01 76 38 08 47
Logo Kartable
AccueilParcourirRechercheSe connecter

Pour profiter de 10 contenus offerts.

Logo Kartable
AccueilParcourirRechercheSe connecter

Pour profiter de 10 contenus offerts.

  1. Accueil
  2. Terminale
  3. Géopolitique
  4. Fiche bac : Histoire et mémoires

Histoire et mémoires Fiche bac

Sommaire

IHistoire et mémoire, histoire et justiceALa différence entre histoire et mémoireBLes notions de crime contre l'humanité et de génocide, et le contexte de leur élaborationIIHistoire et mémoires des conflitsAUn débat historique et ses implications politiques : les causes de la Première Guerre mondialeBMémoires et histoire d'un conflit : la guerre d'AlgérieIIIHistoire, mémoire et justiceALa justice à l'échelle locale : les tribunaux gacaca face au génocide des TutsiBLa construction d'une justice pénale internationale face aux crimes de masse : le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY)IVL'histoire et les mémoires du génocide des Juifs et des TsiganesALieux de mémoire du génocide des Juifs et des TsiganesBJuger les crimes nazis après NurembergCLe génocide dans la littérature et le cinéma

Ce contenu a été rédigé par l'équipe éditoriale de Kartable.

Dernière modification : 28/08/2025 - Conforme au programme 2025-2026

I

Histoire et mémoire, histoire et justice

A

La différence entre histoire et mémoire

Histoire

L'histoire désigne à la fois les événements passés et leur étude par les historiens. Ces derniers, en analysant des sources variées, cherchent à reconstituer le passé de manière scientifique, objective et critique, bien que la vérité historique ne soit jamais absolue.

Mémoire

La mémoire est subjective et affective. Elle varie d'un groupe et d'un individu à l'autre et peut être influencée par des émotions ou des manipulations. Contrairement à l'histoire qui peut s'apparenter à la quête d'une vérité rationnelle, la mémoire est souvent plurielle et sujette à des conflits (par exemple, le génocide arménien, non reconnu par la Turquie).

B

Les notions de crime contre l'humanité et de génocide, et le contexte de leur élaboration

Les atrocités du XXe siècle comme les crimes contre l'humanité et les génocides perpétrés contre les Arméniens (1915-1916), les Juifs et les Tsiganes (1941-1945), ou encore les Tutsi (1994), ont provoqué une évolution du droit international. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les deux notions de crime contre l'humanité et de génocide sont définies par les juristes, le génocide étant plus tardivement reconnu sur le plan juridique, en 1948.

Crime contre l'humanité

Le crime contre l'humanité est un acte inhumain visant une population pour des raisons politiques, raciales ou religieuses.

Génocide

Le génocide est l'extermination planifiée d'un peuple.

Ces crimes sont imprescriptibles et ont conduit à une reconnaissance juridique des Droits de l'homme à l'échelle internationale. Pour l'histoire comme pour la mémoire, la définition de ces deux termes est très importante.

La notion de génocide est parfois utilisée dans une concurrence mémorielle pour qualifier des crimes odieux, pour accroître la gravité des faits subis par un groupe humain par rapport à un autre (certains dirigeants algériens ont par exemple pu parler de « génocide colonial » pour qualifier les exactions commises par la France pendant la guerre d'Algérie). Mais cette concurrence mémorielle ne peut conduire qu'à affaiblir et banaliser la notion de génocide : les historiens s'efforcent donc d'éviter son emploi injustifié.

II

Histoire et mémoires des conflits

A

Un débat historique et ses implications politiques : les causes de la Première Guerre mondiale

1914 - 1918

Première Guerre mondiale

L'Europe est divisée en deux systèmes d'alliances : la Triple-Entente (France, Russie, Royaume-Uni) et la Triple-Alliance (Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie). L'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand le 28 juin 1914 à Sarajevo déclenche une escalade de tensions. En quelques semaines, la guerre éclate, en impliquant tous les acteurs des deux alliances, à l'exception de l'Italie, qui n'entre dans le conflit qu'en 1915 aux côtés de l'Entente.

Le conflit, initialement prévu comme rapide, dure plus de quatre ans et son bilan humain et matériel est désastreux : 10 millions de morts pour les militaires, près de 20 millions si l'on y ajoute les populations civiles (famines, épidémies), pays endettés, destructions massives.

Le traité de Versailles (1919) impose des conditions humiliantes à l'Allemagne et la désigne comme responsable d'une guerre qualifiée de « totale », déclenchant des controverses sur ses causes dès 1919. Le débat historique sur les responsabilités divise les historiens d'après-guerre :

  • Pour les Allemands, l'Allemagne se défendait contre une menace d'encerclement. La responsabilité incombe à la Russie et à la France.
  • Pour les historiens français, l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie portent la responsabilité principale, mais les Alliés auraient pu faire davantage pour éviter le conflit.

Après la Seconde Guerre mondiale, Fritz Fischer (1961) relance le débat en affirmant que l'Allemagne impériale avait des visées expansionnistes, reliant la Première Guerre mondiale à la montée du nazisme et appuyé par l'opinion publique allemande de l'époque.

Depuis les années 1980-1990, le débat est moins polémique. Les historiens s'intéressent davantage aux violences de guerre et à la brutalisation des sociétés (concept développé par l'historien américain d'origine allemande, George Mosse).

Il reste donc difficile de déterminer précisément les causes d'un événement historique majeur, d'autant que, selon l'analyse des historiens, le récit peut aboutir à des conclusions très différentes.

B

Mémoires et histoire d'un conflit : la guerre d'Algérie

1954 - 1962

Guerre d'Algérie

La guerre d'Algérie oppose le Front de Libération nationale (FLN) à l'armée française. Elle se termine par les accords d'Évian (1962) et l'indépendance algérienne. Le conflit est marqué par des violences massives : attentats du FLN ciblant les populations civiles, torture par l'armée française, répression sanglante des manifestations en métropole. Le bilan humain est lourd : entre 300 000 et 400 000 Algériens tués, 25 000 soldats français morts, et exil de près d'un million de pieds-noirs (Français, mais aussi Espagnols et Italiens qui vivaient en Algérie, parfois depuis plusieurs générations) et 40 000 harkis (Algériens ayant combattu du côté français).

Les mémoires sur le conflit s'opposent :

  • En France, la guerre est longtemps niée : on parle des « événements d'Algérie ». C'est la période d'amnésie. La reconnaissance officielle arrive tardivement (1999). Des débats politiques et mémoriels persistent, notamment autour de la torture et du rôle des harkis.
  • En Algérie, la guerre est mythifiée par le FLN, qui monopolise le récit historique (hypermnésie à visée politique : construction d'un récit national). À partir des années 1980, certains historiens algériens, comme Mohammed Harbi, contestent la version officielle.

Depuis les années 2000, la France reconnaît progressivement ses responsabilités (discours de Hollande en 2012 et de Macron en 2021), mais les tensions subsistent. En Algérie, le FLN maintient une mémoire officielle figée. L'historien Benjamin Stora parle d'une « guerre des mémoires », soulignant la difficulté d'une réconciliation historique entre les deux pays. Son rapport remis au président de la République en 2021 propose plusieurs recommandations pour une réconciliation mémorielle qui demeure toujours au point mort. Les relations diplomatiques entre les deux pays, déjà compliquées, se sont détériorées une nouvelle fois en 2024-2025 : nouvelle péripétie dans une « guerre des mémoires » toujours actuelle.

III

Histoire, mémoire et justice

A

La justice à l'échelle locale : les tribunaux gacaca face au génocide des Tutsi

1994

Massacre des Tutsi

Au Rwanda, les tensions ethniques sont attisées par l'histoire coloniale belge, les discriminations politiques et la guerre civile entre l'armée gouvernementale (à majorité hutu) et le Front patriotique rwandais de Paul Kagamé (organisation tutsi) entre 1990 et 1993.

Le génocide des Tutsi est perpétré par une majorité hutu (85 %) contre la minorité tutsi (14 %). Le déclenchement des massacres de masse s'effectue le 7 avril 1994, au lendemain de l'assassinat du président Habyarimana et de la prise du pouvoir par les extrémistes hutu. Environ 800 000 et peut-être 1 million de Tutsi sont exterminés en 100 jours. Les violences sont extrêmes : meurtres systématiques avec des armes blanches, viols massifs (survivantes souvent contaminées par le VIH), massacres d'enfants. La participation de l'essentiel des cadres de l'État, des administrations locales et d'une large majorité de la population hutu justifie le terme de « génocide de proximité », où les tueurs connaissaient leurs victimes.

Face à l'ampleur du crime (800 000 auteurs présumés), le Rwanda, après la victoire finale du FPR, met en place deux niveaux de justice :

  • Au niveau local, les tribunaux gacaca (prononcer gatchatcha, 2001-2012), appuyés par des juges bénévoles, sont des « tribunaux sur l'herbe » rassemblés à l'extérieur. Inscrits dans la loi, ils constituent l'une des trois réponses judiciaires au génocide des Tutsi. Au final, en seulement 10 ans, 12 000 tribunaux gacaca ont examiné près de 2 millions de dossiers et condamné 65 % des auteurs. Ils ont permis un véritable travail d'enquête et de compréhension du processus génocidaire sur le terrain.
  • Au niveau international, le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR, 1994-2015) juge surtout les dirigeants et cadres du génocide.
B

La construction d'une justice pénale internationale face aux crimes de masse : le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY)

À la mort de Tito en 1980, la Yougoslavie est un État composé de 6 républiques (Croatie, Serbie, Slovénie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Macédoine) et de 2 provinces autonomes (Kosovo et Voïvodine). Slobodan Milosevic, président de la Serbie, prend progressivement le contrôle du pays à partir de 1987. Le renforcement du pouvoir serbe et la suppression de l'autonomie du Kosovo et de la Voïvodine en 1989 provoquent une montée des nationalismes, en particulier du nationalisme grand-serbe (qui milite pour une grande Serbie), et exacerbent les tensions avec les autres républiques. Celles-ci déclarent leur indépendance en 1991, entraînant l'éclatement de la Yougoslavie et la guerre civile : l'armée fédérale, à dominante serbe, voulant maintenir les républiques nouvellement indépendantes dans la fédération yougoslave. Jusqu'en 1995, la guerre est marquée par des crimes de masse et une épuration ethnique en Bosnie : le siège de Sarajevo (10 000 morts) et le massacre de Srebrenica (8 372 victimes musulmanes) sont perpétrés par les forces serbes, notamment les milices serbes de Bosnie commandées par Ratko Mladic, surnommé « le boucher des Balkans » par les médias. Le conflit totalise plus de 100 000 morts.

Créé par l'ONU en 1993 pour juger les crimes de guerre, le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY, 1993-2017) établit en tout 161 inculpations et 90 condamnations. Le TPIY précise la qualification juridique de « génocide » et applique au crime de guerre et au crime contre l'humanité la notion d'« entreprise criminelle commune ». Il condamne certains hauts dirigeants : Slobodan Milosevic (accusé de crime de guerre, de crime contre l'humanité et de génocide, meurt en détention), Radovan Karadzic (président serbe de Bosnie, prison à perpétuité), Ratko Mladic (condamné pour génocide et crimes contre l'humanité, prison à perpétuité).

Le TPIY rencontre de nombreuses difficultés pour rendre la justice : arrestation difficile des criminels de guerre (Mladic n'est arrêté qu'en 2011), lenteur des procès, échec de la réconciliation (la guerre reprend en 1999 entre la Serbie et le Kosovo). Les condamnés sont encore considérés comme des héros nationaux dans leur pays, tandis qu'un révisionnisme latent glorifie les criminels condamnés.

Le TPIY ouvre la voie à une justice internationale permanente avec la Cour pénale internationale (CPI).

IV

L'histoire et les mémoires du génocide des Juifs et des Tsiganes

A

Lieux de mémoire du génocide des Juifs et des Tsiganes

Après la guerre, l'Europe se reconstruit et valorise la mémoire des vainqueurs et des résistants. Le génocide est longtemps ignoré : c'est la période d'amnésie. les populations méconnaissent les mécanismes de la « solution finale » qui a conduit à l'extermination systématique des Juifs. Les déportés sont d'abord traités de la même façon, tandis que le sort des Tsiganes est ignoré. L'Allemagne de l'Ouest ne reconnaît son rôle dans le génocide des Tsiganes qu'en 1982 et l'UE en 2011.

Dès les années 1940-1950, certains symboles de la barbarie nazie sont transformés en lieux de mémoire. Ce premier mouvement mémoriel est essentiellement à l'initiative privée.

  • Le camp d'Auschwitz-Birkenau a échappé à la destruction. Il est transformé en musée dès 1947. Il focalise la mémoire du génocide. Les survivants d'Auschwitz, à la fois camp de concentration et centre de mise à mort, portent la mémoire de ce lieu symbolique.
  • Des plaques commémoratives sont posées partout en Allemagne et dans le reste de l'Europe.
  • En 1953, le Parlement israélien, la Knesset, vote la loi du mémorial, qui décide la construction du mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem.

Ce n'est qu'à partir des années 1970 que les pouvoirs publics s'en emparent et que l'intérêt des populations grandit, contribuant à une meilleure connaissance du génocide : c'est la période d'anamnèse, de prise de conscience mémorielle.

Il faut attendre les années 2010 pour voir naître les premiers monuments et musées commémorant les crimes contre les Tsiganes (Mémorial de Berlin en 2012).

Les lieux de mémoire de ce génocide sont d'autant plus importants que leurs auteurs ont essayé par tous les moyens d'en effacer les traces. Certains centres de mise à mort ont ainsi été entièrement démolis par les nazis (Sobibor, Belzec, Treblinka) et la plupart des charniers des exécutions des Einsatzgruppen (groupes d'intervention chargés d'assassiner les Juifs dans les régions conquises) ont été déterrés puis incendiés pour faire disparaître les corps.

B

Juger les crimes nazis après Nuremberg

Après le procès de Nuremberg en 1945-1946, qui juge les 24 principaux responsables du IIIe Reich encore en vie, d'autres procès ont lieu en Allemagne dans le but de punir les criminels nazis. 5 000 personnes sont jugées, 794 sont condamnées à mort et 486 sont exécutées. La guerre froide complique le travail judiciaire, certains nazis étant recrutés par les Etats-Unis (tel Werner von Braun) ou l'Union soviétique. Ces procès participent à la reconstruction politique et morale de la société allemande. Ils font resurgir, notamment auprès des jeunes générations nées après 1945, la question de la culpabilité.

Dans le reste du monde, d'autres procès ont lieu et permettent une meilleure compréhension du génocide. Le procès d'Eichmann en 1961 en Israël est un tournant historique majeur : un haut responsable nazi, enlevé en Argentine par le Mossad, est jugé et condamné à mort par l'État juif. En France, d'autres procès majeurs ont lieu : la jurisprudence de Nuremberg est appliquée. On y retrouve la qualification des crimes et l'imprescriptibilité des crimes contre l'humanité. Klaus Barbie (1987), René Bousquet (1991) ou Paul Touvier (1994) sont ainsi condamnés.

C

Le génocide dans la littérature et le cinéma

Dès 1945, les survivants témoignent de ce qu'ils ont vécu dans diverses œuvres. Mais parmi les œuvres racontant les persécutions et le génocide, seul Le Journal d'Anne Frank, paru en 1947 aux Pays-Bas, rencontre un réel succès à l'époque. La littérature ne cesse de s'intéresser au génocide jusqu'à aujourd'hui, avec des supports variés comme la bande dessinée Maus d'Art Spiegelman, qui aborde la question de la transmission de la mémoire.

Les documentaires (Nuit et Brouillard d'Alain Resnais en 1956, Shoah de Claude Lanzmann en 1985) et le cinéma s'emparent également du génocide. Des films comme La Liste de Schindler (Spielberg 1993), La vie est belle (1997) ou Le Pianiste (2002), contribuent à sensibiliser le grand public, à populariser la question du génocide, tout en rendant hommage à ses victimes.

La charte éditoriale garantit la conformité des contenus aux programmes officiels de l'Éducation nationale. en savoir plus

Les cours et exercices sont rédigés par l'équipe éditoriale de Kartable, composéee de professeurs certififés et agrégés. en savoir plus

Nos conseillers pédagogiques sont à votre écoute 7j/7

Nos experts chevronnés sont joignables par téléphone et par e-mail pour répondre à toutes vos questions.
Pour comprendre nos services, trouver le bon accompagnement ou simplement souscrire à une offre, n'hésitez pas à les solliciter.

support@kartable.fr
01 76 38 08 47

Téléchargez l'application

Logo application Kartable
KartableWeb, iOS, AndroidÉducation

4,5 / 5  sur  20256  avis

0.00
app androidapp ios
  • Contact
  • Aide
  • Livres
  • Mentions légales
  • Recrutement

© Kartable 2025