La violente restitution historique Exercice fondamental

Le cadre de la nouvelle écrite par Madame de Lafayette est, dès l'origine, très violent. En effet, il s'inscrit en plein cœur des guerres de religion qui déchirent la France à l'automne 1567, date à laquelle débute la nouvelle. Cette période est donc historiquement très sombre. Toutefois, Bertrand Tavernier décide d'accentuer ce qui chez Madame de Lafayette ne figure qu'en arrière-plan.

Ainsi, dès les premières minutes du film, un décor de guerre, de mort et de désolation est planté avec un plan montrant les morts d'un champ de bataille. Il ne s'agit pas de montrer une bataille héroïque, magnifiée, mais de montrer au contraire un moment d'une grande violence morale : le moment où l'on achève les mourants sur le champ de bataille, moment sur lequel les films et récits héroïques ne s'attardent pas en général. La guerre est donc illustrée dans toute son horreur et sa cruauté avec des détails choquants et réalistes comme lors de ce moment où Chabannes tue une femme enceinte ou encore celui de l'affrontement des adversaires dans la boue et le brouillard, sans signe distinctif ni uniforme. L'absurdité de ces combats violents est ainsi renforcée.

Toutefois, la violence de l'époque ne se cantonne pas aux champs de bataille. Elle est également présente au sein des familles, au sein des couples et prend des formes très variées. Le père de Marie, par exemple, la gifle violemment lorsqu'elle refuse dans un premier temps l'époux qu'il a choisi pour elle. Les femmes sont d'ailleurs les principales victimes de cette violence cachée car elles sont soumises à l'autorité de leur père puis de leur mari. D'ailleurs, le début de la relation maritale est généralement très violent puisque les jeunes filles ne savent pas ce qui les attend lors de la nuit de noces. Bertrand Tavernier n'hésite pas à montrer cette scène dans toute son absurdité et sa violence. L'époux de Marie est également mal à l'aise, il comprend qu'elle ne sait pas ce qui l'attend et ne peut pas la rassurer.