Sommaire
IDeux révolutions industriellesADe nouvelles sources d'énergieBLe développement de l'industrieCLes progrès de l'agricultureDLe développement des transportsIIDe profondes transformations socialesAUne population de plus en plus nombreuseBUne population de plus en plus urbaineCDe fortes inégalités socialesDLa montée des contestations socialesL'industrialisation est un processus né en Grande-Bretagne au milieu du XVIIIe siècle et qui se diffuse en Europe de l'Ouest et aux États-Unis au XIXe siècle. La France s'industrialise à partir des années 1840. Progressivement, grâce à la mécanisation et à la multiplication des usines, le secteur industriel occupe une place importante dans l'économie française, des régions se spécialisent dans l'industrie, même si l'agriculture reste un pilier économique. Les transformations sociales sont profondes. La population augmente, elle reste majoritairement rurale mais l'urbanisation s'accélère. La bourgeoisie se développe, les classes moyennes apparaissent et les ouvriers sont de plus en plus nombreux. Des tensions sociales naissent des revendications de ces ouvriers, qui réclament une amélioration de leurs conditions de travail et de vie.
Quelles sont les transformations économiques et sociales qui caractérisent les révolutions industrielles du XIXe siècle ?
Deux révolutions industrielles
Les deux révolutions industrielles se caractérisent par des transformations économiques profondes. Elles reposent sur l'utilisation de nouvelles sources d'énergie favorisant le développement de l'industrie, les progrès dans l'agriculture et le développement des transports.
De nouvelles sources d'énergie
La première phase d'industrialisation se caractérise par l'utilisation du charbon comme source d'énergie et comme matière première. La deuxième phase d'industrialisation se caractérise par deux nouvelles sources d'énergie : le pétrole et l'électricité.
La première révolution industrielle est permise par l'utilisation d'une nouvelle source d'énergie, le charbon, qui rend possible le fonctionnement des nouvelles machines à vapeur.
Dans les années 1760-1780, le Britannique James Watt met au point la machine à vapeur, utilisant le charbon comme nouvelle source d'énergie pour produire de la vapeur qui met en mouvement un mécanisme.
© Vieux têtard via Wikimedia Commons
Le charbon est également utilisé comme matière première pour la fabrication de l'acier, un métal plus résistant que le fer. L'acier peut être utilisé pour la fabrication de machines, de bateaux ou de rails métalliques. La sidérurgie devient ainsi un secteur-clé de l'industrie française.
1855
Convertisseur Bessemer
En 1855, le convertisseur Bessemer est mis au point. Il permet la fabrication d'acier à partir du charbon.
De 1840 à 1870, la production de charbon passe de 3 à 15 millions de tonnes et la consommation passe de 4 à 20 millions de tonnes.
Les mineurs chargés de l'extraction du charbon sont employés dans des entreprises de petite taille ou dans quelques grandes compagnies minières. Le travail se fait à la main, le charbon est extrait à la pioche puis transporté dans des wagonnets déplacés le plus souvent par la force de l'homme ou du cheval.
En France, les régions minières sont localisées dans le Nord et dans le Pas-de-Calais, en Lorraine ainsi que dans la région de la Loire. De puissantes compagnies minières comme la Compagnie des mines d'Anzin ou la Compagnie des mines de la Loire y aménagent des puits de plus en plus profonds pour extraire de plus en plus de charbon.
À la première industrialisation succède une seconde révolution industrielle, fondée sur l'électricité et le pétrole, à partir des années 1870. De multiples inventions sont ainsi permises et caractérisent la fin du XIXe siècle.
Le développement de l'industrie
Les innovations technologiques ont permis de profondes transformations de la production industrielle et sa forte augmentation.
Le développement de l'industrie débute en Angleterre puis dans les pays de l'Europe de l'Ouest, en France, en Belgique et en Allemagne. Elle se fait d'abord dans les régions riches en charbon, appelées les « pays noirs ». Des régions industrielles se forment ainsi.
En France, les principales régions industrielles se situent dans le Nord autour de Lille, dans l'Est autour de Strasbourg, dans la région lyonnaise et le long de la vallée de la Seine autour du Havre, de Rouen et de Paris.
La machine à vapeur permet la mécanisation de la production, c'est-à-dire l'utilisation de machines qui permettent d'augmenter la productivité du travail dans les secteurs de l'industrie textile et de la sidérurgie. La production industrielle devient peu à peu une production de masse. L'évolution est progressive, car l'usage de la machine à vapeur se diffuse lentement dans les filatures de coton et chez les acteurs de la sidérurgie.
Production de masse
La production de masse est une production en grande quantité.
Productivité
La productivité est le rapport entre le travail fourni et les productions obtenues. On détermine un volume de production obtenue pour un temps de travail donné.
L'industrie textile augmente sa productivité grâce à la généralisation des métiers à tisser mécaniques qui fonctionnent à la vapeur.
Sidérurgie
La sidérurgie est la production d'acier.
Les créations d'usines se multiplient. L'utilisation de nombreuses machines entraîne leur regroupement dans de vastes bâtiments, construits près des gisements de charbon ou d'autres matières premières.
Les usines et les mines modifient le paysage.
Dans les années 1850, à Saint-Chamond, on crée une vaste usine de production d'acier dans la région minière de la Loire.
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Les progrès de l'agriculture
Les campagnes connaissent également la modernisation et l'amélioration de la productivité du travail agricole, permises par les progrès de l'industrie. Des machines à vapeur s'y multiplient peu à peu, surtout dans la seconde moitié du XIXe siècle et dans les plus vastes exploitations. Ces progrès permettent l'augmentation des productions agricoles.
De nouvelles machines transforment le travail agricole et favorisent l'augmentation des productions agricoles, dans des exploitations qui se spécialisent peu à peu, par exemple dans les cultures maraîchères, l'élevage ou la production de céréales.
La première batteuse mécanique française est mise au point dans les années 1860. Elle apparaît dans les grandes régions céréalières, dans de grandes propriétés. Elle permet aux agriculteurs de séparer la paille et les grains. Elle fonctionne d'abord avec un cheval, puis, dans les exploitations les plus riches, le cheval est remplacé par une machine à vapeur.
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Le XIXe siècle est aussi le siècle du développement des engrais, notamment des phosphates, naturels puis chimiques, que produisent les usines de plus en plus nombreuses à partir des années 1870.
Cependant, la majorité des agriculteurs français sont de petits propriétaires qui produisent manuellement des quantités encore limitées et destinées à leur consommation quotidienne. Ils n'ont pas les moyens financiers pour acheter les nouvelles machines et s'appuient encore sur la main-d'œuvre familiale.
Dans de nombreuses exploitations, la moisson se fait manuellement, à la faucille.
Le développement des transports
La mise au point de la machine à vapeur permet la création de la locomotive à vapeur, ainsi que des bateaux à vapeur. La fabrication d'acier est le point de départ de la multiplication des voies ferrées dans la seconde moitié du XIXe siècle. À la fin du siècle, les premières automobiles et les premiers avions apparaissent.
Les premières lignes de chemin de fer sont construites en Angleterre. Elles sont de courte distance, créées à l'initiative des compagnies minières pour transporter leur production vers les voies d'eau. Le réseau se densifie rapidement en Europe après la création du convertisseur Bessemer.
- La première ligne de chemin de fer pour le transport de voyageurs est inaugurée en Angleterre en 1830. Elle relie Manchester à Liverpool.
- En France, la première ligne est inaugurée en 1837. Elle relie Paris à Saint-Germain-en-Laye (18 kilomètres).
Le chemin de fer facilite et accélère le transport des voyageurs et des marchandises, sur des distances de plus en plus longues.
Les produits agricoles sont acheminés vers des consommateurs de plus en plus lointains. Des producteurs de fraises du Vaucluse peuvent vendre leurs produits dans les grandes villes du pays et jusqu'en Angleterre.
Le moteur à explosion et l'électricité permettent des progrès dans l'automobile :
- Les premières voitures, fabriquées dans les années 1870 et 1880, fonctionnent avec un moteur à vapeur.
- La première voiture qui fonctionne avec un moteur à essence est la Benz Patent-Motorwagen de Carl Benz (1886).
De profondes transformations sociales
Les deux révolutions industrielles entraînent des transformations profondes dans la société. La population augmente et les villes grossissent. De fortes inégalités sociales se creusent, donnant lieu à des revendications.
Une population de plus en plus nombreuse
À partir du XVIIIe siècle, la population européenne augmente fortement. Elle passe de 187 millions d'habitants au début du XIXe siècle à 420 millions à la fin du XIXe siècle. L'augmentation de la population est notamment due aux flux migratoires.
À partir du XVIIIe siècle puis au cours du XIXe siècle, les pays européens réalisent leur transition démographique, qui se déroule en trois phases. Le XIXe siècle correspond essentiellement à la première phase. Les progrès de la médecine et de l'hygiène ainsi qu'une meilleure alimentation, due aux progrès de l'agriculture, permettent un recul de la mortalité. La natalité demeure élevée tandis que le nombre de décès diminue : l'accroissement naturel est fort et la population augmente.
Accroissement naturel
L'accroissement naturel est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès.
Les progrès dans le domaine médical se caractérisent notamment par la découverte des microbes et de la vaccination.
Les travaux de Louis Pasteur révolutionnent la médecine. Pasteur étudie la fermentation dans les années 1857-1862 et découvre l'existence des organismes microbiens, puis travaille dans les années 1877-1887 sur les maladies infectieuses et l'immunisation des populations.
La deuxième phase de la transition démographique se caractérise par la diminution de la natalité. Elle débute en Europe à la fin du XIXe siècle. Les familles qui s'installent en ville ont des logements plus petits, ce qui les contraint à limiter leur nombre d'enfants.
En France, l'école primaire devient obligatoire en 1882.
Le XIXe siècle se caractérise également par d'importants flux migratoires. L'Europe est concernée par une forte émigration.
Émigration
L'émigration est le départ d'une personne vers un autre pays.
Flux migratoires
Les flux migratoires sont des déplacements de personnes.
Au début du XIXe siècle, l'émigration concerne surtout des populations du Nord et de l'Est de l'Europe, puis, à partir des années 1880, les pays de l'Europe du Sud. Les principaux pays d'accueil sont les États-Unis, le Canada, l'Argentine, le Brésil et l'Australie. La France accueille également des migrants. Les migrations concernent le plus souvent des Européens désireux de fuir la misère. Elles sont rendues possibles par les progrès des transports.
Au XIXe siècle, près de 60 millions d'Européens émigrent. La moitié est constituée de Britanniques et d'Italiens. Les États-Unis accueillent 20 millions d'immigrés de 1820 à 1900.
Des familles de migrants venues d'Espagne et d'Italie s'installent à Marseille, pour travailler dans les usines de la ville. Beaucoup viennent des mêmes villages, dans lesquels ils étaient des agriculteurs pauvres.
Une population de plus en plus urbaine
Tout au long du XIXe siècle, la population européenne est composée en majorité de ruraux. Pourtant, le XIXe siècle se caractérise aussi par un important exode rural et une forte urbanisation, qui entraîne la transformation des paysages des villes.
Urbanisation
L'urbanisation correspond à l'augmentation de la population qui habite en ville.
De nombreux ruraux quittent la campagne pour s'installer en ville même si cette évolution n'est pas la même dans toute l'Europe :
- En Grande-Bretagne, la proportion de population urbaine est supérieure à 50 % dès 1850.
- En France, l'urbanisation est plus limitée et tardive, les campagnes restent le lieu de vie d'environ 27 millions de personnes (75 % de la population du pays). La moitié de la population active travaille encore dans l'agriculture en 1870.
Les causes de cet exode rural sont multiples :
- la baisse du niveau de vie des paysans ;
- l'essor de l'industrie ;
- le besoin de main-d'œuvre dans les usines installées en ville ;
- les progrès des transports, facilitant les déplacements.
Exode rural
L'exode rural correspond au départ des habitants des campagnes pour s'installer en ville.
- Vers 1800, Paris compte environ 500 000 personnes. La population est multipliée par cinq au cours du XIXe siècle.
- La population de Marseille passe de 110 000 à 550 000 habitants.
- La population de Lyon passe de 180 000 à 360 000 habitants.
La croissance de la population urbaine entraîne une profonde transformation des paysages des villes. Des cités ouvrières sont construites par les patrons des usines, des banlieues ouvrières se forment avec des usines et des logements et des jardins pour les ouvriers. Certaines villes sont également transformées par la création de grands boulevards, créés pour favoriser la circulation et faciliter l'accès aux gares construites avec les nouvelles voies ferrées.
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La construction des grands boulevards de Paris nécessite la démolition de nombreux quartiers plus anciens aux rues étroites. On détruit 20 000 bâtiments et on en construit deux fois plus.
De fortes inégalités sociales
De fortes inégalités sociales existent entre la bourgeoisie et les ouvriers. La bourgeoisie investit et s'enrichit avec la création d'usines. Les ouvriers employés dans les usines subissent des conditions de travail et de vie difficiles.
La bourgeoisie est composée de familles enrichies grâce à l'industrialisation. Ce sont souvent des familles de banquiers, de financiers, de commerçants, qui investissent dans des usines.
L'entreprise sidérurgique Schneider installée au Creusot est créée par deux frères, fils d'un notaire. Ils rachètent une forge dont ils font une puissante entreprise. La ville du Creusot, qui n'avait que 3 000 habitants en 1850, en compte 30 000 en 1900, pour la plupart ouvriers dans l'usine.
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Les usines embauchent des ouvriers, qui sont de plus en plus nombreux et qui vivent dans des conditions très difficiles :
- Ils reçoivent de faibles salaires.
- Ils travaillent plus de douze heures par jour.
- Ils n'ont pas de vacances ni de protection sociale en cas de problème de santé ou d'accident.
L'argent des familles d'ouvriers est essentiellement utilisé pour la nourriture. Leurs logements sont souvent insalubres. Les enfants doivent travailler.
Le nombre d'ouvriers passe d'environ 3 millions en 1850 à 5 millions en 1870, soit un quart de la population active.
La montée des contestations sociales
Les difficultés du travail et les mauvaises conditions de vie des ouvriers déclenchent des mouvements sociaux de grande ampleur. Ces mouvements sont soutenus par des syndicats ou des partis politiques qui veulent mettre fin aux inégalités sociales.
Syndicat
Un syndicat est une association qui défend les intérêts des salariés.
L'année 1848 se caractérise par la multiplication des difficultés et la montée des tensions en France et en Europe.
En France, une importante crise économique, qui touche particulièrement Paris, provoque une forte hausse du chômage et un appauvrissement de la population. La crise devient aussi politique avec une révolution qui entraîne la chute du roi de France Louis-Philippe Ier en février 1848 et la mise en place de la IIe République (1848-1852). Le peuple condamne notamment le suffrage censitaire, qui accorde le droit de vote seulement aux classes les plus aisées.
La révolution qui entraîne le retour de la IIe République en France s'accompagne de révolutions dans toute l'Europe. Des peuples dominés par d'autres pays réclament leur liberté politique. C'est le « printemps des peuples » (février 1848–juillet 1848). Cette vague révolutionnaire échoue et les monarques au pouvoir parviennent à imposer leur autorité.
- Dans l'empire d'Autriche-Hongrie, des Tchèques demandent l'égalité de leurs droits avec les Autrichiens.
- En Italie, les habitants de Milan condamnent la domination autrichienne sur la ville.
Pour lutter contre les inégalités sociales, des syndicats se mettent en place. Ils revendiquent l'augmentation des salaires, l'amélioration des conditions de travail et la diminution du temps de travail. Ils sont relayés par un courant politique nouveau, le socialisme, qui condamne le libéralisme capitaliste et la recherche du profit individuel.
Socialisme
Le socialisme est une idéologie qui veut protéger les travailleurs et lutter contre les inégalités sociales.
Libéralisme capitaliste
Le libéralisme capitaliste est une idéologie qui considère que chacun est libre de créer son entreprise pour faire du profit.
Les syndicats tentent de multiplier les manifestations et les grèves pour obtenir des progrès sociaux.
En 1864, Napoléon III accorde le droit de grève, les syndicats sont autorisés en 1884. Dès lors, les différents corps de métiers structurent leurs organisations syndicales, puis s'unissent en 1895 au sein de la Confédération générale du travail (CGT).
Karl Marx et Friedrich Engels sont les théoriciens du socialisme. Ils rédigent en 1848 le Manifeste du Parti communiste, ouvrage dans lequel ils souhaitent la révolution des ouvriers, pour accéder au pouvoir, prendre le contrôle des moyens de production, et imposer une juste répartition des profits entre tous.