Sommaire
IRépartition et dynamiques spatiales de la population françaiseAUne population urbaine et métropoliséeBL'étalement urbainCLes flux de migrationsIILes enjeux de la France urbaineALes fractures socio-spatialesBLa politique de la villeIIIDynamiques des espaces rurauxALes espaces ruraux, nouveaux territoires urbainsBLes espaces ruraux éloignés des aires urbainesLa France est un pays majoritairement urbain, puisque 78% de la population vit dans une commune de plus de 2000 habitants. Parmi les aires urbaines, les aires métropolitaines dominent la hiérarchie urbaine française, à la tête de laquelle se trouve Paris. Les aires urbaines françaises connaissent un phénomène d'étalement urbain qui se manifeste par une augmentation de la superficie occupée par les villes. À l'intérieur des espaces urbains, les inégalités sociales spatiales augmentent et la politique de la ville cherche à remédier à ce problème depuis plusieurs décennies. Les espaces ruraux sont eux aussi très liés aux villes. Les campagnes les plus dynamiques sont celles qui se trouvent à proximité des grandes métropoles alors que celles qui en sont éloignées poursuivent leur déclin.
Répartition et dynamiques spatiales de la population française
Une population urbaine et métropolisée
En 2016, la France compte 66,6 millions d'habitants. La population est inégalement répartie sur le territoire. Les villes (communes de plus de 2000 habitants) concentrent en 2010, 48 millions de personnes soit 78% de la population française, et 85% de la population vit dans une aire urbaine. Les villes ont un grand nombre d'interactions entre elles et constituent un réseau urbain dynamique.
Le Bassin parisien, les régions du nord, de l'est et du sud-est ont les taux d'urbanisation les plus élevés. À l'ouest et dans le centre du pays, il y a d'importantes aires urbaines, mais l'urbanisation y est plus faible. Enfin, les régions du centre, du nord et du nord-est sont les moins attractives, alors que les régions du sud, de l'ouest et du sud-ouest reçoivent une grande partie des flux migratoires intérieurs.
Aire urbaine
Une aire urbaine est un espace composé d'une ville-centre, de ses banlieues et d'une couronne périurbaine.
Les 12 aires métropolitaines sont les zones les plus dynamiques du territoire français. Ce sont les aires urbaines qui ont connu la plus forte croissance démographique. La concentration des hommes et des activités dans ces zones est appelée la métropolisation.
Métropole
Grand ensemble urbain qui concentre une population nombreuse et exerce des fonctions de commandements politiques, économiques et culturels.
Les métropoles possèdent une aire d'influence variée :
- L'aire urbaine parisienne, avec ses 12 millions d'habitants (soit 19% de la population), a une influence mondiale. Elle domine la hiérarchie urbaine française et concentre 45% des emplois du tertiaire supérieur, c'est-à-dire les fonctions de décision, de formation supérieure et de recherche.
- D'autres métropoles ont une influence nationale, voire européenne, comme Marseille, Lyon ou encore Lille.
- Enfin, de grandes villes exercent une influence régionale comme Toulouse, Bordeaux, Grenoble et Montpellier.
Les principales aires urbaines françaises
Population | Variation 2008 - 2013 (en %) | |
---|---|---|
Source : Insee, RP 2013. | ||
Paris | 12 405 426 | 0,5 |
Lyon | 2 237 676 | 1,1 |
Marseille - Aix-en-Provence | 1 734 277 | 0,2 |
Toulouse | 1 291 517 | 1,4 |
Bordeaux | 1 178 335 | 1,3 |
Lille | 1 175 828 | 0,4 |
Nice | 1 004 826 | 0 |
Nantes | 908 815 | 1,2 |
Strasbourg | 773 447 | 0,4 |
Rennes | 700 675 | 1,4 |
Grenoble | 684 398 | 0,6 |
Montpellier | 579 401 | 1,5 |
L'étalement urbain
Le phénomène dominant l'espace urbain aujourd'hui est le phénomène d'étalement urbain désignant l'arrivée d'habitants et d'activités dans les espaces ruraux en périphérie des grandes villes qui les transforment peu à peu en espaces urbains. L'étalement urbain est proportionnel à la puissance de la métropole et à son attractivité.
L'aire urbaine de Paris s'étale sur 100 km de rayon.
L'étalement urbain
L'étalement urbain accroît la zone périurbaine, c'est-à-dire l'espace intermédiaire entre les villes et la campagne. Dans cet espace coexistent des zones bâties et non bâties où se trouvent des espaces naturels. Environ 16% de la population française habite dans ces espaces périurbains.
Plusieurs causes expliquent ce développement des espaces périurbains :
- La volonté de se loger à bas coût : les logements dans les zones périurbaines sont moins élevés que dans les agglomérations. Pour le même budget, une famille vivant dans un espace périurbain pourra plus souvent accéder à un grand pavillon plutôt qu'à un appartement de taille modeste en ville.
- La volonté de profiter d'un cadre de vie agréable, plus proche de la nature.
L'étalement urbain est aussi source de problèmes :
- La multiplication des migrations pendulaires a un coût financier, mais aussi environnemental à cause de la pollution générée par les périurbains se rendant à leur travail.
- L'étalement de la ville sur les espaces ruraux entraîne leur mitage, c'est-à-dire le grignotage de l'espace rural par des maisons individuelles, à proximité d'une agglomération.
- Les conflits d'usage entre d'anciens habitants des espaces ruraux qui se voient envahis par la ville et les nouveaux habitants (appelés néoruraux) se multiplient. C'est ainsi le cas pour l'occupation d'un territoire potentiellement agricole afin d'en faire une résidence pavillonnaire. C'est aussi le cas des activités commerciales qui se développent dans les espaces périurbains afin de profiter de cette nouvelle population alors même que les anciens habitants avaient pu choisir de vivre dans ces anciens espaces ruraux pour leur calme et leur isolement.
Les flux de migrations
Il faut distinguer deux types de migrations en France : les migrations pendulaires (quotidiennes) qui rassemblent tous les mouvements journaliers pour se rendre sur un lieu de travail, et les migrations à plus grande échelle.
À grande échelle, les flux migratoires sont inégaux et découpent la France en deux. Le solde migratoire est positif au sud, et il est négatif au nord, à l'est et au centre. En effet les migrations s'effectuent souvent (pour les déménagements) depuis un centre jusqu'à une périphérie littorale (souvent au sud).
Solde migratoire
Le solde migratoire est la différence entre les arrivées et les départs des personnes sur un territoire donné.
Les motivations pour les migrations internes à la France sont économiques et sociales :
- Concentrant 40% des migrations, l'Île-de-France attire les migrants étudiants ou à la recherche de travail. Les départs s'y font pour fonder une famille ou profiter de la retraite.
- Ainsi les départs au sud et à l'ouest s'expliquent en majorité par la recherche d'un meilleur cadre de vie, ce que l'on appelle l'héliotropisme (vers le soleil).
- En ce qui concerne l'outre-mer, les migrations vers la métropole ont largement diminué, à part depuis la Guyane.
Une croissance démographique inégale
Les enjeux de la France urbaine
Les fractures socio-spatiales
Les aires urbaines françaises sont marquées par de profondes inégalités socio-spatiales, sources de tensions qui se manifestent de façon parfois aiguë :
- Dans les villes-centres, et plus particulièrement dans les zones historiques réhabilitées, on assiste à un phénomène de gentrification ou "embourgeoisement". En effet, ces espaces offrent un cadre de vie agréable, de nombreux commerces et activités culturelles et concentrent le tertiaire supérieur, c'est-à-dire les activités de services les plus complexes et les plus rémunérées. Ces zones sont alors devenues très attractives, ce qui a pour conséquence une augmentation du prix du foncier. Les classes favorisées ont pu s'y installer alors que les ménages les plus modestes en sont progressivement exclus.
- Dans les banlieues, des grands ensembles d'habitation à loyer modéré (HLM) ont été créés dans les années 1960 et 1970 afin de remédier au problème de logement. Au départ pensés pour être des espaces de mixité sociale, ces zones ont été délaissées par les classes moyennes. De nos jours, dans ces banlieues abritent des populations avec de nombreuses personnes d'origine immigrée confrontées à de nombreuses difficultés sociales. Il existe aussi des banlieues très huppées qui contrastent avec les zones modestes.
- Enfin, les zones périurbaines voient l'arrivée de ménages aux revenus moyens qui quittent les villes-centres dans le but d'habiter dans des logements plus spacieux.
Les quartiers les plus défavorisés accusent de nombreuses difficultés sociales : pauvreté des ménages, chômage important ou encore une certaine stigmatisation de la part d'une partie de la population française qui ne perçoit ces quartiers qu'à travers le prisme de la violence et du communautarisme. À l'opposé, des gated communities, sont des quartiers fermées qui regroupent des personnes fortunées.
La villa Montmorency dans le XVIe arrondissement de Paris
Mbzt
La cité Haut-du-Lièvre à Nancy, une zone défavorisée
ske via Wikimedia Commons
La politique de la ville
Dès les années 1970 et surtout 1980, les pouvoirs publics prennent progressivement conscience des difficultés rencontrées par les grands ensembles. Les premières politiques de la ville tentent alors de résorber ce "problème des banlieues" et certains quartiers sont réhabilités.
Depuis la création du ministère de la Ville en 1990, de nombreuses lois et programmes se sont succédés afin de réduire les fractures socio-spatiales que connaissent les villes. L'objectif de la politique de la ville est d'identifier les quartiers qui rencontrent le plus de difficultés sociales et de les accompagner par des aides financières, des rénovations, des efforts accrus dans le domaine de l'éducation, de la santé, des transports ou encore du développement économique. Ces politiques sont aujourd'hui coordonnées par l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU). Depuis la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine en 2014, les 1300 Quartiers prioritaires (QP) se substituent aux anciennes appellations (ZUS, Cucs, etc.). Ces QP bénéficient d'aides financières attribuées dans le cadre de contrats de ville signés entre l'État et les collectivités locales. En dehors de l'aide aux quartiers défavorisés, d'autres mesures favorisent la mixité sociale.
En 2000, la loi Solidarité et renouvellement Urbain (SRU) promeut le logement social qui doit atteindre 25% (ou 20% dans certaines villes), sous peine de sanctions financières des municipalités réfractaires.
Dynamiques des espaces ruraux
Les espaces ruraux, nouveaux territoires urbains
Les mutations qui touchent le territoire français ne se limitent pas aux aires urbaines mais concernent aussi les territoires ruraux qui connaissent actuellement un renouveau. Avec la fin de l'exode rural (les déplacements massifs de population des campagnes vers la ville), qui a débuté au XIXe siècle et se termine dans les années 1970, les espaces ruraux ont connu une certaine stagnation jusque dans les années 1990, avant de commencer une reprise démographique. En effet, de nombreux habitants quittent les villes pour les campagnes, ce sont les néoruraux. Ce phénomène est surtout concentré dans les zones rurales à proximité des métropoles et il est d'autant plus important que la métropole proche est grande. Ce phénomène s'explique alors par l'étalement urbain.
Mais cette évolution pose aussi la question de la frontière entre espaces urbains et ruraux. La croissance des zones rurales périurbaines est une des conséquences de l'étalement urbain. Il n'existe pas de discontinuité du bâti entre ces zones rurales et les zones urbaines qu'elles entourent. De plus, la majorité des néoruraux travaillent dans une aire urbaine et dans la grande majorité des campagnes françaises, le mode de vie est similaire à celui des urbains. À ce titre, nombreux sont ceux qui remettent en cause l'opposition traditionnelle entre rural et urbain. Cependant, dans les représentations collectives, cette distinction est toujours aussi présente et contribue à maintenir cette dichotomie.
Les espaces ruraux éloignés des aires urbaines
Certains espaces ruraux profitent d'un dynamisme indéniable, porté par le développement des activités touristiques (le tourisme vert), des conditions climatiques favorables qui entraînent l'arrivée de néoruraux et de nombreux touristes. Il s'agit d'espaces proches de points d'eau ou ayant une particularité comme les zones riches en biodiversité telles que les zones protégées. Ces espaces disposent de nombreux atouts pour attirer les nouveaux habitants, tels que le cadre de vie, la présence d'un patrimoine culturel et culinaire renommé. La majorité de ces espaces se situent dans le sud et l'ouest de la France : Corse, Languedoc-Roussillon, Rhône-Alpes, etc. Ces territoires accueillent aussi des étrangers séduits par la campagne française (Néerlandais, Britanniques), et possèdent donc un solde migratoire positif.
Tourisme vert
Il s'agit d'un tourisme lié aux activités de plein air et aux activités sportives dans la nature.
Randonnée dans le bocage normand
Bocage normand tourisme via flickr
Dans certaines zones rurales le déclin des activités industrielles et agricoles ainsi que l'éloignement des centres urbains conduit à une marginalisation croissante. Ces espaces ruraux sont majoritairement concentrés dans la partie nord et est du pays. Dans ces espaces en déclin, la population est âgée, les services publics (école, poste) et privés (commerces de proximité) sont rares.