Sommaire
ILa composition des motsALes mots simples1Le radical2Les préfixes3Les suffixesBLes mots composésIILa polysémie du motALe sens propre et le sens figuréBLa dénotation et la connotationIIILe champ lexical et le réseau lexicalALe champ lexical et le champ lexical dérivationnelBLe réseau lexical1Le réseau lexical du concret et de l'abstrait2Le réseau lexical de l'affectivité3Le réseau lexical de l'appréciatifIVLe champ sémantique et le réseau sémantiqueALe champ sémantiqueBLe réseau sémantique1La synonymie et l'antonymie2L'hyperonymie et l'hyponymie3L'homonymieLa composition des mots
Étudier la composition d'un mot permet de comprendre son sens. La maîtrise de cet exercice permet souvent de deviner le sens d'un mot inconnu.
Les mots simples
Le radical
Un mot est simple lorsqu'il est composé d'un seul élément.
"Fer" est un mot simple. En revanche, "Fer à cheval" est un mot composé.
À l'intérieur d'un mot simple, l'élément désigné est identifié dans son radical. Il s'agit d'un élément central et sémantiquement important.
Dans "parchemin", on trouve le radical "chemin".
Le radical est souvent issu du latin. Rechercher la signification latine peut aider à comprendre le sens du radical en français. On peut aussi chercher un autre mot qui contient le même radical et en déduire les points communs entre les deux mots.
Les préfixes
Le préfixe est un élément placé avant le radical. Il provient très souvent d'une préposition latine. Connaître le sens de cette préposition permet alors de comprendre le sens du préfixe.
Les principaux préfixes d'origine latine à connaître sont :
Préfixe | Signification | Exemple |
---|---|---|
Ab- A- | Loin de, absence | Abnégation |
A- Ad- Ac- Af- Al- Ap- | Vers, rapprochement | Amener Admettre Accroître Affaiblir Alléger Apporter |
Anti- | Contre | Antiphrase |
Archi- | Très | Archiduc |
Bien- | Positif | Bienfaisant |
Bi- Bis- Di- Dis- | Deux | Bicyclette Bisannuel Dichotomique Disjoindre |
Circon- | Autour | Circoncire |
Cis- | En-deçà | Cisalpin |
Con- Co- Com- Col- | Avec, ensemble | Concitoyen Coauteur Compatriote Collatéral |
Dé- Dés- Des- Dis- | Négation, privation, séparation | Débrancher Désespoir Desserrer Distendre |
Ex- | Hors de | Expatrier |
Extra- | Hors norme | Extraordinaire |
For- Fau- Hor- | Hors de | Forcer Faubourg Hormis |
In- | Négation | Inégal |
Im- | Dans | Immersion |
Mal- Malé- Mau- | Mal | Malheur Malédiction Maudire |
Mé- Més- | Mal | Médisance Mésaventure |
Mi- | Moitié | Milieu |
Par- Per- | À travers | Parachever Percer |
Pén- | Presque | Pénombre |
Post- | Après | Postérieur |
Pré- | Avant | Préavis |
Semi- | Moitié | Semi-obscurité |
Sous- Sou- | Hiérarchie, quantité, intensité, position | Sous-chef Souterrain |
Sub- | Sous | Subodorer |
Trans- Tres- | À travers | Transpercer Tressaillir |
Vice- Vi- | À la place de | Vice-président Vicomte |
Les principaux préfixes d'origine grecque à connaître sont :
Préfixe | Signification | Exemple |
---|---|---|
A- | Privation | Aporie |
Amphi- | Double | Amphibien |
Ana- | Renversement | Anagramme |
Anti- Anté | Opposition | Antithèse Antéchrist |
Apo- | Éloignement, distance | Apocalypse |
Arch- | Au-dessus de | Architecte |
Cata- | Changement | Catastrophe |
Di- Dis- | Double | Dichotomie Dissemblance |
Dys- | Difficulté | Dysfonctionnement |
Epi- | Sur | Épiderme |
Eu- | Positif | Euphorie |
Hémi- | Moitié | Hémisphère |
Hyper- | Au-dessus, grand | Hypermarché |
Hypo- | En dessous | Hypoglycémie |
Méta- | Changement | Métaphore |
Para- | À côté | Paradoxe |
Péri- | Autour | Périphérique |
Syn- Sym- Syl- Sy- | Avec | Synchrone Symbole Syllabe Symétrie |
Les suffixes
Le suffixe se place après le radical. Il complète le sens du mot, soit en déterminant sa classe grammaticale, soit en nuançant le sens du radical.
Certains suffixes permettent de former des noms :
Suffixe | Exemple |
---|---|
-iste | Dentiste |
-isme | Naturalisme |
-ite | Bronchite |
-age | Chantage |
-ation | Agrégation |
-eur | Chanteur |
-té | Aparté |
-ance | Mouvance |
-et -ette | Jouet Maisonnette |
-ot -otte | Cheminot Bougeotte |
-oir -oire -atoire | Plongeoir Mangeoire Interrogatoire |
Certains suffixes permettent de former des adjectifs :
Suffixe | Exemple |
---|---|
-ique | Artistique |
-able | Défendable |
-ible | Admissible |
-ain | Certain |
-al | Banal |
-esque | Grotesque |
-iste | Fantaisiste |
-et -ette | Rondelet Rondelette |
-ot -otte | Vieillot Vieillotte |
-oire -atoire | Dérisoire Obligatoire |
Certains suffixes permettent de former des verbes :
Suffixe | Exemple |
---|---|
-er | Donner |
-ir | Dormir |
-oir | Falloir |
-re | Admettre |
-ailler | Travailler |
Certains suffixes permettent de former des adverbes :
Suffixe | Exemple |
---|---|
-ment | Gentiment |
-emment | Patiemment |
-amment | Bruyamment |
Les mots composés
Les mots composés sont des constructions de mots simples et de prépositions. Il s'agit très souvent de mots récents, figés par la langue française pour identifier de nouveaux concepts, apparus après son passage à l'écrit.
Quand les Européens ramènent la pomme de terre au XVIe siècle, aucun mot n'existe pour désigner ce fruit. Comme le fruit le plus répandu en France est la pomme et que ce fruit pousse dans la terre, on le baptise "pomme de terre".
La polysémie du mot
Le sens propre et le sens figuré
Un mot peut avoir plusieurs sens. Il est polysémique. On distingue :
- Le sens propre, à dimension concrète, immédiate et souvent matérielle
- Le sens figuré, symbolique, souvent littéraire, qui établit des comparaisons
Dans "La corde va casser.", le mot "corde" est employé au sens propre. Le locuteur évoque un objet qui s'appelle une corde.
En revanche, dans "Il pleut des cordes", le mot "corde" est employé au sens figuré. Il désigne les gouttes de pluie, qui sont si rapprochées et si épaisses qu'elles prennent presque l'apparence de cordes. Il s'agit d'une image.
La dénotation et la connotation
Chaque mot est donc porteur de sens, plus ou moins évident.
Si certains sens sont évidents parce qu'ils sont liés à la définition du mot, d'autres sens sont implicites :
- La dénotation d'un mot contient l'ensemble des sens contenus dans la définition du mot.
- La connotation regroupe tous les sous-entendus portés par l'emploi du mot.
Le mot "jaunâtre" dénote la couleur jaune. Par ailleurs, ce mot est connoté. L'emploi du suffixe "âtre" signifie que le jaune n'est pas parfait et que ce jaune n'est donc pas plaisant. Il est connoté négativement.
Les connotations les plus répandues sont :
- La connotation méliorative (ou positive).
- La connotation péjorative (ou négative).
Le champ lexical et le réseau lexical
Le champ lexical et le champ lexical dérivationnel
Champ lexical
Un champ lexical est un ensemble de mots d'un texte se rapportant à un thème commun.
Les mots suivants appartiennent au champ lexical de la peur : effrayé, fantôme, noir, tremblant, menaçant, effroi, chair de poule.
Champ lexical dérivationnel
Le champ lexical dérivationnel se compose de tous les mots qui sont issus d'une même étymologie, d'une même origine ou d'un même radical. De la même manière que le champ lexical, le champ lexical dérivationnel rassemble des mots qui ont un thème commun, mais leurs liens sont plus étroits.
Le champ lexical dérivationnel de la grandeur est : grand, grandeur, grandir, agrandissement.
Le réseau lexical
Réseau lexical
Un réseau lexical est un ensemble de mots dont la nature et la valeur sont les mêmes. Ils ont donc le même thème (champ lexical) mais aussi le même contexte, la même connotation.
Chat, chien, cochon d'Inde, hamster, souris.
Les mots ci-dessus appartiennent au même thème, celui des animaux. Ils ont la même connotation, ce sont des animaux de compagnie. Ils forment donc un réseau lexical.
Le réseau lexical du concret et de l'abstrait
Le réseau lexical du concret regroupe tout ce qui appartient au monde physique (ou monde sensible) et qui est perceptible par les cinq sens. Le vocabulaire concret regroupe, entre autres, le vocabulaire :
- Des sensations
- Des objets
- Des êtres vivants
- De la nature
- De l'action
J'ai senti l'odeur d'un gâteau au chocolat qui cuisait, j'ai eu très faim tout à coup !
Dans cet exemple, les verbes "sentir" et "avoir faim" appartiennent au vocabulaire de la sensation, le "gâteau au chocolat" est un objet du monde physique, le verbe "cuire" est une action. Tout ce qui est décrit appartient au réseau lexical du concret.
Le vocabulaire concret est souvent utilisé dans un texte descriptif ou narratif.
Charlie Bucket promena ses regards sur la salle gigantesque. [...] Dans tous les coins, il y avait des marmites en métal noir, fumant et bouillonnant sur de grands fourneaux, des bouilloires sifflantes et des poêles à frire ronronnantes, d'étranges machines de fer qui crachotaient et cliquetaient, et des tuyaux qui couraient le long du plafond et des murs, le tout enveloppé de fumée, de vapeurs, de riches et délicieux parfums.
Roald Dahl
Charlie et la chocolaterie, (Charlie and the Chocolate Factory), trad. Élisabeth Gaspar, Paris, éd. Gallimard jeunesse (1978)
1964
Dans cet extrait, le vocabulaire utilisé est concret, il se rapporte au monde sensible et physique. Le personnage regarde une pièce, l'auteur utilise donc un verbe de perception : "promena ses regards". Le sens de la vue est utilisé par Charlie, mais aussi le sens de l'ouïe ("cliquetaient") et de l'odorat ("délicieux parfums"). On trouve ensuite une liste de nombreux objets : marmites, bouilloires, poêles, etc. Il s'agit d'un texte descriptif dans lequel le réseau lexical du concret est convoqué.
Le réseau lexical de l'abstrait regroupe tout ce qui est extérieur au monde sensible. Il est souvent associé à la pensée, c'est ce que l'esprit conçoit. Le vocabulaire abstrait regroupe le vocabulaire de :
- La pensée
- La morale
- La réflexion
Rousseau a réfléchi à la question de la liberté de l'homme mais aussi à la justice.
Dans l'exemple précédent, le verbe "réfléchir" appartient au vocabulaire de l'abstrait, il s'agit d'une action qui relève de l'esprit. Les termes "liberté" et "justice" sont des concepts. Le vocabulaire du réseau lexical de l'abstrait est donc utilisé.
Le vocabulaire abstrait est souvent utilisé dans les textes argumentatifs, les essais et les ouvrages philosophiques.
Ceux qui jugent et qui condamnent disent la peine de mort nécessaire. D'abord, - parce qu'il importe de retrancher de la communauté sociale un membre qui lui a déjà nui et qui pourrait lui nuire encore. - S'il ne s'agissait que de cela, la prison perpétuelle suffirait. À quoi bon la mort ? Vous objectez qu'on peut s'échapper d'une prison ? Faites mieux votre ronde. Si vous ne croyez pas à la solidité des barreaux de fer, comment osez-vous avoir des ménageries ? Pas de bourreau où le geôlier suffit.
Victor Hugo
Extrait de la préface du Dernier Jour d'un condamné, Paris, éd. Charles Gosselin
1829
Dans cet extrait, plusieurs verbes se rapportent à la réflexion : "juger", "condamner", "objecter". Victor Hugo réfléchit à la peine de mort. Il s'agit d'un texte argumentatif contre cette pratique. Le vocabulaire du réseau lexical de l'abstrait est donc utilisé.
Le réseau lexical de l'affectivité
Le réseau lexical de l'affectivité regroupe tout ce qui se rapporte aux sentiments et aux émotions. C'est le vocabulaire lié à la psychologie des hommes ou des personnages.
Lolita riait, jamais elle n'avait été si heureuse, elle se sentait pousser des ailes et voulait chanter.
Dans l'exemple précédent, l'adjectif qualificatif "heureuse" est associé à des verbes comme "rire" et "chanter" qui expriment la joie. Le verbe "se sentir" est un verbe d'émotion. L'expression "se sentait pousser des ailes" souligne le bonheur. Le vocabulaire du réseau lexical de l'affectivité est utilisé pour peindre la joie.
L'analyse du vocabulaire de l'affectivité dans un texte littéraire permet de comprendre les émotions des personnages ou de l'auteur, de déterminer la tonalité du texte.
Quand Gervaise s'éveilla, vers cinq heures, raidie, les reins brisés, elle éclata en sanglots. Lantier n'était pas rentré. Pour la première fois, il découchait. Elle resta assise au bord du lit, sous le lambeau de perse déteinte qui tombait de la flèche attachée au plafond par une ficelle. Et, lentement, de ses yeux voilés de larmes, elle faisait le tour de la misérable chambre garnie, meublée d'une commode de noyer dont un tiroir manquait, de trois chaises de paille et d'une petite table graisseuse, sur laquelle traînait un pot à eau ébréché.
Émile Zola
L'Assommoir, Paris, éd. Charpentier
1877
Dans cet extrait, Zola souligne la tristesse de Gervaise avec les expressions "éclata en sanglots" et "yeux voilés de larmes". Il choisit également, pour décrire la pièce, des termes qui soulignent l'état de tristesse du personnage : "lambeau", "déteinte", "misérable". Le réseau lexical de l'affectif est utilisé. L'extrait permet de savoir que Gervaise est malheureuse.
Le réseau lexical de l'appréciatif
Le réseau lexical de l'appréciatif regroupe tous les termes qui permettent d'exprimer un jugement de valeur.
- Le jugement peut être négatif, on parle alors de vocabulaire péjoratif, dépréciatif ou dévalorisant.
- Le jugement peut être positif, on parle alors de vocabulaire mélioratif, laudatif ou élogieux.
Je n'ai jamais aimé Amandine, elle est méchante, idiote, et d'une mauvaise foi incroyable !
Dans l'exemple précédent, le locuteur prononce un jugement sur Amandine. Les adjectifs qualificatifs "méchante", "idiote" et "mauvaise" sont dépréciatifs. Le verbe "aimer" est sous sa forme négative. Le vocabulaire est donc appréciatif.
Étudier le réseau lexical de l'appréciatif dans un texte permet de distinguer le point de vue utilisé par l'auteur, mélioratif ou péjoratif.
En apercevant, au milieu de ce réduit éclos par la baguette d'une fée, le chef-d'œuvre de la création, cette fille dont le teint chaudement coloré, dont la peau douce, mais légèrement dorée par les reflets du rouge et par l'effusion de je ne sais quelle vapeur d'amour étincelait comme si elle eût réfléchi les rayons des lumières et des couleurs, sa colère [...] tomba.
Honoré de Balzac
La Fille aux yeux d'or, Paris, éd. Furne
1835
Dans cet extrait, de nombreux adjectifs et termes mélioratifs sont utilisés pour exprimer un point de vue positif sur le personnage. On parle de réseau lexical de l'appréciatif, qui ici sert à exprimer un jugement laudatif.
Le champ sémantique et le réseau sémantique
Le champ sémantique
Champ sémantique
Le champ sémantique constitue l'ensemble des sens d'un mot donnés par le dictionnaire.
Le mot "fraise" a plusieurs sens. Il peut être un fruit, un objet utilisé par le dentiste, ou le col que portaient les notables à l'époque.
Le réseau sémantique
Réseau sémantique
Le réseau sémantique constitue l'ensemble des remarques ou études faites sur le sens d'un mot, c'est-à-dire sur son champ sémantique.
On étudie le mot "heureux".
- Synonyme : joyeux
- Antonyme : malheureux
- Hyperonyme : le bonheur
"joyeux", "malheureux" et "bonheur" font partie du réseau sémantique de "heureux".
La synonymie et l'antonymie
Synonymie
La synonymie est le lien analogique entre les sens de deux mots. Ils ont un sens similaire mais jamais parfaitement identique.
"Voiture" et "automobile" sont synonymes. Toutefois, si leurs sens dénotés sont identiques, "voiture" relève du langage courant et "automobile" du langage soutenu. Par ailleurs, une voiture n'est pas forcément munie d'un moteur (comme les voitures à cheval).
Antonymie
L'antonyme est le lien logique qui relie deux mots de sens contraires.
"Jeune" et "vieux" sont deux adjectifs qualificatifs antonymes : ils s'opposent.
L'hyperonymie et l'hyponymie
Hyperonymie
L'hyperonymie désigne le lien logique qui existe entre un mot générique et un ensemble d'autres mots plus spécialisés qui sont ses hyponymes.
"Fleur" est l'hyperonyme de "rose", "violette" et "tulipe", qui sont également ses hyponymes.
Hyponymie
Un hyponyme est un mot qui désigne un élément compris dans un ensemble porté par un autre mot.
"Banane" est un hyponyme de "fruit", tout comme "cerise", "orange", "pomme"
L'homonymie
Homonymie
L'homonymie désigne l'ensemble des liens logiques qui rapprochent les mots de manière formelle.
La saison de l'"été" et le participe passé du verbe être "été" sont homonymes. Ils se prononcent de la même façon.
Il faut distinguer :
- Les homographes, qui sont des mots qui s'écrivent strictement de manière identique.
- Les homophones, qui s'entendent de manière identique mais s'écrivent de manière différente.
Les poètes utilisent régulièrement des homonymies pour créer des réseaux de sens et des constructions poétiques originales.