierre estime que 3,8 millions de personnes ne sont pas ou très mal logées en France et 12 millions de Français vivent dans une précarité énergétique en 2018.
Alors qu'ils avaient disparu à la fin du XXe siècle, des bidonvilles se reconstituent en France : on en compterait près de 600 sur le territoire, dans lesquels vivraient 16 000 personnes.
Bidonville installé sur la petite ceinture de Paris dans le quartier de Clignancourt (18e arrondissement)
© Wikipédia, André Feigeles, Bidonville en France, sous le pont des Poissonniers, mars 2017
Les inégalités touchent plus spécifiquement certaines catégories de population :
- Plus du tiers des familles monoparentales seraient concernées par la pauvreté.
- Le taux de chômage s'élève à environ 9 % des actifs en 2018 mais il est le double pour les jeunes de 15 à 24 ans, particulièrement chez les moins qualifiés. Si les actifs de plus 50 ans ont le taux de chômage le plus faible (6,7 %) ce dernier a fortement augmenté (+50 %) au cours des dix dernières années.
Il existe également des inégalités de genre : les femmes, à qualification équivalente, touchent un salaire inférieur de 23 % à celui des hommes en moyenne. Elles sont les plus exposées à la précarité de l'emploi et aux temps partiels subis.
Deux tiers des Français appartiennent à la classe moyenne, mais certaines personnes, qui ont pourtant un emploi, craignent le déclassement social. La progression des inégalités est perçue comme une injustice sociale qui s'est manifestée à travers différents mouvements.
Les manifestations « Nuit debout » au printemps 2016 et le mouvement des gilets jaunes qui a débuté en octobre 2018 mettent sur le devant de la scène les inégalités territoriales entre la France des grandes villes et la France des petites villes et des zones rurales.
Les raisons de ces inégalités
Les raisons de ces inégalités sont multiples : la concurrence avec d'autres pays, le manque d'éducation, les discriminations et la métropolisation.
- Avec la concurrence des pays émergents, certaines régions sont victimes de délocalisations et de désindustrialisation. Il en découle un chômage structurel difficile à résorber.
- La faiblesse du niveau d'instruction et le manque de qualification compliquent l'accès à l'emploi. Il reste encore 9 % des jeunes qui sortent de l'école sans diplôme ou qualification.
- Les discriminations empêchent certaines personnes d'accéder à l'emploi ou à un logement, à cause d'un handicap, de l'origine ethnique ou religieuse. Le taux de chômage pour les immigrés est de 16 %, notamment ceux qui ne sont pas originaires de l'Union européenne.
- La métropolisation accroît la fragmentation socio-spatiale à toutes les échelles : les petites villes éloignées des pôles urbains dynamiques ou les territoires ruraux enclavés connaissent des difficultés économiques.
Des inégalités observables à toutes les échelles
Les inégalités sont observables à toutes les échelles : nationale, régionale, départementale et locale.
À l'échelle nationale
Les inégalités existent à l'échelle nationale. La France métropolitaine et les territoires ultra-marins ne connaissent pas les mêmes soucis sur le plan de la scolarisation ou du revenu moyen. En France métropolitaine, les écarts d'une région à l'autre peuvent être très importants.
La situation de la métropole est différente de celle des territoires ultra-marins pour lesquels les indicateurs de développement sont nettement plus défavorables. La mortalité infantile ou encore le décrochage scolaire y sont en moyenne deux fois plus élevés qu'en métropole avec parfois des écarts importants :
- À La Réunion, 45 % des jeunes quittent l'école sans diplôme, soit 5 fois plus que la moyenne nationale, le taux de chômage y est d'environ 23 %, le taux de pauvreté est de 41 %.
- À Mayotte, le revenu annuel par habitant (11 300 €) est près de trois fois moins élevé que la moyenne nationale, un des plus faibles de l'Union européenne. L'espérance de vie y est de 74 ans pour les hommes et 77 ans pour les femmes.
En France métropolitaine, les écarts de richesses entre les régions peuvent être extrêmes.
En 2017, le PIB par habitant était de 58 300 € en Île-de-France (10e rang européen) soit le double de celui de la Corse (27 600 €), la région la moins riche.
Plusieurs types d'espaces sont particulièrement dynamiques :
- Des grandes métropoles, principalement celles qui se sont tournées vers l'innovation et le tertiaire supérieur comme Nantes, Toulouse ou Grenoble.
- Certains littoraux (Atlantique, Côte d'Azur) qui profitent du tourisme et de la présence de retraités aisés.
- Certains espaces qui profitent de la proximité de pays frontaliers dynamiques : l'Alsace, la Haute-Savoie, etc. Enfin, certains espaces de grande agriculture aux densités faibles ont des revenus élevés. C'est le cas par exemple des vignobles du Bordelais ou de Champagne.
Inversement, la pauvreté se concentre dans les régions en crise économique :
- les régions urbaines, anciennement industrialisées du Nord et de l'Est ;
- le Languedoc ;
- les régions rurales isolées comme la Corse ou le Limousin qui offrent peu d'emplois et peu qualifiés.
À l'échelle des régions et des départements
À l'échelle des régions et des départements, les inégalités entre populations sont également importantes. Il existe notamment un écart entre les villes et les campagnes.
La région Occitanie qui compte 13 départements est à l'échelle nationale la 4e région la plus pauvre de France avec 17 % de sa population vivant sous le seuil de pauvreté. Cependant, les écarts sont très importants entre Toulouse, les autres métropoles régionales ainsi que les zones rurales qui connaissent un vieillissement démographique et des revenus plus faibles que dans les métropoles. Les zones littorales affichent un taux de pauvreté supérieur à 20 % et certaines villes figurent parmi les villes les plus pauvres de France : Béziers, Perpignan, Nîmes.
Les communes rurales isolées souffrent d'un recul des services publics, de la fracture numérique et sont souvent des déserts médicaux. En France, près de 8 millions d'habitants seraient concernés.
En 2018, le département de la Creuse comptait environ 120 000 habitants mais seulement 381 médecins. Près de 40 % d'entre eux sont âgés de plus de 60 ans.
Les couronnes périurbaines sont plus homogènes sur le plan social, car ces territoires sont sous l'influence des métropoles où les habitants se rendent pour travailler. Des inégalités existent toutefois :
- Entre les communes, comme à Lyon, où les communes de l'Ouest sont souvent plus favorisées que les communes de l'Est.
- Dans les zones périurbaines : on voit émerger des quartiers fermés où résident des populations riches, comme le domaine des Hauts de Vaugrenier, situé entre Antibes et Nice.
À l'échelle locale
En raison d'une mixité sociale plus élevée, c'est souvent dans les villes-centres que les inégalités sont les plus importantes avec la présence de quartiers défavorisés. En raison de leur attractivité, la composition sociale des villes se modifie. Sous l'effet de la gentrification et de la hausse du prix des loyers, certaines populations modestes sont contraintes de quitter leur quartier pour aller vivre toujours plus loin en périphérie.
À Marseille, la population du 3e arrondissement a des revenus inférieurs de 64 % à la moyenne communale. Le taux de chômage y est trois fois supérieur à la moyenne de l'agglomération.
À Paris, les quartiers riches du centre (du 1er arrondissement au 8e arrondissement) coexistent avec des quartiers populaires du nord et de l'est. De même, en banlieue parisienne, des oppositions existent entre des communes très aisées comme Neuilly-sur-Seine, Sèvres ou Saint-Cloud et les communes de Seine-Saint-Denis (La Courneuve, Clichy-sous-Bois, Bobigny) où le taux de pauvreté atteint les 40 %.
Des acteurs à toutes les échelles pour réduire les inégalités
De l'Union européenne aux acteurs locaux en passant par l'État, des politiques publiques à toutes les échelles visent à réduire les inégalités socio-économiques et à corriger les disparités entre les territoires.
La politique de cohésion de l'Union européenne
L'Union européenne cherche à renforcer la cohésion de ses territoires et s'est fixé 3 objectifs : restaurer la compétitivité de l'économie et de l'emploi, poursuivre la transition énergétique et écologique, promouvoir l'égalité des territoires. Pour cela, elle octroie des aides financières aux États membres pour aider les territoires et les populations en difficulté, dans le cadre de projets.
Trois fonds sont utilisés :
- Le FEDER (Fonds européen de développement régional) sert à corriger les déséquilibres régionaux en finançant par exemple des aménagements.
- Le FSE (Fonds social européen) a pour objectif de réduire les inégalités socio-économiques en favorisant l'accès à l'emploi, la formation des jeunes, etc.
- Le FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural) cherche à favoriser une agriculture durable et à soutenir les espaces ruraux en difficulté.
La répartition des fonds européens pour la compétitivité et la cohésion des territoires français
Pour la période 2014-2020, 26,4 milliards d'euros ont été alloués à la France par l'Union européenne. La répartition des fonds montre que ce sont bien les territoires ruraux en difficulté qui sont les premiers à bénéficier des aides européennes. 4,8 milliards d'euros, soit 18 % des fonds européens, ont été accordés aux départements et régions d'outre-mer afin de réduire les écarts avec le continent européen.
La politique de l'État pour réduire les inégalités
Pour limiter les effets des inégalités socio-économiques, l'État mène une politique de redistribution. Face au vieillissement de la population, l'État va devoir répondre à l'enjeu du financement des retraites, sachant que le rapport entre actifs cotisants et retraités diminue. Enfin, l'État cherche à corriger les inégalités territoriales par des projets d'aménagement.
En 2016, l'État y a consacré 714 milliards d'euros, soit quasiment le tiers du PIB. L'essentiel de ces dépenses sont réalisées dans le cadre de la Sécurité sociale : retraites, maladie, allocations familiales, emploi, etc. Une partie de ce budget est consacrée à la lutte contre la pauvreté : 5 millions de personnes en bénéficient.
L'État cherche également à corriger les inégalités territoriales par de grands projets d'aménagement. Il apporte son soutien financier aux régions dans leurs projets de développement, comme dans le cadre de la politique de la ville afin d'aider les quartiers en difficulté. En 2015, environ 1 500 « quartiers prioritaires », dont 200 en outre-mer, ont été définis par le gouvernement. Cinq millions d'habitants sont concernés.
Après 20 ans de travaux, la construction de l'autoroute A89 qui relie Bordeaux à Lyon a été achevée en 2018. L'un de ses objectifs est de désenclaver certains territoires du Massif central.
Chantier de l'autoroute A89 en zone rurale à l'est du Massif central (Loire)
© Wikipédia, Julien Bertrand, mai 2010
Les collectivités territoriales et les autres acteurs locaux
Les collectivités territoriales (départements, régions, communes) et des acteurs locaux comme les associations multiplient les initiatives pour réduire les inégalités.
Les collectivités territoriales sont un relais de l'État en matière de politique de redistribution. Elles cherchent à réduire les fractures territoriales et à soutenir l'activité économique des aménagements par des projets de développement. Elles se lancent dans un véritable marketing territorial. Par le biais de campagnes publicitaires (spot TV, affiches) ou d'événements (salons), elles font la promotion de leur territoire afin d'attirer des investisseurs, des entreprises, des touristes et de nouveaux habitants. Les collectivités territoriales lancent également des projets de revitalisation pour lutter contre la désertification rurale.
En Auvergne, de gros investissements ont été réalisés afin de réduire la fracture numérique et de permettre aux ruraux d'accéder à l'Internet haut débit.
À l'échelle de la ville, des politiques de rénovation urbaine sont menées dans les quartiers défavorisés afin de les désenclaver par le renforcement des transports, la présence de nouveaux services publics, etc. Dans certaines communes, des zones franches sont créées pour attirer les entreprises et créer des emplois. Les communes peuvent maintenir une mixité sociale dans les centres-villes et freiner les effets de la gentrification, par la construction de logements sociaux.
Il y a beaucoup de logements sociaux dans le quartier de la Goutte-d'Or à Paris.
Les associations jouent un rôle important. En partie subventionnées par l'État et les collectivités, les nombreuses associations comme Les Restos du Cœur ou la Fondation Abbé Pierre aident les plus démunis : alimentation, logement, démarches administratives, etc.