Le passage de la nature à la culture chez Lévi-Strauss Exercice fondamental

Claude Lévi-Strauss, anthropologue français du XX^e siècle, a notamment posé la question du passage de l'homme de l'état naturel à la culture, dont il voit le principe dans le geste fondateur de la prohibition de l'inceste. En effet, la première forme de structure sociale est la famille, mais on ne peut parler de société à proprement parler qu'à partir du moment où les familles s'unissent, commercent entre elles, se reproduisent entre elles.

La prohibition de l'inceste n'est en soi-même ni un fait purement naturel ni un fait purement social : elle est précisément l'acte qui fait le lien entre les deux. Ce qui tient de la nature, affirme Lévi-Strauss, a le caractère de l'universalité, tandis que les réalités culturelles tiennent à l'établissement de règles. Or, la prohibition de l'inceste présente justement ces deux caractères : d'une part, elle est universelle, on la trouve dans toutes les sociétés humaines. D'autre part, elle a le caractère d'un interdit fondamental, historiquement premier, condition du vivre-ensemble par lequel sont instaurées d'autres règles. C'est ainsi que cette interdiction n'est ni proprement naturelle, ni proprement culturelle, mais constitue précisément le passage d'un état à l'autre.

Outre la raison biologique qui la fonde (éviter la consanguinité), par la prohibition de l'inceste, l'être humain est obligé de se lier à d'autres familles pour assurer la survie de l'espèce, et c'est en cela que cette interdiction est le geste fondateur par lequel l'homme est amené à vivre en société. Bien que la forme que prend cet interdit puisse varier d'une société à une autre (certaines sociétés préconisent par exemple le mariage entre cousins), la volonté d'éviter la consanguinité est présente dans tous les cas (ces mêmes sociétés interdisent par exemple le mariage entre cousins « parallèles », c'est-à-dire l'enfant du frère du père ou de la sœur de la mère).