Sommaire
ILes systèmes productifs français : des systèmes en mutationALe territoire français et ses atoutsBLa transformation de l'agriculture françaiseCLa désindustrialisation et la tertiarisation des espaces productifs françaisIIDes espaces productifs en recompositionAL'évolution de la géographie des espaces productifsBLa métropolisation et la littoralisation des activitésCLe poids des espaces productifs locauxIIILes acteurs et les enjeux autour des espaces productifs en FranceALes différents acteurs et leur rôle dans la valorisation des espaces productifsBLes enjeux autour des espaces productifs : entre compétitivité et aides aux territoires en difficultéComment les espaces productifs français se transforment-ils sous l'effet de la mondialisation et de l'intégration à l'Union européenne ?
Les systèmes productifs français : des systèmes en mutation
Le territoire français a plusieurs atouts pour valoriser ses espaces productifs. L'agriculture française reste importante mais subit des transformations. On observe une désindustrialisation ainsi qu'une tertiarisation des activités françaises.
Le territoire français et ses atouts
Le territoire français possède d'indéniables atouts pour valoriser ses espaces productifs. Dans le cadre européen, la France est intégrée à un espace de libre circulation des marchandises. Son réseau de transports est dense et performant, la France est un véritable carrefour européen. C'est un espace avec de nombreux littoraux et des aéroports.
La France relie l'Europe du Nord et l'Europe méditerranéenne. Ses ouvertures maritimes sur la Manche, la mer du Nord et la mer Méditerranée et ses ports (Le Havre, Marseille) lui permettent d'être pleinement intégrée au commerce mondial de marchandises. La Northern Range est la façade maritime la plus fréquentée au monde. Paris et ses deux aéroports constituent un hub majeur permettant une redistribution des flux sur l'ensemble du territoire français.
La transformation de l'agriculture française
La France possède une agriculture performante qui s'est modernisée durant la deuxième moitié du XXe siècle, notamment grâce à la Politique agricole commune (PAC) européenne. La France est le premier producteur agricole d'Europe. Toutefois, la part de l'agriculture dans le PIB comme dans les emplois ne cesse de diminuer. Une partie des exploitations agricoles est de plus en plus intégrée au système agro-industriel pour approvisionner les grandes FTN de l'agroalimentaire : ce sont principalement la céréaliculture et l'élevage. Certains secteurs très spécialisés sont également intégrés aux circuits commerciaux mondiaux.
Les emplois agricoles ne représentent plus que 2,5 % de la population active.
La production de cognac en Charente est très largement tournée vers l'exportation.
À côté d'exploitations très spécialisées, il subsiste de nombreuses exploitations tournées vers la polyculture. Certaines peinent à être rentables faute de débouchés suffisants. Les exploitants se tournent alors vers des labels de qualité (biologique) et des services comme l'agrotourisme pour compléter leurs revenus.
La désindustrialisation et la tertiarisation des espaces productifs français
Les systèmes productifs sont marqués par la désindustrialisation et la tertiarisation des emplois. On parle de mutations du système productif français : c'est un glissement des emplois des secteurs agricole et industriel vers les services.
La France est dans une économie post-industrielle, comme d'autres pays anciennement industrialisés : elle est marquée par une désindustrialisation, une baisse de la part de l'industrie dans le PIB et les emplois.
L'idée de déclin industriel est à relativiser. Les emplois industriels représentent 17,5 % de la population active.
La France est touchée par une crise de ses industries traditionnelles, en raison de :
- L'automatisation de la fabrication automobile.
- La concurrence étrangère des pays d'Asie et d'Europe de l'Est : faibles salaires, normes environnementales plus souples, etc.
- Les délocalisations et la nouvelle division du travail qui s'est mise en place à l'échelle mondiale : la sidérurgie, le textile ou l'automobile sont des secteurs fortement touchés. Ces délocalisations ne concernent que 5 % des pertes d'emploi dans l'industrie. Beaucoup d'emplois industriels glissent vers le secteur tertiaire.
- La montée en gamme (production de biens plus élaborés) de l'industrie française qui nécessite de gros efforts d'innovation technologique.
L'économie française se tertiarise. Le secteur des services occupe 80 % des salariés et assure les \dfrac{3}{4} de la richesse nationale. Les activités touristiques représentent 7,3 % du PIB en France. L'économie résidentielle se développe avec le vieillissement de la population.
Des espaces productifs en recomposition
La géographie des espaces de production en France évolue, notamment sous l'effet de la mondialisation. Ce ne sont plus les mêmes territoires qui sont les plus productifs. On observe une métropolisation et une littoralisation des activités. Les espaces productifs locaux ont un poids important dans l'économie française.
L'évolution de la géographie des espaces productifs
Sous l'effet de la mondialisation et des mutations de l'économie française, la géographie des espaces productifs évolue. La traditionnelle ligne Le Havre-Marseille qui opposait une France industrielle au nord et à l'est et une France agricole au sud et à l'ouest s'estompe malgré la persistance d'héritages. La géographie des espaces spécialisés dans l'agriculture évolue également, certains espaces restent dynamiques et se spécialisent, d'autres sont en déclin. Les territoires ultra-marins rencontrent de multiples difficultés.
Les espaces productifs consacrés aux industries se transforment :
- Le Nord et l'Est comptent de nombreux territoires industriels en reconversion suite à la crise d'activités traditionnelles : le textile, la sidérurgie ou l'automobile.
- Certaines régions spécialisées sont dynamiques : la région lyonnaise (chimie, pharmacie), Toulouse autour de l'aéronautique, le Bassin parisien autour de l'agro-industrie.
- Certains territoires misent sur l'innovation et profitent de dynamiques transfrontalières : la Haute-Savoie ou l'Alsace.
- Les emplois tertiaires sont concentrés dans les régions du Sud et de l'Ouest, ainsi qu'en Île-de-France qui accueille près de 40 % des emplois de cadres.
- L'économie résidentielle se développe sur l'ensemble des territoires mais avec un dynamisme inégal. Cet essor représente un enjeu vital dans les régions industrielles en reconversion ainsi que dans les espaces ruraux en déclin.
La géographie de l'agriculture se recompose :
- Le Bassin parisien reste un territoire de grande culture céréalière performante et exportatrice.
- La Bretagne est devenue la première région agricole de France, principalement dans le domaine de l'élevage porcin et avicole.
- D'autres espaces, plus modestes en superficie, sont particulièrement dynamiques : la production des vignobles du Bordelais ou du Champenois est largement exportée.
- De nombreux espaces ruraux de polyculture sont en déclin : dans les zones montagneuses ou dans des régions comme le Limousin, l'agriculture reste extensive et peu intégrée à la mondialisation. Beaucoup d'exploitants se tournent vers la valorisation des labels, les marchés locaux et l'agrotourisme afin de diversifier leur activité.
Les territoires ultra-marins connaissent des difficultés :
- Ils n'ont pas l'accessibilité des régions métropolitaines du fait de leur éloignement.
- Leur activité économique repose avant tout sur l'agriculture spécialisée : canne à sucre, banane et autres cultures tropicales, et sur le tourisme.
- Ils se situent dans un environnement régional très concurrentiel : les territoires voisins sont des pays en développement, les normes sont moins contraignantes et les salaires sont moins élevés. Dans le secteur touristique, la Guadeloupe et la Martinique sont concurrencées par la République dominicaine, La Réunion par l'île Maurice. Peu insérés dans les circuits d'échanges mondiaux, les territoires ultra-marins « exportent » principalement leur production vers la métropole, ce qui renforce leur dépendance.
La métropolisation et la littoralisation des activités
La mondialisation entraîne une recomposition des espaces productifs en France, avantageant les métropoles et les littoraux. Les métropoles françaises se développent et ont plus de poids, elles attirent les entreprises. Les activités maritimes se développent.
La France connaît le phénomène de métropolisation. Les métropoles françaises accueillent toujours plus de fonctions, d'activités et de richesses. Les entreprises qui recherchent des services de haut niveau et une main-d'œuvre qualifiée privilégient les métropoles. Ceci explique que l'Île-de-France a un poids économique écrasant, en assurant 31 % de la richesse nationale. D'autres métropoles s'affirment à l'échelle nationale comme Nantes, Bordeaux, Toulouse, Lyon ou Grenoble.
Les grandes entreprises privilégient les quartiers d'affaires pour installer leurs fonctions décisionnelles : La Défense à côté de Paris, la Part-Dieu à Lyon, Eurallile, etc.
Les métropoles offrent un vaste marché de consommateurs, aux revenus plus élevés, qui attire les entreprises notamment dans le secteur des services. Même dans les régions qui connaissent des difficultés économiques, les métropoles s'en sortent mieux.
Les littoraux sont des espaces privilégiés pour le développement du tertiaire, notamment le tourisme et l'économie résidentielle comme sur la Côte d'Azur qui accueille des retraités en nombre. Le territoire français se caractérise par une maritimisation croissante de ses activités. Depuis les années 1960, des zones industrialo-portuaires ont été aménagées : Dunkerque, Le Havre, Nantes - Saint-Nazaire, Fos-sur-Mer, etc. Elles associent aux infrastructures portuaires des industries sur l'eau (chimie, sidérurgie) qui s'approvisionnent en matières premières importées et réexportent des produits transformés.
Le poids des espaces productifs locaux
En France, les systèmes productifs locaux jouent un rôle essentiel dans la production de richesses. En réaction à la mondialisation, on constate un retour en force du local, mais ces territoires restent en compétition directe avec d'autres espaces productifs de la planète.
Les espaces productifs français
Grâce à un réseau dense de PME (petites et moyennes entreprises), la France peut s'appuyer sur des systèmes productifs locaux performants : un savoir-faire local et une main-d'œuvre qualifiée sont des atouts importants dans le contexte de la mondialisation.
Dans le Jura, on trouve l'horlogerie de précision.
Les acteurs politiques de l'État, jusqu'aux collectivités locales, cherchent à valoriser ces savoir-faire pour attirer les investisseurs : des labels de qualité sont mis en place dans le secteur agricole, ou la valorisation du made in France afin de séduire des consommateurs toujours plus soucieux de la provenance des produits. Les FTN s'appuient également sur la valorisation du local dans leurs stratégies marketing.
La firme japonaise Toyota insiste sur le fait que la voiture Yaris est produite en France pour séduire la clientèle française et européenne.
On observe un phénomène de relocalisation. 92 entreprises françaises ont ainsi choisi de se réimplanter en France au cours des dix dernières années, dont 19 au cours de l'année 2017 :
- la marque emblématique Solex (deux-roues) relocalisée à Saint-Lô dans la Manche ;
- Rossignol (matériel de ski) à Sallanches (Haute-Savoie) ;
- Olympia (chaussettes) dans les Vosges, etc.
Ce phénomène de relocalisation reste limité aux PME, et les emplois créés sont insuffisants pour compenser les emplois détruits par les délocalisations qui restent 8 fois supérieurs.
Les systèmes productifs locaux restent encore très dépendants de la conjoncture économique mondiale. Beaucoup de PME dépendent des commandes des grandes firmes, notamment étrangères, ce qui les place en compétition directe avec d'autres territoires de la planète.
Les acteurs et les enjeux autour des espaces productifs en France
Les acteurs privés et publics contribuent à valoriser les atouts des territoires pour renforcer la compétitivité des systèmes productifs français tout en cherchant à aider les espaces en difficulté.
Les différents acteurs et leur rôle dans la valorisation des espaces productifs
Le développement des espaces productifs repose sur l'intervention d'acteurs privés et publics, à toutes les échelles. Les entreprises, les FTN, l'Union européenne, l'État ou encore les collectivités territoriales mènent des actions pour valoriser les espaces productifs.
Les entreprises jouent un rôle crucial dans le développement des territoires productifs. La France s'appuie sur un large réseau de petites et moyennes entreprises (PME). Plus de 9 entreprises françaises sur 10 comptent moins de 5 000 salariés et génèrent près de 35 % de la richesse nationale. Ces entreprises sont à l'origine d'environ la moitié des exportations. La France dispose de quelques marques célèbres comme Carrefour, Michelin, Total ou encore L'Oréal.
Carrefour est le 1er distributeur français et se classe au 9e rang mondial.
Les FTN s'appuient sur un large réseau de PME à l'échelle nationale, dynamisant ainsi les espaces productifs français. À l'échelle locale, elles s'appuient sur des technopôles, des parcs technologiques situés dans une agglomération où se concentrent des centres de formation supérieure, de recherche et d'industrie de pointe.
L'Union européenne soutient certaines activités ou secteurs de production.
La Politique agricole commune (PAC) soutient l'agriculture.
L'Union européenne favorise certaines coopérations industrielles.
L'Union européenne a favorisé les coopérations industrielles comme Airbus et Aérospatiale qui se sont mises en place dans les années 1970.
Les fonds européens viennent en aide aux régions en difficulté pour améliorer la formation, encourager l'agriculture durable dans les territoires ruraux en déclin, etc.
Dans le but d'améliorer la compétitivité de l'économie française, l'État encourage l'innovation, en finançant la recherche-développement (R&D). En 2018, ces dépenses représentaient 2,27 % du PIB. Depuis les années 1970, l'État joue également un rôle d'aménageur pour améliorer l'accessibilité des territoires ou créer des technopôles.
Le plus emblématique des technopôles est celui de Nice Sophia Antipolis.
Plus localement, les collectivités territoriales (régions, départements, communes) cherchent à valoriser les atouts de leur territoire notamment par la publicité. Elles apportent également des aides aux entreprises pour qu'elles investissent dans leur territoire. Elles apportent des financements pour former la main-d'œuvre et aider les PME à s'insérer dans des réseaux.
Les enjeux autour des espaces productifs : entre compétitivité et aides aux territoires en difficulté
La France, à la fois intégrée à la mondialisation et à l'Union européenne, doit répondre à un double enjeu. Elle doit renforcer la compétitivité de ses espaces productifs dans un contexte de concurrence mondiale en s'appuyant sur les atouts de son territoire. Elle doit aussi soutenir les régions en crise afin d'assurer la cohésion des territoires.
La France doit renforcer les territoires les plus performants, en misant sur l'innovation. Depuis 2004, l'État français a mis en œuvre la politique des pôles de compétitivité. Cette politique consiste à associer des PME, des grandes entreprises, des centres de recherche et des centres de formation autour de secteurs porteurs en matière de croissance économique et d'emplois. La France compte 56 pôles de compétitivité, classés selon différents niveaux : pôles nationaux, pôles à vocation mondiale, pôles mondiaux.
- Le pôle Novalog, situé au Havre, est consacré à la logistique.
- Le pôle de Grenoble, Minalogic, est consacré aux nanotechnologies.
Qualitropic est le seul pôle situé en outre-mer. Situé à Saint-Denis de La Réunion, il est consacré à la bio-économie tropicale afin de répondre aux enjeux futurs des territoires de la zone intertropicale.
La France, grâce aux collectivités locales, soutient les régions en crise. Cela se traduit par :
- des soutiens à des projets de reconversion sur les territoires sinistrés ;
- des aides aux salariés en matière de formation ;
- des projets de développement rural pour les espaces en déclin.
L'Union européenne contribue financièrement à ces politiques par le biais des fonds européens : Fonds social européen, FEDER, etc.
Le but est d'empêcher le creusement des inégalités entre les espaces productifs les plus dynamiques et ceux les plus en difficulté.