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Un foyer de conflits depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale Composition type bac

Ce contenu a été rédigé par l'équipe éditoriale de Kartable.

Dernière modification : 07/08/2019 - Conforme au programme 2019-2020

Centres étrangers, 2016, voie ES

Le Proche-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Quel plan aurait pu convenir pour traiter ce sujet ?

Quand l'État d'Israël est-il proclamé ?

Quel est celui qui proclame l'État d'Israël ?

Quel est le parti politique qui combat les islamistes en Syrie et en Irak ?

En quelle année les accords d'Oslo sont-ils signés ?

Comment s'appelle le principal leader palestinien ?

"Si vous avez compris quelque chose au Liban, c'est qu'on vous aura mal expliqué" ironisait un jour l'historien Henry Laurens. Ce pays est en effet un condensé des enjeux de la région et l'on peut appliquer cette phrase au Moyen et Proche-Orient.
Rappelons de prime abord que le Proche-Orient se distingue du Moyen-Orient dont il fait néanmoins partie et avec lequel il partage bien des caractéristiques. Si le premier recouvre les territoires de ce qu'on appelait jadis le "Levant", c'est-à-dire la Syrie, la Palestine, l'Égypte et la Turquie, le second s'étend des rives de la Méditerranée à l'Afghanistan et au Yémen en passant par l'Iran et l'Arabie saoudite. Si le Proche-Orient apparaît clairement comme un foyer de tensions et de conflits depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il n'en reste pas moins que l'on peut considérer la Première Guerre mondiale comme la matrice de cette instabilité. En s'effondrant en 1918 - 1919, l'Empire ottoman a en effet ouvert la voie aux puissances européennes qui ont tenté de régir la région à l'aune de leurs intérêts. Les tensions, fortes dès les années 1930, débouchent, au sortir de la guerre, sur une période de conflits et d'instabilité.
Il nous appartiendra donc de nous interroger sur les ressorts et les manifestations des conflits qui marquent la région depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale en considérant dans un premier temps les conflits et les tensions que la naissance d'Israël a suscités avec les pays arabes avant d'envisager, dans un deuxième temps, le développement du conflit israélo-palestinien. Enfin, nous aborderons les tensions liées au nationalisme arabe et à l'islamisme.

I

Le Proche-Orient de la seconde moitié du XXe siècle : un foyer de conflits en lien avec la naissance d'Israël

A

Les tensions arabo-sionistes à la veille de la proclamation de l'État d'Israël

Il est peu de dire que la création de l'État d'Israël en 1948 a suscité des tensions régionales ; à bien des égards, le séisme géopolitique provoqué par la proclamation de l'État juif se fait encore sentir de nos jours. Là comme ailleurs, l'intrusion des Européens n'a fait qu'envenimer une situation qui était déjà complexe. En effet, il faut rappeler que le sionisme naît à la fin du XIXe siècle dans une Europe victime du poison de l'antisémitisme. Celui-ci s'est manifesté violemment lors des pogroms organisés en Europe de l'Est et lors de l'affaire Dreyfus en France. Theodore Herzl, qui a suivi "l'Affaire" et en est ressorti bouleversé, en appelle, dans l'État des juifs publié en 1896, à la création d'un foyer national juif en Palestine. Les premiers Juifs sionistes quittent dès lors l'Europe pour s'installer dans l'ancienne Judée sous domination ottomane. La déclaration de Balfour de novembre 1917 ne fait qu'encourager ce mouvement qui suscite naturellement de vives réactions de la part des populations arabes locales. Celles-ci craignent en effet de se voir submerger par ces Juifs européens. Dans les années 1920 et 1930, des heurts opposent les deux communautés que les Britanniques, qui ont la charge de l'administration mandataire, ont bien du mal à juguler comme en témoignent les Livres Blancs de 1930 et 1939 qui tentent de limiter l'immigration juive en Palestine.

La Shoah et la destruction des Juifs d'Europe posent cependant la question du sionisme avec une plus grande acuité. Les vainqueurs de la guerre soutiennent la création d'un État juif et chargent l'Organisation des Nations unies (ONU) de partager la Palestine entre Juifs et Arabes. Ce plan de partition est publié en novembre 1947 : il y aurait un État juif, un État arabe et une zone d'administration internationale à Jérusalem et dans sa proche banlieue. Le plan est immédiatement accepté par les responsables juifs qui y voient l'opportunité d'obtenir la légitimité et la reconnaissance de l'État qu'ils appellent de leurs vœux. En revanche, il est vigoureusement rejeté par les Arabes palestiniens, soutenus en cela par le monde arabe en général. Le 14 mai 1948, à la veille du départ des troupes britanniques, David Ben Gourion proclame l'État juif d'Israël dont les frontières sont celles que l'ONU a proposées six mois plus tôt. Cette proclamation peut s'apparenter à l'étincelle qui embrase la région même si de vives tensions avaient déjà déstabiliser la région depuis plusieurs mois.

B

La guerre israélo-arabe de 1948 - 1949

Depuis 1947 et l'annonce par les Britanniques de leur départ, les Arabes pressentent que la menace de la création d'un État juif risque fort de se concrétiser. Une véritable guerre civile se développe entre Arabes et Juifs dans les mois qui précèdent la naissance officielle d'Israël. Et d'aucuns s'attendent à voir cette guerre civile se transformer en conflit interétatique dès que l'État israélien aura été proclamé. Dès le 15 mai 1948, la Syrie, la Transjordanie, l'Irak, le Liban et la Syrie joignent en effet leurs forces pour écraser rayer Israël de la carte. La toute jeune armée israélienne, Tsahal, doit lutter pied à pied pour assurer la survie de l'État juif avec le soutien logistique et financier de l'URSS de Staline. Les combats s'étendent de mai 1948 à juillet 1949 et aboutissent à une humiliation pour les Arabes dont la supériorité numérique ne suffit pas à avoir raison des Israéliens. Le petit David israélien a finalement raison du géant Goliath arabe.

Le jeune État a donc su montrer sa pugnacité et son armée a prouvé son efficacité ; elle s'imposera désormais comme une force militaire majeure de la région. Politiquement, l'État juif a surmonté son baptême du feu et renforcé sa légitimité internationale. Les régimes arabes, eux, sont discrédités par l'humiliation qu'ils ont essuyée. Mais les deux conséquences les plus importantes de ce conflit sont démographiques et territoriales. D'une part en effet, les Arabes palestiniens ont massivement quitté les territoires occupés par Israël (dans l'espoir d'y revenir dans les fourgons des armées arabes dont elles espéraient la victoire) : c'est la Nakba ("catastrophe") qui concerne entre 700 et 750 000 individus qui s'entassent dans des camps de fortune aux frontières de l'Israël et pour lesquels l'ONU crée l'UNRWA (United Nations Relief and Works Agency – Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) en 1949. Territorialement, ce conflit renforce Israël qui a conquis de nouveaux territoires en Galilée et dans le Sinaï notamment. L'État palestinien est enterré et les territoires destinés aux Arabes de Palestine sont administrés par l'Égypte, qui occupe la bande de Gaza, et la Transjordanie (qui devient de facto et de jure la Jordanie en 1949) qui occupe la Cisjordanie.

C

De guerres en guerres : la Palestine, foyer de conflits récurrents

Il est évident que, pour les Arabes, il ne saurait être question de ne pas laver l'affront de 1948 - 1949. Aussi, les tensions sont-elles palpables et débouchent régulièrement sur des conflits d'ampleur inégale mais dont les conséquences sur la stabilité de la région sont importantes. Ainsi, en 1956, Ben Gourion est partie prenante dans la crise du Canal de Suez qui oppose les Franco-Britanniques à l'Égypte de Nasser à la suite de la nationalisation dudit canal. Il s'agit pour Israël de se ménager un accès à cette artère commerciale importante qu'est le canal et de contribuer à l'éviction de Nasser qui apparaît comme le chef de fil d'un nationalisme arabe anti-israélien qui menace l'intégrité d'Israël. Comme on sait, l'intervention diplomatique des Soviétiques et des Américains coupent court aux opérations et sauvent Nasser.

Les tensions entre Israéliens et Arabes vont croissant au cours des années 1960 et débouchent sur la Guerre des Six jours de juin 1967 qui marque une étape importante dans le conflit israélo-arabe. En effet, Nasser décrète, en mai 1967, le blocus du détroit de Tiran qui est jugé vital à l'économie israélienne. Ce casus belli provoque une attaque préventive de Tsahal qui, en six jours, réussit à tripler la superficie de l'État juif qui gagne la bande de Gaza et l'ensemble de la péninsule du Sinaï, le plateau du Golan, la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Cette guerre éclair est un triomphe pour Israël mais le place désormais dans la position d'agresseur et de conquérant.

La guerre d'octobre 1973 est déclenchée par surprise lors de la fête du "Grand Pardon" (Yom Kippour). La Syrie et l'Égypte envahissent le territoire israélien depuis le Golan et le Sinaï et avancent à vive allure au cours des premiers jours, ce qui suscite l'inquiétude des Israéliens. Cependant, la mobilisation de Tsahal est fulgurante : en une semaine, la situation est rétablie et les armées israéliennes réussissent même à pousser l'avantage jusqu'en Égypte, au-delà du canal de Suez, tout en pénétrant profondément en Syrie. Il faut l'intervention de l'ONU et des grandes puissances pour que le conflit cesse. D'une certaine manière, l'on peut considérer que l'échec de cette opération aboutit à l'abandon progressif de la cause palestinienne par les puissances arabes de la région qui n'oseront plus affronter militairement Israël. L'Égypte, fer de lance du nationalisme arabe, signe même la paix avec Israël à l'issue des accords de Camp David de 1978.

Le conflit, d'israélo-arabe, devient, israélo-palestinien même si on peut noter la persistance de conflits interétatiques entre Israël et les pays arabes, notamment au Liban en 1982 et 2006. Mais, ces conflits ne sont plus à l'initiative des Arabes et ne relèvent plus tout à fait des mêmes enjeux.

II

Le Proche-Orient à l'heure du conflit israélo-palestinien

A

La naissance du mouvement de libération de la Palestine

Au sortir de la guerre, et devant la menace de voir un État juif se créer en Palestine, les États arabes de la région font cause commune avec les Palestiniens. Et ce d'autant que les Arabes gardent en mémoire le souvenir cuisant des négociations qui avaient été organisées au cours de la Première Guerre mondiale, au cours desquelles les Européens leur avaient promis de soutenir la création d'un grand royaume arabe sous l'autorité des Hachémites une fois la guerre terminée. Or, les Britanniques et les Français s'étaient entendus pour se partager la région (accords Sykes-Picot de 1916) et Londres avait, parallèlement promis aux Juifs de soutenir la création d'un foyer nationale juif en Palestine (déclaration de Balfour de 1917). Dès lors, la rancœur à l'encontre des Européens et des sionistes est très vive et explique le soutien massif que la Syrie, la Jordanie ou l'Égypte apportent à la défense de la Palestine. Néanmoins, on ne saurait occulter le rêve panarabe qu'incarnera la République arabe unie (RAU) de 1958 à 1961.

Les déboires des armées arabes évoqués plus haut conduisent les pays voisins d'Israël à se montrer moins actifs et à laisser les Palestiniens face aux Israéliens malgré un soutien politique et financier qui peut s'avérer important. Le mouvement palestinien est incarné par Yasser Arafat qui crée le Fatah (Mouvement de libération de la Palestine) dès 1959. L'objectif est alors très clair : détruire Israël et œuvrer pour la création d'un État palestinien indépendant. Ce mouvement n'est pas unique : on peut noter le FPLP (Front populaire de libération de la Palestine) fondé en 1967 par Georges Habache et Ahmed Jibril, ou le FDPLP (Front démocratique populaire pour la libération de la Palestine) créé en 1969 à l'issue d'une scission du FPLP.

Ces mouvements nationalistes, soutenus par la Ligue arabe, se réunissent dans l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) qui a été créée au Caire en 1964 à l'initiative d'Ahmed Choukairy et dont la charte élaborée en 1968, évoque clairement la destruction d'Israël. L'OLP entend dès lors tout faire pour déstabiliser l'État juif : à défaut de pouvoir mener des opérations militaires de grande ampleur, les Palestiniens se lancent donc dans des opérations de guérillas et de terrorisme. La prise d'otages des athlètes israéliens en 1972 à l'occasion de les Jeux olympiques d'été marque les esprits et reflète à elle seule la manière dont les organisations palestiniennes entendent faire pression sur Israël. Cet OLP mène par ailleurs, à partir de 1987, ce qu'on appelle l'Intifada ("guerre des pierres") afin de protester contre la domination israélienne. Ces actions donnent au mouvement une envergure internationale qu'Arafat met au profit de la cause qu'il défend.

B

Vers une solution à deux États ?

À bien des égards, l'année 1988 marque un tournant dans l'histoire du conflit israélo-palestinien dans la mesure où, réunis à Alger, les membres de l'OLP décident d'entrer dans la voie de la négociation et de rompre avec les actes terroristes. En effet, Yasser Arafat reconnaît officiellement les résolutions de l'ONU sur la Palestine et reconnaît, de fait, Israël. Dès lors, on s'achemine vers une solution à deux États dans le cadre des frontières de 1967. Ce qu'il est convenu d'appeler le "processus de paix" semble démarrer même si le contentieux est profond dans la mesure où Israéliens et Palestiniens trouvent des compromis sur des questions sensibles. Parmi celles-ci, la question des frontières des deux États, celle des réfugiés et de leur éventuel droit au retour, celle du statut de Jérusalem, et notamment de Jérusalem-Est.

Néanmoins, bénéficiant de l'effet de souffle de la fin de la guerre froide, et d'un contexte politique international favorable, les accords d'Oslo, longuement négociés sous les auspices de l'hyperpuissance américaine, sont signés en grandes pompes en 1994 à Washington. Ces accords prévoient notamment la création d'une Autorité palestinienne chargée d'administrer la bande de Gaza et la Cisjordanie. Cette autorité sera dirigée par Yasser Arafat et reconnue par Israël comme un interlocuteur dans le cadre du processus de paix. Les armées israéliennes devront évacuer certains des territoires palestiniens et l'administration palestinienne devra assurer le maintien de l'ordre en leur lieu et place. On prévoit que cette situation transitoire doit déboucher sur la création d'un véritable État de plein droit à l'issue des négociations que les deux parties s'engagent à mener en quelques années.

Las, les extrémistes de tout bord s'emploient à faire capoter le processus de paix. Ainsi, le Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin est assassiné en novembre 1995 par un extrémiste juif qui considère qu'il a trahi la cause israélienne en négociant avec les ex-terroristes. De son côté, Arafat peine à contrôler la situation, et ce d'autant que le Hamas, créé en 1988 en réaction à la reconnaissance d'Israël par l'OLP, entend poursuivre la lutte contre Israël au nom de l'Islam. Les attentats-suicides qu'il commet contribuent naturellement à créer un climat de défiance et de suspicion qui nuit aux négociations de paix. L'intervention permanente des acteurs régionaux (Égypte et Jordanie) et internationaux (États-Unis, Europe, ONU) s'avère bien peu efficace et le conflit reste enkystée dans la région comme un cancer.

C

Le blocage et l'enlisement du conflit israélo-palestinien

Les radicaux de tout bord tentent donc par tous les moyens de briser le processus de paix, ce qu'ils parviennent à faire puisqu'il était prévu que les négociations soient closes cinq ans après la signature des accords d'Oslo. En 2017, la situation n'a guère évolué. En Israël, les successeurs de Rabin ne réussissent pas à maintenir l'esprit d'Oslo en vie. Les pourparlers, sous diverses formes se poursuivent mais aboutissent souvent à des constats d'échec. Et ce d'autant que les gouvernements israéliens, et notamment lorsqu'il s'agit du Likoud (droite nationaliste), campent sur des positions très fermes sur les sujets jugés les plus sensibles comme Jérusalem-Est ou la question des frontières. La colonisation est même relancée à de multiples reprises, ce qui ne manque pas de susciter l'irritation des Palestiniens qui voient s'éloigner le rêve d'un retour aux frontières de 1967. Par ailleurs, le blocage du processus de paix se manifeste par la construction d'un mur de séparation qui, à lui seul, signifie symboliquement, l'échec de la promesse d'Oslo. Et ce d'autant qu'il englobe une partie des territoires revendiqués par les Palestiniens.

Du côté des Palestiniens, la situation s'avère également complexe. Yasser Arafat meurt en 2004 et son successeur Mahmoud Abbas n'a pas le même prestige auprès des Palestiniens bien qu'il ait combattu pour la cause dès le début sous le nom d'Abou Mazen. Les conditions de vie des Palestiniens, toujours difficiles et marquées par les tracas administratifs dès lors qu'il faut traverser la frontière aux check-points, avivent l'animosité ou la désespérance dont les conséquences sont mortifères pour le processus de paix. Surtout l'Autorité palestinienne, largement dominée par le Fatah de Yasser Arafat, est doublée par le Hamas qui lui conteste le leadership et la légitimité. L'Autorité est jugée corrompue et aux ordres de Tel-Aviv et de Washington. L'éclatement du mouvement palestinien est manifeste à partir de 2006, date à laquelle le Hamas réussit à prendre le pouvoir dans la bande de Gaza.

La montée en puissance des mouvements islamistes, dont le Hamas est une branche, ne fait que complexifier davantage encore les enjeux d'une région qui reste au cœur des enjeux de la géopolitique mondiale.

III

Islamisme et nationalisme au cœur des enjeux proche-orientaux

A

Les questions territoriales sources de tensions régionales depuis la fin de la guerre

Pour avoir été une région dominée pendant des siècles, le Proche-Orient est soumis à des tensions nationales et territoriales dans la mesure où les frontières ne correspondent pas véritablement à des réalités culturelles, religieuses, ethniques ou politiques. Elles ont été dessinées par les vainqueurs de la Première Guerre mondiale et, confirmés aux lendemains de la Seconde. Le rêve du royaume arabe que les Britanniques ont fait miroiter aux Hachémites afin de les inciter à déclencher la révolte arabe contre l'Empire ottoman n'a jamais vu le jour. À la place, l'Irak, la Syrie, le Liban et la Palestine ont été créés, brisant le mouvement panarabe que Nasser a bien tenté de faire revivre entre 1958 et 1961 avec la création de la RAU. Mais en vain. Cet émiettement est source de frustrations. Ainsi, la Syrie a longtemps eu des visées sur le Liban dans le cadre de son rêve de "Grande Syrie". À défaut de pouvoir modifier les frontières, elle exerce une influence néfaste sur le pays dont elle tente de contrôler la politique. La Jordanie a longtemps eu des ambitions sur la Cisjordanie palestinienne avant d'y renoncer devant l'ampleur du conflit israélo-palestinien. Quoi qu'il en soit, il est certain donc que la question du nationalisme arabe joue un rôle dans la géopolitique régionale. Et ce d'autant que ce nationalisme est concurrencé par d'autres revendications nationales.

Parallèlement en effet, les Kurdes, au nombre de 25 à 30 millions, ont été privés d'un État et sont soumis à l'autorité des États syrien, irakien, turc et iranien. Leur situation est source de tensions comme en témoigne le conflit qui oppose l'État turc au PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) dont le chef historique Abdullah Öcalan croupit en prison depuis des années. À l'échelle régionale, leurs revendications ont été peu entendues par les gouvernements centraux qui ont tenté de prévenir toute contestation en les opprimant et en les marginalisant. On pourrait mettre en parallèle la situation des Juifs qui ont longtemps constitué une minorité avant de pouvoir imposer leur État comme on l'a vu plus haut. Ce Proche-Orient majoritairement arabe doit donc souffrir de la présence de minorités ethniques qui entendent faire valoir le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Cette région est aussi, et peut-être surtout, au cœur des enjeux religieux.

B

Le Proche-Orient : une mosaïque religieuse en tension

Le Proche-Orient est marqué par une très forte empreinte religieuse. Rappelons de prime abord qu'il est le berceau des trois grands monothéismes que le monde a connu : le judaïsme, le christianisme et l'Islam. Ces trois grandes religions y ont leurs lieux saints et Jérusalem apparaît à cet égard comme un condensé des problématiques qui se posent à la région : capitale des rois de Judée, elle est pour les Juifs, la ville du Temple. Pour les chrétiens, Jérusalem est la ville où le Christ a souffert et où il a été enseveli comme le rappelle le Saint-Sépulcre dont la garde est confiée à des communautés chrétiennes. Enfin, pour les musulmans, Jérusalem abrite la mosquée Al-Aqsa construite à l'endroit même où Mahomet aurait accompli son voyage dans le ciel (en conséquence, c'est le troisième lieu saint de l'Islam après La Mecque et Médine).

Si les musulmans sont largement majoritaires, ils doivent compter avec la présence de nombreuses minorités religieuses : les Coptes égyptiens, les maronites libanais, les Grecs orthodoxes de Turquie, mais aussi les chaldéens et autres melkites, sont des chrétiens en terre d'Islam. Les Juifs, s'ils sont majoritaires en Israël, sont évidemment minoritaires à l'échelle régionale. Il est certain que la coexistence de ces religions ne peut qu'entraîner des tensions dans la mesure où le temps de la tolérance qui a caractérisé la région à l'époque ottomane semble bel et bien révolu du fait de l'émergence d'un fondamentalisme religieux intransigeant qui entend promouvoir un Islam radical et débarrasser la région des impies. Les sanglants attentats commis contre les Coptes d'Égypte notamment en avril 2017 témoignent de cette volonté de purification religieuse qui anime les islamistes djihadistes.

Enfin, il faut rappeler les rivalités qui secouent le monde musulman lui-même. Rappelons à cet égard la coexistence de deux branches rivales : les sunnites qui sont l'immense majorité, et les chiites qui représentent une minorité à l'échelle régionale. Outre en Iran où le chiisme est la confession officielle et rassemble 90% de la population, on retrouve des minorités chiites en Turquie, où on estime qu'ils représentent 20% de la population, en Syrie (10%) et au Liban (40%). Enfin, il faut rappeler la multitude des sous-familles comme les alaouites syriens ou les druzes qui se situent en marge de l'Islam. Sur cette question religieuse, le Liban apparaît comme un condensé de la situation : il accueille certes une majorité de musulmans mais on compte une majorité de chiites pour une forte minorité de sunnites et une faible minorité de druzes. Pour ce qui est des chrétiens, on y retrouve aussi bien des melkites que des maronites, des jacobites que des nestoriens, le tout dans un climat de tension extrême qui a pu débouché sur la guerre civile des années 1970.

C

Le Proche-Orient à l'heure de l'islamisme

L'islamisme est une doctrine politique globale qui entend modeler la société à l'aune des préceptes religieux de l'Islam. On peut considérer qu'il a pris sa naissance en Égypte au début des années 1930 avec la création des Frères musulmans dont la Profession de foi, publiée en 1935 sous la houlette de Hassan al-Banna, déclare que "tout est sous l'ordre de Dieu" et que "le retard des musulmans réside dans leur éloignement de la religion" ; en conséquence, selon les Frères musulmans, il faut "faire retour aux enseignements de l'Islam et à ses jugements". Cet islamisme peut ou non être djihadiste.

Notons que l'islamisme a été vigoureusement combattu au Proche-Orient par les tenants du nationalisme arabe comme Nasser en Égypte qui pourchasse les Frères musulmans sans relâche. Les partis Baath syrien et irakien ont mené le même combat. Aujourd'hui encore, Bachar Al-Assad se présente comme le rempart contre l'islamisme fondamentaliste qu'incarne l'organisation État islamique (Daech). A contrario, d'autres États de la région ont incarné des modèles d'islamisme : l'Arabie saoudite wahhabite ou, dans une moindre mesure, la Turquie de l'AKP du président Erdogan qui se présente comme islamo-conservateur. Autre exemple, quoiqu'éphémère, de régime islamiste : le gouvernement des Frères musulmans en Égypte entre 2012 et 2013. Après la chute de Hosni Moubarak emporté par les "Printemps arabes", l'Égypte a découvert les élections libres et a élu Mohammed Morsi à la présidence de la République. Mais son expérience a tourné court en raison du pronunciamiento militaire orchestré par le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi.

Enfin, l'islamisme, comme on l'a vu plus haut, plonge la région dans le chaos depuis 2014, date à laquelle Abou Bakr Al-Baghdadi a proclamé l'"État islamique" et le califat. Très clairement, le projet est de construire un État dont les fondements sont religieux et de renouer ainsi avec l'Empire arabo-musulman des premiers temps. Le nom de ce calife auto-proclamé en dit long d'ailleurs sur ses ambitions. Abou-Bakr fut le premier calife. Quant à Bagdad, ce fut la capitale de l'empire abbasside dont le rayonnement et la puissance furent sans précédent. L'organisation État islamique apparaît donc comme intrinsèquement islamiste, fondamentaliste et djihadiste (puisqu'elle mène le fer contre les "Infidèles").

Le Proche-Orient est donc bel et bien une région marquée par de vives tensions dont l'origine remonte au moins au début du XXe siècle, et plus particulièrement à la fin de la Première Guerre mondiale. Le départ des Européens à l'issue de la Seconde Guerre mondiale a libéré les forces jusqu'alors contenues, bien que difficilement. Le conflit israélo-arabe a marqué la géopolitique régionale et, à bien des égards, mondiale, depuis la création d'Israël en 1948. Malgré les traités de paix et le lancement du processus de paix au début des années 1990, la situation reste précaire et instable. À cette question israélo-arabe, s'est greffée celle de l'islamisme dont la montée en puissance tout au long de la seconde moitié du XXe siècle a débouché sur le chaos que connaissent aujourd'hui la Syrie et l'Irak.
Il est certain que le foyer de tensions proche-oriental a des conséquences à l'échelle mondiale. Les protagonistes des crises qui secouent la région sont américains, russes, européens, onusiens… Le Proche-Orient est au cœur des enjeux géopolitiques contemporains et d'aucuns s'accordent à dire que la pacification n'est pas encore à portée de main malgré les rodomontades d'un Donald Trump qui se fait fort d'éradiquer l'organisation État islamique.

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