Qu'est-ce qui peut justifier la réécriture ? Illustrer le propos d'exemples.
Pourquoi Racine et Corneille réécrivent-ils Phèdre et Médée ?
Quel est le motif de la querelle des Anciens et des Modernes ?
Parmi les figures mythiques suivantes, laquelle a donné lieu à des réécritures à portée politique ?
Pourquoi les écrivains humanistes ont-ils recours à la réécriture ?
Pourquoi les écrivains du XXe siècle choisissent-ils de réécrire certains mythes antiques ?
Le travail de l'écrivain ne peut pas faire abstraction des textes qui l'ont précédé et influencé : l'écriture intègre donc des références à d'autres textes, que ce soit pour rendre hommage ou pour tourner en dérision. La création est en effet une manière pour les écrivains de s'inscrire dans une généalogie culturelle et littéraire. Par ailleurs, l'auteur cherche à créer du neuf à partir de l'ancien.
Pour commencer, les différents procédés de réécriture sont un moyen de s'insérer dans une lignée intellectuelle. C'est notamment le cas à la Renaissance pour les écrivains humanistes qui redécouvrent les textes de l'Antiquité et s'en inspirent. L'œuvre de Rabelais, par exemple, revendique des références aux grands philosophes de l'Antiquité, comme Platon ou Aristote, sur le mode de la citation ou de l'allusion : il s'agit pour lui de rendre hommage à ces grands auteurs et d'inciter le lecteur à un retour au savoir antique. De même, le classicisme repose énormément sur l'imitation des Anciens. Dans cette perspective, la qualité d'une œuvre littéraire ne réside pas dans sa nouveauté mais dans la capacité de l'auteur à redonner vie à l'œuvre ancienne tout en essayant de l'enrichir. Les tragédies de Corneille et Racine sont très représentatives de cette position vis-à-vis des modèles anciens : les deux dramaturges construisent leurs intrigues en reprenant de grandes figures telles que Phèdre, Médée ou Andromaque déjà connues du public de l'époque. C'est un moyen pour eux de créer un déracinement à la fois temporel et culturel et d'empêcher le spectateur de pleinement s'identifier au personnage tragique qui doit avant tout susciter effroi et pitié pour permettre la catharsis.
Cependant, les Modernes, menés par Perrault, critiquent cette position des Classiques et revendiquent la nécessité de créer du neuf à partir de l'ancien, d'innover dans la création : c'est l'origine de la Querelle des Anciens et des Modernes. Par la suite, les Romantiques reprennent cette idée que la réécriture est une entrave à leur liberté de création. Pour autant, il leur est impossible de faire abstraction des modèles culturels dont ils héritent, que ce soit pour les imiter ou pour s'en détacher radicalement : à partir du XIXe, les auteurs cherchent donc à mettre en place des modes de réécriture plus libres, plus dynamiques qui articulent l'ancien et l'inédit. À partir d'un modèle qu'il va s'agir de "dépoussiérer", les écrivains cherchent à affirmer une vision originale. Au XXe siècle notamment, la transposition de certains mythes antiques est l'occasion pour les auteurs d'interroger leur société contemporaine : la figure d'Antigone, reprise par Cocteau, Brecht et Anouilh est à cet égard très riche. Chacun de ces dramaturges propose sa version de cette figure qui symbolise la révolte pour mettre en question les régimes politiques de la première moitié du XXe siècle.
- La réécriture permet de s'inspirer des anciens pour les écrivains de la Renaissance et pour les Classiques (par exemple Corneille et Racine).
- Au XXe siècle, la réécriture est un moyen de créer du nouveau à partir de l'ancien (c'est le cas dans les transpositions de Cocteau, Anouilh ou Giraudoux).