Sommaire
ILes mutations démographiques et résidentielles des espaces rurauxALe peuplement des espaces ruraux1Le vieillissement des populations rurales2Le renouveau des espaces ruraux3Un renouveau inégal selon les espaces rurauxBDes espaces ruraux de plus en plus résidentiels et dépendants des villes1Des espaces transformés par la périurbanisation2Des liens accrus avec les espaces urbainsIILes mutations de l'agriculture et des industriesALes transformations des systèmes agricoles1Une agriculture de plus en plus modernisée et intensive2La pérennité de l'agriculture extensiveBL'industrialisation et le tourisme1L'industrialisation des espaces ruraux2Le tourismeIIILes enjeux des mutationsALes enjeux économiques et sociaux1L'enjeu économique2L'enjeu socialBLes défis environnementaux1Le développement durable2La protection des paysages de campagneEn France, les espaces ruraux sont désormais multifonctionnels. Les mutations sont démographiques et résidentielles : le peuplement de ces zones a évolué, et ces espaces sont davantage soumis à la pression urbaine. Les activités se divisent entre agriculture, industries et lieux de résidence. Les politiques d'aménagement font face à de nombreux défis liés à ces mutations.
Quelles sont les principales mutations des espaces ruraux en France et quels en sont les enjeux ?
Les mutations démographiques et résidentielles des espaces ruraux
En France, les espaces ruraux connaissent des mutations démographiques et résidentielles. Le peuplement des espaces ruraux change et ces espaces sont de plus en plus soumis à la pression urbaine et deviennent des zones résidentielles.
Le peuplement des espaces ruraux
Le peuplement des espaces ruraux évolue, entre vieillissement et renouveau des populations. Ce renouveau est inégal au sein des espaces ruraux.
Le vieillissement des populations rurales
La croissance démographique des espaces ruraux reste limitée par le vieillissement de la population qui habite les campagnes.
Le vieillissement de la population est un phénomène qui concerne l'ensemble du territoire. Au 1er janvier 2018, les personnes de 65 ans ou plus représentent 19,6 % de la population contre 15,5 % de la population en 1997. Les raisons de ce vieillissement de la population sont :
- l'amélioration des conditions de vie et les progrès de la médecine qui ont contribué à l'augmentation de l'espérance de vie ;
- la faible natalité qui limite le nombre de naissances, donc la part des plus jeunes au sein de la population.
Le vieillissement de la population rurale est perceptible dès les années 1960-1970, avec l'exode rural des populations les plus jeunes (étudiants, jeunes couples). Les retraités restent ou reviennent dans les villages. Dans les campagnes, les taux de natalité sont bas et la fécondité est très faible. Le solde naturel demeure négatif jusque dans les années 2010.
Le solde naturel dans le monde rural est de -0,1 %/an de 1999 à 2006.
La croissance de la population française, 1982-2006
Insee, dans M. Reghezza-Zitt, La France dans ses territoires, © Sedes, 2011
Le renouveau des espaces ruraux
Les espaces ruraux se caractérisent par une faible densité de population. On constate toutefois une augmentation du nombre de ruraux depuis quelques années, principalement grâce aux retraités et aux familles qui s'installent à la campagne.
Les densités de population dans les zones rurales sont souvent inférieures à 50 hab./km2 alors que la densité moyenne de la France est d'environ 115 habitants au km2. Elle correspond à la moyenne européenne.
Les dynamiques démographiques des espaces ruraux depuis 1950
© Géoconfluences, ENS Lyon
Depuis le recensement de 1962, la population rurale a augmenté de plus de 12 % mais cette croissance s'est effectuée à un rythme beaucoup plus faible que celui des espaces urbains. Le nombre de ruraux augmente néanmoins. Ce regain démographique est permis par un flux migratoire redevenu positif.
Le flux migratoire est de +0,8 %/an pour la période 1999-2006.
Les campagnes attirent essentiellement :
- des retraités qui retournent dans leur région d'origine ou rejoignent une région supposée offrir un cadre de vie meilleur (héliotropisme) ;
- des familles qui cherchent à s'éloigner des agglomérations.
Un renouveau inégal selon les espaces ruraux
Le repeuplement des espaces ruraux est inégal. Les espaces ruraux qui bénéficient des dynamiques démographiques les plus positives sont les espaces ruraux périurbains.
La croissance des espaces ruraux périurbains est de +1,2 %/an depuis les années 1980.
Ce sont les territoires les plus attractifs pour les nouveaux arrivants et ceux qui bénéficient le plus d'un solde naturel positif.
De nombreuses familles s'installent et font des enfants.
Les communes rurales les plus proches des métropoles sont celles qui sont les plus dynamiques. Les plus attractives se situent à moins de 45 minutes d'une grande ville. Elles permettent à des familles de changer de cadre de vie, d'occuper des logements plus vastes et moins coûteux tout en gardant un emploi en ville. Les communes rurales situées à plus d'une heure restent attractives mais davantage pour des familles retraitées.
Les communes isolées sont pénalisées par :
- leur enclavement ;
- l'éloignement des axes de transport rapides ;
- un dynamisme économique moindre ;
- l'absence de nombreux services (écoles, médecins et hôpitaux, commerces, etc.).
Évolution de la population des communes selon le temps d'accès à la métropole la plus proche (en %)
© Insee
La tendance récente semble être celle d'un ralentissement de l'attractivité des espaces ruraux. Pour la période 2011-2016, le taux de croissance annuel de la population est inférieur à celui de 2006 et 2011. Cela s'explique notamment par l'accentuation du phénomène de métropolisation. Depuis 2006, les aires urbaines de plus de 500 000 habitants ont massivement créé des emplois alors que les villes moyennes, les petites villes et les communes rurales isolées ont subi des pertes.
Des espaces ruraux de plus en plus résidentiels et dépendants des villes
Les espaces ruraux sont de plus en plus résidentiels et dépendent de plus en plus des villes. Ils sont transformés par la périubanisation et deviennent des lieux de résidence. Ils ont de plus en plus de liens avec les villes.
Des espaces transformés par la périurbanisation
Depuis les années 1970, la croissance urbaine s'est accompagnée d'un étalement des espaces urbanisés sur les espaces ruraux situés en périphérie des villes : c'est la périurbanisation. Les espaces ruraux concernés par la périurbanisation se caractérisent par de très fortes croissances démographiques et servent de plus en plus de lieux de résidence.
Cette périurbanisation a fortement modifié les paysages des espaces ruraux périurbains :
- multiplication des résidences de petits immeubles, des nouveaux lotissements et des maisons individuelles ;
- construction de vastes zones commerciales et d'activités près des sorties d'autoroutes ou des voies rapides.
L'évolution de la population par zone d'habitation depuis 1968
© observationsociete.fr
Des liens accrus avec les espaces urbains
Les espaces ruraux ont des liens de plus en plus importants avec les espaces urbains. Ils ne sont plus seulement des lieux de résidence et développent des activités propres, connectées avec la ville.
Au début, les espaces ruraux périurbains avaient surtout une vocation résidentielle. Les habitants continuaient de travailler dans les agglomérations et faisaient des déplacements quotidiens entre leur domicile et leur lieu de travail. Les flux entre les espaces périurbains et le pôle urbain se sont donc rapidement multipliés. Les habitants des communes rurales périurbaines restaient également fortement dépendants des services proposés dans la ville pour leurs activités culturelles, de loisirs, de consommation.
Avec l'essor des zones commerciales et d'activités artisanales ou industrielles dans les espaces périurbains, les mobilités quotidiennes se sont modifiées et complexifiées. Les zones commerciales attirent des habitants de toute l'aire urbaine. On y trouve :
- des magasins spécialisés (bricolage, sports, électroménager, jardinerie, etc.) ;
- des boutiques qui concurrencent celles du centre-ville (vêtements, chaussures, parfumeries, etc.) ;
- des restaurants et autres espaces récréatifs (complexes cinématographiques, salles de sport, etc.).
De plus, ces zones d'activités artisanales et industrielles créent de l'emploi. Elles regroupent :
- des entrepôts industriels ;
- des bureaux ;
- des campus universitaires ;
- des laboratoires ;
- des parcs scientifiques.
Ainsi, les flux « domicile-travail » entre les espaces périurbains et le centre-ville sont devenus minoritaires. Moins d'un tiers des actifs périurbains vont désormais travailler dans la ville-centre. 50 % exercent leur emploi dans des entreprises situées en zone périurbaine. Ces entreprises embauchent également du personnel qui réside dans la ville-centre. Ces phénomènes de complexification des mobilités entre les agglomérations et les espaces périurbains caractérisent la plupart des villes du pays.
Les mutations de l'agriculture et des industries
Dans les espaces ruraux français, on observe des mutations dans le domaine agricole. De nouvelles industries et le tourisme se développent.
Les transformations des systèmes agricoles
Les systèmes agricoles se transforment, l'agriculture est de plus en plus modernisée et intensive. L'agriculture extensive persiste toutefois, notamment pour des raisons environnementales.
Une agriculture de plus en plus modernisée et intensive
On observe une transformation des systèmes agricoles dans les espaces ruraux français, où l'agriculture est de plus en plus modernisée et intensive. La production agricole a fortement augmenté dans la plupart des domaines, avec des rendements qui ont été multipliés par deux, trois ou plus. Des mutations des modes de travail ont eu lieu (multiplication de la taille des espaces agricoles, spécialisation, etc.).
Un agriculteur français nourrit aujourd'hui plus de 60 personnes contre 15 dans les années 1960.
L'accroissement de la productivité agricole s'explique grâce à des mutations profondes des modes de travail. On observe une concentration des exploitations qui sont de plus en plus grandes. En France métropolitaine, la taille moyenne des exploitations est multipliée par 4,5 depuis 1950 :
- 14 hectares en 1950 ;
- 42 hectares en 2000 ;
- 63 hectares en 2016.
Évolution du nombre d'exploitations agricoles en France, en milliers
© Insee
On observe également une tendance à la spécialisation des parcelles agricoles :
- Les régions de viticulture, de cultures maraîchères et fruitières constituent de petites zones de très forte spécialisation.
- Le système des grandes cultures intensives (céréales, cultures fourragères, plantes industrielles) s'étend surtout dans le Bassin parisien et dans le Bassin aquitain.
- Les espaces d'élevage intensif (porc et volaille) se concentrent en Bretagne.
Les espaces agricoles en France
On observe enfin la multiplication de modes de production de plus en plus intensifs qui reposent sur :
- Les machines : Le tracteur se généralise à partir des années 1950. Il y a aujourd'hui autant de tracteurs que d'agriculteurs. Les machines sont de plus en plus puissantes. Les agriculteurs utilisent de plus en plus de machines spécialisées : moissonneuses-batteuses, machines à traire, machines à vendanger, machines à arracher les pommes de terre, etc.
- L'automatisation des tâches : De nombreuses tâches sont aujourd'hui automatisées et gérées par ordinateur. La technologie GPS permet le guidage des tracteurs par satellite. De nouvelles semences plus productives sont créées grâce à la recherche agronomique et génétique (en particulier à l'INRA, Institut national de recherche agronomique). Il devient également possible de sélectionner scientifiquement les races de l'élevage.
- Les produits chimiques : La consommation d'engrais a été multipliée par 6 depuis 1950. Elle est particulièrement forte dans les régions de culture céréalière du Bassin parisien et dans les régions de culture du maïs (Aquitaine).
- L'irrigation : Les surfaces irriguées ont été multipliées par 5 depuis 1970. L'irrigation permet de lutter contre le manque d'eau mais aussi d'augmenter les rendements (en particulier pour les céréales).
La pérennité de l'agriculture extensive
L'agriculture extensive reste importante dans les zones rurales. Elle concerne aujourd'hui environ 80 000 exploitations et occupe près de 20 % de la surface agricole du pays. La remise en question de l'utilisation des engrais et l'importance de protéger l'environnement ont permis le soutien des élevages extensifs. De plus, l'agriculture extensive peut être rentable, si l'on privilégie les circuits courts et la vente directe.
Élevage extensif dans les Alpes-de-Haute-Provence
© Wikimedia Commons
L'industrialisation et le tourisme
De nombreuses industries s'installent désormais dans les espaces ruraux français. Le tourisme est en plein essor.
L'industrialisation des espaces ruraux
Les espaces ruraux s'industrialisent de plus en plus, on trouve des industries variées : activités anciennes, nouveaux districts industriels, nouvelles industries et activités liées à l'agriculture.
Les espaces ruraux accueillent toujours des activités industrielles spécialisées héritées du passé.
On trouve des activités comme la métallurgie, le travail du bois ou des textiles.
Des districts industriels se sont parfois constitués autour de ces activités.
Dans le Massif central est installé le district industriel de la coutellerie de Thiers. Elle bénéficie d'une renommée mondiale grâce à la qualité de ses produits. Elle s'est spécialisée dans des productions de pointe, tels les instruments chirurgicaux.
D'autres industries se sont installées dans les campagnes durant les années 1960, bénéficiant de politiques d'aménagement favorables à l'industrialisation des campagnes.
Les usines Citroën se sont installées dans la commune de Chartres-de-Bretagne en 1958. Il s'agit des premières usines de l'entreprise créées en dehors de Paris.
Usine Citroën de la commune de Chartres-de-Bretagne
© Wikimedia Commons
L'activité industrielle est surtout présente dans les espaces ruraux avec les industries agroalimentaires. Elles transforment les productions agricoles locales en biens de consommation alimentaire. Elles utilisent généralement les productions locales pour les conditionner ou les transformer en produits alimentaires.
Les productions agricoles peuvent également générer l'installation d'industries qui contribuent à leur commercialisation.
Autour des vignobles de Champagne, on trouve des verreries pour les bouteilles, des scieries et des papeteries qui utilisent les forêts situées au sommet des côtes pour produire le papier des étiquettes ainsi que les palettes et caisses nécessaires au transport des bouteilles.
Le tourisme
Les espaces ruraux français bénéficient de l'avènement de l'écotourisme. Ce « tourisme vert » valorise le patrimoine naturel des espaces ruraux et profite aux habitants.
Ce tourisme se fait dans le respect de la préservation des paysages naturels et du patrimoine culturel. Il contribue à la revalorisation d'une agriculture raisonnée ou biologique, garantissant le respect des terroirs. Les produits sont protégés par l'attribution de labels de plus en plus nombreux (Appellation d'origine contrôlée ou Indication géographique protégée).
Les habitants des espaces ruraux tirent profit du tourisme de masse. Les paysans en bénéficient, ils créent des gîtes et des fermes-auberges pour accueillir les touristes.
La Provence profite du tourisme de masse développé sur le littoral méditerranéen pour promouvoir ses cultures et paysages traditionnels : champs de lavande, champs d'oliviers, vignobles.
D'autres ruraux bénéficient du tourisme qui s'est développé avec la multiplication des stations de sports d'hiver dans les massifs montagneux, pour exercer une activité complémentaire (l'agriculteur et/ou son épouse travaillent en hiver dans la station de ski) ou pour commercialiser leurs produits locaux.
Les enjeux des mutations
Les mutations du monde rural sont au cœur d'enjeux multiples : économiques, sociaux et environnementaux. Des politiques d'aménagement de développement rural essaient de faire face à ces défis.
Les enjeux économiques et sociaux
L'enjeu économique
L'enjeu économique lié aux mutations des espaces ruraux est important. L'agriculture est particulièrement visée. Des politiques publiques sont mises en œuvre pour maintenir et valoriser l'activité agricole.
Après sa création en 1963, la DATAR (Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale) met en place en 1967 une politique de rénovation rurale pour soutenir l'activité agricole. Elle favorise la modernisation des exploitations agricoles. Elle permet également la construction d'infrastructures de transport et le développement d'activités industrielles et touristiques.
Dans les années 1970, des projets sont élaborés par l'État et les pouvoirs locaux pour soutenir l'installation des jeunes actifs dans l'agriculture. Ils valorisent la filière bois et le développement du tourisme rural. Les premiers contrats de pays sont créés en 1975. Ces contrats sont élaborés à partir d'initiatives locales, ensuite validées par le Comité interministériel d'aménagement du territoire. Ils sont pérennisés tout au long des années 1980 et 1990.
En 1995 sont créées les Zones de revitalisation rurale (ZRR) pour aider les régions aux plus faibles densités de peuplement (moins de 30 hab./km2) à réduire la baisse de population et le déclin de l'activité agricole.
Des avantages fiscaux sont accordés par l'État aux entreprises qui s'installent dans ces ZRR.
La loi de 2005 relative au développement des territoires ruraux comprend plusieurs mesures devant permettre le développement économique des espaces ruraux :
- soutien à l'installation des jeunes agriculteurs ;
- soutien à la pluriactivité ;
- soutien à des formes d'agriculture extensive ;
- mesures de stabilisation des prix agricoles en cas de crise ;
- aides à la transmission des entreprises à l'occasion des départs en retraite ;
- aides à l'investissement immobilier ;
- aides à l'installation des entreprises artisanales et industrielles.
Des dispositifs contribuent à l'essor du télétravail avec le développement des services numériques dans les espaces ruraux. C'est une alternative à l'absence d'infrastructures de transport qui pénalisent les espaces ruraux isolés. Au début des années 2000, de nombreux rapports soulignent l'intérêt du télétravail pour revitaliser les campagnes. Ces travaux permettent la création du réseau national des télécentres en 2004.
L'enjeu social
L'enjeu social est également important dans les espaces ruraux. En effet, la population vit souvent isolée et n'a pas accès aux mêmes services que les habitants des grandes villes. C'est un défi pour les politiques de développement rural.
Dans certains espaces ruraux, qui se situent dans des « zones blanches », la couverture en réseau mobile et Internet est absente ou insuffisante. La loi de 2005 relative au développement des territoires ruraux vise la réduction de cette « fracture numérique » par le développement de l'Internet à haut débit et la poursuite de la couverture du territoire national en téléphonie mobile.
Dans les zones rurales enclavées, le maintien des services publics est un autre défi majeur. Le faible dynamisme démographique s'accompagne souvent de la raréfaction des services publics proposés aux habitants : des écoles, des bureaux de poste, des cabinets médicaux, des hôpitaux. L'objectif de garantir l'accès aux services dans les territoires ruraux est inscrit dans les politiques d'aménagement du territoire depuis les années 1980.
Les pouvoirs locaux luttent pour maintenir les petites lignes ferroviaires peu fréquentées même si elles ne rapportent pas d'argent, dans le but d'éviter l'isolement de leurs communes.
Les défis environnementaux
Le développement durable
Les activités agricoles peuvent être destructrices pour l'environnement, ce qui conduit au développement d'une agriculture plus durable. L'intensification des cultures a des conséquences négatives sur l'environnement.
L'usage de l'irrigation épuise les ressources en eau et favorise l'érosion des sols.
Dans des régions comme la Bretagne, les nappes phréatiques et les cours d'eau sont pollués par les engrais chimiques.
L'agriculture biologique, qui est une solution, reste pourtant peu développée. La surface agricole utilisée pour cette agriculture progresse de plus de 10 %/an, principalement dans le Sud et dans l'Ouest mais demeure insuffisante. La France importe encore 40 % des produits bio qu'elle consomme.
Face à cette situation, les pouvoirs publics fixent des objectifs de développement rural. La loi Agriculture et Alimentation de 2018 a ainsi trois ambitions :
- payer le juste prix aux producteurs ;
- renforcer la qualité sanitaire, environnementale et nutritionnelle des produits agricoles (interdiction de certains produits chimiques dangereux pour la biodiversité, protection des riverains en cas de traitements des champs par des produits phytosanitaires) ;
- favoriser une alimentation saine, sûre et durable.
Les politiques européennes d'aide aux agriculteurs mettent également l'accent sur le développement durable et la protection de l'environnement. En 2000 est ainsi instaurée une « éco-conditionnalité » au versement des aides : les aides versées aux agriculteurs sont soumises au respect d'exigences agro-environnementales.
30 % des aides versées aux agriculteurs sont soumises au respect de trois pratiques agro-environnementales :
- la diversification des cultures ;
- le maintien de prairies permanentes ;
- le maintien de « surfaces d'intérêt écologique » (haies, arbres isolés, bosquets naturels).
La protection des paysages de campagne
L'étalement des aires urbaines modifie fortement les paysages des campagnes. Les politiques de développement durable tentent donc de réduire cet étalement. Des parcs régionaux et nationaux sont également construits dans le but de protéger ce patrimoine paysager.
La loi ALUR (Accès au logement et à un urbanisme rénové) votée par l'Assemblée nationale en février 2014 modifie le Code de l'urbanisme. Elle impose aux Plans locaux d'urbanisme (PLU) :
- de préserver les besoins de développement agricole ;
- de promouvoir la densification des espaces déjà bâtis ;
- de privilégier les constructions en zone urbaine ;
- de veiller à la préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers.
La protection des paysages ruraux est également permise par la création des parcs naturels régionaux et des parcs nationaux.
Les parcs nationaux sont une partie de territoire rural placée sous la tutelle de l'État, gérée par un établissement public, avec pour missions la protection du patrimoine naturel et culturel et la contribution au maintien et au développement économique, social et culturel local. La zone centrale appelée « parc » délimite une aire géographique sur laquelle s'exerce une protection absolue avec une réglementation stricte en ce qui concerne la présence humaine. Autour de cette zone centrale est délimitée une zone périphérique où les contraintes sont moindres et où les visiteurs sont accueillis. La réglementation reste contraignante, notamment en ce qui concerne la construction du bâti et des infrastructures d'accueil.
Des parcs naturels régionaux ont également été créés depuis 1967. Il y en a actuellement 50 sur le territoire national. Chaque parc est doté d'une charte. Ces parcs concilient la conservation des milieux et le développement économique. Ils soutiennent les activités agricoles et artisanales et le tourisme vert. Ils promeuvent une agriculture labellisée par des AOC (Appellations d'origine contrôlée) et soutiennent les agriculteurs respectueux de modes de production raisonnés, incluant par exemple le recours aux alpages pour l'élevage.