Sommaire
ILe monde divisé en deuxALa mise en place de deux blocsBLes tensions entre les deux Grands (1950 - 1953)CLa coexistence pacifiqueIILa détente et ses limitesALa détenteBLes limites de la détenteIIILa fin de la guerre froideALa "guerre fraîche"BLa fin de la guerre froideMis en place dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, deux blocs menés d'une part par les États-Unis et d'autre part par l'URSS vont s'affronter indirectement dans ce qu'on a appelé la guerre froide. Ces tensions sont très fortes (blocus de Berlin, guerre de Corée) jusqu'à la mort de Staline en 1953. De 1953 à 1962, la "coexistence pacifique" ne signifie pas la fin de l'affrontement mais marque une période de relations moins tendues. La construction du mur de Berlin puis la crise des missiles de Cuba ravivent l'opposition entre les deux Grands au début des années 1960. La période qui suit est appelée la Détente, les deux puissances cherchent à apaiser leurs relations. Pourtant, les conflits dits "périphériques" demeurent, comme celui de la guerre du Vietnam. La reprise des tensions avec la "guerre fraîche" au début des années 1980 est le dernier épisode de la guerre froide et l'URSS s'écroule en 1991, marquant la fin de l'opposition entre les deux blocs.
Le monde divisé en deux
La mise en place de deux blocs
La fin de la Seconde Guerre mondiale marque la victoire des deux grandes puissances, les États-Unis et l'URSS :
- Les États-Unis n'ont pas eu de destruction et ont doublé leur production pendant la guerre. Ils possèdent les deux tiers des stocks d'or et jouissent d'une grande popularité.
- L'URSS est le pays qui a subi le plus de destructions matérielles et a perdu 20 millions de personnes pendant la guerre. Elle jouit aussi d'un grand prestige et l'Armée rouge a libéré la moitié de l'Europe.
Ces deux puissances s'opposent idéologiquement et ont des ambitions opposées :
- Les États-Unis prônent la démocratie libérale et le capitalisme.
- L'URSS défend le communisme et veut répandre cette idéologie.
Malgré les décisions prises à Yalta, notamment celle de laisser les pays européens organiser des élections libres, la tension monte entre les deux grands :
- Sous la pression des soviétiques, des régimes communistes sont installés en Roumanie et en Bulgarie.
- L'Armée rouge reste stationnée en Iran, le régime soviétique aide les maquis communistes en Grèce et fait pression sur la Turquie pour le partage des détroits entre la Méditerranée et la mer Noire.
Dès 1945, Churchill évoquait la division du monde en deux. En 1946, il prononce un discours dans lequel il parle d'un "rideau de fer" qui divise l'Europe.
En 1947, Truman marque un tournant politique :
- Il dévoile sa théorie du containment (endiguement en Français) : il faut stopper l'avancée des communistes et aider les pays qui veulent rester "libres".
- Le plan Marshall prévoit une aide financière aux pays qui le souhaitent pour permettre leur reconstruction.
L'URSS réagit :
- Le Kominform est créé en 1947. Il s'agit d'une coordination des partis communistes du monde entier sous la direction de Moscou.
- Jdanov énonce la théorie d'un monde divisé en deux, entre d'une part un système basé sur "la paix et la démocratie" (régimes communistes) et d'autre part les pays qui subissent l'impérialisme des États-Unis. Il encourage les partis communistes à prendre le pouvoir.
La guerre froide est désormais ouverte.
En France, en mai 1947, le Parti communiste français quitte le gouvernement et lance une vive campagne d'opposition contre les partis au pouvoir.
Les tensions en Europe sont très fortes :
- Les régimes communistes sont installés dans les pays libérés par l'Armée rouge. Le coup d'État de Prague en 1948 provoque le basculement du dernier pays d'Europe de l'Est qui n'était pas encore communiste.
- Les Britanniques, Américains et Français décident de créer une monnaie sur les zones allemandes qu'ils occupent. Cette décision est prise comme une provocation par Staline qui met en place le blocus de Berlin en 1948. L'objectif est de couper la partie Ouest de Berlin (aux mains des occidentaux) de l'Allemagne de l'Ouest. Cependant, la mise en place d'un pont aérien par les Américains et leurs alliés a pour conséquence l'échec du blocus en 1949. À la suite de cette crise, deux États allemands sont créés. En Allemagne de l'Ouest, il s'agit de la République fédérale d'Allemagne (RFA) sous influence occidentale et en Allemagne de l'Est, il s'agit de la République démocratique d'Allemagne (RDA).
Chacun des blocs s'organise militairement :
- Les États-Unis et les puissances occidentales créent l'union militaire de l'OTAN avec la signature du pacte Atlantique en 1949.
- L'URSS instaure une union militaire des pays communistes en 1955, le pacte de Varsovie.
Les tensions entre les deux Grands (1950 - 1953)
Les conflits en Asie au début des années 1950 provoquent un regain de tension entre les deux grands :
- En 1949, la Chine devient un État communiste dirigé par Mao Zedong.
- En Corée, pays divisé en deux depuis 1945, les troupes communistes nord-coréennes attaquent la Corée du Sud.
- L'intervention des troupes américaines d'un côté et chinoises de l'autre stabilise le front.
- La guerre d'Indochine oppose les troupes communistes du Viêt Minh aux troupes françaises (la puissance coloniale). Cette guerre de décolonisation, au regard des forces qu'elle oppose (la France alliée aux États-Unis et les Viêt Minh communistes), se transforme en conflit de la guerre froide.
Les deux camps continuent leur course à l'armement :
- Les Américains disposent déjà de la bombe atomique.
- L'URSS réalise sa première bombe A en 1949 et développe la bombe H en 1953.
- Le secrétaire d'État américain, John Foster Dulles, change de tactique. Il propose d'abandonner la stratégie de l'endiguement pour passer à la stratégie du refoulement. À chaque avancée soviétique, il faudra lancer des représailles atomiques. Il aurait même proposé aux Français l'utilisation de la bombe atomique contre les Viêt Minh.
Dans chaque camp, la culture et l'art sont mobilisés au service de la propagande.
Aux États-Unis, McCarthy lance la chasse aux sorcières qui conduit à pourchasser de réels ou éventuels sympathisants du communisme. En France, André Fougeron peint un "art social" au service du communisme.
La coexistence pacifique
La mort de Staline (1953) et l'arrivée au pouvoir de Khrouchtchev permet le début d'une "coexistence pacifique" mais ne signifie pas la fin des tensions entre les deux Grands.
À partir de 1956, la théorie de la coexistence pacifique est élaborée. La compétition entre les deux grands ne disparaît pas, elle se déplace dans les domaines économiques, idéologiques et technologiques.
L'URSS marque une avance dans la course à l'espace en lançant le premier satellite en orbite en 1957 et en envoyant le premier humain (Youri Gagarine) dans l'espace en 1961. Les États-Unis répliquent en 1958 avec la création de la NASA et le lancement du programme Mercury qui prévoit des vols habités dans l'espace.
La coexistence entre les deux Grands permet d'apaiser les tensions :
- Ils prennent conscience d'une possibilité de "destruction mutuelle".
- La paix est signée en Indochine en 1954 et un terrain d'entente est trouvé en Corée.
- Lors de la crise de Suez en 1956, les États-Unis et l'URSS s'entendent pour réclamer le départ des troupes britanniques et françaises de Suez.
Mais deux crises importantes mettent en avant une concurrence persistante :
- Pour contenir la fuite des Allemands de l'Est (RDA) vers l'Ouest, les autorités allemandes construisent un mur séparant Berlin en deux en 1961.
- La crise la plus importante éclate en 1962 lorsque les Américains découvrent que les Soviétiques ont installé des fusées nucléaires pointées en direction des États-Unis sur l'île de Cuba, dirigée par le communiste Fidel Castro. La tension monte en intensité mais Kennedy obtient le recul de Khrouchtchev et permet d'éviter un conflit nucléaire.
La détente et ses limites
La détente
Afin de stopper la surenchère nucléaire, les deux Grands s'engagent à limiter la course à l'armement. En 1968, un accord est signé sur la non-prolifération des armes nucléaires.Les États-Unis abandonnent la théorie des "représailles massives" et passent à la théorie des "représailles graduées".
L'URSS et les États-Unis se reconnaissent des aires d'influence respectives. Le printemps de Prague est un épisode en 1968 dans lequel les Tchèques réclament l'indépendance vis-à-vis de l'URSS. L'armée russe intervient pour mater la révolte et les États-Unis n'opposent aucune résistance à cette intervention.
La détente trouve des réalisations concrètes sur le terrain diplomatique :
- L'Ostpolitik menée par le chancelier de l'Allemagne de l'Ouest, Willy Brandt, consiste à rapprocher les deux Allemagnes. Les traités signés avec l'URSS aboutissent à la reconnaissance des frontières européennes et la reconnaissance mutuelle de la RFA et de la RDA.
- Les accords d'Helsinki en 1975 permettent la reconnaissance des frontières, et la non-ingérence dans les affaires intérieures.
- Nixon et Brejnev se rencontrent.
De plus, les blocs connaissent diverses tensions internes :
- La France du général de Gaulle se démarque des États-Unis. Elle se dote de l'arme nucléaire en 1960, se retire du commandement de l'OTAN en 1966, reconnaît la Chine populaire et critique la guerre menée par les États-Unis au Vietnam.
- A l'Est, la Roumanie se montre de moins en moins conciliante envers Moscou et la Chine devient de plus en plus critique à l'égard de l'URSS. La Chine se rapproche des Américains dès 1972.
Les limites de la détente
Malgré la baisse des tensions depuis 1963, des conflits périphériques de la guerre froide continuent de se dérouler.
La guerre du Vietnam est le principal conflit :
- La guerre est engagée par les États-Unis au début des années 1960 suite au départ des Français en 1954.
- Les Américains interviennent massivement, notamment lors de la présidence de Johnson, pour contrer la progression des Nord-Vietnamiens communistes vers le Vietnam du Sud.
- L'intervention américaine est de plus en plus contestée, notamment à cause de l'utilisation de napalm et de l'agent orange (un puissant herbicide ayant pour but de détruire les forêts dans lesquelles se cachent les Vietcongs).
- Les États-Unis subissent un revers et doivent se retirer en 1975. Ils sont affaiblis par cette défaite.
Dans le monde entier et surtout en Amérique latine, de nombreuses guérillas contestent l'impérialisme américain et les États-Unis n'hésitent pas à intervenir pour défendre leurs intérêts.
Les États-Unis interviennent au Brésil, au Congo, en République dominicaine, au Chili, etc. Chaque fois, ils interviennent dans l'objectif de lutter contre les mouvements communistes.
La fin de la guerre froide
La "guerre fraîche"
Depuis le milieu des années 1970, profitant de l'affaiblissement relatif des États-Unis, l'URSS pratique une politique d'expansion :
- Le Cambodge, dirigé par les Khmers rouges communistes, est envahi par les troupes vietnamiennes aidées par les Soviétiques. Bien que le pays reste communiste, cette invasion marque un recul de l'influence chinoise au profit de l'influence soviétique.
- Elle soutient des guérillas communistes en Angola et au Mozambique.
- L'Éthiopie devient communiste en 1974. Au Nicaragua, le dictateur pro-occidental est chassé et un régime d'obédience marxiste est instauré en 1979.
- Enfin, l'URSS envahit l'Afghanistan en 1979.
Les États-Unis, déjà humiliés suite à la révolution islamique en Iran en 1979 et la prise d'otages à l'ambassade américaine, décident de réagir :
- Les Américains arment les rebelles afghans et boycottent les Jeux olympiques de Moscou.
- Le président Reagan est élu sur un programme conservateur et néolibéral : "America is back". Il pointe l'URSS comme "l'empire du mal".
- La course aux armements est relancée et aboutit à la crise des euromissiles. De nombreux missiles américains et soviétiques se font face en Europe.
- Reagan intervient à Grenade en 1983 et au Nicaragua en 1985 pour chasser les régimes communistes.
La fin de la guerre froide
L'URSS supporte de moins en moins les coûts liés à la course à l'armement. Mikhaïl Gorbatchev, arrivé au pouvoir en 1985, veut stopper cette opposition qui ruine le pays. Il entreprend une politique de désarmement, dont le retrait des fusées en Europe et la signature d'accords de désarmement (traité de Washington en 1987 et START I en 1991). Il se retire de l'Afghanistan.
Gorbatchev se préoccupe davantage de résoudre les problèmes intérieurs qui minent l'URSS en mettant en place la glasnost et la perestroïka afin d'assouplir le contrôle de l'État soviétique dans l'économie et d'accorder progressivement des libertés aux peuples de l'URSS.
Les démocraties populaires s'éloignent du modèle communiste et l'URSS s'effondre :
- En 1989, la chute du mur de Berlin entraîne la réunification de l'Allemagne.
- Les républiques baltes proclament leur indépendance en 1990.
- En décembre 1991, suite à l'échec d'un coup d'État mené par les communistes conservateurs, la fin de l'URSS est proclamée et Boris Eltsine devient le président de la Russie.