Conquêtes et sociétés coloniales Cours

Les motivations des puissances européennes sont multiples. Les colonies renforcent leur puissance économique et politique. Les puissances européennes justifient également leurs conquêtes coloniales par la volonté de résoudre les difficultés sociales qui touchent les habitants des pays colonisés.

Les motivations des Européens sont d'abord économiques. Les principales puissances coloniales sont les États qui profitent des deux révolutions industrielles. Les colonies fournissent des ressources naturelles et des matières premières pour les industries européennes. Elles constituent également des marchés pour vendre les produits européens.

Les motivations des Européens sont également politiques. Les conquêtes coloniales sont un moyen pour les pays européens de renforcer leur puissance vis-à-vis de leurs voisins et de prouver leur prestige et leur supériorité.

Les motivations des Européens sont aussi démographiques et sociales. La population européenne a fortement augmenté, des familles sont plongées dans la pauvreté. L'émigration vers les colonies apparaît comme la possibilité de commencer une nouvelle vie, plus confortable.

Enfin, la colonisation est justifiée par les Européens par un prétexte humaniste. Les Européens qui avancent cet argument considèrent la civilisation européenne supérieure à celle des peuples d'Asie ou d'Afrique. Il s'agirait pour les Européens d'apporter aux colonies le progrès et les Droits de l'homme. Cette motivation peut être qualifiée de raciste.

Les empires coloniaux sont constitués pour l'essentiel entre 1870 et 1914, dans un contexte d'importantes rivalités entre les pays européens.

Dans la première moitié du XIX^e siècle, les Européens possèdent déjà quelques territoires, pour l'essentiel le long des littoraux, pour multiplier les échanges commerciaux. Les deux premières puissances européennes sont alors la Grande-Bretagne et la France.

À partir de 1880, la conquête coloniale de l'Afrique et de l'Asie s'accélère dans un climat de rivalités entre les puissances européennes. La France multiplie ainsi les conquêtes coloniales :

• Au Maghreb, elle colonise la Tunisie en 1881 puis le Maroc en 1912.
• En Afrique subsaharienne, elle domine l'Afrique occidentale française en 1895 et l'Afrique équatoriale française en 1910.
• Elle colonise Madagascar en 1897.
• Elle colonise l'Indochine dans les années 1880-1890.

Pour limiter les tensions entre Européens, une conférence est organisée à Berlin en 1884-1885, à l'initiative du chancelier allemand Bismarck, pour organiser le partage de l'Afrique.

L'empire britannique est finalement le plus vaste ; il regroupe 400 millions d'habitants à la fin du XIX^e siècle, sur tous les continents, en Inde, en Afrique, en Amérique et en Océanie. L'empire français est le deuxième empire mondial. Il regroupe 50 millions d'habitants et peut être divisé en quatre ensembles avec le Maghreb, l'Afrique occidentale française, l'Afrique équatoriale française et l'Indochine.

Les territoires colonisés sont exploités par les pays européens. Les sociétés sont bouleversées par la colonisation. Il existe des colonies de peuplement et des colonies d'exploitation. Elles ont des statuts et des liens différents avec la métropole. Les populations locales subissent cette exploitation et vivent souvent dans des conditions difficiles.

Les Européens imposent deux modes de colonisation : les colonies de peuplement et les colonies d'exploitation.

Les Européens imposent d'abord leur domination économique aux colonies qui doivent fournir des minerais, des matières premières, des produits agricoles et des débouchés aux industries européennes.

Les Européens créent des infrastructures de transport, en particulier des voies ferrées et des ports, pour faciliter l'acheminement des ressources exploitées dans les colonies vers l'Europe. L'irrigation est développée, mais prioritairement pour les productions agricoles destinées au marché européen.

Les cultures de plantations (cacao, coton, sucre, café) sont privilégiées au détriment des cultures vivrières (destinées à l'alimentation des populations locales). Les artisans locaux sont souvent ruinés par la concurrence des produits industriels européens.

La domination européenne sur les colonies est également politique. Les colonies ont des statuts différents, fixés par la métropole européenne :

• Certaines colonies sont des protectorats : l'Inde britannique, la Tunisie et le Maroc conservent leur gouvernement et leurs institutions locales. Ils sont sous domination de leur métropole pour le commerce et les relations diplomatiques.
• De nombreuses colonies britanniques ont le statut de dominions : les colonies conservent une certaine autonomie pour la gestion de leur économie et de leur administration.
• L'Algérie a un statut particulier par rapport aux autres colonies. Elle est rattachée au ministère de l'Intérieur, elle a un statut de département français. Toutefois, le droit de vote n'est accordé qu'à une minorité d'Algériens. Tous les postes procurant du pouvoir sont occupés par des colons.

L'impérialisme européen s'exprime enfin par la mise en œuvre d'une soumission culturelle.

Les Européens diffusent leur langue, qui devient la langue officielle de l'école et de l'administration, et leur religion dans les colonies.

Des missions chrétiennes s'installent dans les colonies et y diffusent la Bible. Elles obligent les populations locales à se convertir.

L'enseignement est utilisé pour former de nouvelles élites. Les instituteurs présents dans les colonies doivent enseigner l'amour de la métropole, présentée comme bienveillante. On peut parler d'une forme de propagande.

L'exploitation économique impose aux peuples colonisés des conditions de vie difficiles. La réquisition, le travail forcé, l'accaparement des meilleures terres par les colons, le recul des cultures vivrières au profit des cultures exportées vers l'Europe et la soumission à l'autorité des colons bouleversent les sociétés locales.

Le Code de l'indigénat est imposé par la France à l'Algérie en 1875 puis à toutes ses colonies en 1887. Il s'agit d'un ensemble de règles qui donnent aux populations indigènes un statut inférieur à celui des citoyens européens : elles ne disposent pas de droits politiques, subissent des peines sévères en cas de rébellion, comme le travail forcé, la prison et même la peine de mort.

La colonisation se heurte aux tentatives de révolte des peuples colonisés, aux contestations contre l'esclavage et au débat sur la légitimité de la colonisation qui divise les Européens.

À plusieurs reprises, les populations colonisées se révoltent contre la conquête européenne puis contre les conditions imposées par les Européens, mais elles sont violemment réprimées.

Les révoltes et les pressions exercées dès le XVIII^e siècle contre l'esclavage aboutissent à son abolition au cours du XIX^e siècle. En France, l'esclavage est aboli une première fois en 1794 mais il est rétabli par Napoléon Bonaparte en 1802.

En 1840 se tient la convention mondiale contre l'esclavage à Londres. L'esclavage est aboli en Grande-Bretagne en 1833 et en France en 1848. La Constitution de 1848 qui instaure la II^e République en France confirme : « L'esclavage ne peut exister sur aucune terre française. »

Des intellectuels et des hommes politiques européens prennent position contre la colonisation au cours du XIX^e siècle. En 1885, Georges Clemenceau répond à Jules Ferry, favorable à la colonisation, en condamnant en particulier l'idée d'une supériorité de la civilisation française.