Après avoir lu le texte suivant, répondre aux questions qui permettront de l'étudier.
Préface de Si c'est un homme (Se questo è un uomo)
Primo Levi
trad. Martine Schruoffeneger, Paris, © Juillard (1987), 1947
« J'ai eu la chance de n'être déporté à Auschwitz qu'en 1944, alors que le gouvernement allemand, en raison de la pénurie croissante de main-d'œuvre, avait déjà décidé d'allonger la moyenne de vie des prisonniers à éliminer, améliorant sensiblement leurs conditions de vie et suspendant provisoirement les exécutions arbitraires individuelles.
Aussi, en fait de détails atroces, mon livre n'ajoutera-t-il rien à ce que les lecteurs du monde entier savent déjà sur l'inquiétante question des camps d'extermination. Je ne l'ai pas écrit dans le but d'avancer de nouveaux chefs d'accusation, mais plutôt pour fournir des documents à une étude dépassionnée de certains aspects de l'âme humaine. Beaucoup d'entre nous, individus ou peuples, sont à la merci de cette idée, consciente ou inconsciente, que « l'étranger, c'est l'ennemi ». Le plus souvent, cette conviction sommeille dans les esprits, comme une infection latente ; elle ne se manifeste que par des actes isolés, sans lien entre eux, elle ne fonde pas un système. Mais lorsque cela se produit, lorsque le dogme informulé est promu au rang de prémisse majeure d'un syllogisme, alors, au bout de la chaîne logique, il y a le Lager, c'est-à-dire le produit d'une conception du monde poussée à ses plus extrêmes conséquences avec une cohérence rigoureuse ; tant que la conception a cours, les conséquences nous menacent. Puisse l'histoire des camps d'extermination retentir pour tous comme un sinistre signal d'alarme.
Je suis conscient des défauts de structure de ce livre, et j'en demande pardon au lecteur. En fait, celui-ci était déjà écrit, sinon en acte, du moins en intention et en pensée dès l'époque du Lager. Le besoin de raconter aux « autres », de faire participer les « autres », avait acquis chez nous, avant comme après notre libération, la violence d'une impulsion immédiate, aussi impérieuse que les autres besoins élémentaires ; c'est pour répondre à un tel besoin que j'ai écrit mon livre ; c'est avant tout en vue d'une libération intérieure. De là son caractère fragmentaire : les chapitres en ont été rédigés non pas selon un déroulement logique, mais par ordre d'urgence. Le travail de liaison, de fusion, selon un plan déterminé, n'est intervenu qu'après.
Il me semble inutile d'ajouter qu'aucun des faits n'y est inventé. »
Quel est le genre littéraire de ce texte ?
Le genre littéraire de ce texte est autobiographique. L'autobiographie est un genre littéraire dans lequel l'auteur raconte sa vie, en général à la première personne. L'auteur passe un pacte avec le lecteur et s'engage à raconter le plus justement possible ses souvenirs.
Primo Levi écrit son autobiographie, Si c'est un homme, dans laquelle il fait part de toute l'horreur des camps d'extermination durant la Seconde Guerre mondiale.
Quel est le type de ce texte ?
Le type de ce texte est explicatif.
Primo Levi donne des informations nécessaires à la compréhension du livre à venir comme :
- le lieu (« Auschwitz ») ;
- l'époque (« 1944 ») ;
- le sujet (« l'inquiétante question des camps de concentration ») ;
- la réalité et la véracité du sujet abordé (« aucun des faits n'y est inventé »).
À qui renvoie le pronom personnel « je » utilisé dans le texte ?
Le pronom personnel « je » utilisé dans le texte renvoie à Primo Levi. Il écrit son autobiographie, notamment sur la période passée dans le camp d'Auschwitz à partir de 1944. Comme le veut l'autobiographie, le « je » représente à la fois le personnage, le narrateur et l'auteur.
Pour quelles raisons Primo Levi écrit-il ce livre ?
Primo Levi écrit ce livre pour aider les autres hommes, les lecteurs, à mieux connaître et comprendre le fonctionnement de l'âme humaine, et ce en toute objectivité comme le suggère le terme « dépassionnée » : « mais plutôt pour fournir des documents à une étude dépassionnée de certains aspects de l'âme humaine. »
Primo Levi souhaite en effet montrer que l'homme peut être capable de faire endurer des atrocités à son semblable. Par son livre, l'auteur répète les connaissances sur les atrocités qui ont eu lieu à Auschwitz : « en fait de détails atroces, mon livre n'ajoutera-t-il rien à ce que les lecteurs du monde entier savent déjà sur l'inquiétante question des camps d'extermination. »
Quelles sont les difficultés rencontrées par Primo Levi pour écrire son livre ?
Les difficultés rencontrées par Primo Levi pour écrire son livre sont liées à la structure et à l'organisation des éléments à raconter : « Je suis conscient des défauts de structure de ce livre, et j'en demande pardon au lecteur. » et « De là son caractère fragmentaire : les chapitres en ont été rédigés non pas selon un déroulement logique, mais par ordre d'urgence. »
Se souvenir de telles horreurs est éprouvant et se soumet difficilement à un ordre rigoureux.
En quoi l'écriture de ce livre est-elle une aide pour Primo Levi ?
L'écriture de ce livre est une aide pour Primo Levi car il ressent le besoin irrépressible de raconter, de partager avec les autres, de leur dire l'enfer qu'il a vécu, lui et les autres hommes, à Auschwitz : « Le besoin de raconter aux « autres », de faire participer les « autres ».
Primo Levi ne peut contenir ce besoin d'écrire car il s'agit de « la violence d'une impulsion immédiate, aussi impérieuse que les autres besoins élémentaires ». Écrire devient un besoin vital et assure ainsi un soulagement, celui de dire, de confier, de dévoiler, afin d'atteindre « une libération intérieure ».
Quelle est la figure de style utilisée dans l'expression « comme une infection latente » ?
La figure de style utilisée dans cette expression « comme une infection latente » est une comparaison mise en évidence par l'outil de comparaison « comme ».
La « conviction » est comparée à une maladie (« une infection ») qui ne se déclare pas encore réellement (« latente ») mais qui ronge à l'intérieur, qui abîme. Cette conviction repose sur l'idée fausse de croire que seul l'étranger est un ennemi car même des personnes du peuple auquel on appartient peuvent être des ennemies.
Quelle est la figure de style utilisée dans l'expression « comme un sinistre signal d'alarme » ?
La figure de style utilisée dans l'expression « comme un sinistre signal d'alarme » est une comparaison mise en évidence par l'outil de comparaison « comme ».
« L'histoire des camps d'extermination » et toutes ses horreurs doivent servir de leçon et aussi d'avertissement car l'homme est capable du pire, et cela a été dévoilé par l'enfer des camps d'extermination.
Quel est le temps et le mode du verbe « Puisse » ?
Le verbe « puisse » est la forme du subjonctif présent du verbe « pouvoir ». Cet emploi sans « que », béquille du subjonctif, est une exception.
Quelle est la valeur du subjonctif présent « puisse » dans la phrase « Puisse l'histoire des camps d'extermination retentir pour tous comme un sinistre signal d'alarme » ?
La valeur du subjonctif présent « puisse » dans la phrase « Puisse l'histoire des camps d'extermination retentir pour tous comme un sinistre signal d'alarme. » est le souhait.
Primo Levi formule le souhait que jamais une telle horreur ne se répète, que l'homme se tienne averti des horreurs dont l'être humain est capable envers son prochain.