L'importance du dialogue pour Merleau-Ponty Exercice fondamental

Maurice Merleau-Ponty, philosophe français apparenté à la phénoménologie, a développé une théorie qui accorde une place toute particulière à autrui dans l'expression de soi. Il voit ainsi l'expérience du dialogue comme un acte fondateur qui donne à notre existence contenu et objectivité.

Le dialogue, affirme Merleau-Ponty, est d'abord et avant tout le lieu d'une ouverture au monde où l'on sort de l'enfermement dans sa subjectivité. Le dialogue, dit-il, ne correspond pas à un simple échange entre deux êtres séparés, mais aboutit à la création d'un "être à deux" où autrui n'est plus considéré par moi comme une extériorité, mais comme "mon collaborateur dans une réciprocité parfaite". C'est ce que Merleau-Ponty affirme dans Phénoménologie de la perception. Ainsi, le dialogue est une action commune, dont aucun être en particulier n'est le créateur. Le dialogue est le lieu d'une communication directe entre deux subjectivités, où l'une atteint l'autre dans son essence intime : "Dans l'expérience du dialogue, il se constitue entre autrui et moi un terrain commun, ma pensée et la sienne ne font qu'un seul tissu, mes propos et ceux de mon interlocuteur sont appelés par l'état de la discussion, ils s'insèrent dans une opération commune dont aucun de nous n'est le créateur."

C'est ainsi que le dialogue nous permet d'enrichir notre propre pensée et notre expérience, en ce qu'autrui nous apporte des connaissances et des idées que nous n'aurions pu avoir nous-mêmes. Il permet également d'exprimer des idées que nous n'avions pas conscience d'avoir. De plus, à travers le dialogue, nos pensées acquièrent une objectivité car elles sont reconnues par autrui. Nous-mêmes, en étant le spectateur d'idées qui ne sont pas les nôtres, nous entrons en contact avec une réalité objective, qui nous dépasse, et nous contraint à nous ouvrir à l'inconnu.

Le dialogue tel qu'il est analysé par Merleau-Ponty est donc une réalité à part, une situation privilégiée qui fournit à notre existence une épaisseur, à nos idées une objectivité. En constituant une ouverture où notre subjectivité est confrontée à l'extériorité, il empêche le solipsisme et nous permet, comme par un effet de miroir, de prendre conscience de nos représentations. Il donne à notre existence une objectivité, et enrichit nos pensées d'autres pensées, que nous n'aurions pu découvrir nous-mêmes.