On donne du poème en prose "L'Huître" de Francis Ponge (Texte A) et une description réaliste extraite de Vingt-mille lieues sous les mers de Jules Verne (Texte B).
Texte A
L'huître, de la grosseur d'un galet moyen, est d'une apparence plus rugueuse, d'une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C'est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l'ouvrir : il faut alors la tenir au creux d'un torchon, se servir d'un couteau ébréché et peu franc, s'y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles : c'est un travail grossier. Les coups qu'on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d'une sorte de halos.
À l'intérieur l'on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d'en dessus s'affaissent sur les cieux d'en dessous, pour ne plus former qu'une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l'odeur et à la vue, frangé d'une dentelle noirâtre sur les bords.
Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d'où l'on trouve aussitôt à s'orner.
Texte B
Auprès des œuvres de l'art, les raretés naturelles tenaient une place très importante. Elles consistaient principalement en plantes, en coquilles et autres productions de l'Océan, qui devaient être les trouvailles personnelles du capitaine Nemo. Au milieu du salon, un jet d'eau, électriquement éclairé, retombait dans une vasque faite d'une seule tridacne. Cette coquille, fournie par le plus grand des mollusques acéphales, mesurait sur ses bords, délicatement festonnés, une circonférence de six mètres environ ; elle dépassait donc en grandeur ces belles tridacnes qui furent données à François 1er par la République de Venise, et dont l'église Saint-Sulpice, à Paris, a fait deux bénitiers gigantesques.
Autour de cette vasque, sous d'élégantes vitrines fixées par des armatures de cuivre, étaient classés et étiquetés les plus précieux produits de la mer qui eussent jamais été livrés aux regards d'un naturaliste. On conçoit ma joie de professeur.
L'embranchement des zoophytes offrait de très curieux spécimens de ses deux groupes des polypes et des échinodermes. Dans le premier groupe, des tubipores, des gorgones disposées en éventail, des éponges douces de Syrie, des isis des Molluques, des pennatules, une virgulaire admirable des mers de Norwége, des ombellulaires variées, des alcyonnaires, toute une série de ces madrépores que mon maître Milne-Edwards a si sagacement classés en sections, et parmi lesquels je remarquai d'adorables flabellines, des oculines de l'île Bourbon, le "char de Neptune" des Antilles, de superbes variétés de coraux, enfin toutes les espèces de ces curieux polypiers dont l'assemblage forme des îles entières qui deviendront un jour des continents. Dans les échinodermes, remarquables par leur enveloppe épineuse, les astéries, les étoiles de mer, les pantacrines, les comatules, les astérophons, les oursins, les holoturies, etc., représentaient la collection complète des individus de ce groupe.
Quel est le thème commun aux deux textes ?
- Le texte A décrit une huître et sa dégustation, de l'extérieur vers l'intérieur.
- Le texte B décrit la collection de coquillages du capitaine Némo.
Le thème commun aux deux textes est le coquillage, le fruit de mer.
Quelles sont les images utilisées dans chacun des textes ?
Dans le texte A :
- Le poème de Ponge est construit sur une métaphore filée : celle de l'huître comme "monde opiniâtrement clos". Il décrit ainsi l'intérieur de l'huître comme un univers à part composé de "firmament" et de cieux.
- Le dernier vers laisse à penser que l'ouverture de l'huître et sa dégustation sont une allégorie du travail poétique : "c'est un travail grossier" qui se fonde sur le rapport au langage que l'on devine métaphorisé dans la phrase "Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d'où l'on trouve aussitôt à s'orner". La quête de l'ornement poétique est allégorisée dans cette idée de la formule qui perle. La perle de l'huître devient ici un verbe.
Dans le texte B :
- Il n'y a pas d'images.
- Le texte fonctionne sur une énumération très scientifique des différents coquillages qui font la collection du capitaine Némo.
Quel est le texte le plus imagé ?
Le texte A, dans sa dimension allégorique et métaphorique, est plus imagé que le texte B qui fait primer la dimension scientifique de l'accumulation.
Le texte A est le plus imagé.