Sommaire
ILes entreprises : un monde diversifiéADéfinition de l'entrepriseBLa diversité des entreprises1Généralités2La taille des entreprises3La nature de l'activité4Le statut juridique5L'origine du capitalIIComment prendre des décisions de production ?ALe choix de la combinaison productive1Le facteur capital et le facteur travail2L'efficacité de la combinaison productiveBLe choix du volume de production1Les différents coûts de production de l'entreprise2L'évolution des coûts de production3La maximisation du profitIIIL'évaluation des performances de l'entrepriseALes différentes évaluations de la performance de l'entrepriseBLe compte de résultatCLe bilan comptableLes entreprises réalisent la production marchande dans le but de réaliser un profit. Pour cela, elles portent leurs choix sur la combinaison des facteurs de production et le volume de production en cherchant un niveau de production optimal. Les entreprises suivent leurs résultats à travers le bilan et le compte de résultat.
Les entreprises : un monde diversifié
Définition de l'entreprise
L'entreprise est une réalité économique et sociale fondamentale, elle est le pivot de la vie économique, c'est aussi le cadre professionnel de millions de salariés.
Entreprise
La diversité des entreprises
Généralités
Toutes les entreprises ont pour point commun de produire et vendre des biens et services marchands, mais elles sont aussi un ensemble varié au sein duquel il est nécessaire d'effectuer des regroupements.
Elles vendent des biens et des services en vue de la réalisation d'un profit. Les entreprises vont donc chercher à maximiser leur profit en tenant compte notamment des coûts.
La taille des entreprises
Les entreprises font l'objet d'une classification établie par l'INSEE :
- Micro-entreprises : entreprise de moins de 10 salariés et dont le chiffre d'affaires est inférieur à 2 millions d'euros, ou dont le total du bilan (valeur de tout ce que l'entreprise possède) est inférieur à 2 millions d'euros.
- PME (Petites et moyennes entreprises) : entreprise de moins de 250 salariés et dont le chiffre d'affaires est inférieur à 50 millions d'euros, ou dont le total du bilan est inférieur à 43 millions d'euros.
- ETI (Entreprises de tailles intermédiaires) : entreprise qui emploie entre 250 et 4999 salariés et dont le chiffre d'affaires est inférieur à 1,5 milliard d'euros ou dont le total du bilan est inférieur à 2 milliards d'euros.
- GE (Grandes entreprises) : entreprise qui emploie au moins 5000 salariés, ou qui emploie moins de 5000 salariés mais dont le chiffre d'affaires est supérieur à 1,5 milliard d'euros et le total du bilan supérieur à 2 milliards d'euros.
La nature de l'activité
Il existe différentes activités principales possibles pour une entreprise : activités financières, activités de services, etc. On peut effectuer des regroupements en trois grands secteurs :
- Le secteur primaire : pêche, agriculture, extraction minière
- Le secteur secondaire : les industries
- Le secteur tertiaire : activités de services
Les entreprises produisent par ailleurs des biens et/ou des services. Les services sont immatériels et les biens sont matériels. On peut distinguer :
- Les biens de consommation finale, qui sont destinés à la consommation finale des ménages.
- Les biens de consommation intermédiaire, qui sont destinés à être détruits ou transformés durant le processus de production.
- Les biens d'investissement, produits de placements financiers qui sont achetés uniquement dans le but de rapporter de l'argent ultérieurement.
Le statut juridique
En termes de statut juridique, on distingue généralement les entreprises individuelles des sociétés. Les critères retenus concernent les règles de droit d'organisation de la propriété, des prises de pouvoir et des risques pris.
Les entreprises individuelles sont les entreprises dans lesquelles une seule personne est propriétaire du capital. L'exemple le plus courant est celui d'une entreprise gérée et dirigée par une seule personne, identifiée généralement par sa profession : commerçant, artisan, profession libérale (par exemple médecin ou notaire), agriculteur.
Les entreprises sociétaires sont les sociétés dans lesquelles plusieurs personnes sont propriétaires du capital. Il s'agit par exemple d'une SA (société anonyme) : le capital de la société est divisé en un certain nombre d'actions, qui représentent des droits de propriétés. Si ces droits sont librement échangeables, la société peut ne pas connaître le nom de ses actionnaires, d'où son nom de société anonyme. Les actionnaires ne sont pas responsables de l'entreprise (par exemple, si elle fait faillite, on ne peut pas imposer qu'ils remboursent les dettes de l'entreprise autrement qu'en perdant leurs actions).
L'origine du capital
Le capital d'une entreprise est d'origine privée ou publique.
Lorsque la majorité ou l'ensemble du capital est d'origine publique, on parle d'entreprise publique. L'État contrôle directement ou indirectement des sociétés. Elles ont pour objet des activités relevant du secteur public et de nature industrielle et commerciale.
Comment prendre des décisions de production ?
Le choix de la combinaison productive
Pour produire, l'entreprise mobilise des facteurs de production : le travail et le capital. Le fait de combiner du facteur travail et du facteur capital forme la combinaison productive.
Le facteur capital et le facteur travail
Facteurs de production
Les facteurs de production sont les biens et services utilisés par une organisation dans le processus de production d'un bien ou d'un service. Les entreprises vont utiliser du capital et du travail, soit des ressources qui ne sont ni détruites ni transformées au cours du processus de production.
Pour récolter le raisin, le viticulteur a besoin d'ouvriers (appelés les vendangeurs : il s'agit du facteur travail) et de matériel (comme des sécateurs, il s'agit du facteur capital).
Pour fabriquer du pain, l'artisan boulanger a besoin de main-d'œuvre, d'un four à pain et d'ingrédients comme la farine. Les boulangers représentent donc le facteur travail, le four représente le facteur capital. Mais la farine représente les consommations intermédiaires, c'est-à-dire des biens qui sont transformés ou détruits au cours du processus de production.
Travail
Le travail au sens économique est une activité humaine organisée, rémunérée et déclarée.
Un enseignant travaille : son activité est organisée, déclarée et rémunérée.
En revanche, un élève qui vend des pains au chocolat pour financer un voyage scolaire ne travaille pas au sens économique : son activité n'est pas déclarée et rémunérée.
Capital
Le capital est entendu ici au sens du capital fixe (et pas du capital financier). C'est l'ensemble des moyens de production durables, c'est-à-dire les biens qui ne sont pas immédiatement détruits ou transformés dans le processus de production.
Les machines, les bâtiments, les outils, etc. sont du capital.
La combinaison productive
La combinaison productive est l'association choisie du travail et du capital pour produire une certaine quantité de biens et de services.
- Les facteurs de production sont généralement considérés comme étant substituables : l'emploi d'un facteur peut être remplacé par l'emploi d'un autre.
- Ils peuvent aussi être complémentaires, lorsque l'emploi de l'un ne peut se faire sans l'autre.
Dans un hypermarché, le facteur travail (les hôtes de caisse) peut être substitué par du capital (les caisses automatiques).
Dans le cadre du transport routier de marchandises, le facteur capital et le facteur travail sont complémentaires : le camion ne peut être conduit sans chauffeur.
Lorsque le chef d'entreprise choisit une combinaison productive, il choisit donc s'il veut substituer un facteur à un autre. L'objectif de la substitution des facteurs de production est de suivre l'évolution des coûts respectifs des facteurs, et de minimiser le coût de la combinaison productive retenue. Il prendra en compte au moins deux éléments :
- Le coût relatif du capital et du travail : si le travail est relativement bon marché, l'entrepreneur aura intérêt à utiliser relativement beaucoup de travail s'il a le choix, ou à produire des produits nécessitant beaucoup de travail.
- L'efficacité productive de la combinaison retenue : elle est souvent mesurée par la productivité du travail.
Pour une production de 50 voitures, une entreprise peut choisir entre les trois combinaisons productives suivantes :
Nombre de salariés | Nombre de machines | |
---|---|---|
Combinaison 1 | 100 | 2 |
Combinaison 2 | 50 | 10 |
Combinaison 3 | 20 | 20 |
Si le coût du travail horaire est de 5€ par salarié et 200€ par machine :
- La combinaison 1 revient à \left( 100\times 5\text{ }€ \right)+\left(2\times200\text{ }€ \right) soit 900 €
- La combinaison 2 à 2250 €
- La combinaison 3 à 4100 €
Il convient donc d'utiliser la combinaison productive 1, qui est la moins coûteuse. En effet, elle mobilise davantage de travail, et le travail est relativement bon marché par rapport au capital.
Si le coût du travail horaire est désormais de 50 € par salarié et de 100 € par machine, il semblerait intéressant d'utiliser davantage une production reposant sur l'utilisation du facteur capital :
- La combinaison 1 coûterait 5200 €.
- La combinaison 2 coûterait 3500 €.
- La combinaison 3 coûterait 3000 €.
Dans ce cas, l'entreprise a plutôt intérêt à substituer du capital au travail, en choisissant la combinaison 3.
L'efficacité de la combinaison productive
La réflexion sur la combinaison productive porte aussi sur son efficacité, que l'on mesure par la productivité. On s'intéresse principalement à la productivité du travail.
Productivité du travail
La productivité du travail mesure l'efficacité productive du facteur travail. On peut calculer la productivité horaire et/ou la productivité par tête.
Productivité horaire
\text{Productivité horaire}=\dfrac{\text{Quantité produite} }{\text{Nombre d'heures de travail nécessaires}}
25 heures de travail sont nécessaires pour produire 70 boîtes de Lego. On calcule la productivité horaire :
\text{Productivité horaire =}\dfrac{70}{25}= 2{,}8
En une heure, on peut produire 2,8 boîtes de Lego.
Productivité par tête
\text{Productivité par tête}=\dfrac{\text{Quantité produite} }{\text{Nombre de salariés}}
20 salariés produisent 50 voitures. On calcule la productivité par tête :
\text{Productivité par tête}=\dfrac{50}{20}=2{,}5
Chaque salarié produit 2,5 voitures.
L'étude de la productivité marginale se penche sur la variation de la production permise par l'utilisation d'une unité supplémentaire de capital ou de travail. Elle permet de mettre en évidence la loi des rendements décroissants.
Productivité marginale du travail
La productivité marginale du travail revient à considérer le supplément de production permis par l'ajout d'un travailleur supplémentaire. Si l'on note Y la production et L le travail, on note \Delta Y l'augmentation de la production et \Delta L l'augmentation de la quantité de travail ; alors la productivité marginale du travail est l'augmentation de la production rapportée à l'augmentation des quantités de travail :
\dfrac{\Delta Y}{\Delta L}
Dans une pizzeria, un restaurateur emploie des salariés qui produisent des pizzas. Si en employant 1 travailleur supplémentaire (\Delta L = 1) il produit 20 pizzas de plus (\Delta Y = 20), alors la productivité marginale du travail est de :
\dfrac{\Delta Y}{\Delta L} = \dfrac{20}{1} = 20 pizzas par travailleur
Productivité marginale du capital
La productivité marginale du capital revient à considérer le supplément de production permis par l'ajout d'une unité supplémentaire de capital. Si l'on note Y la production et K le capital, on note \Delta Y l'augmentation de la production et \Delta K l'augmentation de la quantité de capital ; alors, la productivité marginale du capital est l'augmentation de la production rapportée à l'augmentation des quantités de capital :
\dfrac{\Delta Y}{\Delta K}
Dans une pizzeria, le restaurateur dispose d'un four. Si l'ajout d'un four supplémentaire (\Delta K = 1) lui permet de fabriquer 60 pizzas de plus (\Delta Y = 60), alors la productivité marginale du capital est de :
\dfrac{\Delta Y}{\Delta K} = \dfrac{60}{1} = 60 pizzas par four
Loi des rendements décroissants
La loi des rendements décroissants a été énoncée pour l'agriculture au début du XIXe siècle par l'économiste David Ricardo.
Cette loi est applicable à toute opération de production qui combine des facteurs de production. Elle montre que si l'on augmente régulièrement l'un des facteurs de production (le travail), l'autre restant fixe (le capital est supposé inchangé), la production supplémentaire due à l'accroissement du facteur variable diminue progressivement.
Supposons qu'un fermier cultive 4 champs de blé, avec toujours le même niveau de capital (par exemple 1 tracteur). S'il est tout seul pour cultiver, il n'a pas le temps de tout faire. Il doit donc se concentrer sur les étapes essentielles (labourer, semer et récolte) et il ne peut le faire que sur 3 champs. Il produit alors 30 tonnes de blé. Avec un travailleur, la production passe donc de 0 à 30 tonnes de blé.
S'il emploie un travailleur pour l'accompagner, celui-ci peut aider à cultiver le quatrième champ. De plus, il a le temps de mettre de l'engrais sur les 4 champs ; ainsi, la production totale, avec deux travailleurs, passe à 50 tonnes de blé. L'emploi d'un second travailleur augmente donc la production de 20 tonnes. La productivité marginale du travail est alors de 20 tonnes.
Si un troisième travailleur rejoint l'exploitation, il pourra aider les deux autres et chasser les oiseaux qui picoraient les graines, ce qui améliore encore la production, qui passe à 60 tonnes de blé au total. L'emploi d'un troisième travailleur augmente donc la production de 10 tonnes. La productivité marginale du travail a diminué, et n'est plus que de 10 tonnes à ce stade.
Ainsi, on voit que les rendements associés à l'ajout de travailleurs (c'est-à-dire la productivité marginale du travail) sont :
- Positifs : chaque fois qu'un travailleur est ajouté au processus de production, la production augmente.
- Mais décroissants : chaque fois qu'on ajoute un travailleur supplémentaire, la production augmente, mais moins qu'elle avait augmenté avec le travailleur précédent. Le premier travailleur avait permis de faire passer la production de 0 à 30 tonnes, le second l'avait augmenté de 20 tonnes, le troisième de 10 tonnes seulement.
En suivant la loi des rendements décroissants, on peut imaginer que les rendements associés à des travailleurs supplémentaires deviennent nuls (employer un quatrième travailleur serait inutile et n'augmenterait pas la production totale) voire négatifs (si vingt travailleurs sont embauchés, ils n'auraient rien à faire et leur présence finirait par faire diminuer la production, par exemple parce qu'ils piétineraient le champ).
Illustration de la loi des rendements décroissants
Sur ce graphique est représenté le niveau de production en fonction du nombre de travailleurs.
Ici, employer un travailleur permet de produire 10, et employer deux travailleurs permet de produire 40. Les rendements sont donc d'abord croissants. Puis ils deviennent décroissants, selon la loi des rendements décroissants : employer un troisième travailleur fait moins augmenter la production que l'emploi d'un second, idem pour le quatrième. On voit sur le graphique qu'au bout d'un moment, la courbe de production décroît : les rendements sont devenus négatifs.
L'apparition des rendements décroissants a ensuite été ralentie grâce au progrès technique.
Le choix du volume de production
Le chef d'entreprise ne choisit pas que la combinaison des facteurs. Il choisit aussi quel niveau de production il veut produire. Le choix du volume de production permet de faire intervenir la comparaison entre les coûts et les recettes au fur et à mesure qu'augmente la production. Ce choix repose sur l'hypothèse que l'entreprise va choisir le volume de production qui maximise son profit. Ce sont les notions de coût marginal et de recette marginale qui vont être déterminantes.
Les différents coûts de production de l'entreprise
Coût total
Le coût total correspond à l'ensemble des coûts de l'entreprise composé des coûts fixes et des coûts variables.
\text{Coût total = Coûts fixes + Coûts variables}
Coûts fixes
Les coûts fixes correspondent aux coûts de production qui ne varient pas en fonction de la quantité produite.
La location d'un hangar pour stocker la production de boîtes de Lego est un coût fixe.
Coûts variables
Les coûts variables correspondent aux coûts de production qui varient en fonction de la quantité produite.
Les matières premières utilisées dans la production de boîtes de Lego sont un coût variable : toute augmentation de la production de boîtes de Lego nécessite une augmentation des matières premières utilisées.
Lorsque l'on accroît la production, les coûts fixes ne varient pas, alors que les coûts variables augmentent avec le niveau de production.
Supposons que pour produire des boîtes de Lego, il faut :
- Un hangar pour les stocker, qui permet de stocker jusqu'à 1000 boîtes, et qui coûte 1000 €
- 1 € de matière première par boîte de Lego
Pour produire 2, 100 ou 1000 boîtes, il faut toujours 1 hangar. C'est un coût fixe de 1000 €. En revanche, pour produire 2, 100 puis 1000 boîtes, on dépense 2, 100 puis 1000 € de matières premières.
Les coûts totaux sont donc de 1002 € pour produire deux boîtes, 1100 € pour produire 100 boîtes, 2000 € pour produire 1000 boîtes.
L'évolution des coûts de production
Coût marginal
Le coût marginal correspond au coût de la dernière unité produite.
Produire 30 boîtes de Lego coûte 3000 €, en produire 31 coûte 3010 €. Le coût marginal est de :
\text{Coût total de 31 boîtes} - \text{Coût total de 30 boîtes} = 3 010 - 3\ 000 = 10 €
On considère généralement que le coût marginal de production est d'abord décroissant pour une entreprise, mais lorsqu'elle augmente son volume de production, à partir d'un moment, les coûts marginaux deviennent croissants.
Coût moyen
Le coût moyen vaut le coût total rapporté aux quantités produites.
\text{Coût moyen} =\dfrac{\text{Coût total}}{\text{Quantités produites}}
Le coût total est de 3000 € et les quantités produites sont de 100 boîtes de Lego. On calcule le coût moyen :
\text{Coût moyen =}\dfrac{3\ 000}{100} = 30
Chaque boîte de Lego coûte 30 euros.
On constate qu'en présence de coûts fixes, augmenter la production permet de diminuer le coût moyen de production. Mais cela n'est vrai que jusqu'à un certain seuil.
Produire 1000 boîtes de Lego coûte 2000 € (1000 € de hangar + 1\ 000\times1 € de matières premières).
Pour produire 1001 boîtes de Lego, il faut un second hangar.
Le coût total de la production de 1001 boîtes sera donc de :
2\times1\ 000 € de hangar + 1001 € de matières premières = 3001 €
Le coût marginal de la 1001e boîte de Lego sera ainsi de :
3\ 001-2\ 000 = 1\ 001 €.
En faisant passer la production de 1000 à 1001 boîtes, l'entreprise fait augmenter le coût marginal de la production.
Tant que le coût marginal est inférieur au coût moyen, la production d'une unité supplémentaire permet de diminuer le coût moyen. Autrement dit, l'augmentation des quantités produites permet de faire baisser le coût unitaire de production. À l'inverse, lorsque le coût marginal est supérieur au coût moyen, la production d'une unité supplémentaire fait augmenter le coût moyen.
En conclusion, lorsqu'une entreprise augmente son volume de production :
- Dans un premier temps, le coût marginal est décroissant, et inférieur au coût moyen. Le coût moyen est donc lui aussi décroissant.
- Dans un second temps, le coût marginal est croissant, et inférieur au coût moyen, qui est toujours décroissant.
- Dans un troisième temps, une fois que le coût marginal a dépassé le coût moyen, les deux sont croissants.
On peut relier ce phénomène à la loi des rendements décroissants. En présence de rendements décroissants, lorsque l'on emploie plus de facteurs, la production croît de moins en moins vite. À partir d'un certain seuil, le coût moyen d'un produit finit par augmenter.
On reprend l'exemple de l'agriculture vu plus haut, en définissant cette fois les coûts fixes (1000 €) et les coûts variables : l'emploi d'un travailleur pour la saison coûte 1500 €.
Nombre de travailleurs | Coût total | Production totale | Coût moyen d'une tonne |
1 | 2500 | 30 | 83 |
2 | 4000 | 50 | 80 |
3 | 5500 | 60 | 92 |
4 | 7000 | 60 | 116 |
On constate que, dans un premier temps, le coût moyen diminue, mais sous l'effet des rendements décroissants, il finit par augmenter.
La maximisation du profit
Recette totale
La recette totale correspond au chiffre d'affaires, soit :
\text{Recette totale}=\text{Prix de vente}\times\text{Quantités vendues}
En situation de concurrence, on suppose que toute la production est écoulée.
L'entreprise A vend 300 boîtes de Lego à 37 €. On peut calculer le montant de la recette totale :
\text{Recette totale}= 300 \times37 = 11\ 100\text{ }€
Profit total
Le profit total correspond à la différence entre la recette totale et le coût total.
\text{Profit total}=\text{Recette totale} - \text{Coût total}
Le coût total de production de 300 boîtes est de 3000 € et la recette totale est de 11 100 €. On peut calculer le profit total :
11\ 100 - 3\ 000 = 8\ 100 €
Recette marginale
La recette marginale correspond à la recette procurée par la dernière unité produite. Elle est donc égale au prix de vente, puisque c'est cela que rapporte la dernière unité produite.
Chaque boîte de Lego est vendue 37 €. La vente de 299 boîtes de Lego procure une recette totale de 11 063 €. La vente de 300 boîtes rapporte 11 100 €. La recette marginale est donc de :
11\ 100 - 11\ 063 = 37 €
Profit marginal
Le profit marginal correspond au profit procuré par la dernière unité produite :
\text{Profit marginal}=\text{Recette marginale} - \text{Coût marginal}
La recette marginale de la production d'une 31e boîte de Lego est de 37 € et le coût marginal de production d'une 31e boîte de Lego est de 10 €. On peut calculer le profit marginal :
37€ - 10€=27\text{ }€
Le profit total de l'entreprise est maximal lorsque la recette marginale (donc le prix de vente) est égale au coût marginal.
À recette marginale donnée (c'est-à-dire, si le prix est fixé d'avance sur le marché), une entreprise a donc intérêt à augmenter son volume de production jusqu'à ce que le coût marginal de production devienne croissant et soit égal au prix.
Pour un prix P^* donné, l'entreprise a intérêt à augmenter son volume de production jusqu'à atteindre la quantité Q^*.
Lorsqu'une entreprise augmente son volume de production, ses coûts sont d'abord décroissants, puis le coût marginal de production devient croissant, puis le coût moyen de production devient croissant.
Une entreprise a intérêt à augmenter son volume de production jusqu'à ce que le coût marginal de production soit égal au prix sur le marché (lui-même égal à la recette marginale de l'entreprise).
L'évaluation des performances de l'entreprise
Les différentes évaluations de la performance de l'entreprise
Une entreprise doit pouvoir suivre en permanence son activité et ses performances. Pour cela, elle doit produire un certain nombre de documents qui décrivent sa situation. Ce suivi a différentes finalités :
- Anticiper les effets des décisions et des investissements, ce qui permet de faire des choix judicieux en fonction de sa situation.
- Permettre aux salariés et aux apporteurs de capitaux d'avoir un regard sur la situation de l'entreprise. Cela peut se révéler utile lors des négociations salariales (négociations sur le partage de la valeur ajoutée).
- Permettre aux apporteurs de capitaux financiers d'avoir un aperçu de la santé financière des entreprises, ce qui est utile si l'entreprise a besoin de financement externe direct (par le marché des capitaux) ou indirect (par les banques).
Les principaux outils de suivi de la performance d'une entreprise sont le bilan comptable et le compte de résultat.
Le compte de résultat
Compte de résultat
Le compte de résultat d'une entreprise recense :
- L'ensemble des charges de l'entreprise, c'est-à-dire ses coûts (les matières premières, les salaires, les amortissements liés à la dégradation du capital, etc.). Les charges sont comptabilisées en négatif.
- L'ensemble des produits de l'entreprise, c'est-à-dire ses recettes (liées à la vente de produits ou à d'autres transferts de richesses). Les produits sont comptabilisés en positif.
- Le résultat de l'entreprise, c'est-à-dire les produits moins les charges.
On en donne ici une représentation simplifiée, en mettant en évidence les trois grandes parties du compte de résultat : résultat d'exploitation (lié à l'activité productrice normale de l'entreprise), résultat financier (lié à son activité financière), et le résultat exceptionnel (pour tous les autres produits et charges).
Compte de résultat simplifié (en liste) | |
---|---|
+ | Produits d'exploitation (ex. vente d'acier) |
- | Charges d'exploitation (ex. charges du personnel) |
= | RÉSULTAT D'EXPLOITATION (1) |
+ | Produits financiers (ex. intérêts reçus sur des crédits clients) |
- | Charges financières (ex. intérêts d'emprunts) |
= | RÉSULTAT FINANCIER (2) |
+ | Produits exceptionnels (ex. remboursement d'impôts par le fisc) |
- | Charges exceptionnelles (ex. amendes) |
= | RÉSULTAT EXCEPTIONNEL (3) |
- | Impôts sur les bénéfices et participation des salariés (4) |
= | RÉSULTAT NET COMPTABLE (1+2+3-4) : perte si négatif, bénéfice si positif |
Le compte de résultat permet de comprendre comment l'entreprise obtient des bénéfices ou fait des pertes.
Lorsque l'on parle du résultat net de l'entreprise, c'est que l'on a déduit l'impôt sur les sociétés de son résultat.
Lorsque le compte de résultat est présenté en colonne, il y a toujours une égalité comptable au total des charges et des produits.
L'inscription du résultat positif dans la colonne des charges permet l'égalité comptable. Si le résultat est négatif, il s'inscrit dans la colonne des produits. C'est une règle comptable.
Charges | Produits |
---|---|
Matières premières : 15 000 € | Ventes de Lego : 37 000 € |
Résultat positif : 37 000 - 32 000 = 5000 € | |
37 000 € | 37 000 € |
Le bilan comptable
Bilan comptable
Le bilan comptable est comme une photographie du patrimoine de l'entreprise à un instant précis. Le patrimoine se décompose en actif (tout ce que possède l'entreprise, ou ce qui lui est dû ; on parle aussi d'"emplois") et en passif (les ressources qui permettent de financer l'actif, par exemple ce qu'elle a emprunté pour produire).
Actif | Passif |
---|---|
Actif immobilisé
| Capitaux propres
|
Actif circulant
| Passif non courant
|
Trésorerie : disponibilités bancaires | Passif courant
|
Total actif | Total passif |
* Le résultat : + si positif, - si négatif.
Le total de l'actif doit être égal au total du passif (règle d'écriture comptable).
Le bilan permet d'analyser de façon synthétique la situation financière de l'entreprise.
L'actif est classé par ordre de liquidité croissante. En haut se trouvent les éléments les moins liquides, c'est-à-dire les éléments qui sont les moins facilement échangeables sur le marché, et en bas les plus liquides comme la disponibilité bancaire, qui est très facile à vendre ou acheter. On distingue :
- L'actif immobilisé : les immobilisations incorporelles (comme les brevets), les immobilisations corporelles (comme le mobilier), les immobilisations financières (comme les titres de participation, c'est-à-dire le capital détenu dans une autre société)
- L'actif circulant : le stock de marchandises que détient l'entreprise, les créances clients (c'est-à-dire les délais de paiement accordés aux clients, qui sont autant d'argent qui est dû à l'entreprise)
- La trésorerie : les disponibilités bancaires de l'entreprise, c'est-à-dire l'argent qu'elle possède sur un compte bancaire
Le passif est classé par ordre d'exigibilité croissante (les dettes prioritaires se situent en bas du passif). On distingue :
- Les capitaux propres : le capital social (les apports de capitaux des actionnaires), les réserves (bénéfices non distribués) et le résultat net comptable de l'exercice
- Le passif non courant : les dettes à long terme de l'entreprise. Il s'agit d'argent que l'entreprise doit à ses créanciers, mais que ceux-ci ne peuvent exiger tout de suite.
- Le passif courant : les dettes de court terme (dettes à moins d'un an comme les dettes fournisseurs). On trouve également les concours bancaires et le découvert dans le cadre d'un bilan fonctionnel (la trésorerie négative).
À l'aide de ce bilan, on peut par exemple calculer le fonds de roulement de l'entreprise, c'est-à-dire les capitaux dont elle dispose pour fonctionner à court terme. Il est notamment composé des capitaux qui ne servent pas à financer des emplois à long terme. Le bilan comptable permet aussi de calculer le besoin en fonds de roulement, c'est-à-dire les ressources dont l'entreprise a besoin, à court terme, pour fonctionner. Ce besoin correspond notamment au décalage temporel entre les coûts de production (par exemple, il faut acheter les matières premières avant la production) et les recettes de l'entreprise (issues de la vente des produits, il faut attendre que la production soit terminée et les produits vendus pour en bénéficier). Entre les deux, l'entreprise a besoin de capitaux pour fonctionner et le bilan comptable permet de mettre ce montant en évidence, ainsi que la façon dont elle l'emploie, ce qui permet de justifier ses demandes de financement auprès de ses créanciers.