Sommaire
IUne guerre devenue mondialeADes facteurs de tension multiples1Les rivalités européennes2L'attentat de SarajevoBUne guerre européenne puis mondiale1L'engrenage des alliances : une guerre européenne puis mondiale2Les grandes étapes de la guerre de 1914 à 1918IIUne guerre violente et totaleAUne violence de masse1La violence des combats2Le génocide arménienBUne guerre totale1La participation des civils à la guerre2La priorité donnée à l'économie de guerreIIIUne Europe affaiblie et transformée par la guerreAUne Europe affaiblie par le bilan de la guerre1Le bilan humain2Le bilan économique et matérielBDes bouleversements politiques majeurs1Les révolutions russes2La multiplication des frontières en EuropeÀ la fin du XIXe siècle, les pays européens qui possèdent des empires coloniaux dominent le monde. Les tensions et les rivalités sont fortes entre ces pays, qui se préparent peu à peu au combat. La guerre débute par un conflit local puis s'étend à l'Europe et devient mondiale. Guerre totale et d'une violence inédite, la Première Guerre mondiale traumatise les militaires et les civils qui l'ont vécue puis entraîne un bouleversement de l'ordre mondial.
Quelles ont été les violences subies par les civils et les militaires pendant la Première Guerre mondiale ?
Une guerre devenue mondiale
La Première Guerre mondiale débute par un conflit local dans les Balkans, entre la Serbie et l'Autriche-Hongrie. Elle devient ensuite une guerre européenne, puis mondiale.
Des facteurs de tension multiples
À la fin du XIXe siècle, les tensions sont multiples entre les pays européens, qui se préparent à une guerre. La Première Guerre mondiale se déclenche avec un conflit local dans les Balkans dont le point culminant est l'attentat de Sarajevo.
Les rivalités européennes
Les rivalités européennes sont fortes à la veille de la Première Guerre mondiale. Les puissances européennes sont en concurrence depuis la colonisation de l'Afrique. Les sentiments nationalistes sont en plein essor.
Les rivalités coloniales sont importantes entre les pays européens, même s'ils se réunissent finalement au congrès de Berlin (1884-1885) pour se partager l'Afrique.
En 1905-1906 et 1911-1912, les tensions sont très fortes entre la France et l'Allemagne au Maroc, où les Allemands veulent récupérer des terres et réduire l'influence française. Au cours de ces crises, la France reçoit le soutien du Royaume-Uni.
La paix en Europe est également fragilisée par la montée des nationalismes qui se développent au sein des différents pays.
Nationalisme
Le nationalisme est une idéologie qui défend l'existence d'un État pour chaque peuple.
En France, Les dirigeants de la IIIe République veulent faire de l'école le moyen de renforcer l'unité de la nation, par l'enseignement de l'amour de la patrie, qui doit développer un sentiment patriotique et revanchard, le refus de la défaite contre la Prusse en 1870 et de la perte de l'Alsace et de la Lorraine.
Dans ce contexte de tensions, des pays, en particulier l'Allemagne, accélèrent leur fabrication d'armes et nouent des alliances.
L'Allemagne et l'Autriche-Hongrie créent avec l'Italie la Triple-Alliance. La France, la Russie et l'Angleterre se rapprochent et forment la Triple-Entente.
L'attentat de Sarajevo
L'attentat de l'archiduc François-Ferdinand provoque le début de la guerre. François-Ferdinand est l'héritier du trône d'Autriche-Hongrie, en conflit avec la Serbie à propos de territoires en Bosnie.
L'archiduc François-Ferdinand est assassiné à Sarajevo (en Bosnie, annexée depuis 1908 par l'Autriche-Hongrie) le 28 juin 1914 par un nationaliste serbe. L'Autriche-Hongrie demande à la Serbie de livrer le coupable, mais la Serbie refuse.
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28 juillet 1914
Déclaration de guerre contre la Serbie
Le 28 juillet 1914, l'Autriche-Hongrie déclare officiellement la guerre à la Serbie.
Une guerre européenne puis mondiale
À cause du système des alliances, la guerre concerne rapidement la plupart des pays européens. Elle devient mondiale avec la participation des colonies et des États-Unis.
L'engrenage des alliances : une guerre européenne puis mondiale
Les principaux pays européens qui s'affrontent dans cette guerre sont divisés en deux alliances. Ces deux alliances sont rejointes par des alliés européens, puis des alliés venus des colonies et d'Amérique du Nord.
Le conflit se diffuse peu à peu. Les pays européens multiplient les déclarations de guerre :
- L'Empire russe (Triple-Entente), alliée de la Serbie, attaque l'Autriche-Hongrie (Triple-Alliance).
- L'Allemagne (Triple-Alliance), alliée de l'Autriche-Hongrie, déclare la guerre à la Russie.
- La Russie étant l'alliée de la France, le président français Raymond Poincaré ordonne la mobilisation des troupes françaises le 1er août 1914.
- En 1915, l'Italie rejoint finalement les pays de l'Entente.
3 août 1914
Déclaration de guerre contre la France
Le 3 août, l'Empire allemand (Triple-Alliance) déclare la guerre à la France.
Le conflit devient mondial avec la mobilisation de troupes dans les colonies de chaque pays européen en guerre, puis avec la participation des États-Unis.
La guerre se mondialise encore en 1917 lorsque les États-Unis rejoignent la Triple-Entente (2 avril 1917), qui perd la Russie, sortie du conflit suite aux révolutions bolchéviques qui renversent le tsar Nicolas II.
Les grandes étapes de la guerre de 1914 à 1918
La guerre débute en 1914 et ne se termine qu'en 1918. Elle se déroule en plusieurs phases et sur plusieurs fronts.
Les pays en guerre s'opposent sur plusieurs fronts :
- à l'ouest, entre la France et l'Allemagne ;
- à l'est, entre l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et la Russie et en Orient entre la Russie et l'Empire ottoman.
Front
Le front est la zone de combat où les armées ennemies se font face. Il évolue en fonction de l'avancée des armées.
Les combats commencent par une guerre de mouvement en particulier sur le front occidental : les troupes se déplacent suite aux victoires des uns et aux défaites des autres.
Les armées allemandes pénètrent sur le sol français et ne sont stoppées, au cours de la bataille de la Marne (septembre 1914), qu'à 60 kilomètres de Paris.
Puis, à la fin de l'année 1914, les fronts se stabilisent et les soldats s'enterrent dans des tranchées : c'est le début de la guerre de position. La guerre de mouvement reprend à partir de la fin de l'année 1917, avec l'engagement des États-Unis qui facilite le recul des armées allemandes, puis la capitulation de l'Allemagne.
Tranchée
Une tranchée est un fossé creusé dans le sol, protégé par des barbelés, dans lequel les soldats vivent et combattent.
11 novembre 1918
Armistice
L'armistice, qui signifie l'arrêt des combats, est signé le 11 novembre 1918.
Les pays de l'Entente sont victorieux sur les empires centraux.
Une guerre violente et totale
Devenue une guerre industrielle, la Première Guerre mondiale se caractérise par la violence inédite des combats. Elle est également une guerre totale, qui sollicite et sacrifie de nombreux civils.
Une violence de masse
Les combats dans les tranchées opposent des soldats qui utilisent des armes nouvelles, produites en masse dans les usines et très destructrices.
La violence des combats
La violence de la guerre s'accentue lorsque les soldats combattent dans les tranchées, avec des armes produites en grandes quantités.
La guerre devient industrielle. Les poilus (nom donné aux soldats qui sont dans les tranchées) sont victimes d'armes nouvelles et très destructrices, fabriquées en grandes quantités dans des usines :
- des mitrailleuses ;
- des grenades ;
- des lance-flammes ;
- des gaz asphyxiants.
Pour affaiblir les armées ennemies dans leurs tranchées, les pays belligérants utilisent les chars ou les bombardements.
La violence des combats est illustrée par les batailles de Verdun (de février à décembre 1916, 700 000 victimes, morts ou blessés) ou de la bataille de la Somme (de juillet à novembre 1916, 1,1 million de victimes).
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Dans les tranchées, les poilus subissent des conditions de vie très difficiles. Ils souffrent de la fatigue, de la faim, de la boue, des poux, des rats, de l'éloignement de leurs familles. Leur moral décline peu à peu et certains font grève ou se révoltent.
En 1917, il y a de nombreuses mutineries, c'est-à-dire des soldats qui se révoltent.
Le génocide arménien
Le génocide arménien est organisé par l'Empire ottoman. C'est une autre manifestation de la violence de masse provoquée par la Première Guerre mondiale.
Génocide
Un génocide est la tentative d'extermination volontaire et systématique de tout un peuple pour des raisons religieuses, ethniques, politiques ou culturelles.
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Les Arméniens constituent une minorité chrétienne qui vit au Nord-Est du territoire ottoman. Ils sont rendus responsables des défaites militaires de l'Empire ottoman face à la Russie. Les dirigeants de cet empire considèrent les Arméniens comme un ennemi intérieur coupable de trahison et qui fait obstacle à leur volonté de créer un État sans minorité ethnique. Les élites militaires et politiques arméniennes sont éliminées dès février 1915. La population arménienne est ensuite massacrée dans les villages puis déportée, lors de marches forcées, vers des régions désertiques du Sud de l'empire : ceux qui ne meurent pas de faim, de soif ou de fatigue sont exécutés.
Entre 1 et 1,5 million d'Arméniens meurent (environ \dfrac{2}{3} des Arméniens).
Une guerre totale
La Première Guerre mondiale est une guerre totale : à l'arrière, les hommes qui ne sont pas partis combattre et les femmes y participent activement. Les civils voient également leurs conditions de vie se dégrader, les États donnent la priorité à l'économie de guerre.
La participation des civils à la guerre
Les civils participent à l'effort de guerre par leur travail, dans les champs, dans les usines. Ils contribuent au financement de la guerre, au soutien des soldats. Leurs conditions de vie se dégradent fortement.
Guerre totale
Une guerre totale est une guerre mobilisant toutes les ressources d'un pays et toute la population (les soldats et les civils).
À l'arrière, les hommes qui ne sont pas partis combattre ainsi que les femmes participent à l'effort de guerre. Les femmes remplacent ainsi leurs maris dans les champs et sont employées dans les usines pour la fabrication des armes : elles sont appelées « munitionnettes ». L'occupation de certains territoires par les Allemands oblige aussi les populations civiles à travailler pour eux.
Les civils subissent également la dégradation de leurs conditions de vie. Ils doivent faire face à la pénurie alimentaire, au rationnement. Le charbon manque pour se chauffer. Par ailleurs, la population est confrontée à de nombreux bombardements. Des villages entiers sont détruits, à proximité des fronts.
La priorité donnée à l'économie de guerre
Les États mobilisent toutes leurs ressources économiques, financières, matérielles pour mener la guerre. Ils multiplient également les actes de propagande et de censure pour maintenir le moral de leurs habitants.
Les États réorientent les activités de production de leurs usines. La production est financée par les impôts et les emprunts obtenus auprès des civils ou d'autres pays, comme les États-Unis.
De 1914 à 1918, les usines Renault réduisent fortement leur production de voitures et de camions et fabriquent des chars d'assaut, des moteurs d'avions et des obus.
Le moral des civils est maintenu grâce à la propagande mais également à la censure (surveillance des lettres des soldats, censure de la presse, etc.).
Dans les écoles, les instituteurs ont le devoir d'inculquer le sentiment patriotique à leurs élèves.
Une Europe affaiblie et transformée par la guerre
L'Europe sort très affaiblie de la guerre. Le bilan humain, financier et matériel est très lourd. Après l'arrêt des combats, les traités de paix redessinent les frontières de nombreux États européens, parmi lesquels la Russie où s'impose le régime communiste.
Une Europe affaiblie par le bilan de la guerre
La Première Guerre mondiale fait plusieurs millions de victimes parmi les soldats du front et parmi les civils restés à l'arrière. Elle affaiblit durablement l'économie des pays européens dont certains, parmi lesquels la France, ont subi de multiples destructions.
Le bilan humain
La Première Guerre mondiale, aussi appelée la « Grande Guerre », entraîne la mort de plusieurs millions de personnes. Le bilan humain est aggravé par les graves mutilations subies par les soldats qui reviennent du front.
La Grande Guerre a impliqué plus de 70 millions de soldats. Environ 10 millions sont tués au combat, laissant des millions de femmes veuves et d'enfants orphelins. Six millions de soldats sont victimes de graves mutilations. On les appelle les « gueules cassées ».
Les traumatismes créés par la violence des combats et le poids du bilan humain suscitent la volonté de créer des monuments aux morts et d'organiser des événements commémoratifs.
Le bilan économique et matériel
Les pays européens sont fortement endettés à l'issue de la guerre. Certains doivent pourtant engager des travaux pour réparer les destructions provoquées par les combats.
Les destructions matérielles sont très importantes, notamment en France où se sont déroulés de nombreux combats. Il faut reconstruire de nombreuses infrastructures (ponts, routes, etc.), les villes ont subi d'importants dégâts, certaines sont totalement détruites. Mais les États européens sortent de la guerre très endettés.
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Des bouleversements politiques majeurs
La Grande Guerre crée les conditions d'une révolution qui entraîne la chute du tsar et l'arrivée au pouvoir de Lénine en Russie. Suite à cette révolution, les idées communistes se diffusent en Europe, où de nombreux pays voient leurs frontières modifiées par les traités de paix.
Les révolutions russes
La Russie qui entre en guerre est dirigée par le tsar Nicolas II, dont le pouvoir est fortement contesté. Les révolutions déclenchées en 1917 entraînent sa chute et l'arrivée au pouvoir de Lénine.
Entre 1914 et 1917, les défaites et l'aggravation des conditions de vie de la population provoquent la montée du mécontentement à l'égard du tsar Nicolas II.
En février 1917, une première révolution éclate. La population soutenue par les soldats obtient l'abdication du tsar, remplacé par un gouvernement provisoire qui décide de continuer la guerre. En octobre 1917, une seconde révolution permet aux bolchéviques et à leur leader Lénine de s'emparer du pouvoir, avant de signer l'armistice avec l'Allemagne. Cette révolution entraîne en Europe la diffusion des idées communistes (qui défendent les intérêts des travailleurs) et une vague de révoltes, souvent réprimées par les dirigeants au pouvoir.
Parti bolchévique
Le parti bolchévique est le parti politique soviétique dirigé par Lénine qui vise à installer le communisme en Russie.
La multiplication des frontières en Europe
Les différents traités de paix modifient les frontières des pays vainqueurs ou vaincus. De nouveaux États sont créés, de multiples régimes politiques chutent, en particulier les empires.
Les traités de paix donnent naissance à de nouveaux États, dont la Pologne, tandis que les empires centraux (Empire allemand, Autriche-Hongrie, Empire ottoman) disparaissent. Ces traités créent de nouvelles tensions, à propos du tracé des frontières ou du paiement des réparations. Malgré la création de la Société des Nations à l'initiative du président américain Wilson, la paix est donc très fragile.
Le 28 juin 1919, le traité de Versailles officialise la défaite de l'Allemagne, qui doit payer de lourdes réparations, perd une partie de son territoire (l'Alsace-Lorraine est par exemple donnée à la France), qui est coupé en deux par la Pologne. Son armée est réduite. De nombreux Allemands considèrent ce traité comme trop sévère et le qualifient de « diktat », tout en reprochant leur faiblesse aux nouveaux dirigeants de la République qui a remplacé l'Empire.