Sommaire
IL'essor des mouvements libéraux et nationaux en EuropeAL'Europe bouleversée en 1815BLa restauration monarchique1Le congrès de Vienne2La France de 1815 à 1830CLibertés et nations de 1815 à 18481Des mouvements nationaux et libéraux2L'indépendance de la Grèce3Les mouvements à partir de 1830IILe printemps des peuplesALa seconde République françaiseBL'Europe en ébullitionCL'échec du printemps des peuples1L'automne des rois2La fin de la république sociale en FranceIIIL'abolition de la traite et de l'esclavageAL'abolition de la traiteBL'abolition de l'esclavageLa Révolution française a enthousiasmé les peuples d'Europe mais la présence des troupes françaises a exacerbé leurs sentiments nationaux et libéraux naissants. Le traité de Vienne rétablit une Europe des rois sans tenir compte du souhait des populations de se gouverner elles-mêmes et de respecter les libertés fondamentales. De nombreux mouvements nationaux et libéraux s'expriment au début du XIXe siècle et sont réprimés. La révolution de juillet en 1830 en France motive les luttes nationales en Europe, mais les mouvements sont majoritairement écrasés. Le printemps des peuples en 1848 a pour conséquence l'émergence d'une république sociale en France et d'une multitude d'insurrections en Europe. C'est de nouveau un échec, les réformes sociales sont abandonnées en France et l'automne des rois fait taire les mouvements européens qui ne sont pas pour autant éteints.
L'abolition de la traite et de l'esclavage est une transposition de ces idéaux de liberté. L'abolition débute en Angleterre avant de se répandre dans le reste de l'Europe et en France en 1848.
L'essor des mouvements libéraux et nationaux en Europe
L'Europe bouleversée en 1815
La Révolution française provoque un retentissement et beaucoup d'espérances en Europe. Dans les pays dominés par la France, les idées de la Révolution se diffusent et sont en partie appliquées :
- Des constitutions sont rédigées.
- Quelques privilèges sont supprimés.
- Le servage est aboli dans de nombreuses régions.
- Le Code civil est introduit.
Certains pays comme les Pays-Bas ou la Norvège continuent à appliquer ces principes après le départ des Français.
Le sentiment à l'égard de l'occupation française change :
- Dans un premier temps, les soldats français sont accueillis avec enthousiasme par les peuples européens, ils portent avec eux les principes de la Révolution.
- Un principe essentiel de la Révolution française est celui de la souveraineté nationale : le peuple doit lui-même se gouverner.
- Assez rapidement, l'occupation française rencontre des résistances. En effet, le principe de souveraineté nationale n'est pas appliqué dans ces pays puisque c'est la France qui dirige.
Un sentiment national apparaît dans ces pays dominés par la France :
- La diffusion de l'idée de souveraineté nationale fait prendre conscience aux populations que chaque peuple peut se gouverner lui-même.
- L'occupation par une armée étrangère, l'armée française, renforce la solidarité entre les membres d'une même nation.
- Des individus prennent conscience qu'ils appartiennent à la même nation et qu'ils doivent lutter pour cette nation.
- Des révoltes éclatent contre l'occupation française en Espagne et dans les territoires de langue allemande au nom du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Ces révoltes se réclament des idéaux de liberté.
Le sentiment national, c'est-à-dire le sentiment d'appartenir à une nationalité et de devoir la défendre, se diffuse en Europe.
Les Espagnols se révoltent contre la domination française et le soulèvement du 2 mai 1808 provoque une répression féroce des troupes françaises le 3 mai. Cette répression sanglante est représentée par Goya dans le tableau El tres de Mayo.
La restauration monarchique
Le congrès de Vienne
Après la chute de Napoléon, les puissances victorieuses de la France se réunissent au congrès de Vienne en 1815. Ce congrès est dominé par Metternich, le chancelier autrichien. Ces États réorganisent l'Europe mais ne tiennent pas compte des changements opérés sur le continent :
- Les pays vainqueurs, comme l'Autriche, la Russie, la Prusse et les Pays-Bas s'approprient des territoires sans tenir compte du souhait des populations.
- La France est rétablie dans ses frontières de 1789.
- Les dynasties royales ou princières renversées par la Révolution sont rétablies.
- Des monarchies autoritaires sont de nouveau installées dans ces États.
- Pour éviter une nouvelle révolution et maintenir l'ordre européen décidé à Vienne, la Russie, l'Autriche et la Prusse forment une alliance : la Sainte-Alliance.
La France de 1815 à 1830
Après la défaite de Napoléon et le congrès de Vienne en 1815, la monarchie est réinstaurée en France :
- Louis XVIII (1815 - 1824) est proclamé "roi de France".
- Il accorde une charte qui est censée garantir la séparation des pouvoirs.
- Il gouverne avec une assemblée élue au suffrage censitaire. Cette assemblée a peu de pouvoir.
- Son successeur Charles X (1824 - 1830) cherche à rétablir la monarchie absolue.
Libertés et nations de 1815 à 1848
Des mouvements nationaux et libéraux
La Grande-Bretagne apparaît comme un modèle :
- C'est une monarchie libérale qui ne rejoint pas la Sainte-Alliance en 1815.
- Elle élargit son corps électoral et augmente le nombre des votants.
- Elle accueille de nombreux exilés politiques, partisans des idées libérales, venus de toute l'Europe.
Les mouvements libéraux et nationaux se développent en Europe :
- Les revendications nationales sont liées aux revendications libérales.
- Ils veulent l'application du principe de souveraineté nationale, c'est-à-dire la possibilité pour une nation d'exercer le pouvoir par l'intermédiaire de ses élus.
- Ils réclament des libertés, comme la liberté d'expression, de la presse, la liberté de commerce, etc.
Dans les territoires de langue allemande et dans la péninsule italienne, des mouvements nationalistes se développent . Des sociétés secrètes apparaissent en Italie.
Dans les années 1820, les Carbonari en Italie réclament l'unité nationale et la mise en place d'une démocratie.
En Allemagne, des mouvements réclament l'unité allemande et dénoncent l'Europe monarchique du congrès de Vienne.
Les Burschenschaften sont des associations étudiantes qui veulent l'unité allemande et l'application des "droits naturels de l'Homme". Ils sont interdits en 1819 suite à plusieurs attentats commis.
- La Pologne divisée veut être un État.
- Les Hongrois et les Tchèques dénoncent la domination de l'Autriche.
L'indépendance de la Grèce
Les Grecs obtiennent leur indépendance :
- En 1821, ils s'insurgent contre la présence ottomane.
- Le massacre des habitants de Scio connaît un fort retentissement en Europe.
- Des artistes comme Byron ou Chateaubriand s'engagent pour soutenir la Grèce.
- Les Français et les Anglais interviennent au nom de la solidarité avec la Grèce mais surtout parce qu'ils cherchent à étendre leur influence au détriment de l'Empire ottoman.
- Les Grecs obtiennent leur indépendance en 1830.
Les mouvements à partir de 1830
Les Parisiens se soulèvent lors des Trois Glorieuses (27, 28 et 29 juillet 1830) et chassent Charles X du pouvoir :
- Louis-Philippe est nommé "roi des Français".
- Il établit une monarchie parlementaire et accorde des libertés.
Cette révolution a des répercussions en Europe :
- Les habitants de Varsovie chassent les Russes en 1830 mais le mouvement est réprimé en 1831.
- Les Anglais et les Français soutiennent les Belges qui obtiennent leur indépendance en 1830.
- En Allemagne et en Italie, des insurrections sont écrasées.
- En Allemagne, la création du Zollverein en 1834, qui permet une union douanière d'une grande partie des peuples allemands, permet une application du libéralisme économique.
En France, le règne de Louis-Philippe Ier déçoit les libéraux :
- Il durcit son pouvoir.
- Il refuse d'élargir le corps électoral aux plus pauvres qui ne votent pas.
- Il ne prend pas de mesures sociales alors que la France est touchée par une crise économique.
- Il est renversé en février 1848.
Malgré les échecs de la majorité des mouvements nationaux, le sentiment national se renforce. Le romantisme, mouvement artistique et littéraire, incarne et diffuse les idéaux des luttes nationales.
Verdi, dans l'opéra Nabucco raconte l'histoire du peuple hébreu dominé par Nabuchodonosor, roi de Babylone. Ce thème est une transposition de la domination autrichienne dans le nord de l'Italie et Verdi devient, malgré lui, un symbole de l'unité nationale. Les partisans du risorgimento voient dans son nom l'acronyme de roi piémontais luttant pour l'unité italienne : VERDI, "Vittorio Emanuele Re D'Italia", c'est-à-dire, "Victor-Emmanuel roi d'Italie".
De nouveaux mouvements apparaissent comme le socialisme qui critique les inégalités sociales. Nombreux sont les libéraux, issus de la bourgeoisie, qui craignent ces revendications d’égalité sociale et s'opposent aussi au suffrage universel. Proudhon défend des idées libertaires et fédéralistes.
Le printemps des peuples
La seconde République française
La seconde République est instaurée en février 1848, elle est démocratique et prend des mesures sociales :
- Alphonse de Lamartine dirige le gouvernement provisoire.
- Il instaure le suffrage universel masculin.
- L'esclavage est supprimé en 1848 par Victor Schoelcher.
- Sous l'initiative de Louis Blanc, la République ouvre des ateliers nationaux pour embaucher les chômeurs.
Dans une Europe traversée par les revendications libérales et nationales, cette troisième Révolution française déclenche des insurrections en Europe.
L'Europe en ébullition
De nombreuses insurrections éclatent en 1848 :
- Les Tchèques et les Hongrois, derrière Kossuth, revendiquent l'autonomie.
- L'agitation s'empare de nombreuses villes européennes comme Vienne, Prague, Berlin et Budapest.
À Vienne, Metternich, l'artisan du congrès de Vienne, quitte ses fonctions sous la pression de la rue et l'empereur d'Autriche abdique.
- Des républiques démocratiques sont proclamées à Venise et à Rome. La République romaine de 1849 est dirigée par un triumvirat dont fait partie Mazzini.
- Le roi du Piémont déclare la guerre à l'Autriche pour libérer le nord de l'Italie.
- Une Assemblée constituante, le parlement de Francfort, entreprend la rédaction d'une constitution pour les Allemands.
- D'autres constitutions sont écrites.
Le roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV accorde une constitution à ses sujets. Le roi de Bavière est chassé de Munich et abdique.
- Les revendications sociales sont aussi présentes dans certaines insurrections en Allemagne et en Autriche.
- Le peuple qui participe aux insurrections est composé de bourgeois, d'artisans, de petits travailleurs, d’étudiants et aussi de femmes et parfois d'enfants.
Mais le printemps des peuples est un échec.
L'échec du printemps des peuples
L'automne des rois
Le printemps des peuples est un mouvement divisé :
- Les différentes classes sociales n'ont pas les mêmes intérêts dans les révolutions.
- Certains révolutionnaires sont favorables aux seules libertés politiques alors que d'autres veulent l'égalité sociale.
Cavour, homme politique piémontais, s'oppose ouvertement aux autres partisans de l'unité italienne, dont Mazzini et Garibaldi, qu'il juge trop révolutionnaires.
Les intérêts des mouvements nationaux peuvent être contradictoires.
Les Hongrois réclament la fin de la domination autrichienne, ce à quoi s'opposent les Croates dominés par les Hongrois et qui refusent que la Hongrie devienne un État indépendant. Les Autrichiens utilisent les Croates pour briser la révolution hongroise.
Les tentatives libérales et nationales sont écrasées. D'abord, le Piémont perd face à l'Autriche qui mate aussi les révoltes à Vienne et gagne contre l'armée hongroise.
Johann Strauss compose la très célèbre Marche Radetzky pour célébrer la victoire des Autrichiens sur les Piémontais.
L'assemblée de Francfort échoue dans sa tentative de mettre en place un empire parlementaire. L'armée prussienne écrase le mouvement libéral et revient sur ses promesses.
Le Pape est rétabli à Rome avec le soutien de la France de la seconde République.
La fin de la république sociale en France
En France, le programme social de la seconde république est abandonné :
- Les républicains modérés qui sont au pouvoir s'inquiètent des revendications ouvrières.
- Les ateliers nationaux sont fermés en juin 1848.
- Ces fermetures provoquent des mouvements de colère en juin 1848 qui sont violemment réprimés. Des milliers de personnes sont tuées ou exilées.
Auguste Blanqui partisan des idées socialistes, Louis Blanc et Proudhon sont emprisonnés.
C'est la fin de la République sociale :
- Louis-Napoléon Bonaparte, le neveu de Napoléon Ier, est élu président de la République.
- Le 2 décembre 1851, il organise un coup d'État et prend tous les pouvoirs.
Aucune révolution n'a abouti à l'indépendance d'une nation mais la répression n'a pas mis fin aux aspirations nationales et libérales.
L'abolition de la traite et de l'esclavage
L'abolition de la traite
Les idées libérales ont une prolongation dans le mouvement qui conduit à l'abolition de la traite et de l'esclavage dès la fin du XVIIIe siècle.
Le mouvement abolitionniste regroupe plusieurs tendances et des motivations diverses :
- Les Britanniques de l'Abolition Society réclament l'abolition au nom des droits naturels des hommes.
- En Amérique, les colons cherchent à ne plus dépendre de la traite et veulent assurer la reproduction des esclaves sur place. Un débat sur l'abolition naît aux États-Unis. Alors que certains sont favorables à l'abolition de l'esclavage, d'autres y sont fermement opposés. La Constitution américaine ne fait que recommander l'abolition progressive de la traite.
- La France révolutionnaire interdit l'esclavage mais Napoléon le rétablit dans les Antilles et mate la révolte de Toussaint Louverture à Saint-Domingue. Toutefois, la révolte continue et permet d'établir la première république noire, la République d'Haïti en 1804.
La Grande-Bretagne est le premier État à abandonner ce système :
- Les Britanniques interdisent la traite à leurs ressortissants en 1807.
- Cette mesure est élargie aux autres pays européens lors du congrès de Vienne.
La West Africa Squadron est une escadre britannique, rejointe par les Français en 1840, qui traque sur mer les bateaux négriers.
L'abolition de l'esclavage
La traite est interdite mais l'esclavage est encore autorisé jusque dans les années 1830 :
- La Grande-Bretagne abolit l'esclavage dans ses colonies en 1833.
- Les planteurs sont largement indemnisés.
- L'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises est proclamée par Victor Schoelcher en 1848. Ce dernier est un partisan de l'abolition au nom des droits naturels des êtres humains.
- Aux États-Unis, la question de l'abolition conduit à la guerre de Sécession de 1861 à 1865.
L'abolition de l'esclavage est longue car les esclaves jouent un rôle économique important dans les économies coloniales. Ils constituent la principale main-d'œuvre dans les plantations.
Cependant, dans les sociétés libérées de l'esclavage, la situation des Noirs reste inférieure à celle des Blancs.