Sommaire
IRéaménager la mémoire : les usages de Versailles de l'Empire à nos joursAVersailles : le lieu de la grandeur monarchiqueBL'utilisation de Versailles après la Révolution françaiseCVersailles : un laboratoire culturel et touristiqueIIConflit de patrimoine : les frises du Parthénon depuis le XIXe siècleALe contexteBUn patrimoine culturel devenu un enjeu géopolitiqueVersailles est un symbole du patrimoine des Français et de l'identité nationale, en France mais aussi aux yeux du monde : le développement du tourisme dans les sociétés contemporaines a créé à Versailles de nouveaux enjeux sociaux et culturels et révèle les solutions mises en place par l'État, en lien avec de nouveaux acteurs. L'analyse de l'histoire des frises du Parthénon depuis le début du XIXe siècle, expose un autre problème : celui de la propriété d'un bien culturel muséifié en dehors de son site géographique. Ces deux sujets d'étude invitent à réfléchir aux utilisations et aux pratiques observées tant sociales que politiques du patrimoine et d'en discerner les mutations, mais aussi les tensions dont elles peuvent faire l'objet. Comment Versailles, symbole du « Roi-Soleil » et de la grandeur monarchique française, est-il devenu un lieu de mise en scène politique et culturelle de la République aux échelles nationale et mondiale ? Pourquoi le conflit entre le Royaume-Uni et la Grèce concernant les frises du Parthénon questionne-t-il la notion de propriété d'un patrimoine et son caractère universel ? Quelles sont les mesures mises en place par les dirigeants de la Grèce pour tenter de récupérer leur patrimoine ?
Réaménager la mémoire : les usages de Versailles de l'Empire à nos jours
Versailles : le lieu de la grandeur monarchique
Versailles est à la fois une ville nouvelle, un château et des jardins. À l'époque de Louis XIV, Versailles devient le nouveau centre du pouvoir, ses successeurs continueront d'y vivre.
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La construction de Versailles s'est effectuée de manière progressive. Au départ, c'est un modeste pavillon de chasse construit par Louis XIII en 1623 et reconstruit en 1631-1634.
Louis XIV s'y rend pour la première fois le 18 avril 1651, il a un peu plus de 12 ans.
En 1661, lors de la mort de Mazarin et le début du pouvoir personnel de Louis XIV, la décision est prise de transformer et d'agrandir ce pavillon de chasse. En 1671, c'est le début de la construction de la ville nouvelle de Versailles et, en 1682, l'installation définitive de Louis XIV à Versailles. En réalité, c'est un chantier continuel - et des travaux gigantesques – durant tout le règne de Louis XIV, de 1661 à 1715.
Le château grandit par étapes :
- le grand appartement (1671-1681) ;
- la galerie des Glaces (1678-1684) : 73 mètres de long, 13 mètres de large, 357 miroirs et 17 fenêtres ;
- la chapelle, achevée en 1710.
Les jardins sont composés par les jardins d'agrément et les jardins potagers (dont une orangeraie), les bassins (les plus importants sont ceux de Latone et d'Apollon) et un canal.
Le château de Versailles est notamment constitué de :
- 800 hectares de parc ;
- 50 fontaines ;
- 35 kilomètres de canalisations ;
- 20 kilomètres de routes.
Les maîtres d'œuvre furent au nombre de quatre :
- Charles Le Brun : peintre et véritable organisateur et coordonnateur du chantier versaillais ;
- Louis Le Vau et Hardouin-Mansart : architectes ;
- André Le Nôtre : paysagiste.
De 1661 à 1715, 82 millions de livres tournois sont dépensées pour Versailles, ce qui correspond à 3-4 % du budget du royaume. Près de 25 millions de livres tournois sont destinées à la maîtrise de l'eau dans les jardins, soit 30 % de l'ensemble.
Versailles est le centre politique du royaume. Les conseils s'y déroulent, ils ont lieu dans le cabinet de travail ou dans la chambre du roi, tout comme les entrevues avec les diplomates et les chefs d'État.
Versailles est surtout un système de cour. Louis XIV a eu de très mauvais souvenirs de La Fronde (1648-1652), une révolte d'une partie de la noblesse et qui l'a obligé à s'enfuir de Paris en 1649. Il garde une grande méfiance envers la haute noblesse qui s'était révoltée, d'où sa volonté de la domestiquer. Versailles est une cage dorée où vit la cour. Louis XIV impose une hiérarchie et un mode de vie qui aboutit à une théâtralisation du pouvoir. Il attribue à ses favoris des faveurs, des fonctions, etc. C'est une manière très subtile de diviser pour régner et de soumettre afin de domestiquer et de contrôler cette noblesse.
Ce n'est qu'une petite partie de la noblesse qui vit à Versailles, mais c'est la plus puissante.
À Versailles vivent entre 4 000 et 5 000 nobles et leurs familles, ce qui fait environ 10 000 personnes sur un ensemble de 200 000 nobles, soit 2-3 %.
Versailles est la synthèse de toutes les activités artistiques de l'époque, un modèle du palais royal qui va inspirer de nombreux monarques européens au XVIIIe siècle (le palais de Sans-Souci à Potsdam en Prusse, de Schönbrunn à Vienne, le pavillon de chasse de Stupinigi près de Turin, etc.). C'est également un modèle politique de la domestication de la noblesse.
L'utilisation de Versailles après la Révolution française
Après la Révolution française de 1789, Versailles devient un musée, un lieu de réconciliation nationale. C'est un lieu de la représentation du pouvoir et le théâtre de l'histoire politique de la France mais également de l'Allemagne naissante. De grandes conférences internationales ont également lieu à Versailles.
Sous la Révolution, Versailles est un lieu étonnamment préservé. Dès le 5 octobre 1789, Versailles perd sa fonction de résidence royale, Louis XVI étant forcé par le peuple à s'installer au Louvre. Durant la période révolutionnaire sont créés les premiers musées :
- En 1792, le château devient le « dépôt central des arts » du département de Seine-et-Oise.
- En 1796, il devient un musée central des arts.
- En 1797, il devient un musée spécial de l'École française.
Sous la Restauration, Louis XVIII dépense 6 millions de francs pour retrouver le Versailles de Louis XIV et Louis XV, mais Charles X s'en désintéresse.
L'étape capitale est l'intérêt et l'action de Louis-Philippe qui a régné de 1830 à 1848. Entre 1833 et 1848, Louis-Philippe supervise à Versailles, sous la direction de l'architecte Frédéric Neveu, le plus grand chantier de son règne, évalué à 18 millions de francs. Le souverain se rend très souvent à Versailles (398 visites, soit environ deux fois par mois). En 1837, au moment de son inauguration, le musée dispose de 150 salles restaurées ou créées. On abat en 1835 des appartements pour faire de la place à la galerie des Batailles.
Dans la galerie des Batailles, Louis-Philippe fait composer une fresque de 1 081 tableaux historiques et 1 012 portraits dont 33 grands tableaux historiques de 496 (Tolbiac) à 1809 (Wagram).
Eugène Delacroix reçoit des commandes et des peintures de l'époque de Napoléon Ier sont réemployées. L'ambition de Louis-Philippe est de rendre hommage au génie de la nation et de souder l'unité nationale : cinq salles sont consacrées aux croisades, Louis-Philippe souligne ainsi sa foi chrétienne et son lien avec Louis IX dit Saint Louis. De nombreux tableaux concernant la France napoléonienne permettent de rendre hommage à la gloire militaire de la Révolution et l'Empire.
Après la défaite de 1870-1871, les députés de la IIIe République sont installés et c'est depuis Versailles qu'est organisée la répression de la révolte de la Commune en 1871 à Paris. Un certain nombre de travaux et d'événements ont lieu à Versailles :
- construction d'un hémicycle pour accueillir l'Assemblée nationale et le Sénat en congrès ;
- lieu d'élection du président de la République (jusqu'en 1958) ;
- lieu de vote des révisions de la Constitution ;
- lieu de la réunion annuelle du congrès (Assemblée nationale et Sénat), convoqué par le président de la République depuis la réforme constitutionnelle de 2008 ;
- lieu de certaines déclarations importantes du président de la République : par exemple, celle de François Hollande au lendemain des attentats de Paris en novembre 2015.
Versailles est devenu le « temple du théâtre républicain ».
Fabien Oppermann, conservateur en chef du patrimoine et historien spécialiste de Versailles au XXe siècle
Versailles est aussi le palais de la représentation du pouvoir et de la réception des chefs d'État étrangers. De nombreux chefs d'État y ont été invités :
- En 1855, l'empereur Napoléon III reçoit la reine d'Angleterre, Victoria, pour une visite officielle afin de montrer l'importance de l'alliance franco-britannique.
- Le shah de Perse est invité en 1873.
- Le tsar Nicolas II visite Versailles en 1896.
- John F. Kennedy est invité en 1961.
- Boris Eltsine est reçu au Grand Trianon en 1992.
- Vladimir Poutine y est invité en 2017.
- Le prince hériter du Japon vient à Versailles en 2018.
Par ailleurs, en 1959, Charles de Gaulle réaménage le Grand Trianon pour loger les chefs d'État étrangers.
Versailles n'est pas un lieu important uniquement pour la France. L'Allemagne unifiée en 1871 est née à Versailles : Guillaume, roi de Prusse, est proclamé Guillaume Ier, empereur du IIe Reich, dans le lieu symbolique de la puissance de l'adversaire vaincu : la galerie des Glaces.
La plus importante des conférences internationales est le traité de Versailles mettant fin à la Première Guerre mondiale. Les négociations ont eu lieu à Paris, mais la signature a eu lieu au château de Versailles le 28 juin 1919, date anniversaire du déclenchement de la guerre, le 28 juin 1914, par l'assassinat de l'héritier d'Autriche-Hongrie, François-Ferdinand. Mais cet endroit fut aussi imposé par la France en signe de revanche face à l'Allemagne vaincue, qui avait proclamé son empire en 1871 dans les mêmes lieux.
© Wikimedia Commons Anton von Werner (1843-1915), 1885/ © Wikimedia Commons William Opren (1878-1931), 1919
Le tableau de William Orpen est devenu une « icône » de l'événement. On y trouve une certaine ironie. Les représentants allemands, Johannes Bell, assis de dos, et Hermann Müller, tous les deux penchés, semblent pliés par le fardeau des conditions de paix. Ils signent sous le regard froid et détaché des représentants des pays vainqueurs, alignés tel un jury d'examen, à une table en situation de légère supériorité. Parmi les vainqueurs, on reconnaît Woodrow Wilson levant la tête de son journal, Georges Clemenceau et David Lloyd George. William Orpen contrebalance la majesté des chefs d'État victorieux en les écrasant sous la hauteur des plafonds de la galerie des Glaces, qui occupent les trois quarts supérieurs du tableau.
La comparaison avec la toile d'Anton von Werner, qui célèbre également une victoire, est intéressante : l'Allemand centre sa toile sur la scène et les différents acteurs dont notamment Otto von Bismarck, en blanc et au centre, véritable artisan de la victoire et de l'unification de l'espace germanique, et Guillaume Ier, légèrement à gauche mais surélevé. L'omniprésence des uniformes et des lames étincelantes des épées, à droite, rappellent que cette victoire rapide, a contrario de la Première Guerre mondiale, a été obtenue par « le fer et le sang » (discours de Bismarck en 1862). Dans l'œuvre de William Orpen, l'omniprésence des miroirs ne sert qu'à réduire la présence des humains ; ils ne reflètent rien ou presque rien (3 personnages apparaissant en reflet, notamment le ministre allemand des Affaires étrangères penché vers celui qui signe) ; la salle est vide en face des signataires. Les peuples, véritables acteurs, victimes de la guerre et artisans de sa fin, ne sont pas conviés à la conclusion diplomatique.
Versailles : un laboratoire culturel et touristique
Versailles devient un patrimoine national financé de deux manières originales. C'est aujourd'hui un lieu culturel et touristique.
L'état du château de Versailles nécessite des campagnes de restauration en 1925-1932 puis en 1952-1957. En 1962, le décret Debré organise le retour à Versailles de tous les objets du château conservés dans des collections publiques nationales et permet le retour de la grandeur d'antan. Internationalement, le château de Versailles est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco en 1979. En 2003, le programme du « Grand Versailles » est lancé. Toutefois, la préservation nécessite des moyens financiers à la hauteur.
Deux types de financement originaux ont été mis en place :
- la souscription auprès de la population ;
- le recours au mécénat privé.
En 1951, la médiatisation de l'urgence de la préservation par le secrétaire d'État aux Beaux-Arts, qui compare cette participation financière à un geste patriotique équivalent à un paquet de Gauloises (marque de cigarettes très consommées à l'époque), remporte un énorme succès. Une seconde souscription a été organisée à l'échelle internationale, après la tempête de 1999 qui ravagea une partie des jardins.
Le recours au mécénat privé est plus récent. Certaines entreprises privées de construction, comme Vinci, et surtout de luxe, ont tout intérêt à participer à la préservation du patrimoine, une manière de valoriser leur action par le biais de la publicité indirecte qui y sera effectuée.
Les entreprises de luxe, entre 2012 et 2018, représentent presque 20 % du mécénat du château de Versailles.
Ce mécénat a une double dimension : il représente des moyens financiers mais aussi, dans certains cas, une expertise par du personnel qualifié qui existe au sein des entreprises mécènes. Certaines entreprises de luxe utilisent également le cadre de Versailles, le château comme les jardins, pour leurs campagnes de publicité, profitant de l'imaginaire du luxe et de l'élitisme issu de Versailles pour conforter leur image de marque.
- Restauration de la galerie des glaces par Vinci en 2007 ;
- rénovation du Hameau de la Reine en 2013 : aide de 5,5 millions d'euros de Dior ;
- publicité de Dior en 2011 pour le parfum « J'adore » avec l'actrice Charlize Theron dans la galerie des Glaces, mise en scène par le cinéaste Jean-Jacques Annaud et sur la chanson « Heavy cross » de Beth Ditto et son groupe Gossip.
Cette préservation et cette valorisation ont permis de transformer Versailles en un des lieux touristiques majeurs de l'Île-de-France.
Versailles est le 4e site touristique le plus visité de France avec 8,2 millions de personnes en 2019.
Versailles est également devenu un espace d'exposition d'artistes contemporains comme le controversé Jeff Koons en 2008, ses œuvres néo-pop art étant considérées par certains comme peu compatibles avec le classicisme versaillais.
Conflit de patrimoine : les frises du Parthénon depuis le XIXe siècle
La frise des Panathénées qui se trouvait sur le Parthénon à Athènes, en Grèce, a été pillé au XIXe siècle et se trouve actuellement au Royaume-Uni, ce qui provoque un conflit entre les deux pays autour de la question du patrimoine.
Le contexte
Les frises du Parthénon se trouvaient initialement sur le monument le Parthénon, lui-même situé sur l'Acropole. Elle représente la fête des Panathénées. Elles ont été faites au cours d'une période historique importante qui correspond à l'âge d'or de la puissance d'Athènes.
L'Acropole est le centre religieux d'Athènes. Détruits par les Perses en 480 av. J.-C., les temples sont reconstruits au cours du Ve siècle av. J.-C. pendant le gouvernement de Périclès qui a confié les travaux à un artiste renommé, Phidias. En 449 av. J.-C., Périclès fait voter par l'Ecclésia un projet grandiose : la construction sur l'Acropole d'une véritable ville de marbre à la gloire des dieux et en particulier à la déesse protectrice de la cité, Athéna. Les travaux durent plus de 20 ans. Lorsqu'ils montent à l'Acropole, les Athéniens longent d'abord le petit temple d'Athéna Nikè (« victoire ») et passent sous les propylées. Arrivés sur le plateau, haut de 156 mètres, plusieurs temples se dressent dont le plus grand, le Parthénon.
Le Parthénon, abritant la statue d'Athéna Parthénos (« vierge »), est un temple de 69,5 mètres sur 31 mètres, et également un lieu de conservation du trésor de la cité et de la ligue de Délos dont Athènes est la composante la plus puissante. C'est un bâtiment à fonction religieuse et politique. Il a été construit entre 447 et 432 av. J.-C. en marbre blanc. Une frise, réalisée par Phidias entre 447 et 432 av. J.-C., décore la partie supérieure. Cette frise, la frise des Panathénées, décrit le déroulement des fêtes du même nom. Elle compte 378 personnages, 245 animaux, et mesure 160 mètres de long sur 1 mètre de large.
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Les Panathénées représentées sur la frise sont la principale fête civique d'Athènes en l'honneur de sa déesse protectrice. Tous les ans ont lieu les Petites Panathénées et, tous les 4 ans, les Grandes Panathénées, auxquelles tous les habitants d'Athènes, même les femmes, les esclaves et les étrangers, participent. Elles sont marquées, après les sacrifices rituels, par des concours de poésie, de musique, et des concours sportifs. Elles sont closes par une grande procession qui regroupe tous les Athéniens et des sacrifices en l'honneur d'Athéna.
Cette frise date d'une période historique : l'âge d'or de la puissance d'Athènes au Ve siècle avant JC et, de manière générale, la culture de la Grèce antique qui a été le modèle culturel des Romains et de l'Europe, et un élément capital de l'identité grecque.
Les différentes composantes sont liées puisque le lieu est finalement le symbole et la synthèse d'une période historique. La frise a donc une valeur artistique et identitaire pour les Grecs, mais aussi les Européens.
Un patrimoine culturel devenu un enjeu géopolitique
La frise des Panathénées est devenu un enjeu géopolitique. Cela commence par un pillage au XIXe siècle alors que la Grèce n'est pas indépendante. Le conflit se poursuit aujourd'hui, le pays exigeant que le Royaume-Uni lui restitue son patrimoine. Ce conflit est révélateur de conceptions différentes de la propriété du patrimoine. La Grèce estime que l'Empire ottoman n'avait aucune légitimité à disposer du patrimoine grec et que le Royaume-Uni n'a aucune légitimité à le conserver.
Au début du XIXe siècle, la Grèce n'est pas indépendante et est sous la domination de l'Empire ottoman. En 1801, l'ambassadeur du Royaume-Uni, Lord Elgin, obtient le droit de l'Empire ottoman de démonter les marbres du Parthénon correspondant aux éléments de la frise, du fronton et des plaques sculptées, soit 60 % de la frise.
Déjà à l'époque, le « transfert » de Lord Elgin fut considéré par certains comme un vol : Lord Byron (1788-1824), poète célèbre, représentant du romantisme anglais et surtout fervent défenseur de l'indépendance grecque, écrit un texte très critique envers Lord Elgin - La Malédiction de Minerve (1811) - après un séjour à Athènes. Il imagine un dialogue dans lequel la déesse Athéna s'adresse à lui par ces termes : « Regarde ce temple vide et profané : compte les débris qui lui restent encore ; […] ».
En 1816, Elgin est endetté par le transfert des éléments du Parthénon et par un divorce coûteux. Il vend le tout au gouvernement britannique qui les cède à perpétuité au British Museum. Cela signe la perte d'une partie du patrimoine pour les Grecs. En 1830, la Grèce se révolte contre l'Empire ottoman et devient un État indépendant. Une première demande de restitution par des négociations entre 1834 et 1842 se solde par un échec.
À la fin du XXe siècle, l'affaire se poursuit par un triple processus :
Ce conflit révèle deux conceptions différentes de la propriété du patrimoine :
- La conception du Royaume-Uni, une conception qui donne une identité universelle au patrimoine tout en justifiant de ne pas rendre les œuvres.
- La conception de la Grèce, une conception qui associe le patrimoine à l'identité culturelle et nationale et qui donne donc une définition territoriale.
Arguments du Royaume-Uni | Arguments de la Grèce |
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