Sommaire
ILes premiers ÉtatsALes civilisations de l'Orient ancienBLes cités-États de MésopotamieCL'Égypte, royaume des pharaonsIILa naissance de l'écritureAL'écriture en MésopotamieBL'écriture en ÉgypteIIILe rôle de l'écriture dans le croissant fertileAUn instrument de pouvoirBUn instrument de contrôle de la religionTrois inventions majeures dans l'histoire de l'humanité sont liées dans ce chapitre : la ville, l'État et l'écriture. À la fin de la période du Néolithique, les villages deviennent des villes tant par leur taille que par leur nombre d'habitants et par la présence de monuments. Ces monuments, comme les temples, témoignent d'un usage collectif par les habitants et d'une organisation politique qui se précise. Au IVe millénaire avant notre ère émerge dans l'Orient ancien (actuel Proche-Orient) l'État, c'est-à-dire d'une structure politique gouvernée par un seul chef, qui organise son pouvoir grâce à l'écriture de lois et à la mise en place d'une administration.
Les premiers États
Grâce aux fouilles réalisées en Mésopotamie (actuellement l'Irak) et en Égypte, les archéologues ont pu établir l'organisation politique des civilisations qui ont peuplé l'Orient ancien. C'est dans cet espace que se sont formés les premiers États de l'histoire de l'humanité : les cités-États de Mésopotamie et l'Égypte, royaume des pharaons.
Les civilisations de l'Orient ancien
Dans le croissant fertile, l'agriculture s'amplifie et les populations s'accroissent. Plusieurs civilisations mettent en place les premiers États : les Sumériens en Mésopotamie et les Égyptiens en Égypte.
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Dans le croissant fertile, l'agriculture s'est développée et la population est sédentaire depuis la « révolution » néolithique.
Sédentarisation
La sédentarisation est l'adoption d'un mode de vie sédentaire, c'est-à-dire qui correspond à quelqu'un qui se fixe quelque part pour y vivre durablement.
Une population grandissante se concentre de plus en plus dans des villages, qui deviennent des villes. Les villes se regroupent autour du Tigre et de l'Euphrate en Mésopotamie et autour du Nil en Égypte, ce qui permet d'irriguer les terres cultivées. Il y a 10 000 ans, ces régions fluviales étaient recouvertes de champs de blé à perte de vue. La vigueur des trois fleuves permet de compenser le climat aride de la région.
C'est dans l'Orient ancien, autour de ces grands fleuves, que les humains se dotent progressivement de lois, pour pouvoir vivre en communauté et devenir des États.
État
Un État est une organisation politique fondée sur un ensemble de lois et sur une administration qui gère les habitants.
Les cités-États de Mésopotamie
En Mésopotamie, les habitants se regroupent en cités-États comme à Uruk, Babylone et Ur. Ces villes sont sous l'autorité d'un roi. Leur pouvoir est héréditaire : il se transmet de père en fils.
Cité-État
Une cité-État est un État composé d'une ville et de ses terres agricoles environnantes.
Les cités-États font du commerce entre elles mais se font aussi parfois la guerre. Pour les gérer au mieux, les rois fixent les règles et les croyances communes. Ils s'assurent du bon fonctionnement de leur cité en organisant la construction de bâtiments comme :
- des temples pour vénérer les dieux ;
- des structures défensives pour se protéger : forteresses, remparts ;
- des palais pour héberger le roi, sa famille et son administration ;
- des ports fluviaux pour échanger des marchandises.
Temple
Un temple est un édifice religieux dans lequel une divinité est célébrée. On y pratique des rites en son honneur.
On a retrouvé des objets qui permettent d'étudier le fonctionnement de ces cités-États.
Ce coffre de bois et de nacre retrouvé en Mésopotamie renseigne sur le rôle joué par le roi dans la cité-État d'Ur. Ses soldats écrasent des ennemis, tandis que des prisonniers sont conduits devant le roi.
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L'Égypte, royaume des pharaons
En Égypte, le territoire s'organise autour du Nil sous l'autorité d'un roi très puissant : le pharaon. Considéré comme un dieu par son peuple, le pharaon fait construire des monuments gigantesques comme les pyramides.
Grâce aux nombreuses sources découvertes par les archéologues, l'organisation politique de l'ancien empire égyptien du IIIe millénaire avant notre ère est très bien connue. On connaît ainsi :
- le fonctionnement de cet État situé à l'autre bout du croissant fertile ;
- l'étendue des pouvoirs du pharaon ;
- les personnes qui en composent l'administration et leurs missions ;
- la façon dont sont gérées les ressources issues de l'agriculture.
À l'origine, l'Égypte est composée de plusieurs royaumes qui se font la guerre. Elle est unifiée par l'un de ses rois, Narmer, vers 3100 av. J.-C. On connaît ce roi grâce à une palette qui le montre saisissant un ennemi. Il s'agit vraisemblablement d'un habitant d'un royaume adverse. Cette palette relate l'unification de la Haute-Égypte et de la Basse-Égypte. Elle contient également la trace des premiers hiéroglyphes connus.
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En Égypte, l'État repose sur un royaume bien plus étendu que les cités-États de Mésopotamie. À la tête de cette organisation, le pharaon est considéré comme un dieu :
- Il est assisté de scribes, qui accomplissent différentes tâches administratives, tiennent les comptes et enregistrent les décisions du pharaon sur des papyrus.
- Un vizir, deuxième personnage le plus important du royaume, assiste le pharaon et dirige les fonctionnaires.
- Dans chaque province, un gouverneur dirige l'administration locale et représente le pharaon.
Scribe
Le scribe est celui qui manie l'écriture dans les sociétés du croissant fertile. Son activité consiste à écrire des textes administratifs, religieux et juridiques et à en faire des copies.
Papyrus
Un papyrus est un support souple pour l'écriture, fabriqué à partir de la tige d'une plante qui pousse sur les bords du Nil.
Ramsès II
Ramsès II, réputé pour être un grand guerrier et un conquérant, était un pharaon exceptionnel. Durant son très long règne de 66 ans, de 1279 av. J.-C. à 1213 av. J.-C., il fait bâtir des monuments à travers tout le pays, sculpter de très nombreuses statues à son image et graver son nom sur presque tous les temples dont ceux d'autres pharaons, comme s'il les avait fait construire lui-même. Cette quantité extraordinaire d'objets d'art et d'éléments architecturaux à son nom explique que l'on retrouve sa trace dans presque tous les musées du monde où se trouvent des antiquités égyptiennes.
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Le succès de la civilisation égyptienne repose en partie sur sa capacité à s'adapter aux conditions de la vallée du Nil. L'inondation prévisible du fleuve qui apporte des limons sur les rives et le contrôle de l'irrigation de la vallée produisent des récoltes qui alimentent le développement du pays et sa prospérité.
Limons
Les limons sont de fines particules, entraînées par les eaux du Nil et déposées sur ses rives. Ils jouent un rôle d'engrais pour l'agriculture quand l'eau se retire.
La naissance de l'écriture
Les écritures naissent en même temps que les États au IVe millénaire avant notre ère, d'abord en Mésopotamie, puis en Égypte. L'importance de l'écriture est telle que sa découverte symbolise le passage de la Préhistoire à l'Histoire.
L'écriture en Mésopotamie
Les archéologues ont retrouvé les plus anciennes traces d'écriture dans l'ancienne cité du royaume de Sumer à Uruk, en Mésopotamie. Les pictogrammes puis l'écriture cunéiforme naissent ainsi en Mésopotamie.
Pour compter leurs troupeaux, leurs récoltes ou leurs biens, les Sumériens dessinent avec une tige de roseau des nombres et des dessins sur des tablettes en argile humide : vaches, maison, etc. On appelle cette écriture des « pictogrammes ».
Pictogramme
Un pictogramme est un dessin qui représente un objet, un être ou une action.
C'est la première écriture. Elle naît à Sumer entre 4000 av. J.-C. et 3500 av. J.-C.
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Les personnes les plus habiles simplifient ensuite les dessins pour écrire plus vite : ils ne représentent plus les objets par un dessin, mais les sons par des signes en forme de clous et de coins. C'est l'écriture cunéiforme.
Écriture cunéiforme
L'écriture cunéiforme est une écriture avec des signes en forme de clous et de coins (cuneus signifie « coins » en latin).
Cette écriture, plus complexe et plus technique, se diffuse dans tout le croissant fertile dans les siècles qui suivent.
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L'écriture en Égypte
En Égypte, les hiéroglyphes apparaissent vers la fin du IVe millénaire avant notre ère. L'écriture hiératique naît ensuite. Les Égyptiens considèrent leur écriture comme un don des dieux.
Les hiéroglyphes sont une écriture composée de très nombreux signes qui représentent un objet, une idée ou encore un son. Les archéologues lui ont donné le nom de « hiéroglyphe », d'après deux mots grecs qui signifient « caractères sacrés ». Ils les ont découverts principalement sur les murs des temples égyptiens.
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Comme l'écriture en Mésopotamie, les hiéroglyphes sont progressivement simplifiés en une écriture plus rapide à écrire par les scribes : l'écriture hiératique. Celle-ci n'est plus composée d'objets représentatifs, mais de signes.
Le rôle de l'écriture dans le croissant fertile
L'écriture est un instrument de pouvoir. Elle est également un instrument de contrôle de la religion. Elle permet aux rois mésopotamiens et aux pharaons d'Égypte de marquer leur temps.
Un instrument de pouvoir
L'écriture est progressivement utilisée par les rois du croissant fertile comme un instrument de pouvoir, dans le courant du IVe millénaire avant notre ère. Elle est utilisée au sein de l'administration des rois mésopotamiens et des pharaons et permet également d'écrire l'histoire des puissants.
L'écriture a d'abord un rôle économique, notamment pour les marchands qui tiennent leurs comptes, mais très vite elle est surtout utilisée comme un instrument de pouvoir. Les rois et les pharaons disposent d'une administration qui utilise l'écriture pour gouverner leur État et affirmer leur pouvoir. Elle sert à la correspondance entre les rois et s'avère également un moyen de transmettre et de diffuser des récits ou des lois et de les faire connaître à tous les habitants.
Le Code d'Hammurabi
Sur le haut de la stèle, deux personnages sont sculptés. À gauche, Hammurabi, barbu, porte la tenue caractéristique des rois mésopotamiens : un bonnet à large bandeau et une robe longue laissant l'épaule droite nue. Il lève sa main droite devant sa bouche, geste traditionnel de dévotion qu'il adresse à l'homme lui faisant face : le dieu du soleil, Shamash. Shamash est aussi le dieu de la justice et c'est surtout dans cette fonction qu'il est montré ici : il donne au roi un bâton et un anneau, insignes du pouvoir royal. Sous le bas-relief, le reste de la stèle est gravé d'une longue suite de lois élaborées par Hammurabi, dénommé Code d'Hammurabi par l'archéologue Jean-Vincent Scheil, qui en fit la première traduction en 1902.
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Au IIIe millénaire avant notre ère, les scribes deviennent des personnages très importants dans les palais mésopotamiens et égyptiens. Ils maîtrisent parfaitement ces écritures complexes qui comprennent des milliers de signes. Grâce à eux, les rois et les pharaons commémorent leurs victoires militaires et montrent qu'ils entretiennent des liens privilégiés avec les dieux qu'ils honorent. Ces récits sont inscrits soit dans la pierre, soit sur des papyrus.
Faisant écrire leurs exploits guerriers, les rois veulent laisser une trace de leur règne. L'écriture leur permet de laisser cette trace des événements passés : c'est la naissance de l'Histoire.
Un instrument de contrôle de la religion
L'écriture assure aux rois qui dirigent les États de l'Orient ancien de jouer un rôle de premier ordre dans le domaine religieux. Elle leur permet de transmettre les mythes de leur civilisation et de s'y placer au centre.
Les habitants de Mésopotamie sont polythéistes, c'est-à-dire qu'ils croient en plusieurs dieux et considèrent que la vie dans son ensemble est déterminée par les dieux. Ils utilisent l'écriture pour honorer leurs dieux et préparer leur mort. On retrouve ainsi de nombreuses inscriptions sur les bâtiments religieux des cités-États de Mésopotamie : les ziggourats. Une ziggourat est une tour destinée au culte du dieu de la cité, dans laquelle on pratique des cérémonies, dont les sacrifices.
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Les Égyptiens accordent eux aussi une grande place à la religion. De nombreux temples sont construits à la demande des pharaons. Les Égyptiens pensent que leur âme est pesée après leur mort. Selon leurs anciennes croyances, si un individu n'a pas commis trop de méfaits, il pourra rejoindre le royaume d'Osiris. Dans le cas contraire, c'est la damnation qui attendra son âme lourde.
Le Livre des morts
Ce papyrus, réalisé par le scribe royal Hounefer vers 1280 av. J.-C. (British Museum, Londres) s'intitule Le Livre des morts. À travers la lecture des hiéroglyphes, on comprend que le défunt est introduit par le dieu Anubis et se présente devant le tribunal présidé par Osiris. Face à lui, il prononce sa déclaration d'innocence, dans laquelle il affirme : « Je n'ai pas fait le mal… Je n'ai pas tué… Je n'ai fait de peine à personne… Je suis pur ! ». Son cœur est déposé sur un plateau de la balance. La plume de Maât, déesse de la justice, est placée sur l'autre plateau. Si son cœur fait pencher la balance, c'est qu'il est lourd de mauvaises actions. S'il franchit le passage, le défunt pourra être admis aux côtés d'Osiris.
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Les pyramides témoignent de la ferveur religieuse des Égyptiens mais aussi de la puissance du pouvoir du pharaon. En effet, elles sont construites pour leur servir de tombeau et impliquent un travail colossal, mobilisant des dizaines de milliers d'esclaves. Dans ces tombeaux géants, les hiéroglyphes transmettent les mythes égyptiens et décorent les murs intérieurs.
2600 av. J.-C.
Pyramides de Gizeh
En 2600 av. J.-C. a lieu la construction des pyramides géantes de Gizeh.