Sommaire
ILe hard power et le soft power des États-UnisALe hard power des États-UnisBL'importance du soft powerCLa mégalopole du Nord-Est : BosWashIIUne puissance entre multilatéralisme et unilatéralismeALe multilatéralisme des États-UnisBL'unilatéralisme des États-UnisIIILes limites de la puissance américaineADes concurrences économiquesBLes inégalités au sein des États-UnisCLes nouvelles puissances et les contestationsEn 1945, les États-Unis sont devenus une des deux superpuissances mondiales. Lors de la chute de l'URSS en 1991, les États-Unis sont devenus la seule hyperpuissance. Aujourd'hui, ils constituent toujours la première puissance politique, militaire, économique et culturelle, mais ils sont de plus en plus concurrencés dans un monde désormais multipolaire. Les États-Unis ont su conserver leur place en combinant deux aspects primordiaux de la puissance : le hard et le soft power. Ils n'ont cependant plus une position d'hégémonie totale dans un contexte de mondialisation croissante et d'émergence de nouvelles puissances.
Quelles sont les manifestations actuelles et les limites de la première puissance mondiale ?
Le hard power et le soft power des États-Unis
La puissance des États-Unis repose sur un hard power mesuré et un soft power très important.
Le hard power des États-Unis
Le hard power est le pouvoir économique, militaire et diplomatique. Le hard power des États-Unis est important. Washington est le cœur de décision de la puissance politique des États-Unis avec la Maison-Blanche et le Pentagone. La présence militaire des États-Unis est mondiale. Les États-Unis disposent de services de renseignement, d'espionnage et de contre-espionnage efficaces. Le pays est puissant au niveau économique, à l'image de New York, une capitale économique et financière
Washington est la capitale politique des États-Unis où se trouve le siège du pouvoir exécutif : la Maison-Blanche. Les décisions politiques prises à la Maison-Blanche ont souvent une influence mondiale. Washington accueille également le Pentagone, lieu stratégique du hard power puisqu'il s'agit du siège de la puissance militaire des États-Unis.
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Les États-Unis sont la première puissance militaire mondiale.
Les États-Unis disposent du budget militaire le plus important au monde : 700 milliards de dollars en 2018.
Les États-Unis sont présents un peu partout dans le monde, notamment grâce aux ambassades et aux consulats américains dont le réseau est le plus grand au monde.
On trouve environ 300 ambassades et consulats américains dans le monde.
La puissance militaire des États-Unis s'illustre notamment avec ses flottes réparties sur tous les océans. Elle dispose de 11 porte-avions quand les autres grandes puissances mondiales n'en possèdent qu'un ou deux. L'avancée technologique participe à cette puissance militaire : drones, bombardements ciblés. Les États-Unis ont une puissance de frappe sans équivalent. L'armée réalise des entraînements de grande intensité tous les deux ans.
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Les sphères d'influence du déploiement des forces armées américaines dans le monde sont très étendues.
Les États-Unis disposent de services de renseignement, d'espionnage et de contre-espionnage puissants. La NSA (National Security Agency), créée en 1952, est l'agence responsable de la sécurité militaire et du renseignement. Elle dispose d'agences et de stations d'écoute dans le monde et est chargée de la cybersécurité des États-Unis.
L'activité de la NSA a suscité une controverse mondiale en 2013. Un de ses employés, Edward Snowden, a dévoilé des documents confidentiels révélant la surveillance massive de citoyens, l'espionnage de chefs d'État étrangers ainsi que la récolte d'informations à des fins d'espionnage économique et industriel.
La CIA (Central Intelligence Agency), fondée en 1947 et dont le directeur est nommé par le président, est une autre agence de sécurité consacrée aux renseignements.
Washington accueille le FMI (Fonds monétaire international) et la Banque mondiale. New York est la capitale économique et financière des États-Unis. Elle accueille :
- la bourse de Wall Street, la première mondiale ;
- de nombreuses FTN (firmes transnationales).
New York accueille des FTN comme Goldman Sachs dans le domaine de la finance, Pfizer dans la pharmaceutique ou encore NBC dans les médias.
New York est aussi le siège de l'Organisation des Nations unies (ONU) depuis 1945 qui rassemble les représentants de tous les États du monde.
L'importance du soft power
Le soft power désigne l'influence culturelle. Le mode de vie américain a beaucoup de succès dans le monde, il est entretenu par des entreprises, les films produits à Hollywood et l'attrait des grandes universités américaines. Les États-Unis constituent ainsi un pôle d'innovation majeur dans le domaine des hautes technologies.
Les principes et les valeurs défendus par les États-Unis sont diffusés dans le monde entier. Cette diffusion se fait notamment par l'intermédiaire de produits de consommation de masse :
- la restauration rapide (McDonald's) ;
- les produits de consommation (iPhone) ;
- les outils numériques (Google, Netflix) ;
- les marques présentes et reconnaissables aux quatre coins du monde (Coca-Cola, Nike).
Cette diffusion se fait également par des modèles culturels :
- artistiques (street art) ;
- musicaux (rock, rap, jazz, soul) ;
- littéraires (saga Twilight) ;
- touristiques (parc Disneyland).
Hollywood est l'industrie du divertissement mondial.
Hollywood est à l'origine de 75 % des films projetés à l'échelle mondiale et génère 90 % des bénéfices du cinéma mondial.
Hollywood est un lieu de production majeur qui réalise aujourd'hui plus de recettes à l'étranger qu'aux États-Unis. Les films hollywoodiens et les séries produites par les grandes chaînes de télévision s'exportent dans le monde entier. Ils sont le signe du soft power étasunien mais aussi un outil de sa puissance. En effet, ils permettent au pays de véhiculer ses valeurs à l'international. L'American way of life s'est aussi diffusé.
Les États-Unis disposent de lieux de recherche majeurs, leurs universités sont parmi les meilleures dans le classement mondial.
En 2018, 16 des 20 premières universités mondiales sont étasuniennes selon le classement de Shanghai.
- Harvard est 1re au classement et attire 40 % d'étudiants étrangers.
- Le MIT (Massachusetts Institute of Technology) se classe 4e et attire 37 % d'étudiants étrangers.
Les universités des États-Unis se distinguent par leur nombre de brevets déposés, de publications dans des revues prestigieuses et de prix obtenus.
Les universités étasuniennes se classent au 1er rang mondial pour le nombre de médailles Fields et prix Nobel reçus.
Les États-Unis attirent des étudiants chercheurs étrangers du monde entier, ce qui participe au brain drain.
Brain drain
Brain drain est une expression qui signifie littéralement « fuite des cerveaux ». Elle désigne l'attraction d'une main-d'œuvre hautement qualifiée, de scientifiques, d'étudiants-chercheurs.
Les États-Unis constituent un pôle d'innovation majeur dans les domaines des hautes technologies. La région de la Silicon Valley, en Californie, est le moteur principal de l'innovation actuelle. Les pôles d'innovation technologique qui s'y trouvent servent de modèle dans le monde. Un réseau d'universités prestigieuses (Berkeley, Stanford, Santa Clara) et de sièges sociaux d'entreprises mondiales (Facebook, Apple, HP, Google, eBay, Yahoo, Microsoft, etc.) y est connecté dans une aire métropolitaine dynamique rassemblant villes, emplois et résidences de prestige, le tout étant relié au monde par des lieux connectés (ports, aéroports mondiaux) permettant des flux de toutes sortes.
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La mégalopole du Nord-Est : BosWash
Les trois quarts des étasuniens résident aujourd'hui dans une aire métropolitaine. La mégalopole du Nord-Est, surnommée BosWash, s'étend sur 800 kilomètres entre Boston et Washington. Elle constitue un exemple majeur de la métropolisation du pays.
Une puissance entre multilatéralisme et unilatéralisme
La politique étrangère des États-Unis face au reste du monde oscille entre multilatéralisme et unilatéralisme en fonction du président au pouvoir.
Le multilatéralisme des États-Unis
Le multilatéralisme des États-Unis correspond à ses liens de coopération avec d'autres États. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis sont à la tête de plusieurs coopérations avec d'autres pays. Cette politique est notamment celle défendue par Barack Obama lors de ses mandats de 2009 à 2017.
Multilatéralisme
Le multilatéralisme est la politique d'un État qui agit en coopération avec d'autres États avec ou par le biais de grandes conventions comme par exemple le traité de non-prolifération des armes nucléaires ou d'institutions internationales comme l'ONU ou l'OMC.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la gouvernance mondiale est réalisée par de grands traités avec les États-Unis au centre :
- les accords de Bretton Woods qui établissent le GATT (devenu en 1995 l'OMC, Organisation mondiale du commerce) ;
- les grandes institutions mondiales comme l'ONU dont le siège est à New York. Les États-Unis y possèdent un des cinq sièges au Conseil de sécurité.
Dans les année 1990, les États-Unis sont souvent à la tête de coalitions.
Lors de la première guerre du Golfe (1990-1991), les États-Unis sont à la tête d'une coalition de trente-cinq pays. Ils entrent en guerre en août 1990 contre l'Irak à la suite de l'invasion et de l'annexion du Koweït par l'Irak.
Le dernier président à avoir incarné la politique multilatérale est Barack Obama (président démocrate de 2009 à 2017). Dès son élection, il souhaite mettre en avant une politique extérieure de coopération :
- Il assure à la Corée du Sud et au Japon le maintien des alliances contre la Chine.
- Il tente de rétablir le dialogue avec les pays du monde arabe (discours du Caire en 2009 intitulé « A New Beginning »).
- Il adopte une politique de « leading from behind » (littéralement : « diriger de l'arrière ») en 2011 lorsqu'il laisse Paris et Londres intervenir contre le dictateur libyen Kadhafi.
- Il signe l'accord de Vienne en 2015 sur le contrôle du programme nucléaire iranien.
- Il s'engage sur l'accord de Paris avec 194 autres délégations dans l'objectif de limiter les effets du réchauffement de la planète à 2 °C d'ici la fin du siècle.
Barack Obama obtient le prix Nobel de la paix en 2009 pour « ses efforts extraordinaires en faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationale entre les peuples ».
L'unilatéralisme des États-Unis
L'unilatéralisme des États-Unis correspond à une politique étrangère sans alliance ni coopération avec les autres pays. C'est notamment les politiques défendues par G. W. Bush de 2001 à 2009 et Donald Trump, élu depuis 2017.
Unilatéralisme
L'unilatéralisme qualifie la politique d'un État qui agit seul ou sans attendre l'alliance ou la coopération d'autres États ou institutions.
La politique des États-Unis change après le traumatisme des attentats du 11 septembre 2001. George W. Bush (2001-2009) ordonne immédiatement une guerre contre « l'axe du Mal ». Il abandonne le multilatéralisme en attaquant l'Irak en 2003 sans accord de l'ONU et malgré l'opposition de pays alliés comme la France.
L'élection de Barack Obama a stoppé cette politique unilatérale, qui est revenue avec Donald Trump en 2017. Trump adopte une politique unilatérale annoncée par son slogan de campagne « America First », à savoir la défense prioritaire des intérêts américains. Les États-Unis réaffirment à travers ces retraits leur intention d'agir seuls, dans leur intérêt, en s'affranchissant de la recherche de solutions collectives :
- sortie de l'accord de Paris sur le climat en juin 2017 ;
- retrait de l'Unesco (organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) en 2017 ;
- retrait du Conseil des Droits de l'homme en 2018 ;
- retrait de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien en mai 2018.
Les limites de la puissance américaine
La puissance américaine connaît des limites. Des pays et des organisations économiques lui font concurrence au niveau économique. Des inégalités existent au sein même du pays. Surtout, de nouvelles puissances s'affirment et des contestations se développent contre les États-Unis.
Des concurrences économiques
Les États-Unis font face à une concurrence économique grandissante dans un contexte de mondialisation et de multipolarité. Plusieurs pays remettent en cause les actions des États-Unis. D'autres organisations économiques existent et lui font concurrence.
Les puissances émergentes, dont les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), remettent en cause la domination économique des États-Unis dans des domaines comme l'agroalimentaire, l'industrie sidérurgique ou l'automobile. Les États-Unis sont de moins en moins compétitifs face aux puissances émergentes. Par ailleurs, le déficit commercial des États-Unis est le plus élevé du monde. L'économie américaine est très dépendante des importations extérieures.
Les États-Unis s'affranchissent aujourd'hui des règles de l'OMC en établissant des partenariats économiques bilatéraux et en imposant de fortes taxes sur les importations de certains produits aux États-Unis. Ils provoquent la colère de pays comme le Canada ou la Chine, qui leur demandent de respecter les règles du commerce mondial et de réduire leurs recours aux mesures protectionnistes.
Des organisations économiques régionales la concurrencent également :
- le MERCOSUR en Amérique du Sud ;
- l'ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) en Asie du Sud-Est ;
- l'Union européenne en Europe.
Les inégalités au sein des États-Unis
Les États-Unis sont un pays où les inégalités sont très importantes. Les fractures socio-spatiales sont nombreuses : certains territoires sont très pauvres, notamment ceux du Nord-Est. Le racisme est une réalité violente aux États-Unis.
Les fractures socio-spatiales sur le territoire étasunien sont particulièrement visibles dans la zone du Nord-Est. Les conditions de vie des catégories sociales défavorisées se dégradent.
Detroit est appelée « shrinking city », la ville qui rétrécit, car elle se dégrade de plus en plus.
Les contrastes de développement sont visibles à toutes les échelles :
- à l'échelle locale entre quartiers pauvres dégradés voire abandonnés et quartiers riches fermés ;
- à l'échelle régionale entre États.
Le PIB/hab. du Mississippi est de 32 000 dollars quand ceux de l'État de New York ou de la Californie dépassent les 70 000 dollars.
Le racisme est violent aux États-Unis. Certaines communautés, et particulièrement la communauté noire, subissent des inégalités au quotidien. De nombreuses personnes noires sont ainsi tuées par la police chaque année, sans que les coupables soient punis. C'est pourquoi les émeutes raciales se multiplient aux États-Unis.
À Ferguson, en 2014, ou à Charlottesville, en 2017, des émeutes raciales ont eu lieu.
Les discours du président Trump sur la construction d'un mur le long de la frontière avec le Mexique renforcent l'hostilité à l'égard des minorités.
Les nouvelles puissances et les contestations
La puissance chinoise menace aujourd'hui l'hégémonie des États-Unis. La Russie tente également de s'imposer. Plusieurs pays contestent aujourd'hui les États-Unis.
Hégémonie
L'hégémonie est la domination, la suprématie d'un acteur (un État, notamment) sur d'autres.
Les États-Unis ont été le « maître des océans » durant toute la seconde moitié du XXe siècle. Mais ils sont aujourd'hui concurrencés par les ambitions croissantes de la puissance chinoise qui passent, elles aussi, par le contrôle des espaces maritimes.
Les États-Unis possèdent des bases navales sur tous les océans (Diego Garcia dans l'océan Indien, Guam dans le Pacifique ou encore les Bermudes dans l'Atlantique) et sept flottes permanentes.
La Chine possède des bases militaires permanentes en Asie, en mer de Chine, au Moyen-Orient, en Méditerranée et plusieurs sont à l'état de projet en Afrique (Sao Tomé, Namibie).
La Chine a ainsi constitué par une stratégie dite de « collier de perles » un ensemble de points d'appui en Asie du Sud (Bangladesh, Birmanie, Sri Lanka, Pakistan) et en Asie centrale avec ses « nouvelles routes de la soie ». En réponse, les États-Unis réaffirment leur soutien à des alliés traditionnels comme le Japon et la Corée du Sud, ou à des alliés plus récents comme l'Inde.
Cette nouvelle concurrence est aussi visible dans un autre domaine : la puissance spatiale. Yang Liwei est le premier taïkonaute envoyé dans l'espace en 2003. Les Chinois ont annoncé leur volonté de marcher sur la Lune en 2025.
La Chine et la Russie souhaitent étendre leur influence dans de nombreuses régions du monde et cherchent ainsi à concurrencer les États-Unis.
- Les Russes sont très présents en Europe de l'Est et au Moyen-Orient même si les États-Unis conservent des points d'appui majeurs avec l'Arabie saoudite et Israël.
- La Chine a une influence grandissante en Afrique où elle investit massivement.
L'Arctique est devenu un point géostratégique car on y trouverait plus de 10 % des réserves mondiales de pétrole et 30 % des réserves mondiales de gaz. En 2016, la Russie et la Chine ont annoncé une initiative conjointe en Arctique. Ils entendent créer un centre de recherche commun pour l'exploitation industrielle de l'Arctique :
- La Russie, dont le territoire arctique est le plus vaste au monde, investit dans ce territoire stratégique. Elle possède déjà la plus grande flotte capable de naviguer dans les glaces.
- En 2017, le premier brise-glace chinois a traversé le passage du Nord-Ouest.
Par ailleurs, la Chine multiplie les alliances avec les pays frontaliers de l'Arctique comme l'Islande et la Finlande, et investit au Groenland.
Les États-Unis tentent de conserver leur influence en Amérique latine. Depuis la doctrine Monroe au XIXe siècle, ils ont une influence sur tout le continent. Mais la puissance des États-Unis est régulièrement contestée. Contre cette puissance, des organisations se mettent en place. L'Alliance bolivarienne pour les Amériques, créée en 2004 (ALBA), est portée par des personnages politiques comme Hugo Chavez (président vénézuélien entre 1999 et 2013). Chavez dénonce l'impérialisme des États-Unis dans son discours lors de l'Assemblée générale des Nations unies en 2006.
La Chine est d'ailleurs présente en Amérique latine, elle y fait des prêts et des investissements et installe des instituts Confucius qui diffusent sa culture.
La Chine a massivement prêté de l'argent à l'Équateur qui lui fournit désormais du pétrole pour rembourser sa dette.