Sommaire
ILes flux migratoires dans le mondeALes principaux flux et leur évolution1Les principaux flux migratoires dans le monde2L'augmentation des flux migratoiresBDes migrations politiques et climatiques1Les réfugiés politiques2Les réfugiés climatiquesCLa diversification des migrations économiques1Les flux Sud-Nord et Sud-Sud2Les migrations Nord-Sud3Les migrations Nord-NordIILes conséquences des flux migratoires sur les territoiresALes impacts des migrations sur les pays de départ1Un impact négatif : les migrations de travailleurs qualifiés2Un impact positif : la multiplication des échanges d'argentBLes réactions face aux migrations dans les pays d'accueil1Aux États-Unis : un durcissement de la politique de lutte contre les migrations2En Europe : le rétablissement des contrôles aux frontières3Les réactions de l'opinion publiqueAu niveau mondial, les migrations sont très importantes et diversifiées. Elles ont des effets positifs et négatifs conséquents sur les pays de départ et les pays d'arrivée,
Quels sont les principaux flux migratoires dans le monde ? Dans quelle mesure révèlent-ils l'interconnexion du monde et les inégalités qui existent entre les territoires ?
Les flux migratoires dans le monde
Dans le monde, les flux migratoires sont divers et ne cessent d'augmenter. Les migrations peuvent être politiques, climatiques ou bien économiques.
Les principaux flux et leur évolution
Selon les Nations unies, le nombre des migrants dans le monde est estimé à 257 millions de personnes en 2017. Les principaux flux migratoires dans le monde ne cessent d'augmenter.
Les principaux flux migratoires dans le monde
Les principaux flux migratoires vont des pays pauvres vers les pays riches. Les migrations les plus importantes se font au niveau régional.
Un flux migratoire est un déplacement de personnes qui quittent leur région de résidence pour s'installer dans une autre région (migration nationale) ou un autre pays (migration internationale).
Les principales régions de départ et d'arrivée en 2017 (en pourcentage de la distribution des migrants selon leur région d'origine)
L'Amérique du Nord, l'Europe et l'Asie sont les principales régions d'immigration. Les principaux territoires d'émigration sont l'Amérique centrale, l'Amérique du Sud, l'Afrique et l'Asie (en particulier le sous-continent indien et l'Asie du Sud-Est).
L'Asie est désormais à la fois la première région de départ et la première destination des migrants, tandis que l'Afrique est le principal continent de départ après l'Asie.
Les migrations régionales, au sein d'un même continent, sont les plus nombreuses :
- Plus de la moitié (53 %) des migrants qui s'installent dans un pays africain sont ainsi originaires d'un pays africain voisin.
- Cette proportion atteint 60 % en Asie (des populations quittent leur pays d'origine pour rejoindre un pays émergent du continent).
- Elle est de 67 % en Europe (des Européens de l'Est s'installent dans un pays de l'Ouest).
L'augmentation des flux migratoires
Les flux migratoires dans leur ensemble connaissent une croissance rapide dans le monde.
Elles concernent un nombre de plus en plus important de personnes :
- 77 millions en 1965 ;
- 111 millions en 1990 ;
- 173 millions en 2000 ;
- 220 millions en 2010 ;
- 257 millions en 2017.
L'Asie, l'Europe et l'Amérique du Nord connaissent les plus fortes augmentations en millions de migrants accueillis.
Nombre total de migrants dans le monde
Des migrations politiques et climatiques
Les migrations peuvent être motivées par des raisons politiques ou climatiques.
Les réfugiés politiques
Les réfugiés politiques sont de plus en plus nombreux. Leur nombre est exponentiel depuis 1960. Ils fuient des conditions de vie difficiles mais se retrouvent souvent dans ces camps où la situation est également précaire.
Ils sont :
- 1,6 million en 1960 ;
- 20 millions en 2000 ;
- 60 millions en 2015.
Nombre total de réfugiés politiques dans le monde
Les principales victimes sont aujourd'hui celles menacées par les guerres civiles en Syrie, en Érythrée, en Afghanistan. Ces guerres ont des causes variées : contestations contre un régime dictatorial qui utilise la répression policière ou militaire, rivalités ethniques, rivalités religieuses, etc.
Nombre de ces migrants s'installent dans des camps de réfugiés gérés par des organisations humanitaires au cours de leur migration. Ils s'entassent dans des abris précaires (tentes, hangars) et souffrent du manque de nourriture et d'eau potable. Les mauvaises conditions d'hygiène favorisent par ailleurs la prolifération des maladies.
Les réfugiés climatiques
Les réfugiés climatiques sont des victimes d'une catastrophe naturelle. Ils sont plus de 20 millions chaque année.
Les catastrophes naturelles dans le monde
Les inondations sont les catastrophes face auxquelles on dénombre le plus de populations vulnérables.
Les réfugiés climatiques déménagent parfois temporairement à l'intérieur de leur pays, d'autres trouvent secours dans un pays voisin.
80 % des réfugiés climatiques vivent aujourd'hui en Asie.
Les pays les plus touchés par les catastrophes climatiques sont notamment la Chine et l'Inde. L'ONU prévoit 250 millions de réfugiés climatiques dans le monde en 2050, avec une forte augmentation liée à la montée des eaux et aux inondations des régions littorales.
La diversification des migrations économiques
Les migrations économiques se diversifient : elles se font du Sud vers le Nord mais également au sein même du Sud. Les migrations Nord-Sud se développent tout comme les migrations Nord-Nord.
Les flux Sud-Nord et Sud-Sud
Les migrations économiques ne se limitent plus à des déplacements de populations fuyant la pauvreté pour rejoindre des pays riches : les migrants qui quittent un pays pauvre du Sud pour vivre dans un pays du Sud sont désormais plus nombreux que ceux qui migrent vers les pays riches du Nord. Les flux Sud-Sud représentent ainsi plus de la moitié des flux migratoires actuels dans le monde.
Les facteurs de multiplication des flux migratoires des pays pauvres vers d'autres pays du Sud sont multiples :
- Les familles qui sont victimes de catastrophes naturelles trouvent refuge dans des territoires proches.
- De nombreux migrants qui fuient la pauvreté s'arrêtent et finalement s'installent dans des pays qu'ils traversent avant d'arriver dans les pays les plus riches qu'ils voulaient rejoindre au départ.
- Les pays émergents du Sud (Chine, Inde, Brésil) attirent désormais des populations qui cherchent une vie matérielle meilleure, d'autant plus que ces pays ont d'importants besoins de main-d'œuvre.
Les migrations Nord-Sud
Les migrations Nord-Sud augmentent, elles concernent des salariés, des personnes qualifiées et des personnes retraitées.
Ces migrations concernent d'abord des salariés qui quittent les pays les plus riches et qui rejoignent une entreprise installée dans un pays émergent, ou qui y investissent. Ces départs sont parfois volontaires mais ils peuvent aussi être imposés par un employeur.
Les flux Nord-Sud sont aussi animés par des personnes qualifiées, originaires d'un pays pauvre, qui rejoignent leur pays d'origine dès lors qu'elles ont terminé leurs études en Amérique ou en Europe.
De nouvelles migrations se multiplient depuis peu : elles concernent des personnes retraitées qui quittent leur pays pour vivre leur retraite dans un autre pays qui leur offre des conditions de vie matérielles plus confortables (prix de l'immobilier plus bas, fiscalité moins forte, coût de la vie moins élevé).
Les migrations Nord-Nord
Les migrations Nord-Nord se multiplient également. Elles concernent des étudiants et des personnes très diplômées.
De plus en plus d'étudiants (plus d'un million et demi en 2017) réalisent une partie de leur formation dans un pays étranger : aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Australie, au Japon, au Canada, en France. Les plus nombreux sont ceux qui font des études supérieures, dans les écoles d'ingénieurs et dans les écoles de commerce.
« Je suis professeur en sciences à l'université de Columbia à New York. L'université m'a offert de très bonnes conditions de travail. Les conditions que l'on peut trouver dans la recherche aux États-Unis restent uniques. On nous donne beaucoup de moyens pour mener nos travaux. Les institutions nationales subventionnent la science à des niveaux beaucoup plus élevés qu'en Europe. La plupart de mes collègues sont étrangers et sont très ouverts à la diversité, ce qui donne un environnement ouvert et agréable. Les salaires sont beaucoup plus élevés qu'en France (quatre à cinq fois plus en sciences, même si le coût de la vie est plus élevé). À part l'Allemagne, la plupart des pays européens ont réduit leur budget de la recherche, ce qui est un risque énorme avec la concurrence asiatique. »
Témoignage de Pierre, immigré français professeur aux États-Unis
D'après un article publié sur facebook.com et paru dans le journal Le Monde
9 juillet 2013
On observe également de plus en plus de départs de personnes très diplômées qui quittent leur pays pour trouver des opportunités professionnelles plus avantageuses : cet « exode des cerveaux » ou brain drain a pris de l'ampleur vers les États-Unis, le Canada, l'Europe ou l'Australie.
Les migrations économiques dans le monde
Les conséquences des flux migratoires sur les territoires
Les flux migratoires ont des impacts sur les pays de départ et suscitent des réactions plutôt négatives dans les pays d'arrivée.
Les impacts des migrations sur les pays de départ
Les impacts des migrations sur les pays de départ sont négatives et positives : négatives car ces pays perdent des travailleurs qualifiés, mais positives car les migrants envoient de l'argent dans leur pays d'origine.
Un impact négatif : les migrations de travailleurs qualifiés
Les migrations de travailleurs qualifiés ont un impact négatif sur les pays de départ. Les migrations concernent de plus en plus de travailleurs qualifiés, avec une qualification qui peut être d'un niveau élevé. Ce sont des personnes qui ne vont pas participer au développement de leur pays.
C'est notamment le cas de personnels de santé (médecins, infirmiers) qui, une fois diplômés, vont exercer leur métier en Europe, aux États-Unis ou au Japon. Les plus nombreux viennent d'Asie.
Les pays d'Afrique subsaharienne sont ceux qui souffrent le plus des départs de leurs jeunes diplômés (plus de 30 % des jeunes diplômés émigrent). Ils étaient 7 millions en 2013 et pourraient être plus de 30 millions en 2050. Ce sont le plus souvent des étudiants qui finissent leur cursus universitaire dans des écoles européennes ou américaines, ou des diplômés qui rejoignent des pays du Nord pour y exercer leur profession dans de meilleures conditions et en échange de salaires plus élevés.
Un impact positif : la multiplication des échanges d'argent
La multiplication des échanges d'argent est un effet positif des migrations. De nombreux migrants envoient en effet à leurs familles restées dans leurs pays d'origine une partie de leurs revenus.
Ces transferts d'argent représentent des sommes beaucoup plus élevées que celles versées par les pays riches dans le cadre de l'aide au développement des pays pauvres. Dans certains cas, ils représentent même une part majoritaire du produit intérieur brut (ensemble des richesses produites) du pays d'origine.
Ces capitaux peuvent atténuer le niveau de pauvreté dans les pays du Sud car ils permettent de faire des dépenses :
- pour la santé et l'éducation (réduction du travail des enfants, progrès de la scolarisation) ;
- pour l'amélioration des conditions de transport ;
- pour la création d'entreprises.
Les réactions face aux migrations dans les pays d'accueil
Les réactions face aux migrations sont plutôt négatives dans les différents pays d'accueil. Ainsi, États-Unis, on note un durcissement de la politique de lutte contre les migrations alors qu'en Europe les contrôles sont rétablis aux frontières. L'opinion publique est divisée sur la question des migrants.
Aux États-Unis : un durcissement de la politique de lutte contre les migrations
Les politiques en matière de délivrance de visas sont de plus en plus dures aux État-Unis et limitent les migrations.
L'administration du président Trump a signé de nouveaux décrets qui interdisent l'entrée sur le sol américain de certains migrants (Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie, Yémen). Le symbole de ce durcissement est la volonté de renforcer la frontière avec le Mexique par la construction d'un mur de plus de 3 000 km de long, pour un budget estimé à plus de 20 milliards de dollars.
En Europe : le rétablissement des contrôles aux frontières
En Europe, plusieurs pays font partie de l'espace Schengen, au sein duquel on peut circuler librement, sans passeport ni contrôle. Toutefois, depuis 2014, l'Union européenne a adopté des mesures de rétablissement des contrôles aux frontières.
Certains pays ont construit des murs :
- Dans les années 1990, l'Espagne met en place des barrières le long de ses deux enclaves de Melilla et Ceuta.
- En 2012, la Grèce érige un mur de barbelés entre son territoire et la Turquie.
- La Bulgarie fait de même en 2014.
- En 2015, la Hongrie construit une clôture barbelée de 175 km de long à la frontière avec la Serbie et de 70 km à la frontière avec la Croatie.
L'Autriche, la Slovénie et la Norvège suivent ces initiatives.
Les territoires sur lesquels les migrants venus d'Afrique débarquent en Europe sont placés sous haute surveillance, afin de lutter contre l'immigration clandestine.
Les Canaries (au large du Maroc) et l'île de Lampedusa (entre la Tunisie et l'Italie) sont des îles où arrivent de nombreux migrants venus d'Afrique.
La fermeture progressive des frontières en Europe
Les réactions de l'opinion publique
Les politiques de contrôle et de régulation mises en place par les États sont différemment perçues par les opinions publiques.
Certains Européens sont favorables aux politiques de contrôle et de blocage de l'immigration clandestine, estimant que les pays européens n'ont pas les moyens économiques et financiers d'accueillir des migrants.
D'autres citoyens condamnent les gouvernements européens hostiles aux migrants au nom de la liberté de circulation, du droit à la sécurité et du principe de solidarité entre les peuples, proclamés dans la Déclaration universelle des Droits de l'homme (1948). Certains reprennent les arguments économiques et estiment que l'arrivée de migrants est une chance pour l'économie des pays européens. Les migrants sont à même de fournir :
- pour les uns, une main-d'œuvre peu qualifiée mais qui manque dans de nombreux secteurs d'activités ;
- pour les autres, une main-d'œuvre qualifiée (car nombreux sont, par exemple, les réfugiés politiques qui ont une qualification élevée).