Sommaire
IXVe-XIXe siècles : de l'imprimerie à la presseALa révolution Gutenberg1L'écrit avant l'imprimerie2L'invention de Gutenberg3La diffusion de l'écrit dans la sociétéBLe développement et l'apogée de la presse écrite1Le XIXe siècle : naissance des grands journaux2Le modèle économique de la presse écrite3La formation de l'opinion dans la presseIIXXe siècle : le siècle de l'information audiovisuelleAL'apparition et la diffusion de la radio et de la télévision1Les médias de la deuxième industrialisation : électricité, ondes et tubes cathodiques2Le succès foudroyant de la radio3La télévision : une diffusion plus lenteBLe fonctionnement des chaînes de radio et de télévision1Les coûts fixes et la structure oligopolistique2Le principe du média linéaire et sa remise en causeCL'ère du média de masseIIIFin XXe-XXIe siècles : la naissance et l'extension d'InternetALa généalogie d'InternetBUne révolution de l'information1La centralité de Google2Le développement des réseaux sociaux3La connexion généralisée : la diffusion du SmartphoneLa mise au point de l'imprimerie moderne autour de 1450 a permis une diffusion progressive et plus fiable de l'information. L'accélération des progrès techniques aux XIXe et XXe siècles conduit à une modernisation des moyens de diffusion de l'information. L'émergence de la presse à grand tirage au XIXe siècle, la révolution du son et de l'image avec la radiophonie et la télévision au XXe siècle, ainsi que l'extension mondialisée et individualisée du réseau Internet au début du XXIe siècle révolutionnent la production et la circulation en masse de l'information. L'entrée des sociétés humaines dans l'ère des médias de masse transforme le rapport des populations à l'information. L'utilisation croissante des médias sociaux fait désormais de l'individu un acteur incontournable de la production et de la diffusion de l'information.
Dans quelle mesure les grandes révolutions techniques de l'information ont-elles accéléré la diffusion de l'information dans les sociétés humaines depuis le XVe siècle ?
XVe-XIXe siècles : de l'imprimerie à la presse
Entre le XVe siècle et le XIXe siècle, en dépit de l'invention de l'imprimerie moderne, la diffusion de l'information reste relativement lente et limitée dans la société. Elle s'accélère au XIXe siècle au fil des innovations techniques et de l'essor de la presse écrite.
La révolution Gutenberg
Avant l'invention de l'imprimerie par Gutenberg, l'écrit est assuré par des moines copistes. L'imprimerie révolutionne la diffusion de l'écrit dans la société.
L'écrit avant l'imprimerie
Avant l'invention de l'imprimerie moderne par Gutenberg, l'écrit est assuré essentiellement dans l'Europe médiévale par les moines copistes. Les erreurs de retranscription de l'information sont fréquentes, les commentaires apportés sont nombreux. L'écrit et sa diffusion sont plus ou moins réservés aux élites lettrées et fortunées dans une société largement analphabète.
Portrait de Jean Miélot, secrétaire, scribe et traducteur des ducs de Bourgogne Philippe le Bon et Charles le Téméraire (XVe siècle)
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Sur le pupitre, on aperçoit le livre maintenu ouvert qui sert de modèle au copiste. La copie est rédigée sur un parchemin, à base de peau d'animal, qui est le support le plus résistant et le mieux adapté pour la copie. On peut voir également un grattoir, servant à effacer l'encre du papier en cas d'erreur. On ne voit qu'un seul moine sur cette image, mais les moines copistes travaillent à plusieurs, encadrés par des chefs d'atelier qui distribuent, contrôlent et corrigent leur travail, afin que les livres contiennent le moins de fautes possible.
Au Moyen Âge, certains monastères sont pourvus d'un atelier dédié à la copie : le scriptorium. Les moines copistes se chargent de copier à la main les livres :
- des textes religieux, comme la Bible ;
- des œuvres de l'Antiquité, en langue latine.
Ils peuvent enrichir les livres d'enluminures.
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Le temps de rédaction d'un ouvrage est important : le moine copie en moyenne un à deux feuillets par jour.
Les 400 feuillets de la première Bible de l'empereur Charles le Chauve, probablement composée en 845 au scriptorium de l'abbaye Saint-Martin de Tours, ont ainsi nécessité un an de travail.
Ce temps long de fabrication d'un livre entraîne un coût élevé du livre. Seule une élite fortunée est en mesure d'acquérir les livres.
L'invention de Gutenberg
Vers 1450, Gutenberg invente l'imprimerie moderne à Mayence. Ce nouveau média révolutionne la diffusion de l'information, la production de l'écrit devenant plus fiable et de meilleure qualité.
La mise au point de l'imprimerie moderne à Mayence par l'Allemand Gutenberg, vers 1450, a permis une diffusion progressive et plus fiable de l'information.
Orfèvre à Mayence, Gutenberg s'intéresse à la reproduction des textes et élabore une nouvelle technique d'impression. Il fabrique des caractères mobiles, réutilisables et interchangeables qu'il utilise dans une presse pour imprimer des textes sur du papier. En 1455, il imprime son premier livre : la Bible.
Un atelier d'imprimerie au XVIe siècle
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L'imprimerie se diffuse rapidement dans toute l'Europe, à Paris, Rome, Séville et Augsbourg notamment. Ce nouveau média donne naissance au métier d'imprimeur.
Au début du XVIe siècle, le continent compte entre 240 et 270 ateliers d'imprimeurs.
Parmi les ateliers d'imprimeurs les plus importants, on peut citer :
- celui de Guillaume Le Talleur, à Rouen, qui édite, en 1497, Cronicques de Normendie ;
- celui de Robert Estienne à Paris, l'imprimeur de François Ier pour le latin et l'hébreu.
L'imprimerie intensifie la production de l'information. De quelques milliers d'ouvrages durant la période médiévale, elle passe à environ vingt millions d'exemplaires en 1500. En conséquence, le prix d'achat d'un livre diminue : le livre est donc plus accessible.
À cette croissance quantitative s'ajoute une meilleure qualité de la copie. Vers 1540, une nouvelle organisation du livre imprimé est en place : pagination, illustrations, chapitres, titres, caractères gothiques. L'information devient plus fiable : l'imprimé est conforme à la copie qui est livrée aux imprimeurs.
L'information se diversifie également : les imprimeurs ne publient plus seulement des œuvres religieuses (livres bibliques, liturgiques, hagiographies) en langue latine. La production de l'information s'enrichit de l'édition de livres profanes, de textes d'information (almanachs, libelles et autres occasionnels) rédigés en langue vernaculaire.
Le Rouennais Pierre Regnault traduit Les Métamorphoses d'Ovide en français.
La diffusion de l'écrit dans la société
La diffusion de l'information dans la société s'accélère. La transmission de l'information s'effectue, d'une part, de manière officielle par la publication de documents ou par l'échange de lettres et, d'autre part, de façon plus informelle, par le colportage.
La circulation de l'information se développe en Europe par l'échange de lettres et la promulgation de documents officiels.
La circulation de l'information est facilitée par l'utilisation d'autres langues que le latin. Ainsi, en France, l'ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539 du roi François Ier est un texte législatif qui impose partout dans le royaume l'utilisation du français. Cette mesure facilite la compréhension des actes administratifs et de justice dans les provinces.
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L'information est aussi diffusée de manière plus informelle par le colportage. Les colporteurs transportent avec eux des textes d'information à l'instar de l'almanach. L'almanach est un livre populaire publié chaque année. Il se présente sous la forme d'un calendrier, avec en plus des renseignements scientifiques ou pratiques. Étroitement lié à l'invention de l'imprimerie moderne, l'almanach est une lecture appréciée de la minorité alphabétisée.
Le développement et l'apogée de la presse écrite
Le XIXe siècle voit naître la presse et les grands journaux, qui privilégient le modèle économique du bundle. C'est dans la presse que se forme l'opinion publique.
Le XIXe siècle : naissance des grands journaux
Dans un contexte d'industrialisation, une série d'innovations techniques permet la production industrielle de journaux et la diffusion en masse de l'information dans la société.
Pendant plusieurs siècles, l'imprimerie ne connaît que peu d'évolutions. La mise au point de la rotative aux États-Unis en 1845 par Richard March Hoe, puis de la Linotype en 1885, permet d'augmenter rapidement la capacité de tirage des journaux jusqu'à 8 000 exemplaires par heure.
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Le procédé de la similigravure (technique d'impression monochrome), dans les années 1880, facilite la publication de photographies. La production devient désormais industrielle et rend possible l'essor en masse de la presse quotidienne.
Les innovations techniques transforment la presse en premier média de masse de l'histoire. Cela est notamment permis par :
- le développement de la liberté de la presse ;
- l'élévation générale du niveau d'instruction des populations des sociétés occidentales.
En France, Le Petit Parisien est tiré à 1,4 million d'exemplaires par jour en 1910 et l'ensemble des quotidiens régionaux (L'Ouest-Éclair, La Charente, etc.), soit 242 titres, à près de 4 millions d'exemplaires par jour en 1914.
Le modèle économique de la presse écrite
Au cours du XIXe siècle, pour accroître son tirage, la presse écrite diminue le prix d'achat du journal en ayant recours à la publicité et au modèle économique du bundle (mélange des thématiques dans un même journal).
En 1836, Émile de Girardin transforme la presse en France avec la création de son journal La Presse. Il conçoit alors le principe du journal bon marché dans lequel la publicité joue un grand rôle financier. L'équation est simple : en baissant le prix de vente de l'abonnement annuel de 80 à 40 francs, Girardin accroît le nombre de lecteurs. Le manque à gagner est compensé par les annonceurs publicitaires qui perçoivent l'intérêt de la massification. Pour fidéliser ses lecteurs, il intègre dans son journal le principe du roman-feuilleton.
La presse écrite a aussi recours au modèle économique du bundle pour se financer. L'idée est de mettre dans un même journal des articles sur des sujets très divers : politique, économique, résultats des courses hippiques, faits divers, etc. Le profil des lecteurs s'élargit et les sujets les plus populaires financent les sujets moins populaires, puisque le lecteur paie un journal généraliste même s'il ne lit que les quelques pages qui l'intéressent.
La formation de l'opinion dans la presse
D'abord réservée à une élite cultivée et fortunée, la lecture des journaux se démocratise dans la société. La presse écrite participe à la formation de l'opinion publique dans la presse populaire, la presse d'opinion et les quality papers (« presse sérieuse »).
Au XIXe siècle, la pratique massive de la lecture quotidienne de la presse devient une réalité et participe activement à la formation de l'opinion publique. Les ventes de journaux sont dominées par les grands quotidiens populaires d'information :
- The Daily Mirror et le Daily Mail en Angleterre ;
- Le Petit Journal en France.
En France, en 1863, paraît Le Petit Journal.
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La presse se diversifie pour capter de nouveaux publics. Dès lors, le marché des journaux se segmente et se spécialise entre :
- les journaux sportifs (L'Auto-Vélo en 1900) ;
- les journaux pour enfants (Journal des enfants en 1832) ;
- les journaux pour la littérature, les spectacles et les arts (Le Corsaire en 1823).
Simultanément à cet essor, une presse d'opinion fleurit dans un contexte de démocratisation des sociétés occidentales. Son tirage est moins important que celui de la presse populaire, mais cette presse est influente dans la société. En France, des journaux satiriques apparaissent et utilisent la critique moqueuse comme moyen d'information (Le Charivari). De nombreux partis ou courants politiques disposent à leur tour de leur propre journal d'opinion pour participer à la diffusion de l'information :
- l'extrême droite avec L'Action française ;
- les socialistes et L'Humanité ;
- les colonialistes du Maroc et Le Petit Marocain.
Le paysage de la presse s'enrichit aussi d'un autre type de journal, celui des quality papers, à l'instar, aux États-Unis, du New York Times (1851) et du Wall Street Journal (1889). Reconnue internationalement, cette presse, qualifiée de référence, se distingue par des lignes éditoriales indépendantes et des descriptions de l'événement considérées comme fiables.
XXe siècle : le siècle de l'information audiovisuelle
La période de la seconde industrialisation est marquée par l'émergence de nouveaux médias de masse comme source d'information pour les sociétés. L'information par le son apparaît au début du XXe siècle par la mise au point de la télégraphie sans fil qui rend possible la radiophonie. L'information par l'image débute dans les années 1920-1930 avec l'invention de la télévision. À partir des années 1960, l'information est révolutionnée par l'image et le son de la télévision. Désormais, les médias de masse ont le pouvoir d'informer instantanément les populations.
L'apparition et la diffusion de la radio et de la télévision
La création de la radio et de la télévision est permise lors de la deuxième révolution industrielle. Le succès de la radio est foudroyant. La télévision se diffuse d'abord plus lentement avant de connaître un grand succès.
Les médias de la deuxième industrialisation : électricité, ondes et tubes cathodiques
Les médias de la deuxième industrialisation résultent de la combinaison entre l'utilisation de l'électricité, comme nouvelle source d'énergie, et de progrès techniques : les ondes hertziennes ou ondes radio pour la radiophonie et la télévision, et le tube cathodique pour la télévision.
En 1887, l'Allemand Heinrich Hertz théorise l'hypothèse du physicien écossais James Maxwell selon laquelle la lumière et le magnétisme sont deux phénomènes de même nature. En prouvant que la lumière est une onde magnétique, il découvre simultanément qu'il existe d'autres ondes électromagnétiques capables de se déplacer à la vitesse de la lumière. Par la suite, d'autres travaux montrent que ces ondes sont des vecteurs de transmission des sons puis, dans les années 1930, des images.
À la fin du XIXe siècle, en travaillant sur la télégraphie sans fil, l'Allemand Ferdinand Braun développe un tube cathodique, dit « tube de Braun » : en accélérant les électrons, ce tube crée un champ électrique. Son invention mène rapidement à l'oscilloscope puis, au XXe siècle, à la fabrication des tubes cathodiques pour les téléviseurs.
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Le succès foudroyant de la radio
La radiophonie connaît, comme média de masse, un succès foudroyant grâce à son pouvoir d'informer instantanément. Elle concurrence la presse écrite.
La radio est d'abord utilisée à des fins militaires pendant la Première Guerre mondiale pour faciliter la circulation de l'information entre camps. Durant l'entre-deux-guerres, la radio investit la société civile, principalement en Europe et aux États-Unis, mais aussi au Japon. Les progrès techniques de l'époque permettent désormais de diffuser le son de la voix et de la musique à la radio.
La radio devient un média de masse et occupe une place croissante dans les foyers.
Le nombre de postes récepteurs radio explose entre 1938 et 1949, de 40,8 millions à 81 millions aux États-Unis, de 8,6 millions à 11,9 millions au Royaume-Uni.
La radio concurrence fortement la presse écrite en proposant une information en temps réel, accessible à tous et gratuite. L'invention du transistor en 1954 marque un tournant dans la diffusion de l'information du son.
Grâce à sa mise au point, la radio devient un objet mobile à usage individuel que l'on écoute désormais dans la rue ou dans la voiture.
La télévision : une diffusion plus lente
Pourtant inventée dans les années 1920, la télévision ne devient un média de masse dominant qu'à partir des années 1960. Les journaux télévisés, ainsi que les grands événements mondiaux et nationaux, sont diffusés en direct.
En France, la RTF inaugure son premier journal télévisé dans l'anonymat en 1949. Le journal télévisé est diffusé quotidiennement à 21 heures, puis à 20 heures jusqu'en 1963. Peu de journalistes de la radio, alors toute-puissante, sont disposés à perdre leur notoriété en allant tenter l'aventure télévisuelle. Il y a peu d'audience. Les journalistes de la presse écrite perçoivent la télévision comme un nouveau concurrent et refusent d'y participer. De plus, la télévision est chère et nécessite un savoir-faire technique, sa diffusion est plus lente que la radio dans la société.
Dans les années 1950, la télévision s'impose progressivement comme une source d'information accessible à tous. Le taux d'équipement des ménages français en postes de télévision explose.
1 % des ménages français ont un poste de télévision en 1954. Ce taux passe à 61,9 % en 1968, puis 90 % en 1984.
Les Français peuvent suivre les événements mondiaux et nationaux en temps réel par l'image, d'abord en noir et blanc, puis en couleur à partir de 1967.
À la télévision, les téléspectateurs ont suivi le premier homme à marcher sur la Lune en 1969, les Jeux olympiques de 1984, ainsi que le premier débat présidentiel en France de 1974.
Le fonctionnement des chaînes de radio et de télévision
Les radios et la télévision fonctionnent de la même façon : elles ont des coûts fixes et il existe peu d'acteurs sur le marché. Ce sont des médias linéaires (il y a des horaires pour assister aux émissions), modèle aujourd'hui remis en cause.
Les coûts fixes et la structure oligopolistique
Les stations de radio et les chaînes de télévision ont des coûts fixes très élevés et croissants pour financer la production, la diversification et la circulation de l'information. Elles sont majoritairement privées et financées en particulier par la publicité. La structure du marché de l'information est de nature oligopolistique (c'est-à-dire constituée d'un nombre limité de firmes).
Une station de radio et une chaîne de télévision sont confrontées à des coûts fixes très importants.
Tout d'abord, le lancement d'un média dans le paysage de l'information nécessite des investissements initiaux de grande ampleur :
- achat de studios ;
- constitution d'équipes (rédactionnelles, administratives, etc.) ;
- mise en place de systèmes de diffusion ;
- lancement de grandes campagnes publicitaires afin de le faire connaître.
La création d'un nouveau média est donc une entreprise coûteuse et risquée. La probabilité d'échec est assez élevée.
En France, la chaîne de télévision La Cinq, créée en 1986, a rapidement disparu en 1992.
Au-delà de ces coûts d'entrée, les chaînes de radio et de télévision doivent également faire face :
- d'une part, à des coûts fixes de fonctionnement très élevés en particulier du fait du côté périssable des contenus radiophoniques et audiovisuels (retransmissions sportives, jeux télévisés, etc.) ;
- d'autre part, à des coûts de diffusion.
Le financement des chaînes de radio et de télévision est donc très dépendant des subventions publiques et de la publicité.
Aux États-Unis, les stations de radio et les chaînes de télévision sont privées et financées par la publicité.
Les chaînes américaines NBC et CBS sont privées.
En Europe occidentale, les toutes premières chaînes de télévision font le plus souvent l'objet d'un monopole d'État.
ZDF en Allemagne, Rai en Italie et l'ORTF en France sont en situation de monopole d'État.
Il faut attendre le tournant des années 1970-1980 pour que le marché de l'information se libéralise. En France, l'apparition de nouvelles stations et chaînes de télévision amène radio et télévision à bénéficier de deux types de statut :
- un statut public : Radio France, ORTF, puis France Télévisions ;
- un statut privé : associatives, commerciales (NRJ, TF1, M6), étudiantes.
Au regard des coûts fixes engagés, la structure du marché de l'information est de nature oligopolistique, c'est-à-dire constituée d'un nombre limité de firmes.
En France, les stations de radio privées appartiennent à de puissants groupes de médias, comme NRJ Group (NRJ, Chérie FM, Nostalgie, Rire et Chansons), ou Lagardère Active (Virgin Radio, Europe 1, RFM).
Le principe du média linéaire et sa remise en cause
La radio et la télévision sont deux médias de masse linéaires dans la transmission de l'information. Elles obligent l'individu soit à être au rendez-vous pour consommer le contenu souhaité, soit à l'enregistrer pour le visionner en différé. Avec le développement de nouvelles offres, ce principe linéaire est remis en cause depuis quelques années.
Le principe du média linéaire est un mode traditionnel de consommation d'information de la radio et de la télévision, en direct, selon des grilles de programmes établies par les chaînes.
Ce schéma est plus ou moins remis en cause par les progrès techniques et les pratiques de consommation de l'information. En enregistrant l'information, l'ancien auditeur ou téléspectateur devient l'acteur de sa consommation, en choisissant ce qu'il veut regarder, quand il le veut et où il le veut. Ce nouveau mode de consommation tend à s'amplifier à mesure de l'arrivée dans le paysage médiatique :
- du replay ;
- de la vidéo à la demande (VOD) ;
- des services de diffusion (Netflix).
En France, depuis 1994, on note également l'arrivée sur le marché des chaînes d'information continue (LCI, BFM) grâce à des nouveaux moyens de diffusion (câble, satellite et TNT). Elles diffusent l'information en continu, donc le spectateur n'a plus besoin de faire attention aux horaires de diffusion.
L'ère du média de masse
Le XXe siècle est celui de l'ère du média de masse dans la diffusion de l'information. Des émissions, diversifiées, quotidiennes, facilement accessibles, rythment la vie de millions d'auditeurs et de téléspectateurs partout dans le monde.
La radiodiffusion et la télévision ont accéléré et amplifié le processus de démocratisation de l'information à l'œuvre depuis le XIXe siècle et l'avènement de la presse écrite. Ces deux médias de masse se caractérisent par leur portée universelle. Désormais, l'immense majorité de la population mondiale a accès à l'information et peut vivre l'histoire en temps réel.
Près de 600 millions de personnes ont pu assister en direct, grâce à la télévision, aux premiers pas sur la Lune de l'Américain Neil Armstrong en 1969. En 2008, 2 milliards d'individus ont regardé la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin.
La diffusion en direct de ces événements est rendue possible grâce :
- aux nouveaux supports de diffusion (satellites, câbles sous-marin, etc.) ;
- aux stations d'information mondialisées possédant des moyens techniques et financiers conséquents.
L'offre d'information se diversifie avec l'émergence, dans l'audiovisuel, de nouveaux acteurs de diffusion aux origines géographiques diverses. Aux traditionnelles stations de radio (RFI) et chaînes de télévision en continu (France 24, BBC World News, Sky News et CNN) s'ajoutent désormais d'autres opérateurs de l'information.
Al Jazeera et Telesur sont de nouvelles chaînes d'information regardées par plusieurs millions de personnes.
Certaines chaînes de télévision en continu se spécialisent dans la production de l'information.
Bloomberg se spécialise dans la finance, MTV dans la musique et Infosport dans le sport.
Enfin, à rebours d'une tendance mondiale à la gratuité, le marché de l'information continue de se segmenter avec la montée en puissance des chaînes de télévision payantes.
Canal+, BeIn Sports et Mediapro sont des chaînes payantes.
Fin XXe-XXIe siècles : la naissance et l'extension d'Internet
La naissance et l'extension d'Internet bouleversent une information qui devient mondialisée et individualisée. Près de quatre milliards de personnes ont accès à Internet en 2019. C'est une véritable révolution de l'information.
La généalogie d'Internet
L'informatique moderne apparaît dans les années 1960, au moment de la guerre froide. L'informatique moderne est permise grâce à la combinaison de deux innovations : le transistor et le circuit intégré. Cela permet la naissance du Web en 1991.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis et l'URSS s'opposent dans le cadre de la guerre froide. Leur rivalité stimule l'innovation et se traduit par la création d'un premier réseau décentralisé. Pour contrer l'URSS, les États-Unis imaginent un réseau de communication électronique décentralisé, en maillage, capable de continuer à fonctionner, même lorsque qu'une partie de celui-ci est détruit : c'est Internet.
L'association des progrès techniques comme le transistor et le circuit intégré permet de développer des machines à calcul. Dans les années 1970, le développement des microprocesseurs et l'apparition des télécommunications (réseau Arpanet) modernisent l'informatique.
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Les ordinateurs dépassent la simple faculté de calculer et peuvent commencer à accepter des programmes plus évolués, de nature algorithmique. Le réseau Internet s'ouvre au grand public avec la naissance du Web en 1991. Le Web, littéralement « la toile d'araignée mondiale », est une application d'Internet, qui permet de consulter avec un navigateur des pages de sites. Les liens hypertextes sont des éléments d'une page HTML permettant aux internautes de naviguer vers une nouvelle adresse lorsqu'ils cliquent dessus. Ce sont les liens hypertextes qui permettent de lier des pages Web entre elles.
Une révolution de l'information
Internet est une révolution de l'information qui repose sur la centralité de Google et le développement des réseaux sociaux.
La centralité de Google
Google est une entreprise multinationale américaine de services numériques mondialement connue pour son moteur de recherche gratuit et la place centrale qu'elle occupe dans l'information numérique. Son financement repose notamment sur la publicité.
Google s'est donné pour mission « d'organiser l'information à l'échelle mondiale et de la rendre universellement accessible et utile ».
Au-delà de son moteur de recherche quasi monopolistique, Google offre de nombreux services numériques utiles et gratuits pour élargir et fidéliser son public :
- système d'exploitation Android pour Smartphone ;
- service de messagerie électronique avec Gmail ;
- service de cartographie avec Google Maps ;
- service de localisation avec Google Earth.
Le modèle économique de Google et son financement reposent sur la publicité à travers le sponsoring et le « coût par clic » pour les annonceurs. Le sponsoring s'apparente à de l'affichage publicitaire. Avec le « coût par clic » pour les annonceurs, Google vend des mots-clés aux enchères.
L'affichage publicitaire peut se trouver dans la fenêtre de lecture des e-mails.
En dehors de la publicité, Google a d'autres sources de revenus.
Google propose un espace gratuit de stockage à ses utilisateurs. Lorsque l'un d'entre eux atteint la limite gratuite autorisée, il peut acheter de l'espace disque supplémentaire.
Les progrès techniques en continu permettent à Google de diversifier ses activités.
Par l'intermédiaire de sa filiale Google X, Google développe le projet d'une voiture autonome : Google Car.
Le développement des réseaux sociaux
Sur Internet, les réseaux sociaux numériques révolutionnent l'information, par leur caractère interactif et instantané, et transforment le monde en village planétaire.
La naissance et l'extension d'Internet bouleversent l'information, qui devient numérique. La multiplication des fournisseurs d'accès la rend accessible partout et à tous, gratuitement. Les médias sociaux permettent :
- de relier les individus en ligne ;
- de partager l'information (photographies, textes, vidéos).
Les réseaux sociaux reposent sur l'interactivité et l'immédiateté. Il existe de nombreuses applications dédiées à la communication :
- On peut échanger avec les personnes que l'on connaît : Facebook, Snapchat et Instagram.
- On peut rencontrer de nouvelles personnes (Meetic).
- On peut construire un réseau professionnel (Linkedin, Viadeo).
La connexion généralisée : la diffusion du Smartphone
Le Smartphone est un véritable mini-ordinateur. La plupart des détenteurs l'ont toujours sur eux et sont donc constamment connectés.
Mis au point par l'entreprise multinationale américaine Apple alors dirigée par Steve Jobs en 2007, le Smartphone se distingue des autres supports de l'information par son caractère intuitif, interactif et utile.
Le Smartphone, ou téléphonie mobile multifonctions, permet une connexion généralisée. Il devient le nouveau moyen de circulation de l'information de masse en reliant l'individu aux réseaux sociaux et à des applications toujours plus nombreuses. Le Smartphone est devenu le principal diffuseur de l'information, il est de plus en plus utilisé :
- Les utilisateurs de Smartphone passent en moyenne près de six heures par jour devant leur écran.
- À l'échelle mondiale, le nombre d'utilisateurs de Smartphone explose pour passer de 1,5 milliard d'utilisateurs en 2014 à près de 2,5 milliards en 2019.
- En France, le taux d'équipement en Smartphone est d'approximativement 75 % en 2019, alors qu'il était inférieur à 20 % en 2011.