La globalisation financière
C'est dans le domaine de la finance que la globalisation des marchés est la plus poussée, avec une mobilité quasi-parfaite des flux financiers à l'échelle de la planète.
Dominique Plihon
Les Enjeux de la mondialisation
2007
Dans cette citation, l'économiste Dominique Plihon met en avant le processus de globalisation financière. Les politiques de libéralisation financière menées dans la plupart des pays développés et en voie de développement ont favorisé la création d'un marché unique de l'argent au niveau planétaire (le marché mondial des capitaux). Dans le même temps les flux de capitaux mesurables par exemple par les IDE (Investissement direct à l'étranger) ont connu un essor considérable. Cette globalisation financière s'accompagne cependant de l'augmentation du risque de crise économique systémique.
Les agences de notation sont en charge d'évaluer les risques que présentent les différents actifs sur les marchés financiers. Ces agences sont peu nombreuses, trois agences contrôlant 90% du marché (Standard and Poor's, Moody's et Fitch), ce qui est une situation d'oligopole.
Ces agences sont aujourd'hui très critiquées car elles sont rémunérées par les émetteurs de titres, et non par les investisseurs qu'elles renseignent. Elles facturent des services de conseil auprès des émetteurs et peuvent alors conseiller la création de produits financiers et noter ces mêmes titres.
Crises et régulation
Selon l'économiste Charles Kindleberger, une crise économique se déroule en cinq phases :
- L'essor : période de croissance économique et d'expansion du crédit. Elle rend favorable une hausse du prix des actifs.
- L'euphorie : dans la continuation de l'essor, le crédit est accordé de plus en plus facilement, car les investisseurs recherchent les placements les plus rentables et financent des projets de plus en plus risqués. Les risques de crédit sont sous-estimés.
- Le paroxysme et retournement : les agents peuvent brusquement prendre conscience des risques trop grands qui ont été pris, notamment lorsque les projets risqués échouent et que des débiteurs font défaut. Les fragilités du système apparaissent et les anticipations des agents se retournent brusquement, c'est-à-dire qu'ils deviennent pessimistes.
- Le reflux et pessimisme : dans un contexte pessimiste, les agents cherchent à tout prix des liquidités, la méfiance s'accroît envers les autres agents. Plus personne ne veut prêter d'argent, et le crédit se fait rare : c'est le "credit crunch". Les agents cherchent alors à vendre leurs titres pour avoir des liquidités, et les cours des titres chutent brutalement.
- La déflation de la dette et restructuration : la baisse des cours appauvrit les agents, qui vendent alors d'autant plus de titres pour compenser cette baisse, ce qui fait à nouveau baisser leurs cours. Il y a donc une baisse auto-entretenue des prix des actifs, ainsi que des revenus, car les entreprises sont en difficulté. L'intervention publique est cruciale durant cette phase pour amorcer la reprise.
Depuis la fin des années 1980, différents accords fixant des règles prudentielles ont été conclus au niveau européen :
- Accords de Bâle I (1988) : ils mettent en place un dispositif prudentiel pour assurer la solvabilité et la stabilité du système bancaire international en fixant un ratio de solvabilité, nommé ratio Cook. C'est un volume minimum de fonds propres (c'est-à-dire de capital disponible) dont une banque doit disposer par rapport aux crédits qu'elle accorde, car on estime que ce volume de fonds propres doit lui permettre d'éviter une situation d'insolvabilité. Il était alors de 8%, ce qui signifie que les banques devaient toujours détenir en fonds propre au minimum 8% des crédits qu'elles accordent afin d'éviter le risque de crédit.
- Accords de Bâle II (2006) : ils modifient la définition des fonds propres et le calcul du ratio afin de tenir compte à la fois des risques de crédit, des risques de marché et des risques opérationnels. De manière générale, ils tendent à diminuer les exigences qui pèsent sur les établissements bancaires.
- Accords de Bâle III (2010) : après la crise financière de 2007 qui a révélé que les règles prudentielles ne suffisaient pas à écarter le risque de crise systémique, les accords de Bâle III redéfinissent ces règles. La nature des fonds propres est redéfinie afin de mieux tenir compte des risques que comportent les actifs qui peuvent y être inclus. Au ratio de solvabilité s'ajoute un ratio de liquidité, qui impose aux banques de toujours disposer d'un volume minimal de liquidités en fonction du volume et de la nature des titres qu'elles détiennent.