Sommaire
IExploiter et protéger une ressource « naturelle » : la forêt française depuis ColbertALa forêt et ses enjeuxBLa forêt française : une richesse plurielle et une volonté étatique1Le rôle de Colbert au XVIIe siècle2La prise de conscience au XIXe siècleCLa forêt française actuelle : des fonctions, des menaces et des enjeux renouvelés1Une forêt importante et variée2Une forêt aux multiples fonctions3Une forêt menacée et objet de politiques de préservation et de protectionIILe rôle des individus et des sociétés dans l'évolution des milieux : « révolution néolithique » et « révolution industrielle », deux ruptures ?ALa « révolution néolithique »BLes révolutions industriellesL'étude de la forêt française depuis le XVIIe siècle et des ruptures provoquées par les révolutions néolithique, vers –9000, et industrielle, aux XIXe et XXe siècles, incite à réfléchir aux modes d'exploitation des richesses naturelles par les sociétés humaines et à leurs conséquences et, de manière plus globale, aux interactions entre les hommes et leur environnement sur des temporalités différenciées.
Exploiter et protéger une ressource « naturelle » : la forêt française depuis Colbert
Depuis le Moyen Âge, la forêt a été associée à un espace sauvage et hostile, mais elle est aussi un territoire de richesses qui est exploité et occupé par les sociétés humaines. La préservation de la forêt française s'est effectuée en plusieurs étapes depuis le règne de Louis XIV avec Colbert jusqu'à aujourd'hui.
La forêt et ses enjeux
La forêt est souvent associée à un espace resté sauvage. C'est un territoire naturel qui présente des ressources et qui est ancré dans l'imaginaire des êtres humains.
Le mot « forêt » vient du latin forestis, « ce qui est dehors » du territoire géré par les hommes. L'étymologie est en accord avec la représentation dominante de ce lieu : un espace resté sauvage. Pourtant la définition de la forêt passe par la déconstruction de certaines idées reçues et la prise en compte d'éléments capitaux parfois oubliés.
La forêt est « une formation végétale où prédominent les arbres au point de modifier les conditions écologiques régnant au sol » selon le Dictionnaire de la géographie de Jacques Lévy et Michel Lussault. La forêt est aussi et surtout un espace de sociétés humaines. « Elle est ainsi possédée de façon concrète par des Etats, des particuliers ou des collectivités. Elle est parfois bornée, clôturée, voire emmurée. » toujours selon le Dictionnaire de la géographie de Jacques Lévy et Michel Lussault.
La forêt a longtemps été considérée comme un lieu de menaces où rôdent des brigands et des loups affamés. C'est un territoire hostile. Toutefois, la forêt présente aussi de multiples enjeux pour les êtres humains :
- C'est un territoire sacré
- C'est une source de richesses : le bois, le gibier, les loisirs ; etc.
- C'est un territoire d'extension de l'agriculture.
- C'est enfin un territoire avec des enjeux majeurs à l'échelle mondiale en ce qui concerne la question du réchauffement climatique
La forêt est perçue comme le seul lieu encore naturel qui subsiste sur la planète. Mais en réalité, la forêt est largement un espace transformé par les hommes.
Seulement 1 % du territoire européen est constitué de forêts naturelles.
Les forêts ont été majoritairement transformées par l'exploitation et les aménagements humains.
La plus grande forêt française métropolitaine - celle des Landes (1 million d'hectares, 95 % de pins) - est la plus grande forêt artificielle d'Europe.
La forêt s'inscrit dans une triple temporalité :
- le temps long de l'évolution géologique et biologique ;
- le temps moyen de la préhistoire et de l'histoire ;
- le temps très court du temps présent.
La forêt est donc un couvert végétal dominé par les arbres et la variété, mais est aussi le territoire de sociétés humaines où existent des enjeux. Elle est une idée, une représentation associée à des expériences et des pratiques anciennes ou récentes, un espace porteur d'un imaginaire fort, qui peut être fantastique, fantasmagorique, rassurant ou effrayant dont la littérature (les contes par exemple) ou le cinéma sont le reflet.
En France métropolitaine, la forêt abrite 138 essences d'arbres (dont 7 principales), mais le plus grand massif forestier tropical humide se situe en Guyane. Ce dernier représente 7,5 millions d'hectares et abrite 1 300 essences, 190 espèces de mammifères et 720 espèces d'oiseaux.
La forêt en France depuis le milieu du XVIIe siècle a été largement transformée et administrée par les hommes. Cette gestion de la forêt correspond à certains moments clés de la construction de l'État en France. Ses usages ont accompagné les grandes mutations politiques, économiques et sociales du pays. Ses enjeux sont le reflet des époques successives.
La forêt française : une richesse plurielle et une volonté étatique
La forêt est une richesse à préserver : une prise de conscience et une prise en main par l'État qui se fait en deux temps : au XVIIe siècle puis au XIXe siècle.
Le rôle de Colbert au XVIIe siècle
Au XVIIe siècle, un constat inquiétant est effectué concernant la forêt française : elle ne cesse de diminuer. Colbert, un des principaux ministres de Louis XIV, joue un rôle déterminant dans la prise de conscience qu'il faut administrer et protéger la forêt au niveau étatique.
La superficie des forêts diminue constamment depuis le Moyen Âge. Les forêts sont l'objet de conflits d'usage entre les paysans, en quête de terres de pâtures pour leur bétail et les autres habitants, à la recherche de bois de chauffage. Enfin, les forêts sont l'abri du brigandage et parfois hors du contrôle de l'État royal.
Les multiples fonctions de Colbert lui permettent d'avoir une vision globale de la politique étatique à mener. En effet, de 1665 à sa mort, il est intendant puis contrôleur général des Finances. À partir de 1669, secrétaire d'État à la Marine et enfin à partir de 1671, il est surintendant des Eaux et Forêts. Il comprend que la forêt est une richesse économique et militaire. Sa fonction de secrétaire d'État à la Marine lui fait prendre conscience de l'importance de la forêt : en effet, pour construire un navire de 74 canons (le modèle classique du vaisseau de ligne, 60 mètres de long), il faut 2 500 chênes centenaires.
Colbert opère une reconstitution et une modernisation de la marine de guerre qui implique une réorganisation de toute la filière : protection des forêts, construction d'arsenaux (Toulon, Rochefort et Brest), standardisation des vaisseaux, formation des marins, etc. Il crée l'administration royale des forêts et l'Ordonnance en 1669 qui s'inscrit dans cette politique. On passe d'une multitude de règlements particuliers à un code unique. L'objectif de l'Ordonnance de 1669 est de réformer l'usage des forêts avec un double objectif : protéger la ressource en bois en quantité et en qualité et permettre un contrôle royal plus important, d'où le marquage des arbres. Elle permet la création d'un corps chargé d'assurer la gestion des forêts royales et des autres forêts. L'Ordonnance de 1669 permet donc le règlement d'exploitation et la fixation des usages et des interdictions en forêts.
La forêt est mise au service de l'économie du royaume et donc de la politique ambitieuse de Louis XIV. La réforme colbertiste s'inscrit dans la construction d'une monarchie de plus en plus administrative et bureaucratique et dans une vision cartésienne du monde.
Toutefois, la politique de Colbert a des limites. Les famines causées par le petit âge glaciaire de la fin du XVIIe siècle poussent les populations à étendre les cultures au détriment de la forêt et à y effectuer toujours plus de prélèvements.
En 1789, on estime la surface forestière entre 8 et 9 millions d'hectares, soit 13 % du territoire, très dégradé contre 30 millions d'hectares à l'époque gallo-romaine.
La prise de conscience au XIXe siècle
Au XIXe siècle, on assiste à une nouvelle prise de conscience et une reprise en main par l'État.
Le signal d'alarme est le constat de la diminution constante de la forêt française malgré la politique colbertiste et la prise de conscience du rôle positif de la forêt pour lutter contre l'érosion. La nécessité du reboisement et d'une administration étatique des forêts s'impose.
C'est une politique par étapes :
- 1824 : création de l'École nationale des eaux et forêts ;
- 1827 : mise en place du code forestier qui fournit un arsenal renforcé pour la protection et la régénération des forêts ;
- entre 1840 et 1870 : création de la forêt des Landes.
Des mesures semblables sont entreprises en Sologne et dans la Brenne, puis en Champagne à partir de propriétés impériales.
Cette politique répond à des besoins croissants en bois pour la construction de :
- galeries des mines de charbon ;
- traverses des voies de chemin de fer, moyen de transport en expansion ;
- chantiers de construction.
L'application de cette politique va se heurter aux pratiques des populations locales qui acceptent mal de voir leur accès restreint à leur espace ressource. Cela donne lieu à la « guerre des demoiselles » en Ariège. Une inondation désastreuse en 1840 donne le signal d'alarme et, dès 1846, un projet de loi est déposé, « relatif au reboisement des montagnes et à la conservation du sol forestier ». Ce projet de loi est très mal perçu par les populations concernées, qui y voient une spoliation de leurs terrains de parcours.
Cette politique étatique entre dans une optique d'intensification, de rationalisation et de systématisation des usages agricoles du territoire. À partir du XXe siècle, la forêt regagne du terrain du fait de l'abandon de terres agricoles, de la baisse des densités rurales et de la généralisation du charbon et du pétrole comme sources d'énergie.
En 2020, la forêt française représente 31 % du territoire national, soit 25 millions d'hectares : 16,7 millions d'hectares en métropole et 8 millions d'hectares dans les DROM-COM.
En France, on observe un doublement de la superficie de la forêt entre le XIXe siècle et aujourd'hui : de 7,5 millions d'hectares en 1827 à 17 millions d'hectares en 2020 (25 avec les DROM-COM).
La forêt française actuelle : des fonctions, des menaces et des enjeux renouvelés
La forêt française aujourd'hui est importante et variée, elle a de multiples fonctions mais est sujette à des menaces et se trouve au cœur d'enjeux croissants.
Une forêt importante et variée
La forêt française est inégalement répartie sur le territoire. Elle présente une grande variété de paysages. De nombreuses forêts sont gérées par des acteurs privés.
En France, il existe 4 grandes régions forestières :
- le Bassin parisien ;
- les montagnes : Nord-Est, Massif central, Alpes, Pyrénées ;
- l'Aquitaine ;
- le pourtour méditerranéen.
© Wikimedia Commons
Il existe une grande variété d'essences et donc de paysages dans les forêts françaises.
- Les feuillus représentent \dfrac{2}{3} des arbres, dont 41 % sont des chênes.
- Les résineux représentent \dfrac{1}{3} des arbres.
« Sur le quart du territoire national, la diversité forestière de la France est une évidence. Les paysages en témoignent : hêtraies cathédrales de Normandie en écrin aux abbayes de Jumièges, Saint-Martin-de-Boscherville ou Saint-Wandrille, chênaies multiséculaires de l'île-de-France enserrant de somptueuses résidences royales et seigneuriales à Fontainebleau, Rambouillet, Saint-Germain, Marly, Chantilly, alignements quasi militaires des millions de pins maritimes des Landes de Gascogne, pré-bois du Jura mêlant le vert tendre des herbages au vert profond des « joux » résineuses, puissantes sapinières vosgiennes, forêts de mélèzes des Hautes-Alpes internes, chétives broussailles méditerranéennes de chênes kermès ou forêts claires de pins d'Alep résonnant du chant des cigales, […] »
Paul Arnould, géographe, spécialiste des forêts, enseignant à l'ENS de Lyon
Il existe de grands massifs forestiers et de grandes forêts. Les grands massifs forestiers représentent :
- les Landes : 1 million d'hectares ;
- les Vosges : 280 000 hectares ;
- le massif des Maures : 80 000 hectares.
Les grandes forêts représentent :
- Orléans : 35 000 hectares ;
- Fontainebleau : 20 000 hectares ;
- Haguenau : 14 000 hectares ;
- Rambouillet : 14 000 hectares ;
- Compiègne : 14 000 hectares.
Il y a également une grande variété de la propriété de la forêt.
Une forêt aux multiples fonctions
La forêt française a des fonctions économique, récréative et écologique.
La fonction économique de la forêt française est importante. La filière bois représente un enjeu économique majeur. Le bois est utilisé dans la papeterie, le mobilier, l'artisanat, etc.
La filière du bois, c'est :
- 60 000 entreprises ;
- 440 000 emplois ;
- 2,7 milliards de m3 de stock de bois ;
- 60 milliards d'euros de chiffre d'affaires.
La fonction récréative est en développement : les forêts constituent un véritable patrimoine naturel mais aussi culturel (liens avec l'histoire ou l'imaginaire, dimension esthétique, etc.) avec des usages variés (promenades, VTT, accrobranche, centres équestres, etc.).
Enfin, la fonction écologique est devenue cruciale dans un contexte de changement climatique :
- protection contre l'érosion des sols ;
- moyen pour lutter contre la pollution : les forêts absorbent une quantité conséquente de \ce{CO2} et contribuent donc à réduire les émissions des gaz à effet de serre.
Une forêt menacée et objet de politiques de préservation et de protection
Depuis 1945, on assiste à une politique de régénération, de rationalisation et de protection de la forêt.
La France gaullienne des années 1960 marque une nouvelle époque-clé dans la gestion des forêts à l'échelle nationale.
- À partir de 1963 : création des premiers parcs nationaux de Port-Cros, des Écrins, de la Vanoise. Le dernier parc national (le 11e) créé en 2019 concerne un espace forestier : le parc national de forêts à cheval entre deux régions (Champagne et Bourgogne).
- 1964 : création de l'ONF (Office national des forêts) qui assure trois missions essentielles : la production de bois, la protection de l'environnement et l'accueil du public.
- 1985 : loi Montagne qui réglemente les constructions en altitude.
- 2007 : le Grenelle de l'environnement assure la démarche de gestion durable. Les agents forestiers assurent à la fois surveillance, protection, information et inventaire.
La gestion est au cœur des débats. Les défis et les débats sont nombreux et vifs :
- insuffisance des moyens financiers alloués à l'ONF qui doit gérer 11 millions d'hectares ;
- conflits d'usage entre des acteurs aux intérêts différents (promeneurs, chasseurs, exploitants, écologistes favorables à l'introduction du loup ou de l'ours, etc.) ;
- lutte contre les incendies et contre l'industrialisation des forêts, c'est-à-dire l'usage de pesticides pour favoriser la pousse des arbres ;
- coupes de parties entières de forêts pour les usages spécifiques.
Sur les 40 % des causes des départs de feu que l'on connaît, entre 70 et 75 % des origines des incendies ne sont pas criminelles et relèvent d'accidents ou d'imprudences.
La forêt est un écosystème naturel et humain riche aux interactions complexes. Avec le changement climatique, on s'attend à un bouleversement des aires de distribution des essences, notamment une migration des chênes vers des régions plus fraîches au nord.
Le rôle des individus et des sociétés dans l'évolution des milieux : « révolution néolithique » et « révolution industrielle », deux ruptures ?
La révolution néolithique est celle où les êtres humains passent de la situation de chasseurs-cueilleurs à la situation d'agriculteurs. La mutation est marquée par une progressive sédentarisation des êtres humains qui s'accompagne d'un renouvellement des relations entre l'homme et son environnement. Les deux révolutions industrielles transforment les sociétés humaines aux XIXe et XXe siècles. Fondées notamment sur l'exploitation de ressources fossiles (charbon puis pétrole), elles ont des conséquences environnementales variées, importantes et irréversibles.
La « révolution néolithique »
La révolution néolithique est cette période durant laquelle les êtres humains passent de chasseurs-cueilleurs à agriculteurs. Les êtres humains, qui étaient plutôt dominés par d'autres espèces animales et par leur environnement, deviennent alors dominants.
Au Paléolithique, les hommes sont des chasseurs-cueilleurs. Ils sont nomades et vivent des ressources prélevées directement sur leur territoire (chasse, pêche et cueillette). À partir de -9000, on assiste à la révolution néolithique qui repose sur une série de mutations :
- Des mutations agricoles : introduction de nouvelles céréales (blé, maïs, etc.), déforestation afin de cultiver ou d'étendre des prés pour l'élevage et domestication des animaux. On passe progressivement d'une alimentation végétale à une nourriture carnée (à base de viande).
- Des mutations techniques : invention d'outils en pierre polie, de la poterie, de l'araire, de chariots, construction de puits, de barrages, de greniers pour stocker la nourriture.
- Des mutations dans la relation avec la nature : c'est la thèse de l'archéologue spécialiste de la Préhistoire, Jacques Cauvin, qui dans Naissance des divinités, naissance de l'agriculture, considère même que cette mutation est antérieure aux transformations agricoles et les explique.
On assiste à une progressive sédentarisation des êtres humains qui s'accompagne d'un renouvellement des relations entre l'homme et son environnement.
« De dominés, les Sapiens deviennent dominants. Ils ont pris conscience de leur aptitude à transformer la matière vivante [...] »
Jean Guilaine, archéologue et spécialiste de la Préhistoire récente
La Seconde Naissance de l'homme, le néolithique
© Odile Jacob, 2015
La transformation par la domestication des plantes et des animaux conduit aux premières manipulations sur le vivant. En effet, par la sélection des animaux et par la modification de leur mode de vie, ces derniers se transforment physiquement. Par ailleurs, il y a une transformation environnementale par les défrichements au détriment de la forêt et donc une modification du paysage.
La révolution néolithique engendre une transformation durable de l'environnement par les actions humaines qui va de pair avec des destructions : l'anthropisation. C'est une nature progressivement dominée par les hommes, une domination qui va se poursuivre contre des semblables par la guerre.
« Le processus semble avoir été lent, progressif, insidieux. À terme, il déboucha sur ce qui fut l'un des tournants essentiels de l'humanité puisque cette autotransformation des sociétés allait ouvrir toutes grands les portes de la ville, de l'écriture, de l'État. »
Jean Guilaine, archéologue et spécialiste de la Préhistoire récente
Les Racines de la Méditerranée et de l'Europe
© Collège de France/Fayard, 2008
Les révolutions industrielles
Les deux révolutions industrielles transforment la société humaine au XIXe siècle. Elles ont des conséquences environnementales variées, importantes et irréversibles dès le XIXe siècle.
La première révolution industrielle est née en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle et repose sur l'invention de la machine à vapeur qui utilise le charbon et engendre l'essor de la sidérurgie, du textile et du chemin de fer.
La deuxième révolution industrielle débute entre le milieu et la fin du XIXe siècle et connaît son apogée au cours des années 1945-1970. Elle est basée sur la sidérurgie, l'électricité et le pétrole avec les secteurs-clés que sont l'automobile, l'aéronautique et la chimie ainsi que de nouvelles méthodes de production : (taylorisme et fordisme).
Ces révolutions touchent progressivement, de manière inégale et à des rythmes différents, tous les pays d'Europe et les États-Unis au cours des XIXe et XXe siècles. Elles reposent toutes les deux sur l'exploitation des ressources naturelles et l'innovation scientifique et technologique.
Les conséquences des deux révolutions industrielles sont très importantes sur l'environnement, et ce dès le XIXe siècle. Les pollutions terrestres, atmosphériques et aquatiques sont importantes.
Aciérie Hoesch (à Dortmund, dans la région industrielle allemande de la Ruhr) en 1907 par le peintre Eugen Bracht (1842-1921)
© Wikimedia Commons
À Londres, la pollution atmosphérique est visible dès le XIXe siècle. On parle de smog londonien.
On estime à environ 1 million le nombre de Britanniques décédés à cause de la pollution de l'air entre 1840 et 1900.
La croissance démographique accentue une pression nouvelle sur la nature :
- La modernisation de l'agriculture est source de destruction par l'introduction d'engrais chimiques qui accroissent les rendements, mais polluent les sols à long terme et les appauvrissent et finissent par les rendre stériles.
- L'extension des espace agricoles se fait aux dépens de la forêt et des espèces sauvages (extermination du bison aux États-Unis au XIXe siècle).
- La révolution des transports a aussi des conséquences environnementales : pollutions émises par tous les engins à moteur (des automobiles aux avions).
L'être humain entretient avec son environnement des relations variées et contradictoires, fruit de ses intérêts complexes, entre exploitation, valorisation, protection et destruction. Cette combinaison de processus aboutit à une transformation irrémédiable des environnements de la planète au point de ne plus avoir grand-chose de « naturel ». Anthropisation rime avec destruction. Les révolutions industrielles depuis le XIXe siècle ont encore accéléré le processus au point que certains scientifiques ont estimé que nous vivons un nouvel âge, l'Anthropocène.