Après avoir lu le texte suivant, répondre aux questions qui permettront de l'étudier.
Les Rêveries du promeneur solitaire
Jean-Jacques Rousseau
1782
« Quand le lac agité ne me permettait pas la navigation je passais mon après-midi à parcourir l'île en herborisant à droite et à gauche, m'asseyant tantôt dans les réduits les plus riants et les plus solitaires pour y rêver à mon aise, tantôt sur les terrasses et les tertres, pour parcourir des yeux le superbe et ravissant coup d'œil du lac et de ses rivages couronnés d'un côté par des montagnes prochaines, et de l'autre élargis en riches et fertiles plaines dans lesquelles la vue s'étendait jusqu'aux montagnes bleuâtres plus éloignées qui la bornaient.
Quand le soir approchait je descendais des cimes de l'île et j'allais volontiers m'asseoir au bord du lac, sur la grève, dans quelque asile caché ; là le bruit des vagues et l'agitation de l'eau fixant mes sens et chassant de mon âme toute autre agitation la plongeaient dans une rêverie délicieuse où la nuit me surprenait souvent sans que je m'en fusse aperçu. Le flux et reflux de cette eau, son bruit continu mais renflé par intervalles frappant sans relâche mon oreille et mes yeux, suppléaient aux mouvements internes que la rêverie éteignait en moi et suffisaient pour me faire sentir avec plaisir mon existence, sans prendre la peine de penser. »
Quel est le type de narrateur dans ce texte ?
Le narrateur est interne. Le texte est écrit à la première personne et le narrateur est un personnage de l'histoire (« Quand le lac agité ne me permettait pas la navigation je passais mon après-midi à parcourir l'île »). L'avantage du narrateur interne est que le lecteur peut connaître toutes ses pensées.
Dans quel lieu le narrateur se trouve-t-il ?
Le narrateur se trouve sur une île qui se situe elle-même au milieu d'un lac. Il s'agit de l'île Saint-Pierre sur le lac de Bienne (en Suisse) : « je passais mon après-midi à parcourir l'île », « je descendais des cimes de l'île et j'allais volontiers m'asseoir au bord du lac ».
Quel champ lexical domine dans ce texte ?
Le champ lexical de la nature domine dans cet extrait, il est omniprésent et très abondant : « lac », « les terrasses et les tertres », « rivages », « montagnes », « plaines », « cimes de l'île », « grève », « vagues ».
Quels sont les sens du narrateur qui sont sollicités ?
Les sens mis à contribution sont la vue et l'ouïe.
Le narrateur perçoit le monde qui l'entoure à travers :
- la vue : « pour parcourir des yeux le superbe et ravissant coup d'œil du lac » ;
- l'ouïe : « le bruit des vagues », « son bruit continu ».
La nature met ces deux sens en alerte (« frappant sans relâche mon oreille et mes yeux »).
Quel type de texte domine dans cet extrait ?
Le type descriptif domine cet extrait. Le texte descriptif détaille les caractéristiques d'un personnage, d'un objet, d'un lieu ou d'un animal. Ici, il s'agit de caractériser l'île sur laquelle se trouve le narrateur. L'emploi de l'imparfait de description et celui du champ lexical de la nature sont caractéristiques du type descriptif.
Quelle est l'occupation principale du narrateur ?
L'occupation principale du narrateur est de parcourir l'île pour ramasser des plantes et contempler la nature. Le narrateur occupe son temps en se promenant sur l'île et en « herborisant ». « Herboriser » signifie « recueillir des plantes dans la nature pour les étudier ». Le vocabulaire de la vue montre qu'il contemple les paysages qui l'entourent.
Quelle figure de style est utilisée dans cet extrait ?
« Le flux et reflux de cette eau [...] suppléaient aux mouvements internes que la rêverie éteignait en moi »
Il s'agit d'une métaphore. La métaphore est une figure de style d'analogie permettant de comparer deux éléments sans utiliser de terme de comparaison. Cette métaphore montre grâce à l'image du « flux et reflux » de l'eau, tout le calme et l'apaisement des « mouvements internes » que la nature apporte au narrateur par la rêverie.
Pourquoi le narrateur aime-t-il se promener dans la nature ?
Cela l'apaise. La contemplation de la nature plonge le narrateur dans un grand bien-être. Il s'absorbe dans la nature et cela charme son âme : « le bruit des vagues et l'agitation de l'eau fixant mes sens et chassant de mon âme toute autre agitation la plongeaient dans une rêverie délicieuse ».
Quelle relation le narrateur entretient-il avec la nature ?
Il est en communion avec la nature. Pour le narrateur la nature est un refuge apaisant et sûr. Dans cet extrait, la nature est un véritable locus amœnus, ce qui signifie « lieu agréable ». Totalement submergé par la beauté de la nature, apaisé par ce qu'il voit et ce qu'il entend, le narrateur rentre en communion avec elle : « Le flux et reflux de cette eau, son bruit continu mais renflé par intervalles frappant sans relâche mon oreille et mes yeux, suppléaient aux mouvements internes que la rêverie éteignait en moi et suffisaient pour me faire sentir avec plaisir mon existence, sans prendre la peine de penser. »
Quelle représentation de la nature est proposée dans ce texte ?
Une représentation positive de la nature est proposée dans ce texte. Dans la nature, le calme règne. L'homme peut se livrer à la contemplation sans être dérangé, il éprouve du bien-être et de l'apaisement. L'homme se plaît à observer la nature, à laisser aller ses pensées au rythme des éléments naturels. Jean-Jacques Rousseau éprouve énormément de plaisir à se promener dans la nature. Il réalise pleinement son existence au sein de la nature. Contempler la nature apaise son esprit (« chassant de mon âme toute autre agitation ») et lui offre le bonheur de l'évasion par les rêves (« dans une rêverie délicieuse »).