La puissance est le poids d'un pays sur la scène internationale. On peut analyser la puissance selon le poids territorial et démographique d'un pays, son influence culturelle, militaire et diplomatique, son pouvoir économique et sa capacité à agir. On parle du hard power, du soft power et du smart power d'un pays.
La notion de puissance
Une puissance internationale est une notion qui englobe les forces possédées par un pays lui permettant d'influencer voire d'imposer sa manière de voir ou de faire à d'autres pays du monde. C'est une notion évolutive dans le temps et dans l'espace, marquée par des continuités et des ruptures et donc des étapes dans l'ascension ou le déclin de la puissance.
Le caractère multidimensionnel de la puissance est capital à la fois comme critère d'analyse et pour l'appréhension de la réalité du monde. La puissance d'un pays comprend :
- le potentiel militaire ;
- la capacité à influencer certaines décisions dans les instances internationales comme l'ONU ou l'OMC ;
- la puissance économique lui donnant les moyens financiers de ses ambitions ;
- la capacité de séduction de sa culture par la langue ou l'attrait de son cinéma.
« L'exercice de la puissance est devenu une partie d'échecs en 3 dimensions. L'échiquier du haut représente la puissance militaire : les États-Unis sont le seul acteur majeur. Cela se complique avec l'échiquier économique du milieu, où l'Europe fait jeu égal. Quant à l'échiquier du bas, celui des relations transnationales, celui où les banques transfèrent des sommes supérieures au budget de bien des États, où les terroristes transfèrent leurs armes, la multitude des acteurs y est infinie. […] Le paradoxe de la puissance américaine aujourd'hui, c'est que nous sommes trop forts pour être concurrencés par quelque État que ce soit, mais pas assez pour résoudre seuls l'ensemble des nouveaux problèmes qui se posent à nous. »
Joseph Nye, spécialiste américain des relations internationales
2003
Cette affirmation permet de réfléchir à la notion de « puissance » et plus précisément à celle de « puissances internationales », à la fois par leur diversité historique et géopolitique et par leurs caractéristiques, leurs fondements et leurs dynamiques. De plus, cette citation, tout en conservant une certaine pertinence, peut être largement actualisée : les États-Unis ne sont plus si seuls au monde, la Chine étant en passe de remplacer l'Union européenne et de concurrencer de plus en plus les États-Unis.
La puissance d'un pays peut évoluer dans le temps.
En 1998, les États-Unis représentaient 20,5 % du PIB mondial et la Chine représentait 7 % du PIB mondial. Vingt ans plus tard, les États-Unis n'en représentent plus « que » 15 % et la Chine en représente presque 19 %.
Pour comprendre la notion de puissance, il faut analyser les fondements, les composantes et les mutations de la puissance d'un certain nombre d'États au cours de l'histoire et dans le monde actuel.
Le soft power, le hard power et le smart power
À la suite des travaux de Joseph Nye - Bound to lead. The changing nature of America power (1990) et The paradox of America power (2002) –, les spécialistes des relations internationales distinguent le hard power, le soft power et le smart power.
Hard power
Le hard power est le pouvoir économique, militaire et diplomatique d'un pays.
Le hard power d'un pays repose sur les facteurs suivants :
- le territoire ;
- la population ;
- les capacités militaires ;
- les potentialités économiques.
Soft power
Le soft power (« puissance douce » en français) est une expression développée par Joseph Nye en 1990 pour montrer la force non coercitive des puissances, la capacité d'influence, le pouvoir d'attraction et de persuasion en utilisant des moyens indirects, plus idéologiques et/ou culturels.
« Le soft power va au-delà de la persuasion ou du pouvoir de conviction grâce à l'échange d'arguments. C'est la capacité à séduire et attirer. Et l'attraction mène souvent à l'acceptation ou à l'imitation. (...) En somme, il s'agit de convaincre plutôt que de contraindre. »
Joseph Nye
Le soft power repose sur les facteurs suivants :
- la culture : langue, religion, littérature, art, sport, etc. ;
- les institutions politiques ;
- les valeurs, l'idéologie.
Smart power
Le smart power est l'articulation du hard power et du soft power.
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