Sommaire
ILa multiplicité des mobilités en France métropolitaine et ultra-marineADes mobilités quotidiennes, saisonnières ou ponctuelles1L'inégal peuplement du territoire2La diversité du solde migratoire des régions françaises3La multiplication des mobilités quotidiennesBDes mobilités liées à des inégalités socio-économiques et territoriales1Le poids du dynamisme des espaces productifs2La métropolisation du territoire3Héliotropisme et littoralisation des activités4Les frontières : des espaces privilégiésIILe rôle des réseaux de transport dans la hiérarchisation du territoireALe réseau autoroutier, outil de la continuité territoriale1Un réseau dense autour de Paris2Un territoire connecté à la mégalopole européenneBLe réseau des LGV, vecteur d'inégalités1Un réseau qui favorise les métropoles2« L'effet banlieue »IIILes politiques d'aménagement des territoiresAUne volonté de réduire les inégalités1La multiplicité des acteurs et de leurs missions2L'évolution des priorités des politiques d'aménagementBUne volonté de renforcer l'insertion européenne du territoire nationalEn France, les mobilités sont complexes. Elles sont polarisées par les métropoles, qui restent les espaces les plus attractifs. Un réseau de transports permet de relier les différentes régions. Des inégalités existent sur le territoire, que les politiques d'aménagement cherchent à améliorer.
Quels sont les espaces les plus attractifs du territoire, qui bénéficient de la mobilité des habitants ? Comment les réseaux de transports participent-ils à la hiérarchisation du territoire ? Comment les politiques d'aménagement du territoire tentent-elles d'améliorer la continuité territoriale ?
La multiplicité des mobilités en France métropolitaine et ultra-marine
Des mobilités quotidiennes, saisonnières ou ponctuelles
L'inégal peuplement du territoire
Sur le territoire français, le peuplement est inégal. Les espaces les plus densément peuplés sont les zones urbaines autour de Paris et des grandes agglomérations. Les espaces les moins densément peuplés sont les espaces ruraux éloignés des aires urbaines.
Peuplement
Le peuplement est la répartition de la population sur le territoire. Le peuplement, ou la densité de population, se mesure en nombre d'habitants par km2.
Les espaces les plus densément peuplés sont les zones urbaines autour de Paris et des grandes agglomérations, et plus généralement des villes, y compris celles moyennes ou plus petites. Les régions frontalières du Nord et du Nord-Est, les vallées fluviales (de la Seine, de la Loire, de la Garonne, de la Saône et du Rhône), les littoraux (de la mer Méditerranée, de l'océan Atlantique et de la Manche) sont les autres espaces densément peuplés.
Les espaces les moins densément peuplés sont les espaces ruraux éloignés des aires urbaines, l'arrière-pays des espaces littoraux, les régions montagneuses, les espaces éloignés des fleuves et des frontières.
Le peuplement du territoire national métropolitain
La diversité du solde migratoire des régions françaises
Les régions les plus attractives sont celles du Sud et de l'Ouest, tandis que les régions du Nord et de l'Est du territoire perdent des habitants. La région Île-de-France perd des habitants.
Solde migratoire
Le solde migratoire est la différence entre le nombre d'arrivées et le nombre de départs.
Les régions du Sud et de l'Ouest sont les plus dynamiques, les créations d'emplois y sont les plus nombreuses, car ces régions cumulent les atouts :
- l'héliotropisme (climat ensoleillé et doux) ;
- la littoralisation des activités ;
- la métropolisation.
Les régions du Nord et de l'Est sont d'anciennes régions industrielles, dynamiques au XIXe siècle mais désormais fragilisées par une multitude de difficultés (la fin de l'exploitation des mines de charbon, les délocalisations des industries sidérurgiques, la fermeture de nombreuses usines), malgré les politiques de reconversion qui apportent peu à peu un regain de dynamisme.
L'Île-de-France perd des habitants, mais son solde migratoire reste positif pour les jeunes adultes. Ils vont y étudier puis qui y trouvent plus facilement un premier emploi. Les familles avec enfants, les couples retraités et les moins qualifiés sont ceux qui partent le plus, à la recherche d'un logement plus grand (coût du foncier moins élevé) et d'un cadre de vie plus calme.
Le solde migratoire des régions françaises
La multiplication des mobilités quotidiennes
Les mobilités quotidiennes sont celles des habitants des aires urbaines entre leur domicile et leur lieu de travail, mais d'autres mobilités sont apparues.
Mobilité
La mobilité est le déplacement provisoire d'une population. Les migrations sont des déplacements permanents (lorsqu'une famille déménage définitivement).
Les populations les plus mobiles sont celles qui résident dans les espaces périurbains, mais dont le lieu de travail se situe dans l'agglomération, proche du centre-ville. Leurs déplacements domicile-travail sont donc quotidiens et de plus en plus lointains avec l'étalement des aires urbaines.
D'autres mobilités sont apparues au sein des aires urbaines, car les territoires périurbains ne sont plus seulement des espaces résidentiels : des zones d'activités et des zones commerciales y sont construites, souvent à proximité des grands axes routiers ou autoroutiers. Ces zones représentent désormais des lieux d'emplois pour les habitants des communes périurbaines, comme pour ceux de l'agglomération centrale ou des aires urbaines voisines.
Les zones commerciales attirent également, en particulier le week-end, des habitants venus de toutes les communes de l'aire urbaine ou des aires urbaines voisines.
Des mobilités liées à des inégalités socio-économiques et territoriales
Le peuplement et les mobilités des habitants sont fortement liés au dynamisme des espaces productifs : certains territoires, qui apparaissent comme les plus dynamiques, sont ceux susceptibles d'attirer de nouveaux habitants.
Le poids du dynamisme des espaces productifs
Les espaces qui attirent le plus les habitants sont les grandes métropoles, les régions du Sud et de l'Ouest et plus particulièrement les littoraux, les frontières, Paris et l'Île-de-France. Les espaces les moins attractifs sont les espaces ruraux isolés et les régions du Nord et de l'Est.
Espace productif
L'espace productif est un espace qui concentre des activités qui permettent la création d'emplois et la production de richesses.
Les espaces qui attirent le plus les habitants sont :
- Les grandes métropoles qui concentrent les activités (en particulier celles qui nécessitent un haut niveau de qualification) et qui sont connectées aux axes majeurs de transport.
- Les régions du Sud et de l'Ouest et plus particulièrement les littoraux, qui concentrent de nombreuses activités industrielles (en particulier de haute technologie) et touristiques (stations balnéaires).
- Les frontières qui sont marquées par les nombreuses mobilités transfrontalières.
- Paris et l'Île-de-France, qui attirent de nombreux actifs.
Les espaces qui sont les moins attractifs sont :
- Les espaces ruraux isolés, éloignés des littoraux et des frontières.
- Les régions du Nord et de l'Est, qui ont perdu des emplois.
Mobilités et espaces productifs sur le territoire métropolitain
La métropolisation du territoire
La majorité des emplois créés le sont dans les territoires métropolitains, raison pour laquelle la vie de la population s'organise autour des villes. Cette métropolisation induit des migrations inter-régionales de longue durée.
En trente ans, l'Île-de-France a capté un tiers des créations d'emplois et les grandes métropoles de province en ont capté 40 %. Les quinze premières villes de France concentrent 82 % des créations d'emplois.
La création d'emplois entraîne le déménagement de familles. Cette métropolisation favorise également des mobilités quotidiennes.
Les familles s'installent en zone périurbaine, les métropoles s'étalent et les déplacements domicile-travail se multiplient.
Héliotropisme et littoralisation des activités
Le mouvement migratoire en faveur des régions littorales du sud et de l'ouest est une tendance forte liée à deux facteurs : l'héliotropisme et le développement des activités.
- L'héliotropisme : Ces régions bénéficient d'un climat ensoleillé et doux et attirent des actifs et des retraités qui recherchent un cadre de vie agréable.
- Le développement des activités : les facteurs économiques se cumulent. Outre l'essor du tourisme balnéaire, la mondialisation et l'essor du commerce maritime de marchandises (80 % du commerce mondial) favorisent la littoralisation des activités industrielles, en particulier autour des installations portuaires. Des ZIP (zones industrielles portuaires) ont ainsi été créées autour des raffineries de pétrole.
On trouve des ZIP à Fos-sur-Mer, au Havre, à Dunkerque ou encore à Saint-Nazaire.
Les frontières : des espaces privilégiés
Les frontières deviennent également des espaces privilégiés qui bénéficient des activités de l'Europe.
Les frontières du nord et du nord-est, proches de la dorsale européenne (ou mégalopole européenne), sont les plus dynamiques car elles profitent des activités de la mégalopole européenne. La construction européenne a également entraîné la suppression des barrières douanières et la libre circulation des biens et des personnes au sein du marché commun (dès 1986) puis de l'espace Schengen (à partir de 1995). Les régions frontalières qui étaient autrefois des marges sont devenues des zones d'échanges privilégiées.
Le rôle des réseaux de transport dans la hiérarchisation du territoire
Le réseau autoroutier, outil de la continuité territoriale
La continuité territoriale est un principe qui vise à renforcer la cohésion entre les différents territoires, en compensant les handicaps de certains espaces liés à leur éloignement, à leur enclavement.
Un réseau dense autour de Paris
Les axes autoroutiers renforcent la polarisation du territoire autour de Paris.
Dès les premiers travaux réalisés dans les années 1960-1970, le réseau autoroutier est créé en étoile avec Paris pour centre. Ce réseau contribue ensuite à la métropolisation et à la littoralisation des activités. Après les travaux réalisés au cours des années 1970 et 1980, la plupart des métropoles sont reliées par des autoroutes. C'est à partir des années 1970 qu'est aussi créé un réseau pour l'essor du tourisme le long du littoral méditerranéen.
L'Ouest du territoire n'est équipé en autoroutes que depuis récemment. Les travaux réalisés durant les années 1990-2000 ont plus globalement permis de densifier le réseau autoroutier (vers l'ouest, le centre du territoire, les régions montagneuses) pour se rapprocher de l'objectif de garantir à tous les habitants la continuité territoriale.
La construction du réseau autoroutier en France
Un territoire connecté à la mégalopole européenne
Le réseau routier permet de connecter la France à la mégalopole européenne.
La mégalopole européenne s'étend du bassin de Londres à la plaine du Pô (Nord de l'Italie). C'est un territoire très peuplé. De nombreuses richesses y sont produites. Les ports les plus modernes et les plus dynamiques d'Europe constituent la Northern Range, deuxième façade maritime du monde. On y trouve les villes où siègent les institutions de l'Union européenne et plusieurs métropoles européennes de premier rang.
L'intégration du réseau autoroutier français au réseau qui traverse cette dorsale européenne est permise par les autoroutes du Nord et de l'Est de la France. D'autres autoroutes favorisent également les mobilités et les échanges avec les autres pays voisins (Espagne, Italie).
Le réseau des LGV, vecteur d'inégalités
Un réseau qui favorise les métropoles
Le réseau des LGV (lignes à grande vitesse) se caractérise par une forte centralisation autour de Paris. Il favorise également les grandes métropoles du pays, qui sont reliées à Paris.
Le premier TGV est mis en circulation en 1981. Aujourd'hui, Lyon, Marseille, Lille, Strasbourg et Bordeaux sont reliées à Paris grâce au TGV. Les espaces qui ne sont pas desservis par une LGV se retrouvent en marge des grandes mobilités.
La ville de Toulouse est pénalisée par rapport à Bordeaux.
Les territoires des régions du centre du pays sont particulièrement pénalisés, ce qui s'explique notamment par le coût élevé des travaux de construction d'une LGV, qui impose que la ligne soit suffisamment fréquentée. Or les régions du centre se caractérisent par de faibles densités de peuplement.
D'autres espaces demeurent en marge, ceux qui subissent « l'effet tunnel » : ce sont des espaces traversés par les lignes LGV mais qui n'ont pas de gare suffisamment proche pour attirer des entreprises. Ils subissent donc les effets négatifs des LGV (nuisance sonore, dégradation des paysages) sans en tirer de bénéfice.
La gare TGV Haute-Picardie est victime de « l'effet tunnel ». Elle se trouve entre Amiens et Saint-Quentin, en plein champ.
Le réseau ferré des lignes à grande vitesse en France
« L'effet banlieue »
Les LGV modifient la mobilité des habitants par « l'effet banlieue ». Certaines villes sont situées à plus de 100 kilomètres de la capitale, mais à moins d'une heure de transport en TGV. Dès lors, des habitants décident de quitter l'aire urbaine parisienne pour s'installer dans ces villes et y trouver des conditions de logement plus favorables, tout en gardant leur emploi dans la capitale : les déplacements travail-domicile quotidiens sont faits en TGV.
Reims est à plus de 100 kilomètres de Paris. Toutefois, en TGV, on peut y être très rapidement, en 45 minutes.
Les politiques d'aménagement des territoires
Les politiques d'aménagement des territoires visent la réduction des inégalités et l'insertion européenne du territoire national.
Une volonté de réduire les inégalités
La multiplicité des acteurs et de leurs missions
L'évolution des priorités des politiques d'aménagement
À partir des années 1960, les politiques mises en œuvre par l'État ont comme premier objectif la réduction de la domination parisienne et la volonté de favoriser le développement d'autres espaces.
Certaines métropoles sont valorisées : Lille, Nancy-Metz, Strasbourg, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes. Les régions situées dans l'Ouest de la France sont également mises en avant.
À partir des années 1980, les politiques d'aménagement évoluent. Il s'agit de garantir la compétitivité de Paris et des territoires les plus dynamiques dans le contexte de la mondialisation et de l'intégration européenne.
Les politiques d'aménagement permettent aux villes françaises de concurrencer les villes européennes.
L'État poursuit sa politique de soutien aux territoires les moins dynamiques :
- densification du réseau autoroutier puis des LGV ;
- aides aux espaces ruraux peu dynamiques ;
- soutien aux régions industrielles en crise, etc.
L'aménagement du territoire français
Une volonté de renforcer l'insertion européenne du territoire national
Pour réduire les inégalités, l'Union européenne met en place des aides au développement dans le cadre d'une politique de cohésion des territoires.
Le FEDER (Fonds européen de développement régional) alloue des aides financières aux régions en retard afin d'y favoriser le progrès économique et l'amélioration des conditions de vie.
La politique régionale de l'Union européenne veut réduire les écarts de développement entre les régions de l'Union par la mise en œuvre du principe de solidarité : les régions les plus dynamiques contribuent au financement des projets destinés à soutenir les territoires les plus en difficulté.