Après avoir lu le texte suivant, répondre aux questions qui permettront de l'étudier.
Les Contemplations
Victor Hugo
1856
« Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme !
Au gré des envieux, la foule loue et blâme ;
Vous me connaissez, vous ! – vous m'avez vu souvent,
Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant.
Vous le savez, la pierre où court un scarabée,
Une humble goutte d'eau de fleur en fleur tombée,
Un nuage, un oiseau, m'occupent tout un jour.
La contemplation m'emplit le cœur d'amour.
Vous m'avez vu cent fois, dans la vallée obscure,
Avec ces mots que dit l'esprit à la nature,
Questionner tout bas vos rameaux palpitants,
Et du même regard poursuivre en même temps,
Pensif, le front baissé, l'œil dans l'herbe profonde,
L'étude d'un atome et l'étude du monde.
Attentif à vos bruits qui parlent tous un peu,
Arbres, vous m'avez vu fuir l'homme et chercher Dieu !
[…]
Arbres de ces grands bois qui frissonnez toujours,
Je vous aime, et vous, lierre au seuil des antres sourds,
Ravins où l'on entend filtrer les sources vives,
Buissons que les oiseaux pillent, joyeux convives !
Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois,
Dans tout ce qui m'entoure et me cache à la fois,
Dans votre solitude où je rentre en moi-même,
Je sens quelqu'un de grand qui m'écoute et qui m'aime ! »
Quel mètre est employé dans ce poème ?
Ce sont des alexandrins, vers de 12 syllabes. L'alexandrin est le mètre de prédilection de Victor Hugo. C'est un mètre au caractère noble et sérieux.
Quel champ lexical domine dans ce poème ?
C'est le champ lexical de la nature qui domine dans tout le poème. Victor Hugo évoque le monde végétal (« arbres », « forêt », « fleur ») mais aussi le monde animal (« scarabée », « oiseau ») et le monde minéral (« pierre », « goutte d'eau », « nuage »). L'évocation est donc complète.
À qui Victor Hugo s'adresse-t-il dans ce poème ?
Victor Hugo s'adresse à la nature. Tout d'abord, il l'apostrophe (« Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme ! »). Ensuite, l'utilisation de la deuxième personne du pluriel permet une adresse directe. Cela souligne une certaine intimité entre le poète et la nature.
Quel sentiment le poète éprouve-t-il pour la nature ?
Le poète ressent de l'amour pour la nature (« Arbres de ces grands bois qui frissonnez toujours, / Je vous aime »).
À quelles occupations le poète s'adonne-t-il quand il est dans la nature ?
Il observe la nature et discute avec elle. Le champ lexical de la vision est présent tout au long de l'extrait (« regardant », « contemplation », « vu », « regard », « œil »). Le poète ne fait pas qu'observer attentivement la nature, il discute également avec elle comme en témoigne le vocabulaire de la parole (« questionner », « avec ces mots »).
Qu'apporte la nature à Victor Hugo ?
Elle lui apporte de l'apaisement et un véritable refuge car il se sent incompris par les hommes qu'il fuit (« Arbres, vous m'avez vu fuir l'homme »). La nature lui offre un véritable cocon protecteur à l'abri des hommes (« Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois, / Dans tout ce qui m'entoure et me cache à la fois, / Dans votre solitude où je rentre en moi-même »).
Quel don a la nature ?
La nature est la seule à comprendre le poète qui se sent seul dans un monde hostile. En effet, les hommes ne comprennent pas le poète alors que la nature le connaît (« Au gré des envieux, la foule loue et blâme ; / Vous me connaissez, vous ! »).
Quelle figure de style est utilisée dans l'extrait suivant ?
« Au gré des envieux, la foule loue et blâme »
Il s'agit d'une antithèse. Une antithèse consiste à rapprocher deux termes qui s'opposent pour en renforcer le contraste. Cette antithèse montre que les hommes ont des réactions ambivalentes face au poète :
- Une fois ils lui font des éloges.
- Une fois ils le désapprouvent.
Le poète ne se sent donc pas reconnu par ses semblables.
Qui Victor Hugo rencontre-t-il véritablement lorsqu'il se réfugie dans la nature ?
Quand il se retrouve au cœur de la nature, Victor Hugo se rencontre, se retrouve lui-même « je rentre en moi-même ». La nature lui permet de réfléchir, de méditer.
Mais, cela lui permet aussi de rencontrer Dieu (« Arbres, vous m'avez vu fuir l'homme et chercher Dieu ! », « Dans votre solitude où je rentre en moi-même, / Je sens quelqu'un de grand qui m'écoute et qui m'aime ! »). Ce quelqu'un de grand, c'est Dieu.
Quels sont les registres de ce texte ?
Les deux registres de ce texte sont le registre lyrique et le registre épidictique. Un même texte peut renfermer plusieurs registres.
- Le registre dominant est le registre lyrique car le poète exprime des sentiments et les partage.
- Mais c'est également un registre épidictique car le poète fait l'éloge de la nature à travers sa beauté et tous les bienfaits qu'elle lui apporte.
La nature reflète l'état émotionnel de Victor Hugo. Elle se fait le miroir de l'âme du poète.