Sommaire
ILes acteurs de la Seconde Guerre mondialeIILes grandes phases de la guerreALe début de la guerreB1939-1942 : les victoires de l'AxeC1942-1945 : les victoires des AlliésDLa fin de la guerreIIIUne guerre d'anéantissement : violences contre la population, génocides et crime contre l'humanitéALe bilan humain de la Seconde Guerre mondialeBLes violences et les crimes de masse contre la populationCDe la déportation au génocide des Juifs et des TsiganesDLa notion de crime contre l'humanitéIVLa France dans la guerreALe régime de VichyBLa collaboration françaiseCLa résistance françaiseLa Seconde Guerre mondiale débute le 1er septembre 1939 à la suite d'une série de coups de force d'Hitler. En moins de trois ans, l'armée allemande occupe presque toute l'Europe. Les nazis font régner la terreur et organisent l'extermination systématique des Juifs et des Tsiganes. À partir de l'été 1942, les Alliés prennent l'avantage qui les conduira à la victoire finale en 1945. La France est particulièrement touchée par la Seconde Guerre mondiale. Dès le 22 juin 1940, elle signe l'armistice avec l'Allemagne et entre dans la période de l'Occupation. Le maréchal Pétain met en place un régime autoritaire qui instaure la « Révolution nationale » et la collaboration avec le vainqueur. Seuls certains Français résistent.
Comment la mise en place de l'idéologie nazie a-t-elle abouti à l'exploitation de l'Europe et au génocide des Juifs et des Tsiganes ? Quelle est la situation en France pendant cette période ?
Les acteurs de la Seconde Guerre mondiale
La Seconde Guerre mondiale est un conflit généralisé dans lequel de nombreux acteurs sont impliqués. L'Allemagne, l'Italie et le Japon forment une alliance, l'Axe. Les Alliés sont une autre alliance opposée à l'Axe. Au début de la guerre, elle comprend notamment le Royaume-Uni et la France. La France occupée quitte l'Alliance en 1940, mais la France résistante continue de lutter derrière le général de Gaulle. Les États-Unis et l'URSS entrent dans l'Alliance au cours de la guerre.
On considère généralement que l'Axe comprend l'Allemagne, l'Italie et le Japon, et que l'Alliance comprend le Royaume-Uni, les États-Unis et l'URSS. En réalité, de nombreux autres pays sont impliqués dans ces coalitions. Par ailleurs, si l'on dit souvent que la France fait partie des Alliés, elle a toutefois capitulé en 1940 face à l'Allemagne. Ce n'est pas la France comme État qui lutte ensuite, mais quelques Français dirigés par de Gaulle. Ce n'est qu'en 1944, lorsque de Gaulle devient le chef du gouvernement provisoire de la France libérée, que l'on peut considérer que la France comme État figure de nouveau parmi les Alliés.
Les grandes phases de la guerre
Le début de la guerre
Dès son arrivée au pouvoir en 1933, Hitler met en place une politique guerrière tournée vers la conquête de l'Europe. L'Allemagne, l'Italie et le Japon sont alliés, ils forment l'Axe. Dès 1938, l'Allemagne annexe des territoires. Le 1er septembre 1939, l'Allemagne envahit la Pologne. Le 3 septembre 1939, le Royaume-Uni et la France déclarent la guerre à l'Allemagne. Le Japon et l'Italie, alliés de l'Allemagne, annexent ou envahissent également des territoires.
Hitler ne respecte pas le traité de Versailles. Dès 1936, l'armée allemande s'entraîne de nouveau. À partir de 1938, Hitler se lance dans la constitution du Reich au détriment des États voisins de l'Allemagne.
- En mars 1938, l'Autriche est annexée.
- En septembre 1938 a lieu la conférence de Munich. Hitler réclame le droit d'annexer les régions ouest de la Tchécoslovaquie, les Sudètes, peuplées en partie de populations de culture allemande. Alors que le Royaume-Uni et la France sont les alliés de la Tchécoslovaquie, ils cèdent.
- En mars 1939, l'Allemagne envahit la partie tchèque du pays. Le Royaume-Uni et la France ne réagissent pas.
La politique du Royaume-Uni et de la France est une politique d'apaisement. Traumatisés par la Première Guerre mondiale, les pays européens réagissent trop tard face à Hitler.
Le 1er septembre 1939, l'Allemagne envahit la Pologne. C'est la première étape de la conquête du Lebensraum (« espace vital ») à l'est. Cette fois-ci, le Royaume-Uni et la France, alliés de la Pologne, ne restent pas immobiles et déclarent la guerre à l'Allemagne le 3 septembre 1939. Toutefois, aucune attaque militaire n'est lancée. La Pologne est envahie et partagée entre l'Allemagne et l'URSS.
En Asie, le Japon transforme la Mandchourie en protectorat et commence sa conquête de la Chine le 26 juillet 1937.
Mussolini, dirigeant italien, annexe l'Éthiopie puis l'Albanie.
« [...] Je vais commencer en disant la chose la plus impopulaire et la plus indésirable [...], ce que tout le monde voudrait oublier ou faire semblant de ne pas voir, mais qui doit néanmoins être cité, à savoir que nous avons subi une défaite cinglante et totale, et que la France a à en souffrir peut-être plus que nous [...]. Tout est fini. La Tchécoslovaquie muette, triste, abandonnée et brisée s'enfonce dans les ténèbres [...]. Nous sommes en présence d'un désastre de première grandeur qui s'est abattu sur la Grande-Bretagne et la France. Ne nous laissons pas aveugler. Il faut maintenant se rendre à l'évidence que tous les États d'Europe centrale et orientale vont chercher à s'entendre dans les meilleures conditions possibles avec la puissance nazie triomphante. Le système d'alliances en Europe centrale sur lequel la France a fondé sa sécurité a été balayé, et je ne vois pas par quel moyen il pourrait être restauré [...]. La route qui va du Danube à la mer Noire, les réserves de céréales et de pétrole, ce chemin qui va jusqu'à la Turquie a été ouvert. En fait, il me semble que tous les pays d'Europe centrale, tous les pays danubiens vont être attirés dans cette vaste sphère d'influence, dans le cadre d'une stratégie non seulement militaire, mais aussi économique, dirigée par Berlin, et je pense que tout ceci peut être accompli en douceur et de manière discrète, peut-être même sans avoir à tirer un seul coup de feu. »
Winston Churchill
Discours du 5 octobre 1938
Dans ce discours, le Premier ministre du Royaume-Uni Churchill reconnaît l'inaction des pays européens face à la montée d'Hitler et à sa politique conquérante.
1939-1942 : les victoires de l'Axe
De 1939 à 1942, les forces de l'Axe connaissent des succès militaires, particulièrement l'Allemagne qui envahit une grande partie de l'Europe. De nombreux pays européens capitulent, dont la France, ou sont envahis. En 1941, l'Allemagne s'attaque à l'URSS malgré un pacte de non-agression qui les liaient. Du côté du Pacifique, le Japon remporte également de nombreuses victoires et attaque les États-Unis par surprise en bombardant Pearl Harbor le 7 décembre 1941. Au printemps 1942, les forces de l'Axe sont à l'apogée de leur puissance.
Le début de la guerre est qualifié de « drôle de guerre » : les armées attendent, des rumeurs circulent. Il y a peu d'actions militaires.
Puis, tout s'accélère :
- En avril 1940, les Allemands conquièrent rapidement le Danemark et la Norvège.
- Le 10 mai 1940, les Pays-Bas, la Belgique et la France sont envahis par les troupes allemandes.
On parle de blitzkrieg, c'est-à-dire d'une « guerre éclair ».
En France, comme en Pologne, l'armée allemande submerge l'armée française. Malgré l'appel du 18 juin 1940, dans lequel le général de Gaulle exhorte les Français à continuer la lutte, le président Philippe Pétain signe l'armistice le 22 juin 1940.
Les Anglais sont désormais seuls en Europe face à l'armée allemande. Durant tout l'été 1940, ils subissent le blitz, un bombardement intensif des villes anglaises par l'aviation allemande.
L'Allemagne et l'URSS avaient signé un pacte de non-agression mais, le 22 juin 1941, l'Allemagne rompt ce pacte et envahit l'URSS. L'Armée rouge (armée russe) est balayée. En décembre 1941, les troupes allemandes sont aux portes de Moscou et de Leningrad.
Parallèlement à la guerre européenne se déroule une guerre dans le Pacifique. Le Japon conquiert de nombreux territoires en Asie. Le 7 décembre 1941, sans déclaration de guerre préalable, l'aviation japonaise détruit à Pearl Harbor une grande partie de la flotte américaine du Pacifique.
Au printemps 1942, les puissances de l'Axe sont à leur apogée, en Europe, dans le Pacifique, mais également en Afrique, où colonies françaises et anglaises luttent contre les armées allemande et italienne.
1942-1945 : les victoires des Alliés
Le rapport de force s'inverse de l'automne 1942 au printemps 1943. Avec l'entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale et la résistance du Royaume-Uni et de l'URSS, les armées allemande et japonaise connaissent leurs premières défaites.
L'Allemagne a pu avancer en URSS en 1941, mais elle est stoppée par l'hiver russe auquel les troupes allemandes sont mal préparées. Pour la première fois, le blitzkrieg échoue et se transforme en guerre d'usure. Les armées allemandes, sur place, s'épuisent. La population et l'armée russes, bien que meurtries, luttent et préfèrent tout détruire plutôt que laisser quoi que ce soit aux Allemands : c'est la politique de la terre brûlée. Les Allemands avancent mais les villages qu'ils prennent sont vides, incendiés, et la population est absente.
Après l'attaque de Pearl Harbor le 7 décembre 1941, les États-Unis entrent à leur tour dans la guerre contre l'Axe. L'expansion japonaise est stoppée en mai 1942 lors de la bataille de la mer de Corail. Grâce à leur supériorité aéronavale, les Américains empêchent l'avancée japonaise au sud et commencent la reconquête de Singapour, des Indes néerlandaises, des Philippines et des archipels micronésiens. Les États-Unis se rapprochent ainsi lentement du Japon par la tactique du « saut d'île en île ».
En Afrique du Nord, les Anglais connaissent plusieurs victoires en Égypte et en Libye contre l'armée allemande. En novembre 1942, un débarquement anglo-américain de 100 000 hommes dirigé par le général Eisenhower a lieu au Maroc et en Algérie. Les troupes françaises de Vichy (gouvernement français qui collabore avec l'Allemagne), alors du côté des Allemands, se rallient aux Alliés après quelques jours de combat. Les armées allemande et italienne, refoulées en Tunisie, capitulent en mai 1943. De Gaulle s'impose comme le chef de la Résistance française, le Comité français de libération nationale.
La bataille de Stalingrad, qui a lieu de septembre 1942 à février 1943, est un tournant majeur de la Seconde Guerre mondiale. Hitler a engagé en URSS le plus gros des forces allemandes qui capitulent, épuisées. L'Axe y perd 500 000 hommes, tués, blessés ou faits prisonniers. Le mythe de l'invincibilité de l'armée allemande s'écroule.
La bataille de Stalingrad
© Wikipédia
En juillet 1943, les Russes remportent la plus grande bataille de chars de la Seconde Guerre mondiale à Koursk. Puis, grâce à l'opération Bagration de juin à août 1944, les armées russes reconquièrent progressivement les territoires perdus depuis 1941, au prix de combats extrêmement meurtriers.
L'opération Bagration a été planifiée à partir de novembre 1943 par Staline, Roosevelt et Churchill afin de prendre l'Allemagne en étau. En effet, les débarquements en Normandie ont lieu en même temps que l'opération Bagration.
Un nouveau débarquement des Alliés en Sicile, en juillet 1943, marque la défaite de l'Italie.
Les débarquements en Normandie en juin et août 1944 permettent la libération de France. Paris est officiellement libéré en août 1944. Le général de Gaulle devient le chef du Gouvernement provisoire de la République française.
Le débarquement en Normandie
© Wikipédia
La fin de la guerre
À partir de 1943, les forces de l'Axe sont particulièrement fragilisées. En 1945, l'Allemagne est envahie par les Alliés. Le Japon est meurtri par les bombes atomiques larguées par les États-Unis sur Hiroshima et Nagasaki. L'Allemagne capitule en mai 1945, le Japon en septembre.
Berlin est encerclée le 25 avril 1945 par les armées française, anglaise et russe. Hitler se suicide quelques jours plus tard, le 30 avril. La capitulation allemande est signée le 7 mai 1945 à Reims et le 8 mai 1945 à Berlin.
Dans le Pacifique, les États-Unis doivent faire face à une défense acharnée des troupes japonaises, notamment des kamikazes qui refusent de se rendre et préfèrent mourir dans des attaques-suicides. Les Américains reconquièrent les Philippines en février 1945, puis s'emparent d'Okinawa entre avril et juin. Les pertes américaines sont très importantes. Le président américain Truman, qui succède au président Roosevelt mort en avril 1945, décide alors d'utiliser la bombe atomique, une nouvelle arme. Il souhaite mettre fin rapidement à la guerre en sauvant des vies américaines :
- une première bombe est larguée sur Hiroshima le 6 août ;
- une seconde bombe est larguée sur Nagasaki le 9 août.
Le 2 septembre 1945, le Japon signe l'acte de capitulation : c'est la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Une guerre d'anéantissement : violences contre la population, génocides et crime contre l'humanité
La Seconde Guerre mondiale est une guerre d'anéantissement, c'est-à-dire une guerre qui a pour objectif de détruire l'adversaire, sans distinction entre civils et militaires. Le bilan humain est terrible. Les populations prises dans la guerre subissent des violences et des crimes de masse. Les Juifs et les Tsiganes sont discriminés par les nazis, puis rapidement raflés et envoyés dans des camps de concentration et d'extermination.
Le bilan humain de la Seconde Guerre mondiale
Les civils sont les principales victimes des bombardements à Londres, Berlin ou Dresde. Près de 210 000 personnes meurent durant les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki. Le conflit a fait au total 50 millions de morts, dont 5 à 6 millions de Juifs exécutés dans des camps d'extermination conçus pour industrialiser leur mise à mort.
Le bilan humain de la Seconde Guerre mondiale
Les violences et les crimes de masse contre la population
Les nazis asservissent les peuples européens des pays qu'ils ont conquis. Les Japonais, en Chine notamment, sont eux aussi très violents envers la population. Les violences et les crimes de masse sont communs pendant la Seconde Guerre mondiale. Les forces de l'Alliance commettent également des exactions.
Les régions et les pays conquis par l'Allemagne sont soit annexés soit placés sous tutelle de l'armée ou de l'administration allemande. À l'est, les populations slaves, considérées comme inférieures selon l'idéologie nazie, sont particulièrement mal traitées.
Plus de 3,5 millions de soldats prisonniers russes sont massacrés par les nazis.
À l'ouest, les États collaborateurs comme la France, le Danemark ou les Pays-Bas obtiennent des statuts particuliers avec le maintien d'autorités locales. Toutefois, l'ensemble des pays conquis est exploité par l'Allemagne. Ils doivent verser des indemnités de guerre, leurs ressources sont détournées et pillées au profit de l'Allemagne.
Les réquisitions dans les pays en guerre, et notamment dans les pays occupés par des forces ennemies, conduisent à des privations et à des famines.
Le travail forcé touche des millions de personnes. Il est effectué dans des conditions éprouvantes et beaucoup en meurent.
La terreur règne partout. Les SS, et notamment les Einsatzgruppen, la Gestapo et les milices locales ont pour objectif d'anéantir toute forme de résistance.
Le Japon, comme l'Allemagne, traite les populations conquises, et notamment les Chinois, avec une violence terrible. Des violences, massacres ou crimes de masse sont perpétrés sur les civils.
En Chine, le massacre de Nankin par les troupes japonaises dure plusieurs semaines. Plus de 300 000 personnes sont tuées et entre 30 000 et 80 000 femmes et enfants sont violés.
De nombreuses femmes sont violées.
Les Japonais réquisitionnent de nombreuses femmes dites « de réconfort » qui sont de véritables esclaves sexuelles pour les soldats japonais. Elles sont plusieurs centaines de milliers.
Des violences sont également commises par les forces alliées :
- L'armée russe joue un rôle important dans le massacre de Katyn durant lequel des milliers d'officiers polonais sont assassinés.
- L'armée américaine commet des viols, notamment en France lors du débarquement en Normandie.
- Les armées russe, anglaise et française commettent des viols sur les Allemandes lors de la prise de Berlin.
De la déportation au génocide des Juifs et des Tsiganes
Les nazis créent des camps de concentration et d'extermination dans lesquels tous les opposants sont envoyés. Dès la prise de pouvoir d'Hitler en 1933, les Juifs sont soumis à des lois discriminatoires et à des humiliations répétées afin de les pousser à l'exil hors d'Allemagne. À partir de 1939, les déportations vers les camps de concentration et d'extermination commencent. Elles sont massives, concernent toute l'Europe et mènent au génocide de près de 6 millions de Juifs. Les Tsiganes subissent le même sort : stigmatisés dès 1935, ils sont déportés à partir de 1940.
Les camps de concentration naissent dans l'Allemagne nazie dès la prise de pouvoir d'Hitler en 1933. Ils permettent d'interner les opposants au régime et tous ceux qui sont jugés « asociaux » ou « dangereux pour la préservation de la pureté de la race aryenne ».
Carte des camps de concentration et d'extermination en Europe
Les conditions de vie dans les camps sont très dures. Tout est organisé pour que les déportés, hommes, femmes, enfants, perdent toute dignité. On parle de « déshumanisation ». Parfois, comme à Auschwitz, on leur tatoue sur le bras un numéro de matricule qui remplace leur identité. On les rase. On leur donne une tenue rayée portant un signe distinctif rappelant le motif de leur déportation.
Les SS chargés de la surveillance des camps sont assistés par des détenus de droit commun, les Kapos. Les prisonniers sont entassés dans des baraquements insalubres, frappés, affamés. Le jour, ils servent de main-d'œuvre à des entreprises allemandes installées à proximité.
D'autres personnes sont déportées et tuées : résistants, communistes, homosexuels, handicapés, etc. Toutefois, on parle de génocide pour les Juifs et les Tsiganes, car le but était de les anéantir, de les faire disparaître.
Génocide
Le génocide est l'extermination méthodique d'un peuple pour le faire disparaître totalement.
Les Juifs sont soumis à des lois discriminatoires dès l'arrivée d'Hitler au pouvoir, et leur déportation débute à partir de 1939 :
- En octobre 1939, Himmler, chef des SS, ordonne la déportation de tous les Juifs du IIIe Reich (en Allemagne et dans les pays conquis) vers la Pologne. Ils sont considérés comme un « réservoir de main-d'œuvre » au service de l'Allemagne nazie.
- À partir de 1940, les Juifs sont enfermés dans des ghettos, où ils sont persécutés et maltraités.
- En juin 1941, le processus de déshumanisation s'accélère avec la création de « groupes d'intervention », les Einsatzgruppen. Ils sont chargés de fusiller et de gazer dans des camions les Juifs des territoires russes conquis par l'Allemagne.
- Entre la fin de 1941 et le début de 1942, les responsables nazis prennent la décision d'assassiner tous les Juifs d'Europe. C'est la « solution finale » actée à la conférence de Wannsee en janvier 1942. La déportation des Juifs vers des camps d'extermination devient massive.
Les Tsiganes connaissent un destin assez semblable. Stigmatisés dès 1935, les premières déportations les frappent en mai 1940. Ils sont également victimes des Einsatzgruppen et des déportations au camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau.
Les Juifs et les Tsiganes sont voués à la mort :
- directement, lors de la sélection opérée à l'arrivée des trains à Auschwitz-Birkenau, où ils sont envoyés dans les chambres à gaz ;
- indirectement, par la pénibilité des travaux auxquels ils sont astreints et les mauvais traitements.
La sélection de déportés juifs dirigés vers la chambre à gaz d'Auschwitz-Birkenau, 27 mai 1944
© Wikipédia
Organisation du camp d'Auschwitz-Birkenau
Le génocide des Juifs se dit Shoah en hébreu, ce qui signifie « catastrophe ».
La notion de crime contre l'humanité
Si les horreurs ont toujours existé au cours de l'histoire, l'extermination d'êtres humains n'avait jamais été organisée et perpétrée de façon aussi méthodique que l'ont fait les nazis. Après la Seconde Guerre mondiale, pour juger de tels crimes, la notion de « crime contre l'humanité » apparaît.
La prise de conscience des crimes perpétrés pendant la Seconde Guerre mondiale provoque un traumatisme moral. Les Droits de l'homme n'avaient jamais été bafoués à ce point-là. Dès 1945, les Alliés décident de réunir un tribunal spécial à Nuremberg pour juger les responsables nazis. Du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946, ce tribunal juge les crimes contre la paix, les crimes de guerre mais aussi, pour la première fois, les « crimes contre l'humanité ».
Crime contre l'humanité
Un crime contre l'humanité est un acte inhumain (assassinat, extermination, déportation, asservissement) commis à l'encontre d'une population pour des motifs politiques, raciaux ou religieux.
La France dans la guerre
Le régime de Vichy
La France perd très vite la guerre face à l'Allemagne. Elle est occupée par l'ennemi de 1940 à 1944. Au début, une zone libre subsiste. Le président français, le maréchal Pétain, met en place un régime autoritaire qui collabore avec les nazis : c'est le régime de Vichy. Ce régime s'appuie sur la propagande, une idéologie autoritaire et la répression des Juifs.
Appelé au gouvernement le 18 mai 1940, le maréchal Pétain demande l'armistice le 17 juin. L'armistice est signé le 22 juin 1940 à Rethondes. L'Alsace-Lorraine est annexée par le Reich et l'Ouest de la France est occupé. La ligne de démarcation coupe la France en deux, laissant une « zone libre » au sud.
La France doit verser à l'Allemagne des frais d'occupation exorbitants. Près d'un million et demi de soldats français restent prisonniers en Allemagne.
Le 10 juillet 1940, Pétain obtient les pleins pouvoirs. C'est la fin de la IIIe République et le début du régime de Vichy. Une propagande intense organise un véritable culte autour de la personne du maréchal. Pétain prône une « Révolution nationale » dont l'idéologie a quelque chose de totalitaire. La démocratie et le régime parlementaire disparaissent. De nouvelles valeurs traditionnelles sont mises en place, résumées par la devise « Travail, Famille, Patrie ». Une politique nataliste réduit les femmes à leur rôle de mères. La grève est interdite.
L'exclusion et la répression sont au cœur du système, comme dans l'Allemagne nazie. L'antisémitisme existe déjà en France, ce qui permet de mettre facilement en place des lois contre les Juifs :
- Les Juifs étrangers sont internés.
- Les Juifs qui avaient été naturalisés depuis peu perdent la nationalité française.
- Les Juifs n'ont plus accès à un certain nombre de métiers et à certains espaces publics.
La collaboration française
Le régime de Vichy est collaborationniste : la France accepte d'aider l'Allemagne dans l'exportation des Juifs qui résident en France. Le gouvernement participe activement. Pétain et son gouvernement espèrent ainsi que la France aura une place de premier choix dans l'Europe qu'Hitler dessine. Cette collaboration prend de multiples formes et conduit notamment à la rafle du Vél' d'Hiv.
Tous les pays conquis par l'Allemagne n'ont pas collaboré avec elle. Ainsi, le roi du Danemark Christian X, sous l'occupation allemande, a encouragé les Danois à aider les Juifs. L'État français a participé à la déportation et à l'extermination des Juifs, et à la répression des résistants.
Pétain rencontre Hitler à Montoire en octobre 1940. C'est le début de la collaboration officielle entre l'Allemagne nazie et la France de Vichy.
La poignée de main entre Philippe Pétain et Adolf Hitler le 24 octobre 1940 à Montoire
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Les signes de collaboration se multiplient :
- livraison de produits stratégiques à l'Allemagne ;
- autorisation faite à l'Allemagne d'utiliser des bases françaises en Tunisie et en Syrie ;
- organisation de la Relève en avril 1942 avec la libération d'un prisonnier de guerre français en échange du départ de trois travailleurs français pour l'Allemagne ;
- assistance de la police française à la Gestapo dans l'arrestation des résistants et des Juifs.
Les 16 et 17 juillet 1942, la rafle du Vél' d'Hiv est organisée par les autorités françaises à Paris. Elle conduit à l'arrestation de 13 152 Juifs. Ils sont tous déportés dans les camps de l'Est. Seulement quelques dizaines d'entre eux survivront.
La rafle du Vél' d'Hiv
© lepoint.fr
Environ 76 000 Juifs ont été déportés avec l'aide de l'État français.
Le régime de Vichy instaure le Service du travail obligatoire (STO) en février 1943. Cette organisation paramilitaire aide les Allemands à poursuivre et arrêter les Juifs et les résistants.
La résistance française
Au moment où la France est occupée et où le régime de Vichy est mis en place, la résistance française s'organise. Les résistants français agissent par différents moyens. Jean Moulin est chargé de fédérer les différents mouvements résistants. Charles de Gaulle, exilé à Londres, est à la tête des opérations. La Résistance est très active dans les colonies.
Les rapports entre les Français et l'occupant allemand se dégradent dès la fin de l'année 1940. Les difficultés quotidiennes, l'omniprésence des soldats allemands, le STO et les mesures contre les Juifs alimentent la haine à l'égard des Allemands. De nombreux mouvements s'organisent spontanément et s'associent à la Résistance : Combat, Libération, Franc-Tireur, etc. Ils agissent par différents moyens :
- rédaction et distribution de tracts ou de journaux clandestins ;
- sabotage des installations allemandes ;
- attentats contre les occupants ;
- espionnage ;
- aide à l'évasion, etc.
De Gaulle est à la tête de la Résistance. Il s'adresse aux Français le 18 juin 1940 à la radio anglaise BBC.
« Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialisés des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi. Quoi qu'il arrive, la Flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas. Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la radio de Londres. »
Charles de Gaulle
L'appel du 18 juin 1940
Le 28 juin 1940, le gouvernement anglais reconnaît le général de Gaulle comme le chef de « tous les Français libres » et accepte de le financer.
Les résistants sont de différents bords politiques, de différentes origines sociales. On trouve notamment :
- des communistes, surtout après l'invasion allemande de l'URSS le 22 juin 1941 ;
- des hommes déçus par la « Révolution nationale » de Pétain ;
- des réfractaires au STO.
À partir de 1943, des maquis (lieux et groupes de résistants) se constituent dans les régions montagneuses.
Charles de Gaulle charge Jean Moulin de fédérer les différents mouvements de la Résistance. Moulin rassemble les trois grands mouvements de la zone sud dans les MUR (Mouvements unis de la Résistance) après de longues négociations. En mai 1943, il réunit à Paris un Conseil nationale de la Résistance (CNR) qui s'élargit à d'autres mouvements ou partis politiques. Le CNR se place sous l'autorité du général de Gaulle. Il faudra attendre 1943 pour qu'il s'impose définitivement à la tête de la Résistance auprès des autres nations et des colonies françaises.
La Résistance s'organise autour :
- du Comité national français, l'organe politique de la France libre ;
- des Forces françaises libres (FFL), la force militaire de la France libre.
Les FFL rassemblent environ 70 000 hommes.
Une partie des colonies françaises rallie la Résistance dès 1940. Alger est la capitale de la France libre depuis le débarquement des Alliés en Afrique du Nord. Le général de Gaulle devient le chef du Gouvernement provisoire de la République française.
La Résistance s'affirme comme une force ayant participé aux combats contre les nazis au moment de la Libération. C'est ce qui va permettre à la France libre de faire partie des vainqueurs et non des vaincus. Ainsi, FFI (Forces françaises de l'intérieur) et FFL participent largement aux débarquements en Normandie le 6 juin 1944 et en Provence le 15 août 1944.
La majorité des Français n'ont pas participé à la Résistance.