Les débarquements, en Normandie le 6 juin 1944 et en Provence le 15 août 1944, permettent la libération progressive de la France qui se termine en 1945. Les armées alliées sont aidées des groupes de Résistance : FFL (Forces françaises libres) et FFI (Forces françaises de l'intérieur). La libération de la France s'accompagne de la disparition du régime de Vichy et des condamnations de Pétain et de Laval. Un Gouvernement provisoire de la République française, dirigé par le général de Gaulle, est chargé d'instaurer de nouvelles institutions qui permettent le rétablissement de la République et de la démocratie.
Comment la République et la démocratie, mises en danger pendant la Seconde Guerre mondiale, sont-elles rétablies au lendemain de la libération de la France ?
Le rétablissement de la république
Après les années du régime de Vichy et de l'occupation allemande, la France est libérée. Les travaux du CNR pendant la guerre puis du Gouvernement provisoire de la République française après la Libération contribuent à la suppression des lois imposées par Vichy et au rétablissement de la république.
Le rétablissement des principes républicains
Le rétablissement des principes républicains est anticipé dès 1944 avec la rédaction du programme du CNR. Après la Libération, le gouvernement provisoire se lance dans une série de réformes.
Le CNR réunit différents mouvements de la Résistance. Il est créé par Jean Moulin. Le programme du CNR a pour objectif de rétablir les libertés fondamentales.
Le programme du CNR (extraits)
1944
« Les représentants des mouvements, groupements, partis ou tendances politiques groupés au sein du CNR proclament qu'ils sont décidés à rester unis après la Libération : [...]
4) Afin d'assurer :
L'établissement de la démocratie la plus large en rendant la parole au peuple français par le rétablissement du suffrage universel ;
La pleine liberté de pensée, de conscience et d'expression ;
La liberté de la presse ; [...]
La liberté d'association, de réunion et de manifestation ; [...]
Le respect de la personne humaine ; [...] »
Le CNR publie son programme pour la restauration de la république le 15 mars 1944.
Depuis sa création en juin 1944, le GPRF siège à Alger. Dès la libération de Paris, il s'installe à Paris, le 31 août 1944. Il est composé d'hommes politiques de gauche et de démocrates-chrétiens. Le général de Gaulle en est le chef. Il fait d'abord annuler les décisions de Vichy, puis vote des lois qui rétablissent les libertés fondamentales, en reprenant pour l'essentiel les grandes lignes du projet du CNR.
Le GPRF annule la loi du 10 juillet 1940 imposée par Pétain et met fin à toute discrimination à l'encontre des citoyens de religion juive. Il rétablit la liberté de conscience, d'expression, d'association, de la presse.
Le GPRF met aussi en place des tribunaux pour juger ceux qui sont soupçonnés d'avoir collaboré avec l'Allemagne. Les fonctionnaires qui ont travaillé pour Vichy sont également démis de leurs fonctions. On appelle cette période l'épuration. Une épuration incontrôlée a également lieu, sans passer par la justice : 10 000 personnes en sont victimes.
De nombreuses femmes accusées d'avoir eu des relations avec les Allemands (« collaboration horizontale ») sont tondues.
© German federal archives via Wikimedia Commons
Le 15 août 1945, Pétain est condamné à la peine de mort. Finalement, sa peine est transformée en prison à perpétuité.
La naissance de la IVe République
Le rétablissement des principes républicains nécessite la rédaction d'une nouvelle constitution. Elle doit définir la répartition des pouvoirs au sein de la nouvelle République. Sa rédaction s'opère dans un contexte de division à propos des pouvoirs à accorder au président. Elle permet la mise en place d'une république parlementaire.
Le GPRF décide d'instaurer une nouvelle république, fondée sur une nouvelle constitution. Une Assemblée constituante, qui est une Assemblée nationale dont les membres sont chargés de rédiger une constitution, est élue pour cela en octobre 1945.
Constitution
Une constitution est un ensemble de lois qui définissent les droits fondamentaux des citoyens et fixent le fonctionnement du pouvoir politique.
Marquée par le pouvoir autoritaire du maréchal Pétain pendant le régime de Vichy, l'Assemblée constituante souhaite limiter les pouvoirs du président de la République. Elle s'oppose donc au général de Gaulle qui estime que la nouvelle république a besoin d'un président de la République fort pour reconstruire le pays.
En mai 1946, une première version de la Constitution est rejetée par les Français par référendum.
Une seconde version est approuvée lors d'un référendum et donne naissance à la IVe République en octobre 1946.
Référendum
Un référendum est une élection au cours de laquelle les citoyens votent « oui » ou « non » à une question qui leur est posée.
Le général de Gaulle décide alors de se retirer de la vie politique du pays.
La IVe République est une république dans laquelle le Parlement (le pouvoir législatif) a beaucoup de pouvoir. Trois partis dominent à l'Assemblée nationale :
- le PCF (Parti communiste français) ;
- la SFIO (parti socialiste) ;
- le MRP (Mouvement républicain populaire).
L'Assemblée nationale est élue au suffrage universel direct. Elle vote les lois, contrôle et peut renverser le gouvernement, et élit le président de la République.
Suffrage universel direct
Le suffrage universel direct est une élection au cours de laquelle les citoyens choisissent directement leurs représentants.
Le renforcement de la démocratie
La fin du régime de Vichy permet de rétablir et de renforcer les droits politiques, économiques et sociaux des citoyens, et ainsi de restaurer et d'améliorer la démocratie. Le gouvernement a pour objectif de reconstruire et de relancer le pays. Les citoyens bénéficient d'une meilleure protection et de nouveaux droits. Le renforcement de la démocratie repose en particulier sur l'amélioration des droits des femmes.
Un pays à reconstruire : relancer l'économie
La France a subi les destructions de 1940, le pillage de l'occupant nazi et les bombardements. Le pays est à reconstruire et son économie est à relancer. Le gouvernement met en place un plan quinquennal et se lance dans la nationalisation d'un certain nombre d'entreprises.
La France a subi d'énormes dommages pendant l'occupation allemande mais aussi pendant la progression des Alliés en France. De nombreuses villes sont détruites.
© US government library via Wikimedia Commons
Au lendemain de la guerre, l'économie fonctionne au ralenti :
- Les infrastructures de transport (ponts, routes, chemins de fer, ports) ont été endommagées.
- La production industrielle est désorganisée et les bombardements ont causé la destruction d'usines.
- De nombreuses villes ont été bombardées et certaines sont complètement détruites.
- La désorganisation de l'économie continue d'affecter les populations et la nourriture est rationnée plusieurs années après la guerre.
Pour reconstruire le pays, le GPRF donne la priorité aux transports, à l'énergie et aux banques. L'État prend le contrôle de certains secteurs de l'économie par des nationalisations : il transforme des entreprises privées en entreprises publiques.
Nationalisation
La nationalisation d'une entreprise est l'acquisition de cette entreprise par l'État : celui-ci en devient ainsi propriétaire.
L'État nationalise le constructeur automobile Renault comme d'autres entreprises accusées de collaboration avec l'occupant allemand.
Un plan quinquennal (en cinq ans) est instauré. Il est indicatif : il fixe les grandes orientations économiques à suivre, sans imposer d'objectifs chiffrés aux entreprises.
Une meilleure protection des citoyens
Le gouvernement fait passer des réformes qui permettent une meilleure protection des citoyens français. La Sécurité sociale est créée. La liberté syndicale est rétablie par le GPRF. Des droits passés en 1936 sont rappelés : la semaine de 40 heures, le droit au repos et aux loisirs.
Le GPRF crée la Sécurité sociale dès octobre 1945, pour aider les personnes malades et les retraités.
Les dirigeants de la IVe République votent ensuite des réformes qui améliorent les droits économiques et sociaux des citoyens en reprenant les lois sociales du Front populaire (1936) :
- le droit à l'instruction ;
- le droit au travail ;
- l'amélioration du droit aux loisirs et au repos ;
- la conservation de la semaine de 40 heures.
Cette politique de l'État-providence est notamment permise par l'aide financière des États-Unis, apportée dans le cadre du plan Marshall (1947).
État-providence
Un État-providence est un État qui intervient fortement dans les domaines économique et social, pour soutenir l'activité économique et financer l'amélioration des conditions de vie des citoyens.
Les progrès réalisés vont permettre une nette amélioration des conditions de vie à partir des années 1950.
L'avancée des droits pour les femmes
Le droit de vote est accordé aux femmes en 1944. La Constitution de 1946 garantit l'égalité de droits entre les femmes et les hommes.
Le GPRF accorde le droit de vote et l'éligibilité aux femmes en 1944. Les citoyennes utilisent ce droit pour la première fois lors des élections municipales de 1945 puis lors des élections législatives de la même année :
- Lors des élections municipales d'avril–mai 1945, 12 millions de femmes sont inscrites sur les listes électorales. Leur participation effective est massive. Le nombre de femmes élues conseillères municipales est alors évalué à 3 %.
- Lors des élections législatives de 1945, sur 586 députés, 33 femmes sont élues.
Par ailleurs, le préambule de la Constitution de 1946 affirme que « la loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l'homme ».