Quelles sont les caractéristiques du jugement de goût chez Kant ?
Dans quel ouvrage Kant distingue-t-il le beau de l'agréable ?
Qu'est-ce qui différencie le jugement de goût du jugement de connaissance ?
Quelle est la définition du beau chez Kant ?
Quel est l'apparent paradoxe du jugement de goût chez Kant ?
Dans quel cas le proverbe "À chacun son goût" est-il valable pour Kant ?
Il faut d'abord comprendre que tout jugement est un acte volontaire par lequel on relie un prédicat à un sujet, de la forme A est B, comme lorsque j'affirme que "ce tableau est beau". Contrairement à un jugement visant à la connaissance, un jugement de goût ne renseigne pas sur une qualité réelle de l'objet, mais sur l'effet que celui-ci a sur le sujet : en tant que jugement de valeur, il est nécessairement subjectif et exprime le plaisir ou déplaisir que le sujet prend à regarder l'objet en question. Ce plaisir est distinct de l'agréable (car l'agréable est une notion purement sensible) et ne provient pas de l'intérêt, sans quoi il ne serait pas un jugement proprement esthétique.
Cependant, le jugement de goût prétend à une validité universelle : ce que j'affirme par un tel jugement doit pouvoir plaire à tout un chacun (on ne dit d'ailleurs pas : "cela me plaît", mais "c'est beau"). Puisqu'il ne s'agit tout de même pas d'un jugement justifiable par des concepts, Kant en arrive à cette définition : "Est beau ce qui est reconnu sans concept comme l'objet d'une satisfaction nécessaire". Cette liaison a priori paradoxale entre un jugement subjectif et une satisfaction universelle, qui est la condition pour pouvoir parler du "goût" comme de quelque chose de commun aux hommes, est permise par la supposition de l'existence d'un sensus communis ou sens commun, compris comme une faculté de se mettre à la place de tout autre homme lorsque l'on prononce un tel jugement.
- Le jugement de goût est un jugement esthétique, qui exprime le plaisir ou déplaisir pris par un sujet à quelque chose.
- De nature subjective, il prétend cependant à l'universalité : le beau est ce qui est représenté sans concept comme l'objet d'une satisfaction universelle.
- Ceci est permis par la supposition d'un idéal sensus communis.