Sommaire
IL'économie, la sociologie et la science politique : trois sciencesALes outils mathématiques1Les outils statistiques2La corrélation et la causalitéBLes enquêtes, expériences, discours et sondagesCLes notions et les conceptsDLes théories et les courants de penséeIIDes questionnements liés mais des perspectives différentesADes questionnements liésBDes perspectives différentes1L'économiste2Le sociologue3Le politisteLes économistes, les sociologues et les politistes sont des scientifiques. Ils s'appuient sur des outils mathématiques pour établir des liens de corrélation entre les phénomènes étudiés et construire des modèles. Ils utilisent également des données plus qualitatives pour élaborer des concepts et des théories, qui font l'objet de débats. S'ils s'intéressent aux mêmes matières, leurs questionnements empruntent des voies différenciées.
L'économie, la sociologie et la science politique : trois sciences
La démarche adoptée en sciences sociales est une démarche rationnelle, scientifique. On observe des processus et des phénomènes. On émet des hypothèses pour expliquer les faits et on construit des modèles explicatifs. On vérifie ensuite par de nouvelles observations que les facteurs explicatifs fonctionnent dans d'autres situations et on précise les hypothèses de départ.
Pour ce faire, les sciences sociales utilisent divers outils, mathématiques pour la plupart, s'appuient sur l'expérience, établissent des concepts et fondent des théories.
Les outils mathématiques
Pour effectuer leurs recherches, les économistes, les sociologues ou les politistes utilisent de nombreux outils statistiques et économétriques qui leur permettent d'établir des corrélations entre des phénomènes.
Les outils statistiques
Les outils statistiques sont élaborés par des institutions d'État :
- l'Insee en France ;
- Eurostat en Europe ;
- l'OCDE dans les pays développés ;
- ou par des organes particuliers : associations, journaux.
Les économistes utilisent les statistiques économétriques pour créer leurs modèles de représentation des mécanismes économiques.
PIB
Le Produit intérieur brut (PIB) représente la somme de toutes les valeurs ajoutées produites par les différentes branches d'une économie en une année.
PIB = Somme des valeurs ajoutées + TVA + Droits de douane - Subventions produits
Les sociologues analysent des statistiques sociales pour mesurer certains phénomènes :
- les inégalités scolaires ;
- la mobilité sociale ;
- les différences de représentation ;
- les phénomènes de mode.
Ces outils statistiques nécessitent des savoir-faire spécifiques, notamment en mathématiques : calculs statistiques, équations à plusieurs inconnues, droite de régression, etc.
La corrélation et la causalité
Les économistes, sociologues et politistes cherchent notamment à identifier des corrélations, à déterminer des variables et des facteurs explicatifs. Parmi les corrélations, ils cherchent à mettre en évidence celles qui s'expliquent par des liens de causalité et à éliminer celles qui relèvent du hasard.
Corrélation
Une corrélation est un lien statistique entre deux phénomènes :
- elle peut être positive : les deux phénomènes évoluent dans le même sens ;
- elle peut être négative : les deux phénomènes évoluent dans des sens opposés.
Si la consommation de produits alimentaires augmente lorsque le salaire d'un ouvrier augmente, on a une corrélation positive entre la consommation et le salaire.
On s'interroge sur l'existence d'un lien de causalité entre les deux phénomènes.
Causalité
Une causalité est une corrélation dans laquelle une variable dépend de l'autre.
Si dans une classe d'âge, 72 % des personnes droitières obtiennent un niveau d'étude élevé (corrélation entre le niveau de qualification et le fait d'être droitier), cela ne signifie pas que les deux phénomènes sont liés par un lien de causalité. Il peut exister des corrélations liées au hasard ou à des variables cachées. Par exemple, il y a plus de droitiers que de gauchers.
Les outils statistiques servent le plus souvent à confirmer une causalité qui semble rationnelle et non pas à la repérer.
Les enquêtes, expériences, discours et sondages
L'analyse des données statistiques et leur formalisation mathématique sont devenues centrales dans de nombreux aspects des théories sociales, mais d'autres méthodes sont également utilisées, telles que les enquêtes, les sondages et résultats d'élections ou encore l'analyse des discours.
Certains chercheurs préfèrent réfléchir à partir d'enquêtes ou d'expériences sociales ou économiques portant sur les comportements. Deux démarches peuvent être utilisées : qualitatives et quantitatives.
Démarche qualitative
La démarche qualitative repose sur l'enquête individuelle et l'explication en profondeur d'un phénomène particulier que l'on cherchera à généraliser.
Démarche quantitative
La démarche quantitative repose sur l'explication générale d'un phénomène global que l'on cherchera par la suite à préciser.
Ces méthodes quantitatives et qualitatives se conjuguent pour permettre aux chercheurs en sciences sociales de mieux comprendre la société et ses mécanismes.
Les politistes analysent les discours, les sondages et les résultats politiques pour mesurer la façon dont les individus forment leurs idées et leurs préférences politiques.
Les discours politiques sont analysés dans leur dimension qualitative, mais également en termes quantitatifs.
L'usage répété d'un même terme, qui peut donc être quantifié, oriente le discours dans un sens plutôt que dans un autre.
Les résultats des élections législatives françaises de 2012 dans les Yvelines, 7e circonscription
© Ministère de l'Intérieur
Les notions et les concepts
Les sciences sociales s'appuient sur des notions spécifiques et des concepts élaborés par les chercheurs et théoriciens. Ces concepts permettent de décrire ou d'analyser les phénomènes économiques, sociaux ou politiques et de mieux les comprendre.
Concept ou notion
Un concept ou une notion est une idée ou un contenu de pensée qui permet d'analyser ou d'expliquer des phénomènes.
En économie, les notions ou concepts pour décrire et analyser les mécanismes de la production des biens et services et les échanges des richesses sont :
- les facteurs de production ;
- la valeur ajoutée ;
- la croissance.
En sociologie, les notions et concepts pour comprendre les relations entre les individus et les groupes au sein de la société sont :
- la socialisation ;
- l'habitus ;
- la division sociale du travail ;
- l'inégalité sociale.
En sciences politiques, les notions et concepts pour analyser les relations politiques au sein de la société sont :
- le pouvoir ;
- la démocratie représentative ;
- la légitimité ;
- la justice sociale.
Les théories et les courants de pensée
Notions et concepts permettent aux économistes, aux sociologues et aux politistes d'élaborer des théories et des modèles explicatifs ou descriptifs des phénomènes sociaux. Si les sciences sociales partagent une partie de leurs méthodes et de leurs outils, elles produisent des théories et des modèles qui leur sont propres.
Les théories et modèles élaborés par les économistes, sociologues et politistes ont une double vocation :
- comprendre les mécanismes et les lois qui régissent les comportements sociaux ;
- permettre de mieux agir et de mieux organiser les sociétés.
Dans chacune des disciplines (économie, sociologie, science politique), les modèles et théories forment un ensemble cohérent, mais dans lequel les points de vue et les explications divergent. Cela donne naissance à des écoles de pensée et des courants, parfois complémentaires, parfois opposés.
Modèle
Un modèle est une représentation simplifiée d'un phénomène économique, social ou politique qui permet sa compréhension partielle et révèle une partie de ses mécanismes.
Théorie
Une théorie est un ensemble de connaissances et de modèles qui cherchent à expliquer un phénomène économique, social ou politique.
Des questionnements liés mais des perspectives différentes
Les questions que se posent les sciences sociales se rejoignent, notamment parce qu'elles partent des mêmes objets. Mais leurs analyses s'appuient sur des perspectives différentes.
Des questionnements liés
Les chercheurs en sciences sociales réfléchissent à de nombreux mécanismes de la société. Ils cherchent à en comprendre le fonctionnement, ainsi que les comportements individuels et collectifs. Leurs questionnements sont liés.
Les sciences sociales étudient le fonctionnement de la société et de ses principales institutions :
- les économistes s'intéressent au marché, à la production des biens et des services, à l'entreprise ;
- les sociologues se penchent sur la famille, l'école, le travail pour comprendre l'élaboration des normes et des valeurs culturelles ;
- les politistes analysent l'État, l'organisation politique, les lois et la justice.
Les comportements individuels ou collectifs ont une incidence sur les choix de consommation (point de vue économique) et le vote (point de vue politique) et intéressent le sociologue.
Les économistes, les sociologues et les politistes réfléchissent à partir de questionnements ou de problématiques. Leurs questionnements sont liés.
Les jeux vidéo sont un phénomène qui peut être appréhendé selon :
- Des mécanismes économiques : comment produit-on des jeux vidéo ? Comment l'industrie du jeu vidéo fonctionne-t-elle ?
- Des mécanismes sociologiques : qui joue aux jeux vidéo ? Quelles influences les jeux vidéo ont-ils sur la société ?
- Des mécanismes politiques : quelles lois encadrent la production et l'usage des jeux vidéo ?
Des perspectives différentes
Les sciences économiques, la sociologie ou la science politique sont liées car elles étudient les mêmes objets :
- les normes et valeurs des individus et des groupes ;
- leur culture et leur organisation sociale ;
- leurs productions et leurs échanges ou leurs lois.
Toutefois, ces thématiques sont abordées selon des perspectives différentes.
L'économiste
L'économiste étudie la production, la répartition et la consommation des richesses dans les sociétés.
Les ressources naturelles ou humaines sont rares pour l'économiste car :
- elles sont, pour la plupart, non reproductibles (les énergies fossiles) ;
- on ne peut pas utiliser la même ressource simultanément pour deux choses différentes, ce qui oblige les sociétés à faire des choix individuels ou collectifs.
Un même terrain peut servir à l'élevage ou à l'agriculture.
L'économie, en tant que science sociale, étudie donc l'allocation, c'est-à-dire l'usage choisi des ressources naturelles ou humaines. C'est une des questions de base en économie : « Qu'est-ce qu'une allocation efficace des ressources rares ? »
Dans la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, l'économiste britannique Keynes met en lumière les mécanismes économiques qui lient la politique monétaire et l'activité économique. La théorie keynésienne a influencé les politiques de relance économique des pays développés durant plusieurs décennies.
Le sociologue
Le sociologue étudie les faits sociaux, c'est-à-dire des individus et des groupes en société, de leur relation, de leur action et de leur représentation.
Le sociologue cherche à comprendre :
- comment s'organisent et se transforment les sociétés ;
- comment les individus et les groupes qui la composent interagissent les uns avec les autres.
Les sociologues postulent que les individus sont influencés dans leur identité, leur rôle et leurs comportements par les normes et valeurs de la société dans laquelle ils vivent (principe de socialisation) mais qu'ils contribuent également en retour à la transformer au cours du temps (principe de changement social).
Dans Les Héritiers ou La Reproduction, les sociologues Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron mettent en avant les processus de reproduction sociale de la société française en analysant la façon dont la culture scolaire et classique est transmise inégalement selon les origines sociales des individus.
Le politiste
Le politiste étudie les relations du pouvoir et des faits politiques : les formes d'organisation politique, les acteurs et les comportements politiques.
Le mot politique est polysémique, il désigne à la fois :
- le champ politique : l'ensemble des relations entre les acteurs du pouvoir ;
- l'activité politique : l'engagement et le métier d'homme politique ;
- l'action politique publique : l'ensemble des décisions et choix politiques d'un État ou d'une institution.
Dans les ouvrages Qui gouverne ? ou La Démocratie et sa critique, le politiste américain Robert Alan Dahl étudie la façon dont se constituent les élites politiques autour de l'acquisition de compétences spécifiques (prestige, diplôme, réseau) et comment se forme le pluralisme des idées politiques.