Sommaire
ILa notion d'environnementAUne construction historique, sociale et politiqueBUn regard sur l'histoire de l'environnementIIExploiter, préserver et protégerAExploiter et protéger une ressource « naturelle » : la forêt française depuis ColbertBLe rôle des individus et des sociétés dans l'évolution des milieuxIIILe changement climatique : approches historiques et géopolitiquesALes fluctuations climatiques et leurs effetsBLe climat, enjeu des relations internationalesIVLes États-Unis et la question environnementaleAEntre protection de la nature, exploitation des ressources et transformation des milieux depuis le XIXe siècleBLes États-Unis et l'environnement à l'échelle internationale Ce contenu a été rédigé par l'équipe éditoriale de Kartable.
Dernière modification : 28/08/2025 - Conforme au programme 2025-2026
La notion d'environnement
Une construction historique, sociale et politique
Les travaux de Darwin ont jeté les bases scientifiques de l'évolution en montrant l'impact de l'environnement sur les espèces, remettant en cause la vision chrétienne des créations immuables.
Des penseurs américains comme Thoreau et Muir ont ensuite souligné la dimension esthétique et spirituelle de la nature. Des géographes comme Paul Vidal de La Blache ont insisté sur la dualité du terme, qui désigne ce qui entoure et ce qui influence. Face aux dégâts causés par l'industrialisation, des mouvements écologistes (WWF, Greenpeace) et des initiatives nationales ou internationales ont émergé pour encadrer et protéger l'environnement.
Aujourd'hui, l'environnement est un objet politique (premier ministère de l'Environnement en 1971, Charte de l'environnement en 2004, Grenelle de l'environnement en 2007, etc.). Des partis politiques écologistes sont apparus, essentiellement en Europe. L'ONU s'est également emparée du sujet depuis le Sommet de la Terre de Rio en 1992.
Un regard sur l'histoire de l'environnement
Dès le XIXe siècle, des travaux d'historiens et de géographes étudient l'environnement comme une interaction entre l'homme et la nature.
- Le concept d'« anthropocène », popularisé par Paul Josef Crutzen en 1995, considère la révolution industrielle des XVIIIe et XIXe siècles comme point de départ des changements irréversibles, même si cette notion fait encore débat aujourd'hui.
- Au début du XXIe siècle, les analyses de Jared Diamond, parfois contestées, montrent comment ces perturbations, combinées à d'autres facteurs, peuvent conduire à l'effondrement des sociétés.
Exploiter, préserver et protéger
Exploiter et protéger une ressource « naturelle » : la forêt française depuis Colbert
Dès le XVIIe siècle, face à la diminution des surfaces forestières, Colbert, ministre de Louis XIV, met en place une politique étatique de protection des forêts françaises. Il signe l'Ordonnance de 1669 sur les Eaux et Forêts pour protéger et réguler l'exploitation du bois, stratégiquement indispensable pour la construction navale et permettre l'essor économique et militaire de la France.
Au XIXe siècle, la prise de conscience de l'épuisement des ressources conduit à l'élaboration du Code forestier (1827), qui restreint les droits d'usage des paysans sur les forêts, et à des politiques de reboisement qui transforment le paysage français. La superficie forestière ne cesse alors de progresser et dépasse 31% du territoire en 2021.
L'enjeu est aujourd'hui d'exploiter et de protéger. La forêt française se révèle ainsi comme une ressource multifonctionnelle et durable (économique, récréative, écologique), au cœur de débats toujours actuels sur sa gestion et sa préservation. Depuis sa création en 1965, l'Office National des forêts (ONF) gère les forêts publiques, réparties entre forêts domaniales et communales, en France, soit 25,5 millions d'ha (dont 8,2 M en outre-mer, essentiellement en Guyane française).
Le rôle des individus et des sociétés dans l'évolution des milieux
La relation entre l'homme et son environnement a connu deux grands tournants : la révolution néolithique et les révolutions industrielles.
La révolution « néolithique », marquée par le passage de chasseurs-cueilleurs à agriculteurs sédentaires, transforme durablement le paysage par la domestication des plantes et des animaux ainsi que par le début de la déforestation.
Des millénaires plus tard, les révolutions industrielles, d'abord avec l'essor de la machine à vapeur puis avec l'avènement de l'électricité et du pétrole, accélèrent l'exploitation des ressources naturelles. Ces transformations industrielles entraînent des pollutions massives et une dégradation parfois irréversible des milieux. Elles montrent comment l'activité humaine, de manière progressive puis exponentielle, a radicalement modifié la nature, posant les jalons de ce que certains appellent aujourd'hui l'Anthropocène.
Le changement climatique : approches historiques et géopolitiques
Les fluctuations climatiques et leurs effets
Du Moyen Âge au XIXe siècle, les fluctuations climatiques reposent quasi exclusivement sur des facteurs d'origine naturelle.
Le climat a connu d'importantes variations sur de longues périodes :
- Dès -8000, la Terre était plus chaude, transformant des régions comme le Sahara en savanes.
- Entre le IXe siècle et le début du XIVe siècle, des étés chauds et des hivers doux ont favorisé l'expansion agricole et urbaine. Les Vikings se sont ainsi installés dans le sud du Groënland avant d'en être chassés au XVe siècle.
- Du XIVe siècle au milieu du XIXe siècle, un petit âge glaciaire s'est installé avec des hivers rigoureux et des étés humides.
Ces fluctuations ont eu des conséquences majeures en Europe : mauvaises récoltes, famines et pertes humaines importantes. Les historiens comme E. Le Roy Ladurie ont pu observer leurs impacts économiques, sociaux et politiques considérables.
Le climat, enjeu des relations internationales
Le réchauffement climatique actuel a une origine anthropique démontrée scientifiquement. La question du climat s'est progressivement imposée au niveau mondial. Les sociétés ont pris conscience du dérèglement climatique et de la nécessité d'actions communes et concertées pour agir.
Depuis la fin du XXe siècle, la coopération internationale s'est renforcée avec la création du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) en 1988 et l'organisation de sommets internationaux (Sommet de la Terre de Rio en 1992, protocole de Kyoto en 1997, COP 21 de Paris en 2015). Ces conférences visent à instaurer des normes juridiques et à réduire les émissions de gaz à effet de serre, malgré les obstacles posés par les intérêts économiques divergents et les rapports de force entre grandes puissances. Ainsi, le climat est devenu un véritable enjeu de gouvernance mondiale, révélant la difficulté d'une coopération efficace face à la pression d'intérêts nationaux et capitalistes souvent contradictoires.
Certaines puissances comme la Chine utilisent le changement climatique pour impulser une dynamique « géoéconomique ». Le pays s'impose comme un leader mondial sur les nouveaux marchés de la transition énergétique et écologique (énergie solaire, voitures électriques, etc.).
En 2025, les émissions de gaz à effet de serre cumulées de la Chine ont cependant dépassé les émissions historiques cumulées de l'Union européenne. La Chine est de loin le premier émetteur mondial (30% du total mondial), devant les Etats-Unis (11%) puis l'Inde.
Les États-Unis et la question environnementale
Entre protection de la nature, exploitation des ressources et transformation des milieux depuis le XIXe siècle
La conquête de l'Ouest américain a d'abord été marquée par une exploitation massive d'un territoire perçu comme une « nature sauvage » (wilderness). Dès les XVIIe et XVIIIe siècles, l'Amérique est envisagée comme une source inépuisable de richesses naturelles – bois, minerais, terres agricoles – favorisée par des mesures comme le Homestead Act de 1862, qui offrait 65 hectares à tout citoyen s'engageant à y vivre et à les cultiver durant au moins 5 ans. Ce développement, soutenu par l'expansion rapide du réseau ferroviaire, a permis la colonisation de vastes espaces et entraîné une transformation radicale des milieux naturels.
Face à une dégradation environnementale notable constatée dès les années 1870-1880, une prise de conscience émerge, donnant lieu aux premières politiques de protection. L'instauration des premiers parcs nationaux (Yellowstone en 1872, Yosemite en 1890) et l'action déterminante de figures telles que Theodore Roosevelt témoignent d'un double enjeu : exploiter les ressources pour soutenir l'expansion économique tout en protégeant les espaces naturels jugés essentiels à l'identité et à la qualité de vie.
Aux États-Unis, le fonctionnement fédéral permet un traitement original de la question environnementale : l'État fédéral établit les normes minimales à travers des lois nationales et gère des agences comme l'EPA (Environmental Protection Agency), tandis que les États fédérés peuvent adapter ou renforcer ces normes en fonction de leurs spécificités locales.
La première présidence de Donald Trump (2017-2021), qui marque un tournant vers la dérégulation environnementale, a provoqué de fortes tensions avec certains États comme la Californie, pionnière en matière de transition énergétique et de régulation des émissions.
Les États-Unis et l'environnement à l'échelle internationale
Sur la scène mondiale, les États-Unis se positionnent comme pionniers de la protection de la nature, ayant initié dès le XIXe siècle la création de parcs nationaux et développé une culture idéalisée de la « wilderness ».
Cependant, le pays affiche aujourd'hui un paradoxe : malgré un héritage de préservation, il est souvent considéré comme l'un des « mauvais élèves » de la gouvernance environnementale mondiale. Les politiques environnementales, longtemps façonnées par des engagements fédéraux forts – avec la création du National Park Service et de l'EPA – se sont fragilisées à partir des années 1980 en raison de pressions économiques et de l'influence des lobbies fossiles. Cette situation se traduit par des retraits significatifs sur la scène internationale, comme la non-ratification du protocole de Kyoto et le retrait temporaire de l'accord de Paris sous la première présidence de Trump, malgré un retour en arrière pendant l'administration Biden.
Avec la deuxième présidence de Trump, cette position de désengagement américain vis-à-vis des enjeux environnementaux mondiaux se consolide, notamment avec l'arrêt du financement de certaines ONG, le nouveau retrait des Accords de Paris de 2015 et la reprise de l'extraction du charbon. Pour autant, certaines firmes américaines comme Microsoft ou Google, si elles sont sous la pression de la société civile américaine, demeurent des acteurs incontournables sur la scène internationale (financement de la COP 27).
Ainsi, les États-Unis incarnent un cas complexe où l'opposition entre intérêts nationaux, impératifs économiques et responsabilité globale met en lumière les défis de la coopération internationale en matière de climat.
