Quels enjeux font du Proche et Moyen-Orient des espaces sous tension ?
Quel est l'enjeu économique principal du Proche-Orient ?
Quelle ville est sacrée pour les trois religions monothéistes ?
Quelle doctrine politique veut l'unité des Arabes dans un grand État ?
En quelle année est crée la Ligue arabe ?
La question religieuse avec la présence des lieux saints des trois grandes religions monothéistes, la présence d'hydrocarbures et les tensions liées à l'eau sont autant d'enjeux concernant le Proche et Moyen-Orient.
Concernant la question religieuse, il faut d'abord parler de la place particulière de Jérusalem, ville trois fois sainte (pour le judaïsme, le christianisme et l'islam). Les enjeux et les tensions autour de la ville sont anciens. Déjà, au milieu du XIXe siècle, la protection des lieux saints à Jérusalem suscite une querelle entre grandes puissances. La France propose sans succès l'internationalisation de la ville sainte. Dans les années 1860 - 1880, Jérusalem profite alors de son accession au rang de capitale régionale et de la redéfinition de son territoire. Britanniques et Français y demeurent très influents jusqu'en 1914. En dépit des accords Sykes-Picot, les Britanniques souhaitent accentuer leur influence dans la région et profitent du renoncement français pour imposer un mandat sur la Palestine. À partir des années 1920, si les disputes se poursuivent, l'épicentre du problème se déplace vers la question des lieux saints musulmans et leur revendication par les Juifs (alors même que de plus en plus de juifs immigrent en Palestine). Sous l'impulsion d'Hadj Amin al-Husseini, nommé grand mufti de Jérusalem en 1922, la sacralité de Jérusalem pour les musulmans s'accentue. L'esplanade des mosquées est de plus en plus destinée à devenir une nécropole des héros de l'islam. Constatant l'échec du projet de Palestine unitaire, les Britanniques travaillent à un plan de partage qui exclut toutefois Jérusalem, la cité devant demeurer sous mandat britannique. Les Britanniques reculent devant l'opposition arabe (grande révolte de l'automne 1937). Au début de 1947, ils chargent l'ONU de concevoir un plan de partage qui est voté en novembre de la même année et prévoit la partition de la Palestine en deux États et le placement de Jérusalem sous administration de l'ONU. La naissance de l'État hébreu s'accompagne d'une courte campagne militaire opposant Israéliens et Jordaniens pour le contrôle de la ville. Jérusalem est divisée en deux, elle est de fait annexée par Israël et la Jordanie (qui en font tous les deux leur capitale), mais cette situation n'est pas reconnue par la communauté internationale. Aujourd'hui, Jérusalem est au cœur du conflit israélo-palestinien : la partie est de la ville est conquise par les Israéliens en 1967, mais pour l'ONU il s'agit d'un territoire occupé et l'installation de juifs y est illégale. Depuis les accords d'Oslo (1993), il est prévu que le statut de Jérusalem soit réglé à la fin du conflit israélo-palestinien. Cette question reste donc au cœur de la politique régionale et internationale. Deux autres lieux saints de l'islam sont présents dans la région : la Mecque et Médine. Si elles assurent à la dynastie saoudienne une puissante source de légitimité et de revenus avec les pèlerinages, la rivalité arabo-iranienne pour la suprématie dans la région explique l'existence de tensions entre les deux régimes. Les pèlerins iraniens sont fréquemment accusés d'utiliser le pèlerinage à la Mecque comme tribune politique. En 1987, de violents affrontements ont fait 400 morts dont plus de 200 Iraniens. Les Iraniens ont à cette occasion été interdits de pèlerinage jusqu'en 1991.
La présence d'hydrocarbures n'est pas sans générer de tensions non plus dans cet espace. Avec près des deux tiers des réserves pétrolières mondiales estimées et 40 % des réserves gazières aujourd'hui connues, le Moyen-Orient demeure un lieu majeur de production couvrant une part essentielle des besoins énergétiques mondiaux. Certains États restent des producteurs majeurs, en particulier l'Arabie saoudite, le Koweït, le Qatar ou les Émirats arabes unis (EAU). D'autres, soumis aux déséquilibres politiques, voient leur production d'hydrocarbures stagner ou reculer, en particulier l'Iran et l'Irak, mais conservent un potentiel de production tout à fait majeur. C'est en Arabie saoudite qu'on rencontre le plus grand champ pétrolier du monde, celui de Ghawar. C'est dans le golfe Persique que se trouve le plus grand champ gazier mondial. Ce dernier, partagé entre le Qatar (North Field) et l'Iran (South Pars), abriterait à lui seul environ 20 % des réserves gazières mondiales. Le Moyen-Orient héberge aussi des terminaux pétroliers et gaziers majeurs pour l'industrie mondiale des hydrocarbures. Plus de 95 % des revenus des États producteurs du Moyen-Orient viennent des hydrocarbures : leur stabilité politique en dépend, mais aussi leur capacité à se doter et à maintenir un appareil militaire défensif suffisamment dissuasif dans une région concernée par de multiples troubles politiques, idéologiques et militaires.
Depuis quelques années, le problème de l'eau occupe une place de plus en plus importante au Moyen et Proche-Orient. Cette préoccupation croissante est liée à deux problèmes majeurs partagés par l'ensemble des pays de cette région : une croissance démographique galopante et une insuffisance en terres cultivables pour assurer l'alimentation de cette population pour cause d'aridité. La problématique de l'eau recouvre deux caractéristiques. D'abord, un climat aride et désertique quasi généralisé qui fait de l'eau une ressource rare et convoitée. Ensuite, une délimitation conflictuelle des frontières entre les États. Il y a actuellement trois conflits majeurs concernant le partage des eaux : dans le bassin du Nil cela concerne l'Égypte, le Soudan et l'Éthiopie ; en Mésopotamie, les protagonistes sont la Turquie, la Syrie et l'Irak et enfin dans le bassin du Jourdain, tous les États sont concernés : Israël, le Liban, la Syrie, la Jordanie et l'Autorité palestinienne. La situation de la péninsule Arabique est en revanche tout autre, puisque la déficience d'eau est palliée par des moyens techniques financés grâce à la manne pétrolière, ce qui pose des problèmes environnementaux. Pourtant, cette situation conflictuelle qui paraît insoluble en l'état pourrait être le prétexte d'une concertation et d'une coopération entre ces États. En tant que bien global régional, cela pourrait faire naître une nouvelle coopération régionale mais la volonté reste déficiente.
- Jérusalem illustre les tensions religieuses du Proche-Orient en sa qualité de ville sainte pour les 3 religions monothéistes.
- La richesse en pétrole et en gaz génère des tensions locales entre pays producteurs et les convoitises de la communauté internationale.
- De nouvelles tensions en lien avec le partage de l'eau agite cet espace où la pénurie est monnaie courante.