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Extrait de Annie Ernaux, La femme gelée Commentaire type bac

Ce contenu a été rédigé par l'équipe éditoriale de Kartable.

Dernière modification : 12/05/2025 - Conforme au programme 2025-2026

À l'aide des connaissances, et après avoir répondu aux questions suivantes, répondre à la question d'interprétation littéraire :

« L'éducation libère-t-elle la femme de sa condition ? »

Annie Ernaux, La Femme gelée (1981)

Un mois, trois mois que nous sommes mariés, nous retournons à la fac, je donne des cours de latin. Le soir descend plus tôt, on travaille ensemble dans la grande salle. Comme nous sommes sérieux et fragiles, l'image attendrissante du jeune couple moderno-intellectuel. Qui pourrait encore m'attendrir si je me laissais faire, si je ne voulais pas chercher comment on s'enlise, doucettement. En y consentant lâchement. D'accord je travaille La Bruyère ou Verlaine dans la même pièce que lui, à deux mètres l'un de l'autre. La cocotte-minute, cadeau de mariage si utile vous verrez, chantonne sur le gaz. Unis, pareils. Sonnerie stridente du compte-minutes, autre cadeau. Finie la ressemblance. L'un des deux se lève, arrête la flamme sous la cocotte, attend que la toupie folle ralentisse, ouvre la cocotte, passe le potage et revient à ses bouquins en se demandant où il en était resté. Moi. Elle avait démarré, la différence.
Par la dînette. Le restau universitaire fermait l'été. Midi et soir je suis seule devant les casseroles. Je ne savais pas plus que lui préparer un repas, juste les escalopes panées, la mousse au chocolat, de l'extra, pas du courant. Aucun passé d'aide-culinaire dans les jupes de maman ni l'un ni l'autre. Pourquoi de nous deux suis-je la seule à me plonger dans un livre de cuisine, à éplucher des carottes, laver la vaisselle en récompense du dîner, pendant qu'il bossera son droit constitutionnel. Au nom de quelle supériorité. Je revoyais mon père dans la cuisine. Il se marre, « non mais tu m'imagines avec un tablier peut-être ! Le genre de ton père, pas le mien ! ». Je suis humiliée. Mes parents, l'aberration, le couple bouffon. Non je n'en ai pas vu beaucoup d'hommes peler des patates. Mon modèle à moi n'est pas le bon, il me le fait sentir. Le sien commence à monter à l'horizon, monsieur père laisse son épouse s'occuper de tout dans la maison, lui si disert, cultivé, en train de balayer, ça serait cocasse, délirant, un point c'est tout. À toi d'apprendre ma vieille. Des moments d'angoisse et de découragement devant le buffet jaune canari du meublé, des œufs, des pâtes, des endives, toute la bouffe est là, qu'il faut manipuler, cuire. Fini la nourriture-décor de mon enfance, les boîtes de conserve en quinconce, les bocaux multicolores, la nourriture surprise des petits restaurants chinois bon marché du temps d'avant. Maintenant, c'est la nourriture corvée.

Je n'ai pas regimbé, hurlé ou annoncé froidement, aujourd'hui c'est ton tour, je travaille La Bruyère. Seulement des allusions, des remarques acides, l'écume d'un ressentiment mal éclairci. Et plus rien, je ne veux pas être une emmerdeuse, est-ce que c'est vraiment important, tout faire capoter, le rire, l'entente, pour des histoires de patates à éplucher, ces bagatelles relèvent-elles du problème de la liberté, je me suis mise à en douter.

Quelle problématique correspond au sujet ?

Quels arguments seraient pertinents à utiliser ?

Quel plan pourrait convenir ?

Quelle accroche peut convenir ?

Quels exemples permettent d'étayer l'argument "Annie Ernaux et son mari sont ce que l'on appelle un « jeune couple moderno-intellectuel », dans la mesure où ils ont tous les deux le même niveau d'éducation, ils ont suivi des études et ont tous deux un travail. Cependant, c'est à elle que revient les diverses tâches du quotidien" ?

Quels exemples permettent d'étayer l'argument "Mais finalement, selon l'autrice, cette émancipation ratée de la femme est aussi de son fait, dans la mesure où elle consent lâchement à cette forme de discrimination mise en place par la société. Elle prend, parfois sans y penser réellement, ce rôle de femme soumise, en ayant l'habitude depuis l'enfance" ?

Quels exemples permettent d'étayer l'argument "Mais finalement, selon l'autrice, cette émancipation ratée de la femme est aussi de son fait, dans la mesure où elle consent lâchement à cette forme de discrimination mise en place par la société. Elle prend, parfois sans y penser réellement, ce rôle de femme soumise, en ayant l'habitude depuis l'enfance" ?

Quelle phrase du texte justifie l'idée qu'un vrai changement s'est produit après le mariage entre Annie et son mari ?

Quel autre auteur pense comme Annie Ernaux que l'éducation conditionne les jeunes filles ?

On suit ici les différentes étapes pour rédiger la question d'interprétation littéraire. Le plan est détaillé par souci méthodologique, mais ce n'est pas ainsi qu'il faut présenter sa copie le jour de l'épreuve. Sur la copie, les titres des différentes parties n'apparaîtront pas et le contenu sera intégralement rédigé.

Pistes de réflexion :

  • Dans ce roman autobiographique, la narratrice met en avant les limites de l'émancipation féminine dans les années 1960.
  • Annie Ernaux montre comment la femme peut être rattrapée par le conditionnement imposé par la société française et se retrouve reléguée à des tâches ménagères que son compagnon ne veut pas effectuer avec elle, à part égale.
  • C'est ainsi qu'elle devient « la femme gelée », la femme qui perd ses espoirs d'émancipation et de liberté.
  • « On ne nait pas femme, on le devient » annonce Simone de Beauvoir dans Le Deuxième sexe. Depuis le XVIIIe siècle, l'éducation des femmes est au cœur des préoccupations des intellectuels. Ce combat prend une nouvelle tournure au XXe siècle grâce aux témoignages de femmes qui refusent la soumission.
  • Dans ce texte, la narratrice relate un moment de sa vie de jeune adulte. Alors que les deux protagonistes ont été éduqués de manière moderne pour l'époque, Annie Ernaux se rend rapidement compte qu'elle est néanmoins la seule à supporter les tâches quotidiennes du couple.
  • La femme est reconnue comme l'égale de son mari selon la Constitution de 1946, pourtant la société et les mentalités l'enferment dans une condition de « femme au foyer ». On peut donc se demander si l'éducation libère réellement la femme de sa condition et lui permet de s'émanciper.
  • Dans cet extrait, Annie Ernaux part du postulat que ni elle ni son mari n'ont été prédisposés à s'occuper des tâches ménagères ; cependant, la société a donné ce rôle à la femme, rôle qu'elle a fini par accepter d'elle-même.
I

Paragraphe 1

Argument : Annie Ernaux et son mari sont ce que l'on appelle un « jeune couple moderno-intellectuel », dans la mesure où ils ont tous les deux le même niveau d'éducation, ils ont suivi des études et ont tous deux un travail. Cependant, c'est à elle que revient les diverses tâches du quotidien.

Exemple : À travers l'énumération de toutes les tâches qu'elle doit accomplir, elle montre la charge qu'est la sienne au quotidien : « arrête la flamme sous la cocotte, ouvre la cocotte, passe le potage, éplucher des carottes, laver la vaisselle ».

II

Paragraphe 2

Argument : La société et les mentalités semblent faire en sorte que les femmes s'occupent des affaires propres à l'entretien de la maison et de la préparation des repas en raison d'une assimilation de la figure de « femme-mère ».

Exemple : Par un effet de miroir, de jeu de comparaisons entre elle et son mari et de question rhétorique, Annie Ernaux indique que rien ne la prédestinait plus que lui à prendre ce rôle de femme au foyer : « Je ne savais pas plus que lui préparer un repas », « Aucun passé d'aide-culinaire dans les jupes de maman ni l'un ni l'autre », Pourquoi de nous deux suis-je la seule à me plonger dans un livre de cuisine, à éplucher des carottes, laver la vaisselle en récompense du dîner, pendant qu'il bossera son droit constitutionnel ».

III

Paragraphe 3

Argument : Mais finalement, selon l'autrice, cette émancipation ratée de la femme est aussi de son fait, dans la mesure où elle consent lâchement à cette forme de discrimination mise en place par la société. Elle prend, parfois sans y penser réellement, ce rôle de femme soumise, en ayant l'habitude depuis l'enfance.

Exemple : La phrase négative « je ne veux pas être une emmerdeuse » montre d'emblée la culpabilité qui se met en place pour la femme qui revendique l'égalité avec son mari. Cette idée est renforcée par l'utilisation de superlatifs dans la formulation « Pire, j'ai pensé que j'étais plus malhabile qu'une autre, une flemmarde en plus »

  • Ainsi, Annie Ernaux tente de comprendre comment elle en est arrivée à accepter de prendre un rôle que sa condition de femme moderne aurait normalement dû l'empêcher de prendre.
  • De fait, l'éducation ne permet pas aux femmes d'acquérir une plus grande liberté, il faut également que la société et les mentalités travaillent dans le même sens.
  • À la fin du XXe siècle, Elena Gianini Belotti publie un essai sociologique, Du côté des petites filles, dans lequel est met en avant les formes de stéréotypes qui persistent quant à l'éducation des filles et des garçons.

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