Sommaire
ILes mémoires de la guerre d'Algérie au lendemain du conflitAUne guerre sans nomBMémoire officielle en Algérie après le conflitCLa "guerre ensevelie"IILe réveil des mémoiresADes mémoires diviséesB"L'accélération mémorielle"CLe travail des historiens et des cinéastes dans les années 1970IIILes sociétés et les historiens face à "cette guerre qui ne passe pas"ALa difficile mémoire officielle en FranceBEn Algérie, la persistance d'une lecture unique de la guerreCLes historiens contre le "présentisme"Durant la guerre d'Algérie (1954 - 1962), l'État français cherche à minimiser le conflit. Suite à l'indépendance, le FLN qui prend le pouvoir en Algérie institue une histoire officielle du conflit dans laquelle sont occultées les divisions au sein des nationalistes ainsi que le rôle des Kabyles. Le pouvoir avance l'idée d'un soulèvement spontané et unitaire du peuple algérien derrière le FLN et contre la France. En France, les acteurs du conflit (les soldats, les pieds-noirs rapatriés, les harkis) taisent leur expérience du conflit. Le silence concerne aussi l'État qui ne reconnaît pas la guerre. Benjamin Stora parle d'une "guerre ensevelie".
Pourtant, les différents acteurs du conflit entretiennent des mémoires différentes voire contradictoires de la guerre. Après le silence vient la période du "réveil des mémoires". Les différents groupes portent leurs revendications et souhaitent faire reconnaître leur vision de l'histoire. Le rôle des historiens est important dans ce "réveil des mémoires". Grâce à leurs travaux, ils ont pu faire la lumière sur le conflit et sur ses zones d'ombre, dont l'utilisation de la torture.
À partir de la fin des années 1990, notamment grâce aux travaux des historiens, la France intègre la guerre d'Algérie dans la mémoire officielle. Les archives sont ouvertes, le conflit est reconnu. Malgré la reconnaissance de la guerre d'Algérie, toutes les mémoires ne sont pas apaisées. Certains groupes contestent la mémoire officielle de l'État et l'Algérie réclame encore la repentance. Les historiens sont soumis à des pressions de la part des différents groupes porteurs de mémoires et face à la mémoire officielle. Bien qu'ils doivent être indépendants à l'égard des revendications mémorielles, leur travail fait évoluer les mémoires. En Algérie, la situation a peu évolué. Après une tentative de démocratisation du pays qui échoue, le pays maintient une vision officielle du conflit et continue d'encadrer les travaux des historiens.
Les mémoires de la guerre d'Algérie au lendemain du conflit
La mémoire est la présence sélective des souvenirs du passé dans une société donnée. Elle est souvent plurielle et conflictuelle : les différents groupes qui ont vécu des événements douloureux se font leur propre construction du passé et ces différentes visions peuvent s'opposer. Les groupes qui portent les mémoires cherchent une reconnaissance dans le présent de leur vision des événements.
L'histoire a pour vocation de restituer le passé de la manière la plus objective possible. Elle s'appuie sur une étude critique des sources écrites, orales ou encore archéologiques. Ainsi, mémoires et histoire présentent des différences quant au type de questionnements adressés au passé. Les mémoires veulent réhabiliter, "sauver de l'oubli", alors que l'histoire veut comprendre et expliquer le passé. Même si l'histoire ne doit pas, dans un souci d'objectivité, être soumise aux enjeux des mémoires, il existe de nombreux liens et des interactions entre les deux.
Une guerre sans nom
La guerre d'Algérie est considérée comme une guerre sans nom.
Elle commence le 1er novembre 1954 suite à une série d'attaques commises en Algérie par le Front de libération nationale algérien (FLN). Alors que le conflit s'intensifie, le gouvernement français cherche à minimiser les combats. Il parle "des événements d'Algérie" et décrit l'intervention des forces françaises comme des simples "opérations de police" visant à "pacifier le pays". Les combattants algériens sont décrits comme des "rebelles".
Face à cette négation officielle du conflit, des voix discordantes dénoncent le rôle de la France dans la guerre.
- Le parti communiste, ouvertement anticolonial, dénonce l'intervention française et la torture pratiquée par l'armée française, notamment lors de la bataille d'Alger.
- Des "comités Audin" se mettent en place dans le milieu universitaire. Cela fait suite à l'assassinat sous la torture du militant communiste Maurice Audin, mathématicien français travaillant à Alger et favorable à l'indépendance algérienne.
- Des journaux comme L'Express, avec François Mauriac, critiquent l'intervention française.
- Plusieurs témoignages se font l'écho des pratiques utilisées par les forces françaises, dont la pratique de la gégène. Ainsi, le général Pâris de Bollardière, Henri Alleg, rédacteur de La Question en 1958 ou l'historien Henri-Irénée Marrou dénoncent la torture.
- Enfin, des intellectuels, des artistes et des universitaires, dont Jean-Paul Sartre, directeur de la revue Les Temps modernes, signent le manifeste des 121 en 1960 pour dénoncer le militarisme français et la torture.
- Le gouvernement déploie une intense répression à l'encontre de ces oppositions. La Question d'Henri Alleg est interdit et son auteur est condamné à la prison. La police réprime de manière très violente les manifestations dénonçant le conflit.
Le 17 octobre 1961, en France, une manifestation pacifique d'Algériens dénonçant le couvre-feu imposé aux Nord-Africains provoque une répression sanglante de la police sous les ordres du préfet Papon. Une centaine d'Algériens sont tués et plusieurs centaines sont blessés. De même, une manifestation pour l'indépendance de l'Algérie le 8 février 1962 aboutit à la mort de 9 personnes à la station de métro Charonne à Paris.
Mémoire officielle en Algérie après le conflit
L'Algérie devient indépendante suite aux accords d'Évian en 1962.
L'armée des frontières (branche de l'ALN basée en Tunisie et au Maroc) s'impose au pouvoir au détriment du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). L'État algérien encadre l'histoire du conflit qui est nommée la "Révolution nationale" ou encore la "Guerre de libération".
Le conflit est présenté en Algérie comme un soulèvement spontané du peuple algérien. L'histoire officielle parle de 1,5 million de morts algériens, alors que le chiffre réel se situe autour de 300 000. Le gouvernement minimise les divisions entre les nationalistes algériens pendant le conflit et notamment les luttes entre le FLN et le MNA (de Messali Hadj) qui a causé plus de 10 000 morts. Le conflit est complètement limité à une opposition entre les Français et les Algériens.
Toujours avec pour objectif de mettre en avant l'unité nationale, le rôle des Kabyles dans la lutte contre les Français est passé sous silence tandis que celui de l'ALN est exagéré. Les livres scolaires, les monuments, les commémorations sont des relais de cette histoire officielle.
Le travail des historiens est d'ailleurs surveillé par l'État qui contrôle étroitement les recherches scientifiques du Centre national d'études historiques algérien (CNEH) et encadre en 1972 un travail de rassemblement d'archives orales et écrites du conflit.
En 1965, suite au coup d'État d'Houari Boumédiène, le FLN devient le parti unique de l'Algérie et accentue la diffusion de la mémoire officielle du conflit. L'historien Guy Pervillé parle d'une "hyper commémoration obsessionnelle". Mohammed Harbi, historien algérien et ancien membre du FLN, est condamné pour sa contestation de l'histoire officielle et s'enfuit en France.
La "guerre ensevelie"
En France, après l'indépendance de l'Algérie, le conflit est en revanche passé sous silence.
Benjamin Stora parle d'une "guerre ensevelie". Ce sont d'abord les groupes concernés par le conflit qui cherchent à oublier les souffrances et les douleurs de la guerre.
Environ 800 000 pieds-noirs sont rapatriés en France. Lorsqu'ils arrivent dans ce pays qu'ils connaissent peu, ils sont démunis, et nombreux sont ceux qui veulent tourner la page. La priorité est à l'intégration. En particulier à cause des attentats commis par le groupe terroriste OAS en France, les pieds-noirs pensent qu'il est préférable de rester discrets.
Les Algériens présents en métropole, dont une grande partie arrive dans le cadre de l'immigration de masse organisée par la France, ne veulent pas faire ressortir la mémoire du conflit et les attentats perpétrés par le FLN.
L'État français, présidé par de Gaulle, cherche aussi à faire oublier la guerre. La France a perdu l'immense majorité des terres qui composaient son empire colonial. Sa place dans le monde décline depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et l'État veut préserver l'unité nationale. De plus, les violences commises par l'armée française sont en contradiction avec les valeurs d'une France que l'on appelle "pays des Droits de l'homme".
En 1968, des lois sont votées pour amnistier tous ceux qui ont pris part au conflit et les soldats qui ont participé au putsch des généraux en 1961 sont réintégrés dans l'armée en 1982. La population française oublie assez vite le conflit, dont aucune mention n'est faite dans les livres scolaires, et les historiens n'ont pas accès aux archives.
Le réveil des mémoires
Des mémoires divisées
Le réveil des mémoires n'a lieu qu'à partir des années 1970.
Malgré le silence fait sur la guerre d'Algérie au lendemain du conflit, les mémoires des différents groupes concernés sont différentes et parfois opposées.
De nombreux pieds-noirs entretiennent une vision idéalisée de leur vie en Algérie, on parle de la "nostalgérie". Les anciens combattants sont victimes de l'oubli officiel du conflit et n'ont pas le droit à la reconnaissance de leur statut.
Les harkis, qui ont pu quitter l'Algérie, sont rassemblés dans des camps et ils s'estiment trahis par l'État français. Ceux restés en Algérie ont subi des massacres.
Certains militaires défendent le bien-fondé de la guerre et entretiennent l'idée d'un conflit qui s'est inscrit dans la logique de la guerre froide. Ils soutiennent que les méthodes utilisées par l'armée, dont la torture, étaient justifiées. Ils exagèrent aussi le rôle social joué par la France auprès des populations indigènes lors de la colonisation.
Enfin, les militants pour l'indépendance de l'Algérie, dont le parti communiste, se souviennent des méthodes utilisées pendant la guerre et de la répression de l'État français lors des manifestations pacifistes. Ils veulent que la France reconnaisse la guerre.
"L'accélération mémorielle"
Après une période de silence sur le conflit, les différents groupes mettent en avant leur souvenir et veulent faire reconnaître leurs revendications.
C'est le temps de l'anamnèse, c'est-à-dire de la prise de conscience des mémoires refoulées. À partir des années 1970, les "porteurs de mémoires" participent au développement de l'"accélération mémorielle" :
Les pieds-noirs forment des associations afin de réclamer des indemnités pour les biens qu'ils ont perdus. Ils veulent aussi accéder aux tombes des membres de leur famille enterrés en Algérie. En 1970, une loi leur accorde des indemnisations qui leur semblent encore insatisfaisantes.
Les anciens combattants, regroupés dans des associations influentes, dont le FNACA, obtiennent le statut d'ancien combattant en 1974.
Les harkis se révoltent en 1975 et 1976 contre leurs conditions de vie dans les camps. Ils veulent une reconnaissance de leur rôle pendant la guerre. Des groupes proches de l'extrême droite et de l'OAS, particulièrement dans le Sud-Est de la France, organisent des manifestations et érigent des stèles en souvenir de "l'Algérie française". Parmi ces personnes, Jean-Marie Le Pen, ancien combattant de la guerre d'Algérie, légitime les méthodes françaises et est accusé par de nombreux témoignages d'avoir pratiqué lui-même la torture.
Face à la montée du racisme dans les années 1970 et 1980, la Marche pour l'égalité et contre le racisme, aussi appelée "Marche des beurs", réunit en 1983 des membres de la communauté maghrébine. Pour la première fois, des enfants de harkis et des enfants de membres du FLN marchent ensemble afin de réclamer une réelle place dans la société française.
Enfin, en 1983, la guerre d'Algérie est intégrée dans les manuels scolaires.
Le travail des historiens et des cinéastes dans les années 1970
Bien que les archives soient encore difficiles d'accès, des historiens s'emparent du thème de la guerre d'Algérie :
- En 1961, durant le conflit, l'historien Pierre Nora a publié Les Français d'Algérie.
- Entre 1968 et 1971, le journaliste Yves Courrière entreprend une histoire du conflit dans son ouvrage La Guerre d'Algérie.
- En 1972, l'historien Pierre Vidal-Naquet publie La Torture dans la République. Il avait déjà publié L'Affaire Audin en 1958.
- Charles-Robert Ageron publie en 1973 un ouvrage intitulé Politiques coloniales du Maghreb.
Des cinéastes s'emparent également du conflit sur lequel ils souhaitent faire la lumière :
- En 1966, La Bataille d'Alger de Gillo Pontecorvo remporte le Lion d'or de Venise, mais le film n'est pas autorisé à sortir dans les salles.
- En 1972, René Vautier sort Avoir vingt ans dans les Aurès. Ce film raconte l'histoire de jeunes soldats français pris dans l'engrenage de la violence.
La génération d'historiens qui travaille dans les années 1960 et 1970 sur la guerre d'Algérie est constituée de personnes qui ont été confrontées directement ou indirectement au conflit. Expliquer le conflit permet de rompre le silence officiel. Certains des historiens ont milité pendant la guerre, et en faire l'histoire constitue pour eux un acte politique. Par exemple, Pierre Vidal-Naquet, qui a milité pendant le conflit contre la torture, continue par la suite son travail historique visant à établir les faits, à les expliquer et à les faire sortir de l'ombre.
Les sociétés et les historiens face à "cette guerre qui ne passe pas"
La difficile mémoire officielle en France
À partir des années 1990, la France entreprend la reconnaissance officielle du conflit et des pratiques de l'armée française.
- En 1992, les archives de la guerre sont ouvertes.
- En 1999, l'Assemblée nationale reconnaît que le conflit était une "guerre".
L'utilisation de la torture est aussi acceptée dans la mémoire nationale. D'anciens généraux témoignent de ces pratiques, comme les généraux Aussaresses et Massu. La parole des victimes est aussi reconnue. Louisette Ighilahriz témoigne des tortures qu'elle a subies alors qu'elle avait 20 ans.
- En 2002, Jacques Chirac inaugure le mémorial national de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie.
- En 2012, François Hollande, en visite officielle en Algérie, parle de la "souffrance du peuple algérien" et évoque la torture.
- En 2012 également, la journée du 19 mars devient la journée du souvenir des "victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie" et l'État reconnaît le massacre du 17 octobre 1961.
Pourtant, malgré la reconnaissance officielle de la guerre d'Algérie, le conflit des mémoires persiste :
- En 2005, le groupe des "Indigènes de la République" accuse la France d'être encore un État colonial et porte un regard critique sur ses pratiques passées mais aussi actuelles.
- En 2005, la loi Mekachera fait scandale, car elle propose que soit reconnu le "rôle positif de la présence française en Afrique du Nord". De plus, l'Algérie reproche à la France de ne pas avoir émis des excuses officielles et réclame la repentance de la France.
- En 2007, à Perpignan, un mur est inauguré, portant les seuls noms des morts européens de la guerre.
- En 2012, le Front national condamne l'intervention de Nicolas Sarkozy reconnaissant que "la guerre a aussi meurtri les Algériens" et souhaite une condamnation des porteurs de valises du FLN.
Par ailleurs, la journée de souvenir des "victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie" est contestée, car elle prend pour référence le cessez-le-feu du 19 mars 1962, et les opposants estiment qu'elle passe sous silence les Européens et les harkis tués après le cessez-le-feu par les Algériens.
En Algérie, la persistance d'une lecture unique de la guerre
Le climat politique change en Algérie au cours des années 1980. Les émeutes de 1980 en Kabylie brisent le mythe d'une unité nationale algérienne. En 1988, la jeunesse algérienne se révolte contre le pouvoir et exige la libéralisation du système politique. Ces révoltes aboutissent à la mise en place d'un processus démocratique, interrompu en 1992 par la junte militaire au pouvoir.
L'enlisement du pays dans la guerre civile qui oppose les islamistes à l'armée et fait environ 100 000 morts achève la démocratisation du pays.
L'attitude du gouvernement sur le conflit reste la même :
- L'accès aux archives est interdit.
- Les harkis sont encore perçus comme des traîtres.
- Les actes de violence reconnus sont limités aux seuls agissements des Français.
- Le rôle du MNA, ainsi que des Berbères, est occulté au profit du rôle du FLN.
- Les violences faites par le FLN, notamment contre les civils qui refusaient de payer "l'impôt révolutionnaire", sont ignorées.
- En 1995, Bouteflika réintègre les pères fondateurs du nationalisme algérien, tels que Messali Hadj, dans la mémoire nationale. Cependant, cette ouverture est rapidement remise en cause. Les historiens sont censurés et leurs communications à l'étranger doivent être approuvées par le ministère algérien de l'Éducation.
Lois mémorielles
Les lois mémorielles sont des lois déclarant un point de vue officiel sur un événement historique. Ces lois peuvent être seulement déclaratives, c'est-à-dire reconnaître des événements, ou effectives, c'est-à-dire assortir la loi de sanctions pénales.
La loi Gayssot de 1990 punit la négation des crimes contre l'humanité. La loi de 2001 reconnaît publiquement l'existence du génocide arménien et la loi Taubira de 2001 déclare que la traite négrière est un crime contre l'humanité. Enfin, la loi de 2005 prévoit la reconnaissance du "rôle positif" de la colonisation.
Les historiens contre le "présentisme"
Dans les années 1990, une nouvelle génération d'historiens, nés après le conflit, travaille sur la guerre d'Algérie. Certains d'entre eux entreprennent des collaborations avec la première génération d'historiens du conflit :
- Raphaëlle Branche publie La Torture et l'armée pendant la guerre d'Algérie en 2001, grâce à un travail réalisé à partir de témoignages et d'archives.
- Benjamin Stora collabore avec Charles-Robert Ageron et Mohammed Harbi.
- Sylvie Thénault publie Une drôle de justice en 2001.
- Tramor Quemeneur rédige une thèse intitulée Une guerre sans "non" en 2007, dans laquelle il se penche sur l'histoire des réfractaires à la guerre d'Algérie.
- Yann Scioldo-Zürcher montre dans ses travaux que, contrairement à la mémoire développée par les pieds-noirs, l'État français a mis en place des moyens afin d'intégrer les rapatriés d'Algérie dans la société française.
Les historiens s'interrogent sur cette résurgence des mémoires et son incidence sur leur travail. En effet, l'historien ne doit pas être soumis aux différents groupes qui veulent ne retenir que certains aspects de l'histoire, voire les modifier. Il ne doit pas céder aux revendications de ces groupes dont les objectifs sont la recherche de la vérité mais aussi la satisfaction de revendications présentes.
En effet, les mémoires se nourrissent des travaux historiques. Bien que les mémoires effectuent une approche sélective du travail des historiens, ces derniers contribuent, en montrant la complexité des faits, à apaiser les débats sur les différentes mémoires. Par exemple, les travaux sur les harkis montrent la complexité des raisons de leur engagement en faveur de la France.
Dans l'éducation aussi, le lien entre mémoire et histoire est important. L'enseignant peut, grâce à l'histoire, expliquer l'actualité et les différentes mémoires. De plus, la multiplication des journées mémorielles donne au professeur la possibilité d'aborder certains aspects historiques et de donner du sens à son cours. Des historiens rappellent cependant le danger de trop faire appel à l'émotion des élèves au risque de porter atteinte à l'objectivité de l'histoire.
Enfin, les mémoires sont aussi un objet d'étude pour les historiens. Pierre Nora a publié Les Lieux de mémoire, ouvrage dans lequel il analyse la construction des mémoires.