La différence entre sacré et profane pour Durkheim Exercice fondamental

Le sociologue français Émile Durkheim, penseur d'inspiration positiviste, s'est intéressé au fait religieux, dont il a tenté de déterminer l'essence. Plutôt que de considérer la religion comme un fait global, il faut pour la définir, affirme-t-il, partir des faits fondamentaux qui sont communs à toutes les religions. C'est ainsi qu'il en vient à définir la distinction entre sacré et profane comme le principe essentiel qui caractérise réellement toute religion.

Après avoir affirmé que les phénomènes religieux se classent en croyances et rites, c'est-à-dire en représentation et en action, il montre que toute croyance suppose une classification du monde en deux ordres de réalité distincts : l'ordre du sacré et l'ordre du profane. Le sacré consiste en l'ensemble des choses que les interdits protègent et isolent, tandis que les choses profanes sont celles où ces interdits s'appliquent et qui doivent rester à l'écart des premières. Le sacré est supérieur en dignité au profane, et les deux ordres sont radicalement hétérogènes.

Durkheim insiste cependant sur le fait que le sacré ne se limite pas pour lui aux divinités : des parties de la nature comme des arbres ou des personnes peuvent être sacrées. De même, la distinction profane/sacré ne recoupe pas la distinction bon/mal. Le mal peut se trouver même dans les choses sacrées (exemple du diable), le bon dans les choses profanes. L'anthropologiste britannique Jack Goody a cependant contesté la théorie de Durkheim en montrant que la dichotomie sacré/profane n'est pas présente dans toutes les religions : certaines langues n'ont pas de mots pour décrire ce concept, il s'agirait en fait selon lui d'un concept proprement occidental.