Lire les extraits de textes, puis compléter les phrases suivantes en déterminant les indices du genre littéraire de l'épopée.
« Ulysse lui versa une deuxième, puis une troisième rasade. Ce vin épais, que les Grecs buvaient mélangé à beaucoup d'eau, le Cyclope l'avalait à grandes gorgées. Il lui monta bientôt à la tête.
"Quel est ton nom ?", demanda-t-il à Ulysse.
"Personne", lui répondit Ulysse.
"Personne, tu seras le dernier à être mangé, repartit le monstre cruel. Tel sera mon présent."
Ce disant, il s'affaissa à terre, vaincu par le sommeil.
Ulysse saisit le pieu et déposa sa pointe dans le feu. Quand le pieu fut près de flamber, Ulysse et ses compagnons l'enfoncèrent en le faisant tourner dans l'œil du géant. L'œil brûlé fumait et grésillait.
Le Cyclope poussa un gémissement terrible, et la roche retentit alentour. Affolé de douleur, il arracha le pieu. Il le jeta loin de lui, en appelant ses voisins qui avaient leurs cavernes entre les pics battus des vents. »
(Homère, Jane Werner Watson, L'Iliade et l'Odyssée, © Cocorico, 1957)
« Hector tire le glaive suspendu à son flanc, le glaive grand et fort ; puis, se ramassant, il prend son élan, tel l'aigle de haut vol, qui s'en va vers la plaine, à travers les nues ténébreuses, pour ravir un tendre agneau ou un lièvre qui se terre ; tel s'élance Hector, agitant son glaive aigu. Achille aussi bondit ; son cœur se remplit d'une ardeur sauvage ; il couvre sa poitrine de son bel écu ouvragé ; sur son front oscille son casque étincelant à quatre bossettes, où voltige la crinière d'or splendide […]. Comme l'étoile qui s'avance […], ainsi luit la pique acérée qu'Achille brandit dans sa droite. »
(Homère, Iliade, VIIIe siècle avant Jésus-Christ)
« Il n'est rien, pour moi, qui vaille la vie, […]. On enlève bœufs, gras moutons ; on achète trépieds et chevaux aux crins blonds : la vie d'un homme ne se retrouve pas ; […]. Ma mère souvent me l'a dit, la déesse aux pieds d'argent, Thétis : deux destins vont m'emportant vers la mort, qui tout achève. Si je reste à me battre ici autour de la ville de Troie, c'en est fait pour moi du retour ; en revanche, une gloire impérissable m'attend. Si je m'en reviens au contraire dans la terre de ma patrie, c'en est fait pour moi de la noble gloire ; une longue vie, en revanche, m'est réservée, […] »
(Homère, Iliade, VIIIe siècle avant Jésus-Christ)
« La bataille fait rage et devient générale.
Le comte Roland ne fuit pas le danger.
Il frappe de l'épieu tant que résiste la hampe ;
après quinze coups il l'a brisée et détruite.
Il dégaine Durendal, sa bonne épée,
il éperonne son cheval et va frapper Chernuble,
il lui brise le casque où brillent des escarboucles,
lui tranche la tête et la chevelure,
lui tranche les yeux et le visage,
et la cuirasse blanche aux fines mailles,
et tout le corps jusqu'à l'enfourchure.
A travers la selle plaquée d'or,
l'épée atteint le corps du cheval,
lui tranche l'échine sans chercher la jointure,
et il l'abat raide mort dans le pré sur l'herbe drue. »
(Anonyme, Chanson de Roland, XIe siècle)
« Perceval mit la lance en arrêt, et ils s'élancèrent l'un contre l'autre sans se défier ni s'adresser la parole. […] Les chevaux étaient rapides et les chevaliers puissants. Ils se haïssaient à mort. Ils se frappèrent si fort que craquaient les bois de leurs boucliers qui se brisèrent en même temps que les lances, et qu'ils se jetèrent l'un l'autre à terre. Mais ils eurent tôt fait de se remettre en selle et de se précipiter l'un contre l'autre, sans paroles inutiles, plus férocement que deux sangliers. Ils se frappèrent sur leurs boucliers et sur leurs hauberts aux fines mailles de toute la force de leurs chevaux. […] Aguingueron fut le seul à tomber, le corps couvert de blessures au point qu'il avait mal au bras et au côté. Le jeune homme mit pied à terre, car il ne savait l'attaquer en restant à cheval. Une fois descendu, il tira l'épée et l'assaillit. »
(Chrétien de Troyes, Perceval ou le Conte du Graal, vers 1180)