Sommaire
ILa fin de la guerreADe l'armistice aux traités de paix1L'armistice du 11 novembre 19182La conférence de la paix et ses traitésBGarantir la paix future1Les « quatorze points » de Wilson2La Société des NationsIIL'état de l'Europe après la guerreALa catastrophe démographiqueBLa désastreuse situation économique et matérielleCLe problème des réfugiésIIILa mise en place des mémoires de la Première Guerre mondialeALa construction des mémoires1Le rôle des artistes et des écrivains2L'hommage aux mortsBDes mémoires différentes et parfois conflictuellesAprès l'armistice, l'Europe subit les conséquences d'un conflit qui a traumatisé les hommes, ruiné les économies nationales et bouleversé les sociétés. Les vainqueurs veulent établir un nouvel ordre international garantissant la sécurité des nations et la protection des peuples.
Comment se caractérise le nouvel ordre mondial après la Première Guerre mondiale ?
Chronologie de l'après-guerre
La fin de la guerre
La fin de la Première Guerre mondiale commence par l'armistice et les traités de paix de 1918. Les nations souhaitent garantir la paix future et des projets sont mis en place pour favoriser cette paix mondiale.
De l'armistice aux traités de paix
L'armistice a lieu le 11 novembre 1918 : c'est la fin des combats. Une conférence de paix s'ouvre en 1919 et des traités de paix sont ratifiés.
L'armistice du 11 novembre 1918
L'armistice est signé à Rethondes le 11 novembre 1918. Il suspend les combats sur le front occidental, mais la paix ne règne pas immédiatement en Europe.
Ainsi, une guerre civile éclate en Russie, opposant les bolchéviques de Lénine et Trotski aux contre-révolutionnaires soutenus par les Alliés. Elle aboutit à la création de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) en décembre 1922. Les Allemands et les Polonais s'affrontent pour la province de Posnanie puis la Russie attaque la Pologne en 1920 afin de récupérer ses territoires perdus.
De 1919 à 1923, les Grecs attaquent l'Empire ottoman qui se transforme en république suite à sa victoire.
Dans plusieurs pays, sous l'influence des Russes, des révolutions éclatent, toutes écrasées dans le sang comme en Allemagne en 1919 et en Hongrie en 1920.
La conférence de la paix et ses traités
La conférence de la paix s'ouvre à Paris en 1919. Elle réunit 27 nations et mènent à la ratification de nombreux traités. Les pays vaincus et la Russie n'y sont pas invités. Les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l'Italie forment le Conseil des Quatre et dominent la conférence. Ils n'ont cependant pas les mêmes objectifs.
Le traité de Versailles est signé le 28 juin 1919. Il est très dur pour l'Allemagne :
- Elle perd l'Alsace-Lorraine qui revient à la France.
- Elle est obligée de se désarmer.
- Elle doit payer d'importantes indemnités, notamment pour les réparations.
Ce traité provoque la colère d'une grande partie des Allemands ; il est jugé humiliant et est très vite rejeté.
La conférence de la paix aboutit à la signature d'autres traités :
- le traité de Brest-Litovsk ;
- le traité de Versailles ;
- le traité de Saint-Germain-en-Laye et de Trianon ;
- le traité de Sèvres et de Lausanne.
Ces traités redessinent le visage de l'Europe.
Carte de l'Europe après les traités de paix
La division des empires
Garantir la paix future
L'Europe a désormais pour vocation de garantir la paix sur son territoire. Cela passa notamment par les points du président américain Wilson et par la création de la Société des Nations.
Les « quatorze points » de Wilson
Le président américain Wilson joue un rôle important pour la paix. En janvier 1918, il énonce sa doctrine pour la paix future, qui se décline en quatorze points. Les plus importants sont le principe de nationalité et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
1. « Des traités de paix ouverts, auxquels on a librement abouti, après lesquels il n'y aura ni action ou décision internationale privée d'aucune nature, mais une diplomatie franche et transparente. »
2. « Une absolue liberté de navigation sur les mers, en dehors des eaux territoriales, en temps de paix, aussi bien qu'en temps de guerre, sauf si les mers doivent être en partie ou totalement fermées afin de permettre l'application d'alliances internationales. »
3. « Le retrait, autant que possible, de toutes les barrières économiques, et l'établissement d'une égalité des conditions de commerce parmi toutes les nations désirant la paix et s'associant pour la maintenir. »
4. « Des garanties adéquates à donner et à prendre afin que les armements nationaux soient réduits au plus petit point possible compatible avec la sécurité intérieure. »
5. « Un ajustement libre, ouvert, absolument impartial de tous les territoires coloniaux, se basant sur le principe qu'en déterminant toutes les questions au sujet de la souveraineté, les intérêts des populations concernées soient autant pris en compte que les revendications équitables du gouvernement dont le titre est à déterminer. »
6. « L'évacuation de tout le territoire russe et règlement de toutes questions concernant la Russie de sorte à assurer la meilleure et plus libre coopération des autres nations du monde en vue de donner à la Russie toute latitude sans entrave ni obstacle, de décider, en pleine indépendance, de son propre développement politique et de son organisation nationale ; pour lui assurer un sincère et bienveillant accueil dans la Société des Nations libres, avec des institutions de son propre choix, et même plus qu'un accueil, l'aide de toute sorte dont elle pourra avoir besoin et qu'elle pourra souhaiter. Le traitement qui sera accordé à la Russie par ses nations sœurs dans les mois à venir sera la pierre de touche de leur bonne volonté, de leur compréhension des besoins de la Russie, abstraction faite de leurs propres intérêts, enfin, de leur sympathie intelligente et généreuse. »
7. « La Belgique, et le monde entier agréera, doit être évacuée et restaurée, sans aucune tentative de limiter sa souveraineté dont elle jouit communément aux autres nations libres. Nul autre acte ne servira comme celui-ci à rétablir la confiance parmi les nations dans les lois qu'elles ont établi et déterminé elles-mêmes pour le gouvernement de leurs relations avec les autres. Sans cet acte curateur, l'entière structure et la validité de la loi internationale est à jamais amputée. »
8. « Tous les territoires français devraient être libérés, les portions envahies rendues, et les torts causés à la France par la Prusse en 1871, concernant l'Alsace-Lorraine, qui a perturbé la paix mondiale pendant près de 50 ans, devraient être corrigés, de telle sorte que la paix soit de nouveau établie dans l'intérêt de tous. »
9. « Un réajustement des frontières d'Italie devrait être effectué le long de lignes nationales clairement reconnaissables. »
10. « Aux peuples d'Autriche-Hongrie, dont nous désirons voir sauvegarder et assurer la place parmi les nations, devra être accordée au plus tôt la possibilité d'un développement autonome. »
11. « La Roumanie, la Serbie et le Monténégro devraient être évacués ; les territoires occupés devraient être restitués ; à la Serbie devrait être assuré un accès à la mer libre et sûr ; les relations des États des Balkans entre eux devraient être déterminés par une entente amicale le long de lignes historiquement établies d'allégeance et de nationalité ; des garanties internationales quant à l'indépendance politique et économique, et l'intégrité territoriale des États des Balkans devrait également être introduites. »
12. « Aux régions turques de l'Empire ottoman actuel devraient être assurées la souveraineté et la sécurité ; mais aux autres nations qui sont maintenant sous la domination turque on devrait garantir une sécurité absolue de vie et la pleine possibilité de se développer d'une façon autonome ; quant aux Dardanelles, elles devraient rester ouvertes en permanence, afin de permettre le libre passage aux vaisseaux et au commerce de toutes les nations, sous garantie internationale. »
13. « Un État polonais indépendant devrait être créé, qui inclurait les territoires habités par des populations indiscutablement polonaises, auxquelles on devrait assurer un libre accès à la mer, et dont l'indépendance politique et économique ainsi que l'intégrité territoriale devraient être garanties par un accord international. »
14. « Une association générale des nations doit être constituée sous des alliances spécifiques ayant pour objet d'offrir des garanties mutuelles d'indépendance politique et d'intégrité territoriale aux petits comme aux grands États. »
Extrait du discours de Wilson devant le Congrès reprenant les quatorze points
La Société des Nations
La Société des Nations (SDN) est créée pour garantir la paix et le nouvel ordre international. Siégeant en Suisse, à Genève, elle a pour but de rassembler tous les pays du monde sur un pied d'égalité.
La Société des Nations prône l'arbitrage et le désarmement. Elle cherche aussi à agir sur les causes de la guerre, notamment la misère avec le Bureau international du travail et celui pour les réfugiés. Pour parvenir à ses fins, elle utilise des sanctions économiques et commerciales.
Le fonctionnement de la SDN
Toutefois, la Russie est exclue de la SDN, l'Allemagne ne l'intègre qu'en 1926 et les États-Unis refusent finalement d'en faire partie. Dès sa création, ses chances de réussite sont donc compromises.
L'état de l'Europe après la guerre
Après la guerre, l'Europe est dans un état chaotique. On parle de catastrophe démographique, tant le bilan humain est lourd. La situation économique et matérielle est désastreuse. L'Europe connaît une grave crise de réfugiés.
La catastrophe démographique
Le bilan humain de la Première Guerre mondiale est catastrophique. Le conflit mondial a fait :
- près de 9,5 millions de morts parmi les soldats (soit 13,5 % des mobilisés) ;
- environ 10 millions de civils.
À ces pertes s'ajoutent les morts de la grippe espagnole en 1918 : 2,3 millions de victimes.
Il y a 21 millions de blessés et d'invalides. Ces « gueules cassées », comme on les surnomme alors, ont besoin de soins et peinent à retrouver une place dans la société.
Au total, 42 % des hommes mobilisés pendant la Première Guerre mondiale sont morts ou blessés lorsqu'elle se termine.
Les populations de la Russie, de l'Allemagne et de la France sont les plus massivement touchées. Les jeunes générations sont particulièrement atteintes. Cela provoque un phénomène de classe creuse : 60 % des victimes avaient entre 20 et 30 ans. La jeunesse a été décimée.
Classe creuse
Une classe creuse est une classe d'âge dont les effectifs sont faibles en raison d'une guerre ou d'une chute de la natalité.
Enfin, on observe une baisse durable de la natalité et un déséquilibre des sexes : il y a plus de femmes que d'hommes.
Le bilan humain de la Première Guerre mondiale
La désastreuse situation économique et matérielle
L'après-guerre est marqué par d'importants désordres économiques. L'endettement causé par le financement de la guerre est très important et l'inflation touche tous les pays européens. De plus, plusieurs régions sont entièrement détruites et les reconstruire coûte cher.
Les grandes puissances européennes sont endettées :
- Au Royaume-Uni, le service de la dette représente 24 % des dépenses publiques en 1920.
- En France, il s'élève à 52 % en 1931.
Ainsi, une inflation énorme touche tous les pays belligérants. La puissance économique et financière européenne est ruinée : les États-Unis deviennent la première puissance mondiale.
À cela s'ajoutent les frais de reconstruction des infrastructures détruites pendant le conflit. Le gouvernement français doit emprunter à sa population et aux autres pays.
L'Allemagne va payer un lourd tribut : en 1921, elle doit verser 132 milliards de Marks-or à la France pour les destructions causées sur le territoire français.
Dans les zones du front (France, Belgique, Italie du Nord-Est, Pologne, Russie occidentale, le Nord de la Grèce, la Roumanie et la Serbie), les destructions matérielles sont considérables. En France, dix départements sont concernés dans les régions industrielles et minières du Nord et de l'Est :
- 2,5 millions d'hectares de terres agricoles sont dévastés et demandent un déminage et le comblement des tranchées.
- Plus de 60 000 kilomètres de routes et 5 000 kilomètres de voies ferrées sont détruits.
Il est même jugé impossible de reconstruire quoi que ce soit en « zone rouge » (180 000 hectares).
Les zones dévastées
Pour les travaux, il faut faire appel à la main-d'œuvre étrangère. Des Polonais, des Italiens et des Chinois viennent reconstruire le pays. On utilise également les prisonniers de guerre allemands qui ne sont libérés qu'en 1920.
En 1930, on estime que les traces les plus visibles de la guerre sont effacées.
Le bilan économique et matériel de la Première Guerre mondiale
Le problème des réfugiés
Le conflit et les bouleversements politiques liés entraînent d'importants déplacements de population, aggravés par les conséquences territoriales des différents traités de paix. C'est lors de la Première Guerre mondiale que naît véritablement la figure du réfugié fuyant la guerre.
Les réfugiés sont :
- des habitants des zones frontalières qui ont dû se déplacer dans leur propre pays ;
- des exilés ayant trouvé refuge dans d'autres pays (les Belges et les Arméniens) ;
- les populations déplacées à cause des traités de paix (essentiellement en Europe centrale et orientale) et des conflits de l'après-guerre (la guerre civile russe).
Les exilés et les populations déplacées représentent près de 6 millions de personnes en 1918. Elles sont souvent mal accueillies voire rejetées dans les pays d'arrivée.
Pour essayer de régler le problème de ces apatrides (personnes privées de nationalité), la Société des Nations crée le passeport Nansen en 1923. Il porte le nom du Norvégien Fridtjof Nansen, haut-commissaire aux réfugiés au sein de la SDN. C'est un passeport international qui leur permet de bénéficier d'une reconnaissance légale et d'une liberté de circulation au sein des pays qui l'acceptent (16 pays en 1922 et 40 en 1926).
Le passeport Nansen
« Ils s'étaient assis par terre, les enfants à moitié nus pleuraient, les femmes non débarbouillées, décoiffées, jambes nues et couvertes de guenilles jetaient des regards apeurés autour d'elles. Les hommes, barbus, sombres, étaient assis près de leurs misérables bagages qui avaient transité par toute l'Europe et d'où émergeaient des théières, des icônes et des souliers. Les habitants de Billancourt les avaient d'abord pris pour des romanichels, puis après de longs débats sur les peuples d'Orient, il fut décidé qu'il s'agissait de Polonais, mais il s'avéra que les affamés ne pratiquaient pas la religion catholique. […] Des journalistes parisiens munis de carnets, de crayons et d'appareils photographiques vinrent à Billancourt et déclarèrent (eux, ils savaient) qu'il s'agissait d'Arméniens qui avaient fui Trébizonde, traversé la Mésopotamie et étaient arrivés à Billancourt pour aider moussiou Renault. […] L'étonnement fut général. Comment, ce sont des Russes ? De vrais Russes ? Qui aurait pu penser ? »
Nina Berberova
Les Chroniques de Billancourt, © Actes Sud
1992
La mise en place des mémoires de la Première Guerre mondiale
Après la Première Guerre mondiale vient la mise en place des mémoires. La construction des mémoires inclut notamment les artistes et écrivains, l'Europe rend hommage à ses morts. Les mémoires sont différentes dans les différents pays qui ont participé à la guerre, et elles sont parfois conflictuelles.
La construction des mémoires
Le rôle des artistes et des écrivains
Après la guerre vient le temps des commémorations et des mémoires. Les artistes et les écrivains jouent un rôle important dans la construction des mémoires.
Avant 1914, de nombreux artistes d'avant-garde (cubistes, futuristes, expressionnistes) désirent la guerre qu'ils imaginent purificatrice et libératrice.
« Comment l'artiste, le soldat en l'artiste, n'aurait-il pas dû louer Dieu d'avoir fait effondrer un monde de paix dont il avait plus qu'assez ? La guerre ! Nous la ressentions comme une purification, une libération et un espoir immense. »
Thomas Mann
L'Allemagne et le Royaume-Uni affectent des peintres aux unités militaires pour représenter la guerre. À Paris, des œuvres dénonçant la barbarie allemande ou glorifiant les héros du front sont exposées. Elles participent à la propagande.
La découverte de la réalité de la guerre fait cependant rapidement changer la production artistique, qui dénonce alors sa violence et son absurdité. Des artistes et des écrivains dénoncent les horreurs du conflit. De nombreux ouvrages sont publiés par des écrivains comme Jean Giono, Guillaume Apollinaire, Ernst Jünger ou John Dos Passos. L'ouvrage Le Feu d'Henri Barbusse, publié en 1916 et vendu à 300 000 exemplaires, lance le genre de la littérature de témoignage. Ce mouvement va perdurer et s'amplifier dans l'entre-deux-guerres. On sent une volonté de comprendre le conflit, d'en perpétrer le souvenir.
Erich Maria Remarque s'insurge contre l'absurdité du conflit dans son ouvrage À l'ouest, rien de nouveau, paru en 1929.
L'hommage aux morts
Les pays européens rendent également hommage aux morts. Plusieurs cérémonies et constructions sont entreprises dans le but de célébrer les disparus.
Sur les champs de bataille où les morts s'accumulent, les États s'occupent de rassembler et d'inhumer les dépouilles des soldats dans de grandes nécropoles (vastes cimetières). Cela se fait parfois contre l'opinion publique qui veut le rapatriement des corps identifiés auprès de leurs familles.
Une nécropole nationale
Après la guerre, l'article 255 du traité de Versailles oblige les signataires à entretenir les tombes des soldats ennemis inhumés sur leur sol. Ces sanctuaires deviennent rapidement des lieux de pèlerinage ou de tourisme.
En France, une loi institue dès 1915 le statut de « mort pour la France » et en 1919, une autre entraîne la construction de 30 000 monuments aux morts dans les communes. Cette commémoration collective se double souvent de plaques individuelles posées dans les écoles, les églises, les entreprises.
Monuments aux morts
Le 11 novembre 1920, le corps d'un soldat qui n'a pas été identifié est transféré à l'Arc de Triomphe de Paris. Il représente tous les soldats qui ont disparu, que l'on n'a pas pas identifier ou retrouver. On l'appelle le Soldat inconnu.
La tombe du Soldat inconnu à Paris
Sur le modèle de la France, de nombreux pays choisissent d'inhumer solennellement un soldat inconnu pour perpétuer le souvenir des héros morts : Royaume-Uni, États-Unis, Portugal, Italie, Belgique, Tchécoslovaquie, Roumanie et Pologne.
En 1922, le 11 novembre devient une fête nationale. C'est la commémoration de la fin de la guerre.
Des mémoires différentes et parfois conflictuelles
La construction des mémoires s'accompagne parfois de tensions, entre ceux qui veulent dénoncer la violence de la guerre et ceux qui veulent célébrer l'héroïsme des combattants.
Si dans la plupart des pays belligérants les monuments érigés en mémoire de la guerre exaltent l'héroïsme des soldats, certains choisissent de dénoncer la guerre et son cortège de malheurs. Ouvertement pacifistes, ils refusent de voir de l'héroïsme dans la barbarie. Ainsi, à partir de 1925, les évocations littéraires et artistiques de la guerre insistent de plus en plus sur son absurdité et mettent en valeur les formes de refus qu'elle a parfois suscitées.
Dans Voyage au bout de la nuit, publié en 1932, Louis-Ferdinand Céline critique la guerre qu'il compare à un « abattoir international en folie ».
En Allemagne, le déni de la défaite pousse au contraire de nombreux anciens combattants à cultiver le souvenir de la guerre. Ils estiment avoir été trahis par leur gouvernement qui a signé le traité. On célèbre l'héroïsme des soldats allemands pour faire oublier la défaite.
Le monument de Tannenberg commémore la victoire allemande sur la Russie. Il est construit entre 1924 et 1927.
La mémoire de la guerre est sélective. On oublie de dénoncer les abus des différentes armées : les réquisitions, le travail forcé, les viols et les otages. Les Arméniens, victimes de ce que les Alliés ont qualifié de « crime contre l'humanité et la civilisation » dès 1915, sont oubliés après la guerre. L'Arménie, créée par le traité de Sèvres de 1920, n'est plus mentionnée dans celui de Lausanne de 1923.