Après avoir lu le texte suivant, répondre aux questions qui permettront de l'étudier.
Les Confessions
Jean-Jacques Rousseau
1782
« J'étudiais un jour seul ma leçon dans la chambre contiguë à la cuisine. La servante avait mis à sécher les peignes de Mlle Lambercier. Quand elle revint les prendre, il s'en trouva un dont tout un côté de dents était brisé. À qui s'en prendre de ce dégât ? Personne autre que moi n'était entré dans la chambre. On m'interroge : je nie d'avoir touché le peigne. M. et Mlle Lambercier se réunissent, m'exhortent, me pressent, me menacent ; je persiste avec opiniâtreté ; mais la conviction était trop forte, elle l'emporta sur toutes mes protestations, quoique ce fût la première fois qu'on m'eût trouvé tant d'audace à mentir. La chose fut prise au sérieux ; elle méritait de l'être. La méchanceté, le mensonge, l'obstination parurent également dignes de punition ; mais pour le coup ce ne fut pas par Mlle Lambercier qu'elle me fut infligée. On écrivit à mon oncle Bernard ; il vint. Mon pauvre cousin était chargé d'un autre délit, non moins grave : nous fûmes enveloppés dans la même exécution. Elle fut terrible. Quand cherchant le remède dans le mal même, on eût voulu pour jamais amortir mes sens dépravés, on n'aurait pu mieux s'y prendre. Aussi me laissèrent-ils en repos pour longtemps.
On ne put m'arracher l'aveu qu'on exigeait. Repris à plusieurs fois et mis dans l'état le plus affreux, je fus inébranlable. J'aurais souffert la mort, et j'y étais résolu. Il fallut que la force même cédât au diabolique entêtement d'un enfant, car on n'appela pas autrement ma constance. Enfin je sortis de cette cruelle épreuve en pièces, mais triomphant.
Il y a maintenant près de cinquante ans de cette aventure, et je n'ai pas peur d'être aujourd'hui puni derechef pour le même fait ; eh bien, je déclare à la face du Ciel que j'en étais innocent, que je n'avais ni cassé, ni touché le peigne, que je n'avais pas approché de la plaque, et que je n'y avais même pas songé. Qu'on ne me demande pas comment ce dégât se fit : je l'ignore et ne puis le comprendre ; ce que je sais très certainement, c'est que j'en étais innocent. »
Quel est le genre littéraire de ce texte ?
Quel est le type de ce texte ?
À qui renvoie le pronom personnel, « j' », de la première ligne « J'étudiais un jour seul ma leçon dans la chambre contiguë à la cuisine. » ?
À qui renvoie le pronom personnel, « je », dans la phrase « Il y a maintenant près de cinquante ans de cette aventure, et je n'ai pas peur d'être aujourd'hui puis derechef pour le même fait. » ?
Quel est le sujet de cet extrait des Confessions ?
Quels sont les procédés d'écriture du dernier paragraphe qui expliquent le sens du titre de l'œuvre, Les Confessions ?
Quelle est la figure de style utilisée dans la phrase « M. et Mlle Lambercier se réunissent, m'exhortent, me pressent, me menacent » ?
Quelle est la valeur de ce verbe conjugué à l'imparfait de l'indicatif, « étudiais », dans la phrase « J'étudiais un jour seul ma leçon dans la chambre contiguë à la cuisine. » ?
Quelle est la valeur de ce verbe conjugué au passé simple de l'indicatif, « revint », dans la phrase « Quand elle revint les prendre, il s'en trouva un dont tout un côté de dents était brisé. » ?
Quelle est la valeur de ce verbe au présent de l'indicatif « interroge » dans la phrase « On m'interroge » ?