Après avoir lu le texte suivant, répondre aux questions qui permettront de l'étudier.
Épopée de Gilgamesh, « Le déluge »
2100 av. J.-C.
« Lorsque l'aube se leva, une nuée noire monta de l'horizon. Adad était dans cette nuée. Il tonnait, précédé par Shullat et Hanish, les hérauts divins qui sillonnaient les collines et les plaines. Nergal arracha alors la soupape des vannes célestes, et Ninurta fit déborder les barrages des eaux d'en haut. Les dieux infernaux, pendant ce temps-là, brandissaient des torches et incendiaient tout le pays. Et Adad déploya dans le ciel son silence de mort, réduisant en ténèbres tout ce qui avait été lumière. La terre fut brisée comme un pot.
Le premier jour, la tempête souffla furieusement. La malédiction des dieux frappa les hommes, comme la guerre. On ne voyait plus personne au milieu de ces trombes d'eau.
Les dieux étaient épouvantés par le déluge. Ils s'enfuirent en grimpant jusqu'au plus haut du ciel, ou bien ils restèrent accroupis sur le sol, pelotonnés comme des chiens. La grande déesse, Bêlitili-à-la-belle-voix criait comme une femme qui accouche et se lamentait car elle avait participé à la création des hommes avec le dieu Ea :
« Comment, dans cette assemblée des dieux, ai-je pu décider un tel anéantissement des humains ? Je n'aurais donc mis les hommes au monde que pour en remplir la mer comme de vulgaires petits poissons ! »
Et les dieux les plus élevés dans la hiérarchie divine de se lamenter avec elle. Tous demeuraient prostrés, en larmes, au désespoir, les lèvres brûlantes.
Pendant six jours et sept nuits, bourrasques, pluies battantes et ouragans continuèrent de saccager la terre. Le septième jour, tout s'arrêta. La mer se calma et s'immobilisa. Le déluge était fini.
Je regardai alentour. Le silence ! Partout régnait le silence. Tous les hommes étaient redevenus de l'argile et la plaine liquide ressemblait à la terrasse plate d'un toit. »
Quel est le genre de ce texte ?
Il s'agit d'un mythe polythéiste qui explique les phénomènes naturels. Ce texte appartient aux genres de l'épopée et du poème. Il ne témoigne pas de la rigueur d'un texte scientifique.
Ce n'est pas un récit de création mais de destruction du monde et ce n'est donc pas une cosmogonie.
Enfin, ce n'est pas une fiction qui raconte une histoire avec un début, un milieu et une fin. Les personnages mêlent les hommes et les dieux dans une temporalité surnaturelle.
Qui est le « je » qui regarde « la plaine liquide » dans le « silence » qui suit le déluge ?
« Je regardai alentour. Le silence ! Partout régnait le silence. Tous les hommes étaient redevenus de l'argile et la plaine liquide ressemblait à la terrasse plate d'un toit. »
Le narrateur de ce récit est le sage Outa-Naphisti qui a vécu le déluge et en est le témoin. Seul survivant, il raconte son aventure au roi Gilgamesh, bien des années plus tard, pour lui démontrer que les hommes doivent mourir, s'ils veulent exister sans importuner les dieux à cause de leur fertilité et de leur prolifération.
Le personnage de Adad est décrit de la manière suivante : « Adad était dans les nuées. Il tonnait ».
De quel dieu s'agit-il dans le panthéon mésopotamien ?
Adad est le dieu de la foudre dans le panthéon polythéiste de Mésopotamie. Il est le fils d'Anu, le dieu du ciel. Le dieu des dieux est Enlil, le dieu du vent.
Shullat et Hanish sont décrits comme les « hérauts divins ».
Que signifie ce mot ?
Shullat et Hanish sont des dieux de moindre importance au service du dieu Adad. Les hérauts sont des messagers, ils annoncent ce que le dieu Adad leur demande de transmettre.
Les dieux incarnent chacun un élément de dérèglement climatique, que symbolisent Nergal et Ninurta ?
« Nergal arracha alors la soupape des vannes célestes, et Ninurta fit déborder les barrages des eaux d'en haut. »
Les dieux Nergal et Ninurta ont pour rôle de commencer le déluge en provoquant la chute de la pluie sur la terre. Adad symbolise la foudre qui tonne. Shullat et Hanish sillonnent les montagnes comme le vent.
Quelle est la figure de style utilisée dans l'expression « réduisant en ténèbres tout ce qui avait été lumière » ?
Adad conduit la destruction du monde : le déluge. La figure de style est donc une antithèse qui marque l'opposition entre « ténèbres » et « lumière » et illustre la disparition de ce qui fut. Cela est doublé par l'évocation du « silence de mort ».
À quel temps le verbe « briser » est-il conjugué dans la phrase « La terre fut brisée comme un pot. » ?
Ici, la phrase, par la comparaison entre la terre et le pot, est à la voix passive et non pas à la voix active, ce qui accentue la force de la disparition du monde. La terre inanimée subit une action comme un objet sans valeur, elle est brisée « comme un pot » par les dieux. Le verbe à la voix passive n'est pas « briser » mais « être brisé ». L'auxiliaire « être » est conjugué au passé simple, et le verbe « briser » est employé au participe passé, ce qui exprime qu'il s'agit d'une action brutale réalisée une fois dans le passé lointain.
Quelle est la figure de style utilisée dans les phrases « La tempête souffla furieusement. » et « La malédiction des dieux frappa les hommes. » ?
Le déluge est une punition des dieux contre les hommes. Dans les phrases précédentes, ce sont des personnifications de la tempête, de la malédiction et de la guerre qui sont utilisées. Au fil de la disparition des hommes, ce sont ces éléments qui peuplent le monde : « on ne voyait plus personne au milieu de ces trombes d'eau ».
Quelle est la réaction des dieux face à la violence du déluge et à la disparition des hommes ?
Les dieux regrettent d'avoir accepté le déluge, lorsqu'ils l'ont décidé à l'assemblée des dieux. C'est ce que dit la déesse Bêlitili à la belle voix lors de sa prise de parole dans le récit. « Les dieux les plus élevés dans la hiérarchie divine » se lamentent avec elle : cela veut dire qu'ils se plaignent aussi de cette disparition. Enfin, l'auteur utilise le pronom indéfini « tous ».
« Tous demeuraient prostrés, en larmes, au désespoir, les lèvres brulantes ».
Dans la phrase suivante, quelle figure de style illustre l'impuissance des dieux au déroulé du déluge ?
« Pendant six jours et sept nuits, bourrasques, pluies battantes et ouragans continuèrent de saccager la terre ».
L'énumération « bourrasques, pluies battantes et ouragans » est une liste des intempéries qui se suivent sans que les dieux puissent s'y opposer. Les dieux ne peuvent interrompre le déluge, une fois commencé. Cela crée un effet d'accumulation et de puissance.
Pourquoi le déluge dure-t-il six jours ?
La création du monde a duré six jours. Il faut donc également six jours pour le détruire : « Le septième jour, tout s'arrêta ». Ici, c'est une référence à la cosmogonie.